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Il est reconnu que la présence de troubles mentaux chez les parents est associée à la présence de troubles intériorisés chez leurs enfants. Afin de mieux comprendre la nature de cette association, cet article propose une analyse critique de cinq modèles théoriques et des principaux résultats d'études empiriques réalisées au cours des 15 dernières années. Plusieurs caractéristiques psychosociales sont davantage présentes dans les familles comptant des parents dépressifs ou anxieux et sont associées à une prévalence plus élevée de troubles intériorisés chez leurs enfants. Deux hypothèses découlent de ces résultats : 1) la présence de troubles intériorisés chez le parent pourrait entraîner d'autres conditions à risque susceptibles d'être associées aux troubles intériorisés des enfants; 2) la présence de certaines caractéristiques psychosociales pourrait amplifier l'influence de l'exposition aux troubles intériorisés des parents.
Mots-clés : enfants, parents, troubles interiorisés, transmission intergénérationnelle, caractéristiques psychosociales
Chez les enfants et les adolescents de la population en général, la prévalence globale des troubles intériorisés (au moins un trouble dépressif ou anxieux) varie de 10 % à 23 % (Canino et al., 2004; Costello, Egger & Angold, 2005; Costello, Mustillo, Erkanli, Keeler & Angold, 2003; Ford, Goodman & Meltzer, 2003). Plusieurs auteurs ont également observé une comorbidité élevée entre les troubles dépressifs et les troubles anxieux, qui s'élèverait à plus de 70 % parmi les enfants et les adolescents (Angold, Costello & Erkanti, 1999). Les troubles dépressifs sont généralement reconnus par la manifestation d'une humeur dépressive ou d'une perte d'intérêt à l'égard de presque toutes les activités, associée à au moins quatre autres symptômes, pendant au moins deux semaines (trouble dépressif majeur) ou deux ans (trouble dysthymique). Les troubles anxieux les plus fréquents incluent la phobie spécifique (peur persistante d'un objet ou d'une situation), l'anxiété généralisée (souci excessif au sujet d'événements, de comportements ou de performances) et l'anxiété de séparation (anxiété excessive lorsque l'enfant est séparé des personnes auxquelles il est attaché (Association américaine de psychiatrie, 2003).
Or, il a été observé dans la littérature que la prévalence de troubles intériorisés est plus élevée parmi les enfants de parents dépressifs ou anxieux (Weismann, Warner, Wickramaratne, Moreau, & Olfson, 1997). Bien que les troubles dépressifs et anxieux semblent avoir une forte composante héréditaire ou génétique (Rice, Harold & Thapar, 2002), les liens...