Reçu le 31-10-2022 / Évalué le 22-01-2023 / Accepté le 10-04-2023
Résumé
La pandémie de Covid-19 au Gabon a eu et continue d'avoir de sérieuses répercus-sions sur la vie sociale. En efet, elle a bouleversé notre quotidien et investi notre langage. Le présent article analyse le lexique de la pandémie, tout en accordant une bonne place aux particularités lexicales du français du Gabon. Les phénomènes de créativité linguistique (néologismes, emprunts, analogies, siglaisons...), les fonctions linguistiques (dénotative, de vulgarisation, de mise en garde, cryptique, dénonciative, euphémique, ludique) sont identifées de même que quelques repré-sentations sociales y relatives.
Mots-clés : fonctions linguistiques, Gabon, lexique, pandémie de Covid-19, représentations
Abstract
The Covid-19 pandemic in Gabon has had and continues to have serious repercussions on social life. Indeed, it has disrupted our daily lives and invested our language. This article analyzes the lexicon of the pandemic, with an emphasis on the lexical particularities of Gabonese French. Phenomena of linguistic creativity (neologisms, borrowings, analogies, acronyms...), linguistic functions (denotative, popularization, warning, cryptic, denunciative, euphemistic, playful) are identifed as well as some related social representations.
Keywords: Linguistic functions, Gabon, lexicon, Covid-19 Pandemic, representations
Introduction1
En 2020, 2021 et début 2022, l'actualité internationale a été particulièrement marquée par la pandémie de Covid-19. Nombre de cas testés positifs, nombre de personnes décédées ou en réanimation, nombre de personnes guéries, types de variants actifs, confinements, mesures de restriction multiformes ont constitué les principaux sujets à la une des journaux, tous types de médias confondus. S'agissant spécialement du Gabon, la vie sociale a connu différentes périodes de confinements et de couvre-feux allégés ou renforcés en fonction des indicateurs de la pandémie, publiés par le Comité de pilotage du plan de veille et de riposte contre l'épidémie à coronavirus au Gabon (Copil)2. Dans cette logique, de nombreux foyers ont été touchés par le chômage technique, la détresse sanitaire, des difficultés à se procurer des denrées alimentaires de première nécessité du fait de la faiblesse du pouvoir d'achat ou par le décès des proches. Ces différents maux ont bouleversé le quotidien des uns et des autres et investi le langage, au point que certains, comme Kogou Nzamba (à paraître), en sont venus à parler de « déconfinement linguistique ».
Parallèlement au lexique officiel ou international : port obligatoire du masque, lavage des mains avec du savon ou utilisation de gel hydro alcoolique, infodémie, échantillon prélevé par écouvillonnage, patient zéro, cas contact, cas témoin, tests salivaires, quarantaine, tests PCR, vaccination de masse, variant delta, etc., des lexies qu'on n'avait pas l'habitude d'entendre dans des acceptions parti-culières et conçues pour décrire des situations inédites ont été enregistrées. Aussi des dictionnaires tels que Le Robert3 ou Le Larousse4, pour ne citer que ces deux exemples, ont-ils produit des travaux relatifs à la néologie française sur le coronavirus, inspirée des pays du Nord. Mieux, dans leurs éditions de 2022, par exemple, les deux dictionnaires présentent de nouvelles unités lexicales devenues inévitables avec la pandémie. Or, quand on parle de nouvelles unités lexicales, cela ne concerne que très rarement les propositions venues du Sud, très peu mises en lumière dans les publications internationales, au point de penser que les Africains ne sont que des « consommateurs » de la langue française venue d'autres horizons. En considérant le français comme une langue africaine (Dumont, 1990), nous nous sommes interrogés sur les particularités lexicales de la pandémie utilisées ces deux dernières années au Gabon. Tenter de répondre à cette question, c'est nous projeter vers un dictionnaire consacré au lexique relatif à la pandémie de Covid-19, au Gabon, pour donner une certaine visibilité à la part de créativité linguistique locale, en période de pandémie.
Dans la mesure où la question de la pandémie transverse les frontières internationales de tous les continents, il peut paraître prétentieux de trouver de l'originalité dans les lexies qui renvoient à la même pathologie. Toutefois, il nous semble conve-nable de mettre en valeur certaines unités lexicales qui ont « émergé » ou qui peuvent être comptées parmi les plus emblématiques de la pandémie au Gabon, même si dans l'esquisse de traitement lexicographique (point 3), désormais ETL, nous avons volontairement choisi de nous limiter à quelques exemples qui nous donnent juste un aperçu du « chantier » qui est le nôtre.
En conséquence, notre hypothèse est qu'il est possible d'identifier certaines lexies qui, par leur morphologie, leurs combinaisons réciproques, leurs réalisations phoniques, leurs acceptions peuvent amener à identifier un certain lexique utilisé par les Francophones du Gabon5. Ainsi, en nous intéressant à cette thématique, dans un esprit descriptiviste - et non normativiste - nous nous sommes posé les questions suivantes : Quels sont les phénomènes linguistiques à partir desquels les Gabonais s'approprient la thématique de la pandémie ? Quelles fonctions linguis-tiques recèlent ces phénomènes linguistiques ? Quelles sont les principales repré-sentations qui se dégagent de ce lexique ? Quel traitement lexicographique proposer sur les éléments relevés, pour mieux se faire comprendre des autres Francophones à travers le monde ? C'est à ces différentes questions que nous tâchons de répondre dans la présente étude qui allie la sociolinguistique variationniste dans l'esprit de Dumont (1990) ou de Boucher et Lafage (2000) à la lexicographie (Wiegand, 1999). Il importe de présenter tour à tour la collecte des données, les principaux résultats obtenus ainsi que l'ETL.
