RÉSUMÉ: Le rapport humain entre la Belgique et l'Italie comme aussi les rapports avec l'immigration du Maroc, la Turquie, l'Espagne, la Grèce après les années soixante, ont été plus renforcés et enrichis de façon déterminante par le flux d'hommes, de femmes et de familles qui dans l'émigration ont trouvé une réponse à leurs exigences et difficultés offrant en même temps une contribution essentielle au développement de la Belgique. Les témoignages vécus racontent des tranches de vie toutes personnelles. Beaucoup y retrouveront pourtant l'écho de leur propre aventure ou de celle de leurs aïeux. Car les choses sont partagées dans les pages de livres, en toute sensibilité, telles de touchantes histoires où les italiens ses racontent avec sensibilité. Chacun d'eux nous livrent une réflexion subtile sur les départs de la première génération, le déracinement, l'adaptation, les transformations et réinventions identitaires, les gestes et les habitudes où se niche encore l'italianité des vieux migrants.
Mots-clés: Immigration italienne en Belgique; Littérature de l'immigration; Charbonnages; Histoires de vie; Plurilinguisme.
ABSTRACT: The human relationship between Belgium and Italy, so as also the following immigration flow from Morocco, Turkey, Spain, Greece after the sixties, were more strengthened and enriched after the immigration of women and their children. The exile was a response to build a better future, providing in this way also to a vital contribution for the economic development of Belgium. The immigration experiences are told through personal life stories. Many of these life stories can be read in books about how their ancestors managed their experiences in a new country. Especially the Italian stories include a reflection on the departures of the first generation concerning the adaptation, transformation and identity demonstrated by gestures and habits that still nestles Italianicities of the old migrants of the first immigration inherited by the following generations of immigration children.
Key words: Italian Immigration in Belgium; Coalmines; Life Stories; Migrant Literature; Plurilingualism.
1. Introduction
Dans mon essai, j'ai l'intention d'apporter une contribution à l'étude de la vie des immigrés Italiens à la Cité de Lindeman dans le bassin minier du Limbourg belge. Grâce à mon témoignage, je voudrais être le porte-parole d'une fille italienne dans un environnement multiculturel. Avec mon texte je voudrais donner une contribution, un témoignage sur le choix de vie des protagonistes de cette expérience, fait de courage civil, de solidarité pendant le travail dans les mines de charbon et de sacrifices.
Mon analyse est tiré de mon livre sur l'histoire de la migration italienne dans le Limbourg belge (Salsi 2013). J'ai conduit une recherche sur le terrain, de retour dans mon lieu d'origine, où je suis née et j'ai grandi dans un contexte multiculturel. A travers des témoignages entendus et transcrits je suis arrivée à revivre la vie des premiers immigrés italiens partis pour la Belgique après la Deuxième Guerre mondiale. Le protagoniste principal de mon livre était mon père Egisto Salsi, ex mineur arrivé à Lindeman quand il avait 11 ans avec sa mère et ses frères, lui-même fils d'un mineur, d'origine de Polinago (Modena). La première génération a produit un nouveau développement d'interactions et d'échanges entre les Italiens et les étrangers dans la Cité; ils représentaient un tournant dans les relations interethniques. Aujourd'hui, la communauté italienne avec plus de 250.000 personnes, sans compter les Belges d'origine italienne, demeure la première communauté étrangère en Belgique (Salsi 2013).
Après l'arrivée des immigrés, on voit naître des Cités, construites autour des mines de charbon, où les Italiens vivent avec des Espagnols, des Portugais et des Grecs. Ces migrations méditerranéennes sont accompagnées par des groupes intermédiaires, qui forment des espaces de rencontre, entraide et de solidarité qui servent de relais dans les quartiers et dans la vie quotidienne pour les immigrés.
