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Résumé
Le bilan mitigé de l'usage du Dossier Patient Informatisé peut être expliqué par la formalisation coercitive induite par la technologie et favorisée par la convergence du système d'information de production clinique et du système d'information support de la gestion hospitalière. Nous montrons qu'une démarche de formalisation habilitante est la seule susceptible de répondre à la fois aux objectifs de l'organisation et aux besoins des professionnels.
Abstract
The mixed use of the Electronic Medical Record may be explained by the coercive formalization of the work induced by the technology, enhanced by the convergence of the clinical production information system and the information system supporting the hospital management. We show that an enabling formalization approach is the only one matching both to the objectives of the organization and to the needs of healthcare professionals.
Introduction
Contrastant avec l'importance des investissements, la littérature montre que la mise en œuvre du Dossier Patient Informatisé (DPI) dans les hôpitaux reste particulierement complexe (Sligo et al., 2017) et le bilan de l'usage est mitigé, en deçâ des bénéfices espérés (Lapointe, Mignerat et Vedel, 2011). Contrairement aux attentes, le DPI peut engendrer une augmentation du temps de recherche de l'information pertinente (Nohr et al., 2005), la fragmentation ou l'interruption des tâches médicales, la coexistence problématique de plusieurs circuits de l'information (Koppel et al., 2008) ou encore favoriser l'émergence de pratiques de contournement dangereuses (Saleem et al., 2011). De plus, de nouvelles formes d'erreurs de prescription liées à l'informatisation sont apparues (Ash et al., 2007; Samaranayake et al., 2012).
Pour expliquer cette situation, de nombreux facteurs ont été identifiés dans la littérature. Ceux-ci concernent le défaut d'ergonomie, le manque de facilité d'usage et d'interopérabilité du progiciel utilisé, ainsi que la non-adaptation perçue au métier, le manque de flexibilite vis-å-vis des sous-groupes spécifiques d'utilisateurs et l'absence de compatibilité avec les processus de travail (Boonstra, Versluis et Vos, 2014; Cresswell et Sheikh 2013; Gagnon et al., 2012).
Le processus d'implémentation est également mis en question avec l'insuffisance de formation et de l'accompagnement au changement, le manque d'implication des utilisateurs ou de reconnaissance par le top management des acteurs clés pour ce rôle lorsque ceux-ci s'investissent, le défaut de concertation des acteurs, l'absence de temps dédié aux utilisateurs pour s'investir dans la maîtrise de...