1. Collecte des données, méthodologie et corpus
Les données dont nous disposons (cinq cents lexies environ) et qui sont d'ordre qualitatif ont été obtenues à partir d'un échantillonnage non probabiliste. Sur la base des productions écrites et orales relevées dans la presse locale et au hasard de ce que nous avons entendu dans les échanges quotidiens à Libreville ou de ce que nous avons lu sur les murs de la ville, dans les textes de l'Administration publique ou privée, des lexies ont forcé notre curiosité à mesure que la pandémie de Covid-19 était évoquée. Aussi avons-nous pu relever, à l'aide de deux carnets de notes, entre mars 2020 et octobre 20226, des exemples qui nous ont paru les plus significatifs, en nous référant à Boucher et Lafage (2000), Ditougou (2010) ou Mavoungou, Moussounda Ibouanga et Pambou (2015). Elles sont toutes relatives à l'actualité de la pandémie dans la période retenue, peu importe le domaine concerné. La méthodologie adoptée est de type descriptif dans la mesure où il s'agit d'étudier l'unité lexicale dans ses aspects formel et sémantique (Gardes-Tamine, 2010), mais aussi du point de vue pragmatique, en considérant la situation extralinguistique des éléments étudiés et les énonciateurs dans leur environnement socioculturel (Dumont, 1990). Quant au corpus, il est constitué de vingt-cinq textes officiels (dix arrêtés, trois décrets, huit lois, une décision, une ordonnance et une déclaration des membres du gouvernement), de dix-sept coupures de journaux issues des périodiques Direct infos, Échos du nord, Focus Group Media, Gabon Actualité, Gabon Matin, Gabon Review, Gabon Media Time, La doc media, La Libreville, L'union, Le figaro et Sud Télégramme, mais aussi des propos des hommes de médias, de l'homme de la rue (à qui nous avons parfois attribué un prénom imaginaire et un âge approximatif, lorsque l'énonciateur ne nous était pas familier, enregistrés au hasard des rencontres - pour contourner le paradoxe de l'observateur (McMahon, 1994) -, des écrits dans la ville et de certaines publications imprimées ou numériques des membres de la société civile, dont les précisions sont données dans l'article ou des sites spécialisés, comme Info Covid-19 Gabon.
2. Résultats obtenus
Les résultats obtenus ont permis de répartir une centaine de lexies décrites sur l'ensemble des cinq cents relevées suivant les phénomènes de créativité linguis-tique, les fonctions linguistiques et les représentations, avant de proposer une « ETL », point de départ à un projet dictionnairique de plus grande envergure.
2.1. Phénomènes de créativité linguistique observés
En matière de créativité linguistique, il est difficile d'identifier des phénomènes originaux, par rapport à ce que la littérature linguistique propose. Sont alors mis en valeur ici les néologismes, les emprunts, les analogies, les siglaisons, les substanti-vations, les adjectivations, les commutations, les personnifications, les métaphori-sations, les métonymisations et les paronomases.
Les néologismes se signalent par des suffixations. Nous y regroupons les lexies « coronacratie » (« corona » + « cratie »), pour parler des mesures restrictives imposées pour gérer le coronavirus ; « covidisé » (« covid » + « isé »), « covidé » (« covid » + « é »), « coroniser » (« corona » + « iser »), au sens de « être infecté par la Covid-19 » 7 ou le « coronavirus » ; « quatorzaine » (« quatorze » + « aine ») ou « septaine » (« sept » + « aine »), avec l'ajout du suffixe « aine », ayant valeur de durée, pour rendre compte respectivement d'une période de quatorze et de sept jours de confinement, sur le modèle de « quinzaine ». À l'opposé de la suffixation, il existe des cas de préfixation, avec des lexies comme « avant-covid » et « après-covid » dans lesquelles « avant » et « après » fonctionnent comme des préfixes de la base « covid », à moins de les envisager aussi comme des déictiques par rapport
à la pandémie, considérée alors comme une période marquante de l'Histoire. De même, les dérivations parasynthétiques apparaissent. Ils concernent par exemple « reconfiner » (« re » + « confin » + « er »), pour « confiner de nouveau » ou « contraindre à demeurer dans les limites d'un espace territorial déterminé, par mesure de protection contre le coronavirus » ou « déconfiner » (« dé » + « confin » + « er »), pour « sortir des limites d'un espace territorial déterminé, par mesure de protection contre le coronavirus ». Par ailleurs, la troncation se manifeste avec la lexie « la coco », associant le déterminant « la » à l'apocope redoublée de « covid » (Infra, point 3 « ETL »).
Quant aux emprunts, ils concernent « le ngori », du lembaama - langue bantu du groupe B60 (Guthrie, 1970) -, « ngori » ou « gratuit » (Infra, point 3 « ETL »). Les Francophones du Gabon disent « le ngori », tout comme son calque français « le gratuit », pour parler de la gratuité effective des transports publics en autobus, depuis le 12 avril 2020. Outre « le ngori », on note « le ifulu » (prononcé « le ifoulou »), du yipunu - langue bantu du groupe B40 (Guthrie, 1970) - « ifulu » ou « bain de vapeur » (Infra, point 3 « ETL »). Y figurent aussi les mots-valises « covidbusiness », « coronabusiness » (Infra, point 3 « ETL »), « coronabusinessman » ou « coronabu-sinesswoman » qui associent l'unité lexicale « covid » ou l'apocope de « corona-virus » aux termes anglais « business » ou « businessman » / « businesswoman ».