2. La question identitaire dans la Cité
Dans le contexte de Lindeman, les immigrés et leurs enfants vivaient dans une sorte de pluralisme identitaire existentiel, étant déchirés entre deux ou plusieurs cultures. Les vies des immigrés étaient construites et reconstruites à l'intérieur et à l'extérieur des maisons, dans les rues, dans les cafés: Lindehof, het Böske, la Cantina italienne. La conscience de l'italianité était confirmée par le style italien, «the Italian style». Comme caractéristiques typiques de ce style, je pourrais mentionner la fierté, la joie de vivre, l'expressivité, la cuisine, la mode: les Italiens étaient les mangeurs de spaghetti (spaghettivreters), fanatiques du sport (le football, en particulier les équipes de Milan, Inter et Juventus), de la musique (romantique) et on les reconnaissait à travers leur gesticulation quand ils parlaient. Si dans les premières années après la Guerre mondiale les Italiens ainsi que les autres résidents étrangers ont été pénalisés en tant qu'étrangers, les enfants plus tard ont mis à profit leur Italianité dans leur manière de se conduire et de se manifester. Les Belges eux-mêmes ont fini par prendre des comportements similaires aux étrangers; c'étaient maintenant les Belges qui parlaient italien, turc, arabe.
Nés et grandis en Belgique, cependant, les fils des immigrés rencontraient des difficultés linguistiques à l'école. À la maison, ils ne cessaient de parler un dialecte italien où ils se confrontaient avec des Italiens provenant d'autres régions italiennes. En plus, ils apprenaient des langues mixtes de la Cité, nées naturellement: de mixage sont nées les langues de la cité (cité-talen). Le néerlandais (flamand) était apprit à l'école, mais était maîtrisé avec beaucoup de difficulté par les immigrés, même après de nombreuses années. Pendant l'été il y avait une véritable rencontre avec sa propre identité italienne, avec le passé commun, la nation italienne, les traditions de la famille d'origine. Mais en Italie, les immigrés étaient Belges, étrangers dans leur propre pays. On se rendait compte d'être Italiens d'une manière différente, car l'esprit italien maintenu en vie tout au long de l'année, en Italie s'avérait une illusion.
Ici, je voudrais partager la pensée de Antonio Genovese (2003, 182) dans laquelle il fait valoir que l'approche multiculturelle a souvent été revendiquée par les immigrés parce qu'elle a été considérée comme un instrument possible d'affirmation de leur identité culturelle et nationale, et aussi comme un outil utile pour la préservation et la transmission de leurs valeurs morales et culturelles, les règles et traditions à leurs enfants. Dans tous les sens et au-delà des clivages entre les parents et les enfants, en raison du fait que les premiers ont été formés et socialisés dans une culture et dans une société différente de celle de ces derniers, on doit prêter attention à ce qui unit les parents et les enfants juste pour être en mesure de comprendre ce qui les sépare. Dans la plupart des cas, la migration des parents est définitive, même si elles sont considérées comme des migrants. Leurs enfants, qui sont devenus des parents eux-mêmes, ne caressent pas l'idée d'un retour dans la nation et dans le village où leurs parents se sentent étrangers mais moins mal à l'aise, car ils ne maîtrisent pas suffisamment la langue.
3. Un regard sur les deuxième et troisième génération DANS LE LIMBOURG BELGE: RECONNAÎTRE L'IDENTITÉ ITALIENNE
Le sentiment d'«identité» est le résultat d'un conjugué réciproque d'histoires individuelles et de vicissitudes sociales, et est continuellement façonnée par les valeurs requises par l'environnement et par la culture dont nous sommes sortis. Si, en général, les immigrants ont un fort problème d'identité, le problème est très différent si leurs enfants sont nés en Belgique où ils sont arrivées successivement. Le chemin de la construction identitaire de l'adolescent, le fils de parents immigrés, est un voyage à travers la perte et la découverte, qui est né et est renforcé, étant en mesure d'identifier un groupe, pour construire une identité qui partage les aspects de la culture du passé et le nouveau groupe d'appartenance. Dans ce processus, il y a deux aspects qui facilitent la construction de cette identité, d'un côté les parents, familles et connaissances de leur propre pays et de l'autre les enseignants, les éducateurs et les groupes de pairs dans le pays d'accueil. Dans ce sens, nous pouvons parler positivement d'une formation de l'identité hybride. Favaro (2001) parle de l'ambivalence de l'identité, où il crée un fort conflit entre le passé (les origines) et le présent (le contexte belge). Pourquoi cela ne se produit pas et ne doit pas être configuré dans un conflit entre les générations? Il faut une sorte de «double autorisation», où les parents autorisent l'autre à vivre d'une part leur mentalité d'origine et leurs enfants sont laissés libres pour profiter de tout ce que la nouvelle réalité, la culture, la langue flamande, et ses valeurs. Les uns ne reniant pas les valeurs des autres. Mais l'adolescent migre, et c'est pour lui une expérience cruciale, une connexion biographique qui l'apporte dans un nouveau contexte avec des opportunités et des difficultés, du moins dans la première phase, ce qui implique la réduction des espaces de vie, là où, en Italie, ils vivaient dans des familles élargies. L'effort principal est la nécessité d'avoir à recommencer tout à zéro à un moment de la vie où l'on devrait plutôt engager toutes les ressources pour sortir du monde de l'enfance et commencer à construire une place pour soi-même. La deuxième génération, à la Cité en particulier, procède dans un endroit «autre» que les parents en ce qui concerne la zone d'insertion dans l'environnement minier. Ils commencent à explorer un monde social et urbain «nouveau». C'est un niveau de contact avec d'autres étrangers, à la fois dans le sens du paysage, le climat, même si les italiens sont combinés avec d'autres groupes ethniques, ils ont tendance à garder certains signes traditionnels italiens, tels que le dialecte italien qu'ils continuent de parler, avec leurs parents et grands-parents.
