Introduction
Les maladies de peau constituent un problème de santé dans les pays en voie développement [1, 2]. Dans la population générale les enfants représentent la couche sociale la plus touchée. Dans les centres de santé, les maladies de peau représentent le 3e motif de consultation après les fièvres présumées palustres et les maladies diarrhéiques [3]. Ainsi les complications liées à ces dermatoses sont multiples et peuvent être très sévères mettant parfois en jeu le pronostic vital. La glomérulonéphrite aigue (GNA) représente une complication fréquente de la pyodermite, elle peut conduire à une insuffisance rénale voire au décès. A cela, il faut ajouter le fort pourcentage d’infections cutanées dans l’étiologie des fièvres aigues bactériennes chez l’enfant. Paradoxalement, l’étude des registres de consultation de ces agents montre des indices concordant sur la mauvaise qualité de la prise en charge de ces affections. Très peu d’études ont été réalisées sur les dermatoses pédiatriques au Mali, raison pour laquelle ce travail a été initié. Le but de notre travail était de décrire les aspects épidémio-cliniques des dermatoses chez les enfants de moins de 16 ans en milieu hospitalier dermatologique à Bamako.
Méthodes
Du 1er Janvier 2009 au 31 Décembre 2009, nous avons mené une étude transversale des cas de dermatoses infantiles. L’étude a été réalisée dans le service de dermatologie du Centre National d’Appui à la lutte contre la Maladie (CNAM-ex institut Marchoux). Ce service situé dans la capitale du Mali (Bamako) représente le seul centre de référence dermatologique du pays. L’enquête a consisté à recenser, au cours de la consultation, tous les enfants présentant une dermatose. Ainsi, ont été inclus tous les enfants quelque soit l’âge et le sexe. Les enfants étaient examinés par un dermatologue en présence d’un accompagnant, qui répondait aux questions posées par l’enquêteur.
Le diagnostic dermatologique était basé sur l’examen clinique complété au besoin par des examens biologiques ou l’histopathologie cutanée. Les données ont été recueillies sur un questionnaire à partir des dossiers médicaux qui comportaient les variables démographiques (âge, sexe, scolarité), cliniques (motif de consultation, diagnostic clinique, complications) et biologiques (tests sanguins, histopathologie cutanée, examens bactériologiques et mycologiques). Le logiciel SPSS 12.0 a été utilisé pour la saisie et l’analyse des données.
Résultats
Durant la période d’étude, 5149 enfants de moins de 16 ans ont été inclus sur un total de 16339 consultants soit une fréquence de 31,51%. Les malades se répartissaient en 2838 garçons (55,10%) et 2311 filles (44,90%) soit un sex-ratio de 1,22. L’âge des malades variait de 03 jours à 15 ans avec une moyenne d’âge de 8±5,7 ans; les enfants d’âge préscolaire (moins de 5 ans) représentait 58,3% (3003/5149), Les enfants scolarisés représentaient 30,12% soit 1551 sur 5149 (Tableau 1). Sur le plan clinique, le prurit était le principal motif de consultation chez 89,75% des malades (3886/5149) (Tableau 2). Les principales affections recensées étaient les dermatoses infectieuses (55,10%), les dermatoses immuno-allergiques (32,50%), les dermatoses inflammatoires (11,85%), les génodermatoses (0,50%), les maladies dysimmunitaires (0,01%).
Tableau 1
Répartition des patients selon le groupe d’âge
Tranche d’âge | Effectifs | Pourcentage |
---|---|---|
0-5 ans | 3003 | 58,3 |
6-10 ans | 1261 | 24,5 |
11-15 ans | 885 | 17,2 |
Total | 5149 | 100 |
Parmi les dermatoses infectieuses, nous avions noté des mycoses qui représentaient 31,68% (1631/5149) constituées par la teigne 17,3% (892/5149), la dermatophytie 6,9% (357/5149) et la dermite séborrhéique (4,4%). En ce qui concerne les dermatoses bactériennes, elles étaient présentes chez 12,74% des malades (656/514), comprenaient l’impétigo (12,2%), l’érysipèle (0,4%) et la lèpre (0,1%) (Tableau 3). Les infections virales constituaient 8,4% des pathologies (434/5149), et comprenaient le molluscum contagiosum (4%), le pityriasis Roger de Gibert (3,1%), les verrues planes (0,8%) (Tableau 3). Quant aux ectoparasitoses, elles incluaient 60 cas de larva migrans (2,3%) et 57 cas de scabiose (1,2%) (Tableau 3).