Pour ce qui est des analogies, elles ont toutes été inspirées par la forme des masques anti-covid que les citoyens ont rapprochée à la fois de la « bavette » (Infra, point 3 « ETL »), du « toucan » ou du « couvre visage », mais aussi par la représen-tation du confinement.
Quelques rares siglaisons ont également contribué au lexique relatif au corona-virus. « Copil », « Copil Gabon » ou « Copil-coronavirus », acronyme de « Comité de pilotage du plan de veille et de lutte contre la Pandémie » (Infra, point 3 « ETL ») et « Copivac » ou « Comité national de pilotage de la vaccination contre la covid-19 » comptent parmi les plus en vue. Aux siglaisons s'opposent les détour-nements de sigles ou d'acronymes. C'est le cas de « Copil citoyen », défini par les responsables de cette structure, membres de la société civile gabonaise, comme étant un « observatoire citoyen de la gouvernance publique », parallèlement au « Copil » ou « Copil Gabon » ou « Copil coronavirus », institué par le Gouvernement de la République. Les détournements de sigles concernent aussi l'exemple de « Covid-19 » interprété, via les réseaux sociaux, comme « congélateur vide au 19du mois8 ».
À ces phénomènes déjà cités, nous ajoutons la substantivation et l'adjectivation. Les exemples concernent l'adjectif « gratuit » et le numéro « 1410 », tous deuxutilisés comme des substantifs. Aussi l'expression « le gratuit » (Infra,point 3 « ETL »), par ailleurs calque du lembaama, est-elle courante pour faire allusion à la gratuité du transport urbain opéré par les autobus des entreprises publiques Trans'urb et Sogatra. La même logique concerne « le 1410 » (Infra, point 3 « ETL »), qui n'est autre que le numéro vert pour signaler les cas de Covid-19. Pour ce qui est de l'adjectivation, elle s'est limitée au substantif « covid » qui a donné naissance à la lexie « prix covid » (Infra, point 3 « ETL »).
D'autres cas sont repérés comme phénomènes de commutation. « Les Masques bleus », qui font penser aux Casques bleus de l'Organisation des nations unies, chargés des missions de paix dans le monde, participent de ce procédé. Selon la plateforme numérique consacrée, « Les Masques bleus » constitue un « espace collaboratif dynamique pour agréger les savoirs et les savoir-faire, les expériences et les bonnes pratiques à reproduire »9, en vue d'agir contre la catastrophe annoncée de la pandémie de Covid-19 et de construire, ajoute Mvé Ondo, « l'Afrique post-covid ». Nous pouvons y ajouter la collocation « variant anti-foot » que certains Gabonais se sont appropriée de façon singulière (Infra, point 3 « ETL »). Quant à la personnification, elle enregistre deux cas. Il s'agit de « Ya Covid » et « miss Corona ». Dans les deux lexies, les locuteurs ont ajouté les éléments hypoco-ristiques « Ya » et « miss ». Le premier est le diminutif de « yaya », qui signifie, dans les langues bantu, « grand frère » ou « grande sœur », voire « maman ». Le deuxième n'est autre que l'anglicisme « miss », souvent utilisé pour désigner la plus belle femme dans les concours de beauté classiques.
De leur côté, font partie de la métaphorisation les unités lexicales « banque alimentaire » et « kit alimentaire10 », « la riposte » ou la « quarantaine de quinze jours ». La « banque alimentaire » s'identifie à une mesure de lutte contre la pandémie, conçue comme un fonds de solidarité doté de plusieurs centaines de milliards de francs CFA11 et géré par le ministère des Solidarités nationales12. De façon concrète, il s'agissait pour les personnes chargées d'exécuter cette tâche de se rendre dans les domiciles pour apporter aux nécessiteux des aides en produits alimentaires de première nécessité. La « riposte » et « la guerre » ont consisté à présenter la Covid-19 comme un adversaire ; mieux, un ennemi à vaincre par tous les moyens (Déclaration des membres du Gouvernement). « Quarantaine de quinze jours » présente des apparences d'un oxymore, dans la mesure où la quarantaine est, avant tout, une période de quarante jours. Or, dans l'expression retenue, le substantif « quarantaine » est utilisé au sens générique de confinement. Au Gabon, la « quarantaine de quinze jours » a été énoncée pour faire allusion aux périodes de confinement partiel imposées officiellement par le Gouvernement comme moyen de « riposte » contre la pandémie.
Nous ne pouvons pas occulter la métonymisation dont l'un des exemples est « Iveco ». L'usage d'« Iveco » semble s'être répandu à la suite des arrestations puis du transport des citoyens pris en flagrant délit de non-respect du « couvre-feu », à bord des camions militaires de marque Iveco.
Enfin, nous avons noté une paronomase à travers le jeu de mots inspiré de l'anthroponyme local « Nkorouna », phoniquement proche du nom « corona- ». Ainsi, il est parfois arrivé que les locuteurs disent sciemment « Nkorouna13 » à la place de « corona... », pour taquiner les personnes (hommes ou femmes) dont le patronyme est « Nkorouna » ou pour mettre à l'écart ceux qui ne sont pas « sur la même longueur d'ondes », suivant la fonction de connivence proposée par François-Geiger (1990).