Dans cette partie de mon écriture, j'ai donc étudié la réalité du dialecte parlé, l'enseignement dans les écoles, une enquête de l'apprentissage dans la vie quotidienne. Les deuxième et troisième générations ont sans doute atteint un meilleur niveau de vie que ceux qui les ont précédés.
La nouvelle langue, en particulier dans la première phase de migration et de l'expérience, est l'un des handicaps les plus graves. Ce manque de connaissances pourrait marginaliser les personnes âgées et les femmes, même si l'apprentissage d'une langue étrangère ne semble pas un problème insurmontable pour les mineurs italiens, bien que, dans un premier temps, il a créé les difficultés de compréhension. Ceux qui ont travaillé dans les régions francophones de Belgique ont appris progressivement la langue, en particulier les femmes qui ont eu plus de contacts avec la population locale à travers les écoles, les enfants, le marché. Pour les mineurs du Limbourg, où ils parlent flamand, les difficultés étaient plus grandes, mais c'est la capacité d'adaptation de la population locale qui s'est développée. En particulier les commerçants, qui ont même rapidement appris les termes dans les différents dialectes régionaux. Les immigrants italiens de deuxième ou troisième génération ont appris la langue italienne ou plutôt le dialecte dans le milieu familial, ou parfois dans les cours d'italien organisés par le consulat italien. Stefania Marzo a mené une recherche sur l'italien parlé dans le Limbourg belge, apportant une contribution importante à la notion de «parler la langue» d'origine dans les zones minières du Limbourg mêmes. La recherche a montré des résultats intéressants sur l'italien langue parlée de la deuxième et troisième génération: bien que loin d'être «pidginisé», caractéristique de nombreuses communautés italiennes à l'étranger, il donne l'impression d'être simple, moins agile et moins varié stylistiquement, ou comme le définit également Lo Cascio, «pauvre comme langue parlée dans ses formes, ses expressions et ses éléments de vocabulaire» (Lo Cascio 1994). Il est bien connu que les immigrants italiens ne peuvent pas être comparés à la norme italienne parlée en Italie. Il faut tenir compte tout d'abord de l'arrière-plan culturel et du dialecte, de l'expérience scolaire limitée de la première génération d'Italiens qui ont émigré en Belgique après la Deuxième Guerre mondiale, et dont la langue parlée a été pendant longtemps la seule base pour l'apprentissage de une partie des enfants, caractéristique de la conversation typique pour toutes les situations d'émigration, où le contact avec l'Italie est réduite en raison de la distance géographique, mais aussi par les moyens de communication limités (téléphone, courrier, etc.).
