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Abstract

[Les] sociétés occidentales consacrent beaucoup d'argent aux médicaments d'ordonnance. Selon l'Institut canadien d'information sur la santé (ICIS), les coûts des médicaments d'ordonnance ont atteint 18 milliards de dollars au Canada l'année dernière. (Les médecins ont coûté 17 milliards et les hôpitaux, 40 milliards1.) Les Canadiens paient 562 $ par habitant par année pour les médicaments d'ordonnance, total qui n'inclut pas les médicaments dispensés à l'hôpital, ce qui représente encore un autre 1,3 milliard ou plus. Les coûts des médicaments d'ordonnance augmentent de 9 % par année : c'est beaucoup plus que le taux d'inflation (voir page 1279).2 Seuls les États-Unis et la France dépassent le Canada par le total des dépenses en médicaments par habitant. Si l'on suppose que les prix des médicaments s'équivalent, les médecins du Canada prescrivent presque deux fois plus de médicaments par personne que leurs collègues du Danemark et des Pays-Bas1.

Dans ce numéro, [Steve Morgan] place dans une perspective historique cette récente flambée des dépenses en médicaments (voir page 1323)3. Les auteurs du rapport attribuent une partie de l'augmentation des dépenses au remplacement de vieux médicaments moins coûteux, dont le brevet est expiré, par de nouveaux médicaments plus coûteux, et une autre partie à la hausse de l'utilisation. Ces causes approximatives cachent toutefois d'autres raisons plus complexes liées à notre régime de financement de la recherche sur les médicaments. En deux mots, au Canada comme dans d'autres pays occidentaux, la responsabilité de la recherche pharmaceutique incombe presque entièrement au secteur privé qui investit littéralement des milliards de dollars dans le développement de nouveaux médicaments; ceux-ci, une fois approuvés, sont commercialisés agressivement auprès des médecins. L'achat des médicaments en question par les patients, que ce soit directement ou indirectement par l'intermédiaire des systèmes de santé ou des régimes d'assurance-médicaments, rembourse cet investissement à l'industrie et produit un bénéfice acceptable pour les actionnaires.

Les solutions de rechange? Comme société qui a choisi de confier la recherche pharmaceutique au secteur privé, notre seule solution de repli consiste à contrôler plus rigoureusement la commercialisation des produits qui font leur apparition. Lorsque l'on crée un composé vraiment nouveau qui pourrait contrer une maladie grave ou améliorer considérablement l'état des personnes atteintes (certains des médicaments contre le VIH en sont de bons exemples), il faudra alors faire avancer rapidement le processus d'approbation, accorder au composé une approbation temporaire d'une durée limitée et le soumettre à d'autres évaluations cliniques d'efficacité et d'innocuité dans des situations réelles. Il faudrait à ce stade comparer le produit en cause à d'autres médicaments existants et non à des placebos. Il faudrait approuver la deuxième vague de médicaments d'imitation (dérivés chimiques de la découverte originale) seulement après qu'ils ont fait l'objet d'essais cliniques poussés au cours desquels on les compare à des médicaments existants. Il n'est pas seulement inutile de se précipiter pour utiliser ces imitations : c'est aussi terriblement coûteux. -JAMC

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Copyright Canadian Medical Association May 10, 2005