2.2. Quelques fonctions linguistiques identifiées
Les éléments identifiés comme relevant du lexique relatif au coronavirus remplissent aussi un certain nombre de fonctions linguistiques, susceptibles de se combiner les unes avec les autres, selon les situations de communication consi-dérées (Zongo, 2001 ; Pambou, 2011). Celles-ci peuvent être rangées en deux pôles : d'une part, le pôle véhiculaire qui vise à « élargir la communication au plus grand nombre » ; d'autre part, le pôle grégaire qui vise à « limiter la communication au plus petit nombre » (Calvet, 1999). Dans notre corpus, le pôle véhiculaire concerne les fonctions dénotative, dénonciative (Pambou, 2015), ludique et de vulgarisation. Quant au pôle grégaire, il regroupe les fonctions cryptique, euphémique et de mise en garde.
Du côté du pôle véhiculaire, la fonction dénotative consiste à nommer les faits ou les objets (« salut du pied / avec le pied », « salut du coude/ avec le coude », « salut du poing / avec le poing », « éternuer dans le coude », « thermo-flash », etc.), la maladie (« coronavirus », « Covid-19 », « pandémie », « catastrophe sanitaire », « crise sanitaire », « état d'urgence sanitaire », etc.), les symptômes (« maladie respiratoire ») ou les « mesures barrières » (« gel hydro-alcoolique », « gel désinfectant », « lavage des mains », « dépistage massif », « fonds de solidarité covid », « quarantaine », « quarantaine obligatoire de cinq jours14 », « quatorzaine », « septaine »).
Cette fonction se distingue de celle de vulgarisation dont l'objectif est de communiquer avec le plus grand nombre sur des notions spécialisées ou, pour le commun des citoyens, à se créer un lexique parallèle pour mieux s'approprier les termes techniques en usage. Comptent dans cette logique les lexies « bavette »,
« quarantaine obligatoire de cinq jours », « Copil citoyen » ou « le gratuit ». Pourquoi ne pas y ranger le texte d'un panneau publicitaire de sensibilisation publique : « Mon masque et moi, c'est pour la vie » ? Cet énoncé fait penser, de façon ludique, à une union ou à un mariage pour lesquels les partenaires sont censés s'engager ad vitam aeternam. De manière légère, il s'agissait d'inciter les citoyens - dès les premiers mois de 2020, alors que l'usage de la lexie « bavette » n'était pas encore généralisé - à ne pas oublier de porter leur « masque », à l'heure où cette pièce était présentée comme le principal instrument de lutte contre la contamination du coronavirus.
Dans un tout autre registre, la fonction dénonciative consiste à dénoncer ouver-tement ou non des agissements qui contredisent des valeurs socio-culturelles, politiques, économiques diverses. Elle se lit à travers les termes « covid business », « coronabusiness », « coronobusinessman », « coronabusinesswoman » (Infra, point 3 « ETL ») ou à travers le détournement de l'acronyme « covid » en « complot organisé visant à instaurer la dictature sanitaire ».
Quant à la fonction ludique, si elle est le dénominateur commun de ce que nous avons appelé les détournements de sigles, d'acronymes ou d'abréviations, DSAOA (Pambou, 2015), elle peut se combiner, ici, avec plusieurs autres fonctions. La fonction ludique concerne la substitution ironique de « corona » par le patronyme local « Nkorouna », pour dédramatiser la situation créée par la crise sanitaire. La même lexie peut avoir valeur de fonction cryptique pour ne pas attirer l'attention des oreilles indiscrètes. La fonction ludique peut aussi renvoyer au néologisme « déconfiner les prix », c'est-à-dire « revoir les prix à la baisse » ou « sortir de la pression exercée par l'inflation due au confinement » (Infra, point 3 « ETL »), alors qu'il est aussi possible de reconnaître à la lexie une fonction euphémique. Impossible de ne pas mentionner, dans cette sous-partie, le mot-valise « kongossa-virus » - de la langue camerounaise duala « kongossa » (propos qui se colportent) et du terme français « virus » - proposé par Nguema Minko (2020 a et 2020 b) -pour désigner les multiples rumeurs sur le coronavirus, celles-ci étant assimilées à une forme de virus, même si on peut aussi y lire une simple fonction de vulgarisation.
Dans le pôle grégaire, la fonction cryptique se lit comme l'antonyme de la fonction dénotative. Elle consiste à restreindre la communication à un groupe social restreint. Dans notre étude, il s'agit avant tout du langage des profes-sionnels de la santé lorsqu'ils parlent entre autres de la « détresse respiratoire », des « cas contacts », des « cas témoins », des « cas probables », des « cas positifs », de la « commorbidité », du « Sars Cov 2 », des « masques ffp2 », de la « forme asymptomatique », de l'« agueusie » (perte du goût), de l'« anosmie » (perte de l'odorat) ou de « guérison virologique »), etc. Par ailleurs, l'expression « mosquito »
a été entendue de la bouche des forces de sécurité et de défense qui passaient des nuits entières à réguler la circulation automobile là où ils dressaient les barrages policiers. Au Gabon, le « mosquito » est connu comme la marque déposée d'une spirale anti-moustique, à moindre coût, utilisée par le commun des citoyens. Pendant la pandémie, l'expression s'est distinguée comme un mot de passe des préposés aux barrages policiers pour solliciter de façon détournée une rétribution non officielle permettant de laisser passer librement les automobilistes autorisés ou non à circuler pendant le « couvre-feu ». Cette rétribution non officielle était supposée aider à s'approvisionner en spirale indiquée pour lutter contre les moustiques « voraces » des postes de barrage (Infra, point 3 « ETL »).