La deuxième et troisième génération s'expriment maintenant plus par la maîtrise de la langue néerlandaise que l'italien, qui est encore parlée à la maison, ou en contact avec d'autres Italiens provenant d'autres régions. Ils mixent les langues automatiquement, y compris les dialectes italiens, et d'autres langues. La deuxième et la troisième génération ont tendance à leur manière de répéter le parler de leurs parents et grands-parents. C'est dans la troisième génération où maintenant le moment de la synthèse est arrivé entre les deux réalités en opposition. La troisième génération est aussi généralement mieux placée au niveau de travail, mais aussi ils sont aussi plus enclins à se marier avec des personnes de nationalités différentes et par conséquent les mariages mixtes sont plus fréquents et les enfants nés de ces unions sont plus nombreux. Enfin ces processus hybrides impliquent de multiples langues parlées. Lindeman continue d'être multilatérale et multiculturelle.
4. La littérature sur la vie des italiens en Belgique
L'émigration italienne vers les mines belges ne peut être enfermée dans une seule histoire. Comme tout phénomène largement répandu dans le temps et formé par une pluralité d'acteurs, elle a créé une série de versions plus ou moins véridiques de témoignages historiques et d'études privées, de statistiques froides. Certains faits, cependant, sont certains.
Les sources orales permettent, en revanche, le passage de l'analyse des formes de l'espace à celle des processus, individuels et collectifs, qui marquent la perception de l'espace urbain et la formation du sens d'appartenance territoriale. De cette façon, même les erreurs, les imprécisions, les déformations présentes dans les sources orales, loin d'apparaître comme des écarts et des preuves de manque de fondement du témoignage, deviennent les signes d'une mentalité et d'une culture. La production littéraire des Italiens en Belgique se concentre certainement pour une bonne part sur une manière d'écrire sur base confidentielle. Elle ne se rattache apparemment à aucun courant ou genre, ou alors il s'agit d'un genre en soi. Reste alors a en définir les particularités.
Toutefois dans la première génération des auteurs, les ex-mineurs sont assez nombreux, les femmes rares et les deux genres les plus fréquents sont la poésie -mode d'expression littéraire très populaire en Italie- et le témoignage. La deuxième génération d'auteurs -constituée d'hommes et de femmes ayant généralement bénéficié d'une longue scolarité- se tourne, quand à elle, plus facilement vers les genres romanesque et théâtraux. Les auteurs écrivent alors le plus souvent en français, voire en wallon, ou en néerlandais, voir en flamand, les langues du pays dans lequel ils s'insèrent progressivement. Si leurs thématiques restent relativement marquées par l'exil, la nostalgie et la recherche d'identité, ils épousent généralement les courants littéraires propres à tous les écrivains de leur temps. Le surréalisme emporte les uns et le théâtre social les autres. La nostalgie, qui n'est certes pas un sentiment qui assaille uniquement les déracinés ou les personnes âgées, est alors un moyen pour l'artiste de réinventer l'ancien au coeur du nouveau. Classés par ordre chronologique, les septante auteurs repris portent des noms tantôt célèbres et tantôt inconnus. A côté de Carlo Masoni, Francis Tessa, Salvatore Adamo, Nicole Malinconi, Girolamo Santocono, Jean-Pierre Orban-Grillandi, Thilde Barboni ou Pietro Pizzuti, des auteurs de moindre renom ajoutent en effet les couleurs de leur Italie au panel de textes reproduits dans «Rital-littérature», réalisée avec soin et passion. Elle fait entendre les voix des Italiens de Belgique. La qualité des textes reproduits dans «Rital-littérature» étant relativement variable, l'anthologie se distingue surtout par sa valeur historique et anthropologique. Mais les mots se mélangent et le lecteur curieux invente au fil des pages son Italie d'ici, son Italie à lui (Morelli 1996).
