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« Les directeurs de ces sortes de compagnies (les sociétés par actions) étant les régisseurs de l'argent d'autrui plutôt que de leur propre argent, on ne peut guère s'attendre à ce qu'ils y apportent cette vigilance exacte et soucieuse que des associés apportent souvent dans le maniement de leurs fonds... ».
Ainsi s'exprimait dès 1776 Adam Smith au sujet de la séparation entre actionnaires et dirigeants, et de ses conséquences sur la gestion des firmes. Pourtant, cette forme particulière d'entreprise, la « firme manageriale », n'a cessé de se développer comme l'ont observée Berle & Means dès 1932, au point qu'elle représente actuellement la forme adoptée par la quasi-totalité des grandes entreprises mondiales. Parmi les explications majeures, il est possible de citer:
- les montants astronomiques de capitaux mobilisés, que nul ne peut fournir isolément et ou ne souhaite concentrer en un placement unique (logique de diversification des risques, théorie du portefeuille de Markowitz, 1952) ;
- les potentialités d'investissement démocratisées: entrée des petits porteurs via les SICAV, FCP, privatisations... (OPCVM estimées à 7000 milliards de $ en 2000 aux États-Unis);
- la multiplication des possibilités de développement, aidée par l'internationalisation des places financières. En est pour preuve le rôle croissant joué notamment par les fonds de pension anglo-saxons (également estimés 7000 milliards de $ aux États-Unis en 2000 et présents en moyenne à hauteur de 40 % du capital des groupes français du CAC 40 - Pinel 2001).
1. Le cadre conceptuel
Cette relation particulière entre propriétaires et gestionnaires peut être appréhendée sous l'angle de 3 courants théoriques (Kim & Mahoney 2005) :
-la théorie des droits de propriété (Coase 1937; Alchian et Demetz 1973). Dans l'entreprise manageriale, les droits de propriété sont démembrés, i.e. Ie propriétaire possède le fructus et l'abusus (il perçoit des dividendes et possède le droit de vendre ses titres de propriété) alors que le gestionnaire est détenteur de l'usus, du droit de propriété puisqu'il gère l'entreprise au quotidien. Cette séparation des droits de propriété sur la firme peut engendrer des conflits d'intérêts entre le propriétaire et le manager car ces derniers ne cherchent pas forcément à maximiser la richesse des actionnaires. Et si le capital est très dispersé, les dirigeants bénéficient d'une plus grande indépendance et les capacités...





