Colette Zytnicki L'Algérie, terre de tourisme. Histoire d'un loisir colonial Paris, Vendémiaire, 2016, 269 p. et 12 p. de pl.
Dans un ouvrage précédent, Colette Zytnicki, avec d'autres, s'interrogeait sur la manière dont le tourisme pouvait ou non être considéré comme « un outil de la domination coloniale 1 » dans l'empire français. Avec le présent livre, elle poursuit sa réflexion sur l'histoire de ce « loisir colonial », présentée de manière chronologique.
En même temps que la conquête de l'Algérie s'approfondit et que la colonie s'organise, le tourisme commence à se développer sur un territoire où les infrastructures de transport maritime et terrestre s'améliorent et où les structures hôtelières se densifient à partir de 1860. Les agences et les bureaux des compagnies maritimes organisent des voyages pour une clientèle peu nombreuse, avant tout composée de représentants de la bourgeoisie aisée européenne qui peuvent consacrer du temps et de l'argent à une activité qui reste un privilège. Les côtes méditerranéennes deviennent à la mode au milieu du xixe siècle et attirent un certain nombre de Britanniques, notamment, qui font d'Alger une station d'hivernage très courue après 1860. Les touristes qui se rendent en Algérie cherchent d'abord à retrouver les traces de Rome mais les sites, qui ne souffrent pas la comparaison avec ceux de la Tunisie, déçoivent souvent. C'est donc aussi l’« Orient mythique » et le passé arabo-musulman de l'ancienne Régence que l'on découvre en arpentant les villes musulmanes, un Orient « fascinant mais en voie de disparition » (p. 34).
Le développement du tourisme en Algérie dans la seconde moitié du xixe siècle mise sur la découverte d'une nature qui s'offre aux Français d'Algérie lors d'excursions et de randonnées dans les massifs montagneux. Celles-ci s'organisent à l’échelle locale dans un cadre associatif qui illustre la démocratisation d'un tourisme de proximité pour les classes moyennes urbaines. Cette sociabilité se développe également autour des sociétés savantes qui contribuent à la reconnaissance du patrimoine local, à l'instar du Comité du vieil Alger, qui se mobilise pour préserver des monuments arabo-berbères intégrés au patrimoine français à des fins en partie touristiques. L'Algérie entre dans une économie touristique méditerranéenne en plein développement, sans...