La proportion élevée d'écrivains ouvriers pourrait peut-être simplement s'expliquer par le choc d'une «transplantation» d'un lieu à un autre, d'une réalité à une autre qui «oblige» à raconter ce qui se passe, le voyage vers l'inconnu, le contact et la confrontation avec une réalité complètement différente que celle que l'on a laissé, le premier accident ou la première blessure. Pour rendre compte de ces aventures, la fiction est le moyen que beaucoup choisiraient et sans doute le genre le plus approprié, mais on en trouve ici peu d'exemples; recourir à la fiction courte ou longue, nouvelle ou roman, nécessite une maîtrise minimale de l'écriture. On peut malgré tout citer Eugène Mattiato, La légion du sous-sol, et Antonio Bonato, Memorie di un minatore, comme exemples de fiction. Il s'agit en fait déjà d'une deuxième génération. Ce sont les enfants de ceux venus vers les années 20, soit pour y travailler dans les mines, soit comme opposants et/ ou intellectuels. S'il y a conscience des origines, ceux-ci ne les utilisent pas comme sujet d'écriture. L'immigration est pour eux un phénomène qu'ils découvrent lorsque les mineurs arrivent après 1945. Et les quelques textes abordant cela sont surtout les observations tantôt tristes, tantôt neutres de vies sacrifiées. Mais, que ce soient l'Ardenne chez Carlo Masoni, le Borinage chez Remo Pozzetti, Anvers et la Flandre chez Anita Nardon, le lieu est bien la Belgique. La Belgique c'est chez eux. L'Italie est peu présente. Dès lors on ne trouve aucune nostalgie dans ces textes. Il s'agit majoritairement de personnes venues travailler dans les mines; mais nous ajouterons des exceptions comme Francis Tessa, Bruno Ducoli, ou encore Rosario Solami qui arrivent dans les années 60 pour des motifs différents, mais qui ont une approche semblable à l'immigration. On trouve chez eux une volonté de témoigner, de raconter leur histoire. Dans ces textes, par contre, la nostalgie est le thème central de leurs écrits. La Belgique y est absente. C'est l'Italie, à travers sa nature, son soleil, ses odeurs, que l'on vénère. Il s'agit souvent d'oeuvres uniques ou d'une seule participation à un recueil collectif. Il n'y a pas la volonté de faire une carrière littéraire, contrairement aux deux autres groupes, on veut simplement témoigner. Malgré le peu d'intérêt littéraire, ces textes sont importants comme témoignages de première main sur ce que fut le vécu des premiers immigrés italiens ou comme approche psychologique des phénomènes de nostalgie ou le travail de la mémoire dans la perception ou la transformation du passé afin de recréer un paradis perdu. Ce groupe s'apparente au premier. Il s'agit d'une seconde génération; et l'immigration, sauf Girolamo Santocono, avec Rue des Italiens (qui ressemble beaucoup à Les Ritals de Cavanna) n'est pas la matière primaire de leurs textes. On y trouve des thèmes plus traditionnels en littérature: la mort, la vie, l'amour, etc. Ils n'utilisent pas leur origine italienne, du moins pas ouvertement. Leur «italianité» ne les intéresse pas, ce qu'ils veulent, c'est écrire, être reconnus comme écrivains. Pourtant, n'y trouve-t-on pas ce que l'on cherche? Une lecture attentive révèle en effet la présence de l'immigration: la quête d'identité, l'identité éclatée, les voyages, l'importance du passé et de la mémoire, sont des thèmes récurrents dans leurs textes. C'est ainsi que l'écrivain d'origine immigrante peut éviter l'écueil du ghetto, l'impasse narcissique et sa propension à sécréter du mineur, des formes mineures, allégoriques (Bortolini 1995).
Alors que l'on classe clairement les publications des italo-belges selon la langue, les sous-catégories sont nombreuses et le «mélange» ou «pasticcio» est la règle au moins pour la première génération, qui pratique un parler hybride. Le pasticcio est une langue parlée par les immigrants dans les cités en Limbourg, mais même dans les cités dans la Wallonie, ce pasticcio est composé par le dialecte de départ, teinté de mots d'italien, c'est un «idiolecte» particulier incompréhensible hors du cercle proche d'amis et familiers et présuppose la connaissance des quatre apports linguistiques qui ont nourri cette alchimie quasi unique. Quelques caractéristiques du pasticcio italo-belge on le trouve dans le livre de Myrthia Schiavo, Italiane in Belgio. Le emigrate raccontano (Schiavo 1984), où elle a interviewées les femmes d'origine italienne immigrées en Belgique, nées entre 1913 et 1954. Leurs interviews, réalisées en italien, permettent de construire un corpus de mots qu'elles utilisent en dialecte italien et des mots français qu'elles intègrent dans l'italien.
Les contacts avec l'Italie et la télévision italienne ont gommé la connaissance des dialectes mais, à la base, les immigrés d'origine populaire étaient fort peu marqués par l'italien classique et l'émigration a été un conservatoire de dialectes, bien davantage disparus en Italie. Et en tous cas les mots les plus tendres et les injures sont exprimés dans la langue d'origine.