La fonction euphémique, pour sa part, permet d'atténuer la dureté d'une réalité ou d'un fait, voire à les dédramatiser. Dans notre corpus, elle apparaît à travers la lexie « la coco » (Infra, point 3 « ETL »). « La coco » fait partie du pôle grégaire dans la mesure où l'expression est utilisée entre des locuteurs ayant une relation de proximité avérée. La fonction euphémique s'applique aussi au « pass sanitaire » utilisé à la place de « pass vaccinal », pour faire croire qu'il s'agit d'une exigence sanitaire alors que même l'Organisation mondiale de la santé et l'ensemble des spécialistes reconnaissent que le vaccin ne protège pas de la contamination.
Enfin, la fonction de mise en garde se manifeste à travers « Iveco », lexie énoncée en guise de menace pendant les périodes de couvre-feu (Infra, point 3 « ETL »).
2.3. Quelques représentations à travers les termes étudiés
Par représentation, concept qui transcende les disciplines, nous entendons, suivant Jodelet (2003 : 36), toute « forme de connaissance, socialement élaborée et partagée, ayant une visée pratique et concourant à la construction d'une réalité commune à un ensemble social ». Dès lors, une question susceptible d'être posée est de savoir comment nous y prendre pour parler des représentations sur la pandémie. Le regard porté sur l'espace socio-culturel gabonais a révélé des débats sur l'effectivité de la pandémie ainsi que sur la gestion de la pandémie.
Quand nous nous intéressons aux lexies utilisées pour désigner la pandémie et tout ce qui s'y rapporte, les représentations concernent aussi bien les dirigeants étatiques que le citoyen lambda. Chez les dirigeants étatiques, comme pour plusieurs dirigeants à l'étranger, l'absence d'une position tranchée sur la façon de nommer la pandémie et ce qui s'y rapporte est réelle. L'une des illustrations est administrée par le genre du sigle « Covid ». Finalement, qu'on l'emploie au masculin (« le Covid-19 »), au féminin (« la Covid-19 »), voire sans déterminant
(« Covid-19 »)15, le plus important est, manifestement, d'en parler. Il en est de même pour les synonymes associés à l'appellation de la pandémie. Dans les textes officiels, il est remarquable de noter plusieurs expressions employées parfois de façon simultanée dans les mêmes textes, comme « épidémie à coronavirus16 », « infection à coronavirus », « maladie à coronavirus17, » « maladie respiratoire aiguë », « pandémie de Covid-19 », « Sars Cov 2 », « virus », « virus Covid-19 », « virus respiratoire », « virus Sars Cov 218 ». Chez les locuteurs lambda, l'existence d'un discours parallèle est avérée, pour, semble-t-il, dire les faits avec le lexique qui leur est propre ou qui leur semble plus parlant. Exit alors le « masque », certai-nement supplanté par la « bavette ». Exit aussi le « Copil » et place au ... « Copil citoyen ». Exit le « corona... » et place à « nkorouna », voire à « miss Corona », ou à Ya Covid, comme s'il s'agissait, dans ces deux derniers cas, d'une célébrité ou d'une personne proche. Exit le « protocole thérapeutique à base de chloroquine », place au « ifulu » ou au « bain de vapeur », de même qu'à la célébrissime et polyvalente potion « eau chaude, miel, jus de citron et jus de gingembre », etc.
Par ailleurs, notre recherche tend à montrer que nombre de citoyens ne croient pas à la réalité de cette « pandémie »19, parfois considérée comme une simple « maladie des Blancs » (Lenoir, 2020), au point que certains n'hésitent pas à sacrifier l'observation des « mesures barrières », au profit du respect inconditionnel du rituel de participation à des funérailles grandioses (L'union du 18 mai 2020). Selon le « kongossavirus », « l'Africain ne meurt pas [de] coronavirus20 » (Nguema Minko, 2020 b). Aussi des Francophones gabonais se sont-ils approprié le détour-nement de l'acronyme « Covid-19 », conçu comme un « complot visant l'instau-ration de la dictature sanitaire », en raison des mesures drastiques imposées aux populations ou des « différentes manœuvres anticonstitutionnelles et liberticides orchestrées par des gouvernants prétextant la riposte contre la Covid-19 », selon le Copil citoyen (Gabon Review du 12 avril 2022). La négation de la pandémie est si effective que le lexique proposé pour la lutte contre celle-ci donne des exemples comme « ail », « citron », « gingembre » ou l'emprunt au yipunu « ifulu » (« bain de vapeur », Infra, point 3 « ETL »), présentés comme des « recettes miracles » ou des « moyens de contournement » au problème de la Covid-19, devant les vaccins perçus par les « coronasceptiques » ou les « vaccinosceptiques », comme des « poisons » inoculés21 au profit des lobbies multiformes. Wali Wali et Bilemba Ngouengue (2022) corroborent cette idée, au terme d'une enquête menée auprès de 1200 adultes gabonais en novembre et décembre 2021. D'après les auteurs, « seuls 14% des Gabonais disent faire « quelque peu » ou « beaucoup » confiance au gouvernement pour assurer la sécurité des vaccins contre la Covid-19 ».