Tableau 2
Répartition des patients selon les motifs de consultation
Signes fonctionnels | Effectifs | pourcentage |
---|---|---|
Prurit | 4621 | 89,75 |
Douleur | 444 | 8,62 |
Fièvre | 84 | 1,63 |
Total | 5149 | 100 |
Tableau 3
Répartition des patients selon les dermatoses infectieuses
Dermatoses infectieuses | Pathologies | Effectifs | pourcentage |
---|---|---|---|
Mycoses | Teigne | 892 | 17,3% |
Dermatophytie peau glabre | 357 | 6,9% | |
Dermite séborrhéique | 226 | 4,4% | |
Candidoses | 123 | 2,4% | |
Pityriasis versicolor | 33 | 0,6% | |
Total | 1631 | 31,68% | |
Bactériennes | Impétigo | 626 | 12,2% |
Erysipèle | 23 | 0,4% | |
Lèpre | 7 | 0,1% | |
Total | 656 | 12,74% | |
Virales | Molluscum contagiosum | 208 | 4% |
PRG | 158 | 3,1% | |
Verrues planes | 40 | 0,8% | |
Varicelle | 17 | 0,3% | |
Zona | 11 | 0,2% | |
Total | 434 | 8,4% | |
Ectoparasitoses | Larvan migrans | 60 | 1,2% |
Scabiose | 57 | 1,1% | |
Total | 117 | 2,3% | |
Total | 2838 | 55,10% |
Les dermatoses immunoallergiques representaient 32,7% de l’ensemble des dermatoses et étaient dominées par la dermatite atopique (15,6%), le prurigo (9,50%), l’eczéma de contact (3,50%), le vitiligo (2,9%) (Tableau 4). Les dermatoses inflammatoires avaient été évoquées chez 11,85% des malades (610/5149). Elles incluaient 386 cas de kératodermies palmo-plantaires (7,49%), 105 cas de dermite de couche (2%), 41 cas d’acné (0,8%), 16 cas de psoriasis (0,3%) et 25 cas de lichen (0,5%).
Tableau 4
Répartition des patients selon les dermatoses immunoallergiques
Dermatoses immunoallergiques | Effectifs | Pourcentage |
---|---|---|
Eczéma atopique | 803 | 15,6 |
Prurigo | 487 | 9,5 |
Eczéma de contact | 178 | 3,5 |
Vitiligo | 148 | 2,9 |
Urticaire | 34 | 0,7 |
Toxidermie | 13 | 0,3 |
PRP | 9 | 0,2 |
Total | 1672 | 32,5 |
Dans la catégorie des génodermatoses, on notait 7 cas d’ichtyose congénitale (0,1%), 7 cas de naevus (0,1%) et 3 cas neurofibromatose (0,05%). Parmi les maladies dysimmunitaires 1 seul cas de lupus a été retrouvé. Les localisations de ces affections étaient variées et concernaient la tête chez 36,88% des malades (3398/5149), les membres chez 33,24% des patients (3062/5149), le tronc chez 12,34% des patients (1137/5149), le cou chez des patients 3,79% (349/5149), les régions génitales chez 2,25% des patients (207/5149), les fesses chez des patients 5,20% (478/5149) et les plis chez 6,30% des patients (581/5149).
Discussion
Le but de ce travail était de décrire les aspects épidémiologique et clinique des dermatoses chez les enfants de moins de 16 ans vus en consultation dermatologique à Bamako. L’étude a été réalisée dans le plus grand centre de référence dermatologique du pays et sur la cohorte de consultants d’une année. Les diagnostics retenus étaient essentiellement basés sur l’examen clinique, l’on a eu recours, dans un petit nombre de cas, à des examens biologiques (histopathologie cutanée, tests sanguins, examens mycologique et bactériologique).
Notre travail apporte une contribution significative à l’épidémiologie et l’étude clinique des dermatoses courantes chez les enfants. Ainsi, dans notre étude, la fréquence des dermatoses infantiles était de 31,51%. Ceci va dans le sens d’une étude réalisée à Bamako par Mahé et col qui trouvaient 32,9% [4]. L’écrasante majorité des demandes de soins était formulée par les enfants âgés de 03 jours à 5 ans (58,3%), contrairement à une série turque ou les adolescents étaient majoritairement représentés (47,6%) [5]. Les garçons dans notre série ont été les plus nombreux et ce résultat va dans le sens d’une étude réalisée à Conakry en 2011 qui rapportait un sex-ratio de 1,21 M/F [6].