Le mélange des langues n'est pas un phénomène neuf car dans le volume de Marcello Barbato il décrit comme les langues des étrangers sont en contact entre elles, elles sont en contact avec les italiens, marocains, turcs, espagnols et avec la langue «belge» même. Dans le Limbourg, il y a peu d'échantillons de correspondance privée suffisantes pour former un corpus représentatif sur lequel travailler, nous devons donc nous concentrer sur les écrits publiés, nouvelles, romans, qui peuvent être les oeuvres d'auteurs d'extraction populaire, mais qui procèdent forcément d'une langue homogène, condition première pour pouvoir être accessible à une catégorie de lecteurs. Dans Rital-littérature (Morelli 1996) on se concentre par exemple sur les auteurs recensés, ou en trouve très peu de mélanges linguistique dans leurs oeuvres publiées. La langue dans laquelle leurs ouvrages sont publiés est homogène mais correspond à cinq cas de figures différents. Les auteurs italo-belges qui publient en italien ont fait au moins un minimum d'études en Italie comme Rosario Sollami ou Raul Rossetti (1989). Ceux qui écrivent et publient en français sont généralement nés en Belgique, ou y ont fait de longues études comme G. Santocono (1986) ou encore ils sont issus, comme Nicole Malinconi et Thilde Barboni, de ménages mixtes où la langue maternelle a étouffé la langue paternelle. Parmi les auteurs italo-belges ayant publié en français, on trouve aussi ceux qui ont fait le choix d'être lus ici, comme Francis Tessa ou ceux qui ont rejeté l'italien comme Maria Roda Manno. Quelques auteurs italo-belges ont publié leurs oeuvres en wallon. Il s'agit de personnes nées avant la Seconde Guerre mondiale ou issues de ménages mixtes. C'est le wallon que Jenny d'Inverno et Juliette Dellamaria vont utiliser pour s'exprimer. Par ailleurs quelques auteurs italo-belges écrivent comme Giovanna Calleli en «dialectes» d'Italie et Michel Bastiaensen a découvert Solange Abbiati, la seule écrivaine italo-belge repérée par la Rital-littérature ayant écrit en néerlandais.
Littérature mineure
Choisir le concept de littérature mineure, comme décrit par Deleuze (Deleuze 1975) et Guattari (Guattari 1975) s'avère fort utile dans l'approche de la littérature d'immigration. Mais, si ce concept, et c'est là sa force, s'adresse sans aucun doute à tout écrivain un tant soit peu hors de la norme littéraire, officielle ou nationale, le paradoxe veut que ce même écrivain, à cause et en raison de la forme qu'a prise son écriture (suite à cette fameuse «aventure d'une écriture» dont parle Ricardou), soit quasi illisible pour la majorité de ses contemporains (Bortolini 1995).
Mais socialement, d'où vient cette incompréhension? Est-il possible de faire un parallèle entre les auteurs d'origine italienne qui écrivant en français ou en néerlandais? C'est peut-être là le plus grand choix: devoir écrire dans une autre langue, non pas par choix mais par obligation. Écrire en français ou en néerlandais, est-ce que cela signifie quitter encore un peu l'ancien territoire d'origine? Qu'observe-t-on? D'un côté, les premiers arrivés, qui dans un italien ou un français approximatif tâcheront d'écrire, de se manifester. De l'autre, de jeunes auteurs, enfants des premiers, qui mettront un point d'honneur à parfaire leur français ou le néerlandais, à le travailler encore et encore, à en faire un matériau brut qu'ils ne cesseront de polir de-ci de-là pour en révéler de nouvelles dimensions. Ceux-là n'ont plus rien à dire à leur père. Ils ne se comprendraient pas, parce qu'ils ne parlent plus la même langue.
