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© 2010. This work is published under https://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/3.0/fr/ (the“License”). Notwithstanding the ProQuest Terms and Conditions, you may use this content in accordance with the terms of the License.

Abstract

1] Le Conte du Graal témoigne de la rupture qui se situe entre la chanson de geste et le roman qui exalte le héros solitaire, évoiuant dans un espace fait de iieux dos, en rapport avec la vie intérieure: l'on y passe du régime diurne de l'épopée, que symbolise l'épée, au régime nocturne, mystique, symbolisé par la coupe. 2] L 'initiation de Perceval s'y fait selon un itinéraire ponctué par des demeures, du manoir matemel et divers chateaux å la hutte de termite. 3] Perceval découvre un espace de pius en pius large, bien réel en communication avec un au-deiå mystérieux tandis que Gauvain vit dans un espace social qui ne change pas de dimension. 4] Peut-ětre le salut réel esti en dehors du cadre spatio-temporel, par la valorisation de la vie intérieure (les goutes de sang sur la neige] et par la solitude qui est un aboutissementf (auprés de termite, pendant la semaine sainte] Mais n'y-a-t-ii pas une autre fuite hors de tespace dont la permanence est niée (épisode du chateau du Graal] ? Je voudrais commencer par quelques remarques préliminaires, quelques rappels de notions assez banales.1 Tout d'abord, on ne saurait trop exalter ni étudier le génie de Chrétien de Troyes, car il a vraiment créé le roman français sous toutes ses formes : roman d'amour et d'aventure, roman d'éducation, romans doubles, a savoir romans successifs dans la méme oeuvre [Alexandre et Cligés, Perceval et Gauvain] ou romans entrelaces dans le temps méme de leur écriture [Le Chevalier de ia charrette et ie Chevalier au iion], a lire conjointement et a expliquer l'un par l'autre ; romans apparemment inachevés, qui appellent des continuations [c'est le cas du Chevalier de ia charrette, achevé par Godefroy de Lagny, du Conte du Graal], Chrétien n'a négligé aucune des sources d'inspiration accessibles en son temps, a en juger par le prologue de Cligés et l'ensemble de son oeuvre : matiéres celtique, tristanienne, ovidienne, byzantine, hagiographique. L'on passe de l'espace épique, allusif, sans précision ni description [dans la Chanson de Roland, vers 103, Li empereres est en un grant verger] ou ce sont les personnages qui déterminent l'espace, ou c'est au lecteur de le recréer, ou sont multipliés les détails concrets et précis, ou les chateaux tendent a se différencier. Nous retrouvons la dualité fondamentale du Moyen Age, entre Dieu éternel et immuable et le monde imparfait changeant, transitoire, entre la stabilité et le mouvement qui fait peur, ce qu'a bien signalé Georges Poulet dans ses Etudes sur le temps human5: au Moyen Age, «se sentir exister, c'était se sentir étre, et se sentir étre, c'était se sentir non pas changer, non pas devenir, non pas se succéder a soi-méme, mais se sentir subsister.»

Details

Title
L'ESPACE DANS LE CONTE DU GRAAL
Author
Dufournet, Jean 1 

 Professeur émérite de Paris 3 Sorbonne nouvelle 
Pages
179-192
Publication year
2010
Publication date
2010
Publisher
Gerflint
ISSN
17747988
e-ISSN
22613455
Source type
Scholarly Journal
Language of publication
French
ProQuest document ID
2561986624
Copyright
© 2010. This work is published under https://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/3.0/fr/ (the“License”). Notwithstanding the ProQuest Terms and Conditions, you may use this content in accordance with the terms of the License.