Cette fréquence élevée pourrait être la conséquence d’une hygiène défectueuse, des conditions socioéconomiques médiocres et l’insuffisance des soins médicaux [7]. Sur le plan clinique, le prurit était le principal motif de consultation chez les enfants dans notre étude (89,75%), cela s’explique par le nombre important des dermatoses prurigineuses à savoir : mycoses, l’eczéma atopique et l’impétigo. Des résultats similaires ont été apportés dans la littérature [6]. Dans notre étude, les dermatoses mycosiques ont représenté 31,68% de l’ensemble des dermatoses infectieuses. Ces résultats vont dans le sens des travaux antérieurs [3, 6]. En ce qui concerne les teignes, elles représentaient (17,3%), supérieurs au résultat trouvé par Mahé et col qui était de 5,3% [4]. Donc l’usage de la tondeuse unique à l’occasion des fêtes pour coiffer les enfants est le principal facteur de contamination. Les dermatoses bactériennes étaient dominées par l’impétigo (12,2%). Cela ne rejoint pas les résultats de la série guinéenne ou les folliculites étaient les plus fréquentes (60,27%) [6]. Elles sont surtout favorisées par le manque d’hygiène, la difficulté de l’accès à l’eau potable, la promiscuité et la malnutrition. En ce qui concerne les dermatoses immuno-allergiques, l’eczéma atopique et le prurigo étaient les pathologies dominantes. Ces résultats vont dans le sens d’une étude réalisé au bénin ou les dermatoses immuno-allergiques représentaient 37% des motifs de consultation [8]. L’urbanisation galopante, la promiscuité et les habitats confinés participent à la prévalence élevée de ces affections immuno-allergiques.
Les dermatoses inflammatoires étaient dominées par les kératodermies palmo-plantaires. Ceci contraste avec le résultat trouvé par Mahé et col qui était de 3,6% [3]. Cela s’explique par l’errance et la marche sans port de chaussure. La région céphalique et les membres ont été les sièges de prédilection des différentes dermatoses. Cette observation avait été constatée par certains auteurs comme D. Ye et al au Burkina faso [9]. Cela peut s’expliquer par leur exposition aux agressions externes, physiques, climatiques etc.
Conclusion
Les maladies de peau sont fréquentes dans la population pédiatrique. Notre étude a révélé l’importance des affections dermatologiques en particulier infectieuses et immuno-allergiques et la nécessité de mener des actions de prévention simple comme l’hygiène, l’achat d’une tondeuse pour chaque enfant.
Etat des connaissances actuelles sur le sujet
Véritable préoccupation pour les médecins;
Les enfants peuvent présenter une grande variété de dermatoses.
Contribution de notre étude à la connaissance
Connaissance de la fréquence des dermatoses infantiles au Mali;
Les différentes dermatoses infantiles au Mali.
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© Youssouf Fofana et al. 2016. This work is licensed under the Creative Commons Attribution License (https://creativecommons.org/licenses/by/3.0/) (the “License”). Notwithstanding the ProQuest Terms and Conditions, you may use this content in accordance with the terms of the License.
Abstract
Introduction
Les maladies de peau constituent un problème majeur de santé publique dans les pays en voie développement. En pratique courante les enfants représentent la couche sociale la plus touchée. Le but de notre travail était de décrire les aspects épidémio- cliniques des dermatoses chez les enfants de 0-15 ans dans le service de dermatologie du centre national d’appui à la lutte contre la maladie à Bamako, Mali.
Méthodes
Il s’agissait d’une étude transversale effectuée au cours de la période allant du premier janvier 2009 au 31 Décembre 2009 dans le service de Dermato-vénérologie du centre national d’appui à la lutte contre la maladie. Sur un total de 16339 patients ayant fait une consultation dermatologique 5149 enfants ont été inclus.
Résultats
La fréquence hospitalière des dermatoses infantiles était de 31,51%. Les malades se répartissaient en 2838 garçons (55,10%) et 2311 filles (44,90%) soit un sex-ratio de 1,22. L’âge des malades variait de 03 jours à 15 ans avec une moyenne d’âge de 8±5,7 ans. Parmi les affections retrouvées les dermatoses infectieuses représentaient 55,10% de l’ensemble des dermatoses, les dermatoses immuno-allergiques (32,5%), les dermatoses inflammatoires (11,85%).
Conclusion
Notre étude a révélé l’importance des pathologies infectieuses et immuno-allergiques et la nécessité de mener des actions de prévention simple comme l’hygiène, l’achat d’une tondeuse pour chaque enfant.
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