Chez Santocono qui fait part de la deuxième génération, au coeur de sa narration il y a son enfance dans le Borinage. L'écriture sur sa génération a une double réflexion sur «Qui je suis». Il y a l'ironie avec laquelle le thème de la vie des migrants italiens est traité dans le texte, comme Santocono parvient à traiter en douceur les problèmes des enfants d'immigrants qui sont au milieu de deux cultures différentes. En outre, l'utilisation efficace de la langue a permis au texte de dépasser les limites de la communauté italienne et a ouvert les portes d'un marché de l'édition plus vaste. La langue contribue à créer un effet très proche de l'oralité. Il parvient au multilinguisme en utilisant des locutions en français auxquelles sont ajoutés des locutions en italien, en dialecte sicilien et en wallon. Il met en évidence aussi sa relation avec son père, avec qui il a d'abord une relation difficile, et qui avec le temps, veux renouer les fils et surtout comprendre la difficulté que son père avaient entant qu'émigré, pour finalement être en mesure de s'accepter dans un contexte où il est considéré comme le premier fils de nationalité italienne et belge (Comberiati 2006). La littérature se trouve ici chargée du rôle de conscience collective ou nationale.
L'aspect le plus remarquable est certainement les mouvements passé-présent qui remuent les auteurs. C'est le souvenir qui ramène l'auteur du lieu où il écrit au lieu où il a vécu; Terra mia de Teresa d'Intino ou Poesie per il tempo di migrare de Rosario Sollami. Poussant la comparaison plus loin, force est de reconnaître que la littérature de la première génération peut surtout être rapprochée de ce qu'ont produit les auteurs de la première génération de migrants italiens. Les deuxièmes générations qui ont la nécessité de réfléchir: «qui suis-je?» mais aussi «suis-je italien(ne)»? (Bortolini 1995).
L'autobiographie de Olinda Slongo Et elle a voulu sa part, cette roche obscure, est le seul ouvrage qui couvre une période de temps le long d'une existence entière (Comberiati 2006). L'auteur commence par les origines de sa famille, décrivant les causes qui ont conduit les grands-parents à partir d'un village de Feltre et de Belluno. Le texte se termine par la protagoniste, au lieu d'une grand-mère, maintenant malade, mais en mesure de tirer un budget brillant de sa propre existence. L'expérience directe de la mine a profondément marqué la vie de la femme. Le texte, écrit en français facile, par des phrases courtes et claires, commence comme une saga familiale, évoquant un passé lointain. A première vue les considérations de narrateur prennent une plus grande importance des actions. L'histoire dirigée par l'auteur, qui a elle-même vécu dans le contexte de l'exploitation minière en Belgique, conduit cependant a un sentiment de frustration et le doute. Peut-être qu'ils avaient fait le mauvais choix en décidant d'émigrer.
La «langue de la mine», comme la rebaptise Daniele Comberiati (2006), est à l'origine de plusieurs textes autobiographiques de première ou deuxième génération d'immigrés, comme Girolamo Santocono et Raul Rossetti -également publié en italien- ou le syndicaliste Eugène Mattiato.
5. Conclusions
La présence des Italiens dans le Limbourg a effectivement changé la situation locale, en proposant des traditions et des habitudes qui font partie intégrante parfaitement avec celles du pays d'accueil. Les deuxièmes générations se sont écoulées avec les difficultés rencontrées par les parents de première génération. Ils sont maintenant acceptés par la communauté. Comme dans toute réalité multiculturelle, même dans le Limbourg belge sont visibles des cafés, des restaurants, des épiceries (Felicetti à Houthalen-Meulenberg) avec l'insigne italienne et où l'on est servi par des Italiens. Maintenant, on peut penser que dans l'évolution des communautés, si dans le visage d'un être l'italianité se manifeste d'une manière si évidente c'est peut-être dû au fait de mettre en place un processus d'auto-défense contre le pays hôte. Personnellement, je ne le pense pas, je pense plutôt que c'était le seul moyen de ne pas être oublié après avoir quitté sa terre. À ce jour, la communauté italienne en Belgique reste la plus grande. À ce stade, nous présentons les caractéristiques d'un groupe de migrants qui étaient en mesure d'achever un processus d'intégration et qui peut présenter sa propre identité positive, d'opposer le préjugé qui caractérise leurs relations au sein de la première génération avec la population belge.