Que dire sur les représentations des citoyens concernant la gestion de la pandémie ? Elles sont marquées par la méfiance à l'égard de la médiatisation, voire la surmédiatisation de la pandémie qui présente certains symptômes identiques à ceux du paludisme. D'où cette peur, chez certains citoyens - surtout dans les premiers mois ayant suivi la reconnaissance officielle de la pandémie, en 2020 - de se rendre dans les structures hospitalières, afin de ne pas être déclarés, de façon mécanique, comme souffrant du coronavirus alors qu'il pouvait s'agir que d'un simple « palu » (Dumont, 1989), d'une fièvre ou d'une toux (Ondo, 2020). Méfiance à l'égard de la médiatisation et peur de se rendre à l'hôpital, mais aussi méfiance à l'égard de la gestion politique de la pandémie (Makita-Ikouaya, 2020 ou Nguema Minko, 2020 a). Cette méfiance explique en partie la lexie « coronabu-siness » ainsi que ses dérivés et ses synonymes, même si cette forme de corruption est aussi signalée chez des citoyens lambda qui n'auraient pas hésité à recourir à des pots-de-vin pour se faire établir de vraies fausses cartes de vaccination ou de vrais faux laissez-passer en période de « couvre-feu ». C'est cette même méfiance qui a conduit le Copil citoyen - lequel a obtenu gain de cause22 - à saisir la Cour constitutionnelle via une requête visant à voir déclarer inconstitutionnel l'arrêté n° 0685 /PM du 24 décembre 2021 fixant l'entrée en vigueur des nouvelles mesures gouvernementales de prévention, de lutte et de riposte contre la propagation de la Covid-19 et à le faire annuler. Cette méfiance, voire ce soupçon de corruption, également relevée par Wali Wali et Bilemba Ngouengue (2022), amène ceux-ci à écrire : « Globalement, 80% des citoyens considèrent « plutôt » ou « très » mauvaise la gestion de la pandémie de la Covid-19 par le gouvernement ». Au-delà, le « kongossavirus » soutient que la gestion générale de la pandémie au Gabon est dictée par la France. Foumboula Libeka reprend l'idée en ces termes :
Quand les pays asiatiques préconisaient le port du masque dès le début de la crise, la France quant à elle déclarait que ce n'était pas nécessaire, chose que le Gabon a aussitôt reprise dans sa stratégie. Quand cette dernière a décidé que le port du masque devait être rendu obligatoire, le Gabon aussitôt a rendu le port du masque obligatoire. Quand la France décide de l'obligation vaccinale, le Gabon aussitôt [lui] emboîte le pas (Échos du Nord du 02/10/2021).
Ainsi, l'étude des phénomènes linguistiques, des fonctions linguistiques et des représentations liées à la pandémie de Covid-19 nous amène à souligner finalement l'appropriation des sujets autour de la pandémie, la vitalité et la richesse de la créativité linguistique sur le thème de la pandémie, les fonctions variées qui vont de la dénotation aux connotations les plus inattendues, mais aussi aux doutes sur l'existence réelle de la pandémie et le « kongossavirus » sur les buts inavoués des autorités médicales ou étatiques sur la gestion de la pandémie. Fort de l'ensemble de ces considérations, il nous a paru convenable de proposer un traitement lexico-graphique des lexies étudiées à partir de quelques lexies mentionnées supra.
3. Esquisse de traitement lexicographique
L'ETL que nous proposons est inspirée de Mavoungou et al. (2015). Pour aller à l'essentiel, les articles retenus sur le lexique de la pandémie au Gabon sont développés en dix rubriques23 distinctes : le lemme, le registre de langue, la catégorie grammaticale et le genre, l'étymologie, la (ou les) fonction(s) linguis-tique(s), la (ou les) définition (s), l' (ou les) exemple(s), les données sociolectales et le renvoi. À ces dix rubriques, nous avons ajouté une onzième, plutôt facultative, relative à la note encyclopédique (en abrégé « Note encycl. »), lorsqu'il nous a semblé pertinent de l'intégrer, pour approfondir la définition ou pour donner des éléments importants de l'ancrage socioculturel de la lexie. Nous présentons ci-après quelques exemples parmi les plus significatifs qui peuvent donner lieu à un projet dictionnairique de grande envergure.
« Bavette » - Mésolecte/basilecte. Nom féminin. Diminutif de « bave », de l'onomatopée latine « baba », qui imite le babil des bambins. Fonction de vulgarisation. (T) Bavoir de bébé. « Bavettes » pour bébé. Nouée autour du cou de votre enfant, la « bavette » pour bébé annonce qu'il est temps de se mettre à table. (Message publicitaire en ligne). © Haut d'un tablier ou d'une salopette qui couvre la poitrine. Ma co (= ma copine), j'adore quand ton frère porte sa salopette à « bavette ». (Yvonne, 30 ans, à sa copine de même âge). © Masque chirurgical, masque anti-covid. Du reste, les OPJ (=officiers de police judiciaire) ont eu droit à des justifications diverses. Interpellé sans « bavette » au grand-village à près de 21h, Traoré affirme revenir « rendre visite à son enfant malade ». (cf. Gabon Actualité du 07 juin 2020). Interdit de rentrer ici sans « bavette ». S.V.P. (Texte écrit à la craie blanche et relevé le 05 septembre 2021, sur un contre-plaqué, à l'entrée d'une épicerie de Libreville). Note encycl. : Au Gabon, il semble que « la bavette » ait supplanté « le masque » chez le citoyen lambda - à l'oral comme à l'écrit - pour désigner l'une des principales mesures de lutte contre la contamination de la pandémie du coronavirus. À la différence du bavoir qui permet de protéger le bébé contre sa propre bave, la bavette est alors conçue comme la petite pièce que l'on porte autour de la bouche et du nez pour se protéger notamment contre les postillons reconnus comme vecteurs du virus incriminé. Cela rappelle le « besoin de différenciation » cher à Henri Frei (2007, 1929), dont le but est de distinguer les éléments linguistiques pour éviter toute confusion dans les langues. Parler ainsi de bavette permet alors de bien différencier le masque familier à la culture bantu - un objet cultuel généralement taillé sur du bois et particulièrement prisé par nombre de collectionneurs occidentaux - du masque chirurgical ou du masque en tissu incontournable depuis la pandémie apparue en Chine en 2019. © masque, « toucan », « cache-nez », « couvre-nez ».
