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Des sources lacunaires, dispersées et xénophobes
S'attaquer à un tel sujet peut sembler à première vue décevant et frustrant tant la presse française de l 'époque est peu prolixe sur les peintres hongrois ayant exposé au Salon dans la première décennie du XXe siècle. D'une manière générale, les critiques français s'intéressent surtout aux artistes nationaux et seuls les Russes, les Allemands et les Scandinaves retiennent parfois leur attention ou leur curiosité, rarement bienveillante. L'étude approfondie des compte-rendus de salons révèle, quelles que soient la nature et l'orientation politique du périodique, un sentiment xénophobe partagé par de nombreux critiques qui n'hésitent pas à parler d' "invasion de l'art étranger", susceptible de nuire à l'art français, voire de le contaminer ! A ce nationalisme souvent exacerbé et à la subjectivité naturelle du critique d'art s'ajoute aussi une autre raison plus objective et aussi beaucoup plus louable : celle de l'encombrement des salons parisiens qui transformait bien souvent la visite du journaliste en un véritable parcours du combattant ! Le nombre croissant d'exposants et d'oeuvres présentées, en particulier aux salons d'Automne et des Indépendants, ne facilitait pas ainsi la tâche de ce dernier dont le compte-rendu ne pouvait être d'une grande exhaustivité.
La lecture des articles de presse fait aussi clairement apparaître la méconnaissance à la fois géographique et culturelle dont font preuve de nombreux critiques à l'égard de l'Europe centrale. Ainsi Louis Vauxcelles, dans son étude tardive sur le Fauvisme, parle de Béla Czóbel comme d' "un artiste tchécoslovaque" ! La francisation des prénoms et l'orthographe souvent approximative des noms hongrois témoignent aussi de cet ethnocentrisme.
L'étude de la correspondance de Matisse et des Fauves français susceptibles d'avoir rencontré leurs homologues hongrois lors de leur séjour à Paris ne donne pas plus de résultats. Un constat rendu bien aléatoire par le caractère lacunaire de toute source écrite, quelle que soit la nature de celle-ci, lettre autographe ou article de presse. Comment toutefois résister à la curiosité de se demander ce que Matisse pensait de ses émules hongrois et de la diffusion de ses idées en Europe centrale ?
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