A Lindeman on peut parler du concept de métissage, ou d'«hybridation culturelle». Dans ces domaines, dans les Cités, chaque moment de la vie tourne autour de la mine, créant ainsi une mémoire commune entre Belges, Italiens, Turcs, Marocains, Espagnols, Grecs, Slaves. Tous sont unis dans «l'extrême», travaillant dans les mines de charbon, à un millier de mètres sous terre et c'est précisément en raison de ces difficultés qu'ils ont créé des relations de solidarité et de coopération mutuelle, pour donner un sens «d'être là». En même temps les Italiens ont raconté leurs départs, leurs vies dans les Cités. On peut lire ces histoires dans plusieurs textes où les descendants ont pris eux-mêmes la parole. C'est un choix tout à fait délibéré. Car les récits de vie sont une autre manière de comprendre les choses et d'en rendre compte. La palette est forcément large. Par définition, les témoignages vécus racontent des tranches de vie toutes personnelles. Beaucoup y retrouveront pourtant l'écho de leur propre aventure ou de celle de leurs aïeux. Les historiens ont remarqué depuis quelque temps que les souvenirs privés ont été influencés par la mémoire collective, cristallisées autour de quelques éléments précis: les affiches roses (en fait, elles étaient de différentes couleurs), Marcinelle, la caserne où ils vivaient les mineurs. «La chose étonnante» -observe Anne Morelli (1996)- est que cette version est devenue un canon pour les anciens mineurs eux-mêmes: ils ont tous vu les affiches roses, tous travaillé à Marcinelle, ils vivaient tous dans la caserne. Envahissante ainsi que collective, la mémoire crée une vue rigide et potentiellement mystifie ce qui est arrivé.
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Salsi, Sonia. Storia dell'immigrazione italiana in Belgio: Il caso del Limburgo. Bologna: Edizioni Pendragon, 2013.
Santocono, Girolamo. Rue des Italiens. Cuesme, Belgique: Éditions du Cerisier, 1986.
Schiavo, Myrthia. Italiane in Belgio. Le emigrate raccontano. Napoli: Tullio Pironti, 1984.
Sonia Salsi
Università di bologna
Recibido: mayo de 2016; Aceptado: octubre de 2016;
Publicado: diciembre de 2016
Ref. Bibl. SONIA SALSI. LE LIMBOURG BELGE: LES ITALIENS ET LES «AUTRES ÉTRANGERS» DANS LA CITÉ DE LINDEMAN. 1616: Anuario de Literatura Comparada, 6 (2016), 227-240
Sonia Salsi est né en Belgique de parents italiens, en 2010, elle c'est diplômé en Sciences Anthropologiques de l'Université de Bologne avec une thèse sur l'histoire de l'immigration italienne en Belgique pour les zones des minières du Limbourg. En 2014, elle a obtenu une maîtrise en planification et la gestion des problèmes conflictuelles dans les situations du détresse sociale, rédaction de la thèse sur les femmes réfugiées et asile politique à Bologna (Italie). En Décembre 2015, elle a obtenu un premier niveau Master interculturel dans le domaine de la santé, le bien-être, de l'emploi et de l'intégration à l'Université de Modène et Reggio Emilia. Elle poursuit ses recherches dans le cadre du travail dans les mines en Europe, une étude du genre dans les processus de migration, travail et famille dans des contextes multiculturels entre hier et aujourd'hui.
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Copyright Ediciones Universidad de Salamanca 2016
Abstract
The exile was a response to build a better future, providing in this way also to a vital contribution for the economic development of Belgium. Especially the Italian stories include a reflection on the departures of the first generation concerning the adaptation, transformation and identity demonstrated by gestures and habits that still nestles Italianicities of the old migrants of the first immigration inherited by the following generations of immigration children. Il faut tenir compte tout d'abord de l'arrière-plan culturel et du dialecte, de l'expérience scolaire limitée de la première génération d'Italiens qui ont émigré en Belgique après la Deuxième Guerre mondiale, et dont la langue parlée a été pendant longtemps la seule base pour l'apprentissage de une partie des enfants, caractéristique de la conversation typique pour toutes les situations d'émigration, où le contact avec l'Italie est réduite en raison de la distance géographique, mais aussi par les moyens de communication limités (téléphone, courrier, etc.). Il s'agit majoritairement de personnes venues travailler dans les mines; mais nous ajouterons des exceptions comme Francis Tessa, Bruno Ducoli, ou encore Rosario Solami qui arrivent dans les années 60 pour des motifs différents, mais qui ont une approche semblable à l'immigration.
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