« Copil » - Acrolecte/mésolecte. Sigle de genre masculin. Acronyme de Comité de pilotage. Fonction dénotative. © Équipe de leaders ou de dirigeants chargés de veiller à la bonne conduite d'un projet. Alors que la première phase de l'épidémie de Covid-19 touche à sa fin au Gabon, le « Copil », chargé d'orchestrer la riposte à la pandémie, doit repenser son action et, surtout, rendre des comptes aux Gabonais. Le pays a enregistré "seulement" 53 morts alors que le paludisme a tué 505 personnes en 2018, la tuberculose 1487 et la mortalité infantile (<5 ans) 2925. (Gabon Review du 07/09/2020). © Réunion du comité de pilotage. Que se passe-t-il en réunion « Copil » ? Les membres du « copil » peuvent se réunir selon la périodicité la plus adaptée à la gestion de leur projet : de manière hebdomadaire, mensuelle, trimestrielle. Au cours des différentes réunions « Copil » (réunion de lancement, réunions périodiques, réunions exceptionnelles, etc.), les membres du comité de pilotage échangent sur le bon déroulé du projet. Ils interviennent, le plus souvent, entre chaque étape décisive du projet pour s'assurer de la bonne réalisation d'une étape et valider la suivante24. © Comité de pilotage du plan de veille et de riposte gouvernemental contre l'épidémie à coronavirus au Gabon. Alors que le kongossa (=la rumeur) soupçonnait déjà le « Copil » de « gonfler » les chiffres pour mériter l'aide du FMI, le porte-parole venait annoncer dès le lendemain que tous les 80 contaminés recensés au Gabon (soit 100% des cas) étaient en guérison clinique. Ce « miracle gabonais » avait fait le tour des réseaux sociaux au point que les kongos-seurs (= ceux qui colportent les rumeurs) d'autres pays venaient ironiser sur la commande du « traitement miracle » qui aurait été mis en place au Gabon (Nguema Minko, 2020 a). © Organisme soupçonné de corruption. Avec la réduction de leur validité à 3 et 7 jours, le « Copil » pourrait doubler « son bénéfice net » avec l'aide des brigades mobiles qui traquent, sans pitié, boulangeries, restaurants et hôtels déjà exsangues avec la baisse de leurs activités (Direct infos du 16/02/21). Note encycl. : Le « Copil Gabon » a été créé par le décret n° 000008/PM, du 25 février 2020. Placé sous l'autorité du Premier ministre, le Copil a pour mission la mise en œuvre du plan de veille et de riposte contre l'épidémie à Coronavirus au Gabon. Il comprend une coordination et une commission technique de 14 membres, repré-sentant plusieurs ministères concernés. => « Copil-coronavirus », « Copil Gabon », « Copil citoyen ».
« Copil citoyen » - Mésolecte. Collocation nominale de genre masculin. Unité lexicale issue de l'acronyme « Copil » (Comité de pilotage) et de l'adjectif « citoyen ». Fonctions dénotative et de vulgarisation. Observatoire citoyen de la gouvernance publique. Après la publication du rapport Deloitte portant gestion des fonds covid, le « Copil citoyen » convie la presse nationale et internationale à une importante présentation ce vendredi 22 juin 2022 à 13h au siège de Brainforest (Communiqué de presse reçu sur les réseaux sociaux). Et rebelote! Le « Copil citoyen » a de nouveau saisi la Cour constitutionnelle au sujet de l'arrêté 0685/ PM du 24 décembre 2021, entraînant de facto sa suspension (Sud Télégramme du 28/12/2021). Note encycl. : Le « Copil citoyen » est un regroupement des membres de la société civile qui constitue l'observatoire citoyen Covid-19, parallèlement au Copil gouvernemental. Il réunit des citoyens gabonais autour d'une charte dont l'objet est de s'opposer aux mesures gouvernementales visant à rendre obligatoire la vaccination contre la Covid-19 à partir du 15 décembre 2021. La charte vise aussi à entreprendre toute démarche qui amène au strict respect de la Constitution gabonaise, en matière des libertés citoyennes. D'après l'un de ses membres, la mise sur pied du « Copil citoyen », quelque temps après le « Copil Gabon », permet à tout citoyen « de se faire une idée sur la gestion du Copil », pour tenter de contrecarrer l'opacité dénoncée de la gestion du Copil et des subventions mises à sa disposition. => « Copil », « Copil-coronavirus », « Copil Gabon ».
