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Entrevue avec Roméo Saganash menée par Pierre Trudel et Sylvie Vincent
LE 7 FÉVRIER 2002, Bernard Landry, premier ministre du Québec, et Ted Moses, grand chef du Grand Conseil des Cris (du Québec) signaient une entente désormais appelée « Paix des Braves » mais dont le titre réel est : Entente concernant une nouvelle relation entre le gouvernement du Québec et les Cris du Québec. Aucune analyse critique de cette entente n'ayant encore pu être faite, nous croyons utile de présenter aux lecteurs de Recherches amérindiennes au Québec des extraits d'une entrevue avec M. Roméo Saganash, directeur, pour le Grand Conseil des Cris (d'Eeyou Istchee), des relations avec le Québec et négociateur pour la nation crie de certains chapitres de cette entente (dont celui de la foresterie). Au cours de cette entrevue, nous avons demandé à M. Saganash de nous aider à comprendre le sens que revêt la « Paix des Braves » pour les signataires cris. Cette entente étant l'aboutissement de plus de vingt-cinq années de rapports houleux entre le Québec et les Cris, Pierre Trudel propose tout d'abord un bref rappel de ce que furent ces relations et de ce que fut la précédente entente signée avec les Cris, soit la Convention de la Baie James et du Nord québécois (CBJNQ) signée en 1975.
LA CBJNQ ET SES EFFETS : QUELQUES POINTS DE FRICTION
La Convention de la Baie James et du Nord québécois constitue le premier « traité » moderne sur le territoire d'une province canadienne. Les Cris ont subi de fortes pressions politiques pour accepter cette entente qui contient des éléments traditionnels du discours juridique colonial propre aux anciens traités. Le Québec, quant à lui, a clarifié sa compétence politique dans cette région où René Lévesque a mené sa première bataille avec Ottawa.
La CBJNQ a contribué au développement d'une entité politique crie principalement au moyen d'un transfert administratif de programmes ou services gouvernementaux (voir Salisbury 1986). Les Cris et le Québec conviennent aujourd'hui que le Programme de sécurité du revenu des chasseurs et piégeurs constitue un modèle d'intervention qui a participé au maintien des activités traditionnelles des Cris. Il a cependant été moins facile de s'entendre sur le chapitre 28 qui devait assurer le développement économique et social des...