« Coronabusiness » - Mésolecte. Nom masculin. Mot-valise formé de l'apocope de « coronavirus » et de l'anglais « business ». Fonction dénonciative. (T) Soupçon de corruption pratiquée aussi bien par les instances de décision étatique que par les citoyens lambda ou illusion de remède miracle inspirée par des praticiens véreux. Pis, certaines structures hôtelières indiquées par l'Agatour (= Agence gabonaise du tourisme) aux voyageurs ne seraient en réalité que des domiciles transformés, souvent privés d'eau et mal entretenus. Depuis son apparition sur le territoire national, la pandémie de la Covid-19 a assurément permis à de nombreuses person-nalités de prendre leur part du gâteau en profitant notamment du « coronabusiness » à tous les niveaux. (La doc média du 12/07/2021). © Restriction des libertés. « Corona business » : « Quand un gouvernement devient le bourreau de son peuple », dixit Tournons la page (Gabon Review du 21/02/2021). Note encycl. : « Coronabusiness », ainsi que son synonyme « covid-business » sont surtout utilisés pour dénoncer celles et ceux - autorités publiques et citoyens lambda, compris - qui auraient fait de la « crise sanitaire » une occasion de s'enrichir de façon malhonnête. => « covid business », « covid-Business », « coronabusinessman », « coronabusinesswoman », « covid businessman », « covid businesswoman ».
« Déconfiner les prix » - Mésolecte. Collocation verbale. Néologisme obtenu par dérivation parasynthétique à l'aide du préfixe « dé », du suffixe « er » et de la base « confin » (limite, extrémité) et du groupe nominal complément du verbe « les prix ». Fonctions euphémique et de vulgarisation. Revoir les prix à la baisse afin de contrecarrer la cherté de la vie liée à la pandémie du coronavirus. Pour le patron d'Afrijet, l'idée est essentiellement de « déconfiner les prix! » pour faciliter le déplacement des populations en toute sécurité et dans des conditions de confort optimal. « Les Gabonais ont besoin d'air, ils ont besoin de voir leurs proches, les gens qu'ils aiment, ils ont besoin d'une pause, ils ont besoin de mobilité. Et nous aimons trop l'aviation pour nous résoudre à la voir désertée pour des questions de prix », a-t-il lancé. La gratuité du transport urbain opéré par les autobus des entre-prises publiques Trans'urb et Sogatra participe de la volonté du Gouvernement à « déconfiner les prix ». (Un militant du parti au pouvoir, 45 ans). => « confiner », « déconfiner », « prix covid ».
« Iveco » - Basilecte. Sigle issu de « Industrial Vehicules Corporation ». Fonctions cryptique et de mise en garde. Camion militaire utilisé pendant le couvre-feu pour transporter vers les postes de police les citoyens ne respectant pas les contraintes du couvre-feu. Très souvent, l'évocation de la marque constituait une mise en garde contre ceux qui étaient portés à enfreindre les dispositions du couvre-feu. Je ne suis jamais monté dans l'« Iveco » (Etienne, 18 ans). À 22h, c'est l'« Iveco » qui te transporte! (Firmin, 20 ans). Ils sont descendus de l'« Iveco ». Attention, toi qui ne restes jamais à la maison le soir c'est « Iveco » qui va te soulever! (Maman Thé s'adressant à son fils). Note encycl. : Selon le site officiel, Iveco est un constructeur de véhicules industriels et de bus, dont le siège social est basé à Turin, en Italie, entièrement contrôlé par le groupe italo-américain CNH Industrial, filiale du groupe Exor. Il conçoit et fabrique des véhicules utilitaires légers, moyens et lourds, des engins de chantier/carrière, des bus pour le transport urbain et interurbain et des véhicules spéciaux comme les camions anti-incendie, tout-terrain ou pour le secteur militaire et la protection civile25.
« La coco » - Basilecte. Collocation nominale de genre féminin, formée de la première syllabe redoublée de Covid-19 et précédée du déterminant « la ». Fonctions euphémique et cryptique ou de connivence. Covid-19. Toi qui ne fais que tousser là, j'espère que tu n'as pas choppé « la coco »! (Gildas, 22 ans). Aya, tu as choppé la coco ? (Marcelle, 40 ans). Avec la coco du moment, le goudron est à sec (Jeffrey, 20 ans) = les temps sont difficiles. Note encycl. : L'apocope redoublée de « covid », dans la lexie « la coco », fait penser à l'aphérèse de l'expression familière africaine « chérie-coco », entendue au féminin comme « la petite amie », « l'amante », voire « l'amie intime » ou le terme d'adresse utilisé entre amoureux. « La coco » semble donc jouer sur cette proximité phonique avec « chérie-coco », pour dédramatiser le contexte social difficile créé par la pandémie. ^ « Covid-19 », « coronavirus », « Miss Corona », « Sars Cov 2 », « Ya Covid ».
« Le ifulu » - Basilecte. Collocation nominale de genre masculin. Emprunt au yipunu « ifulu » (prononcé « ifoulou »). Fonctions dénotative et de vulgarisation. Bain de vapeur. Est-ce que tu connais « ifulu » ? Va à la maison, tu fais la tisane et tu fais « ifulu ». Tu verras, ça va marcher! (Un médecin d'origine occidentale à une de ses patientes qui se plaignait des symptômes de la Covid-19 dans une clinique de Libreville). « Le ifulu » ou encore le bain de vapeur artisanal est une pratique connue de tous les Gabonais qui affectionnent la médecine traditionnelle. Souvent utilisé pour soulager les douleurs musculaires dues à un gros rhume ou un palu (= un paludisme), « le ifulu » intervient aussi pour la rémission des nouvelles mamans (= les accouchées) appelées aussi « moussomfi » et traiter les plaies de l'accouchement. Actuellement beaucoup de Gabonais se laissent tenter par la médecine traditionnelle pour traiter le Covid-19. (Focus Group Media du 01 juin 2020). Note encycl. : « Le ifulu » est une des « solutions » préconisées par le citoyen lambda pour contrecarrer les effets du coronavirus, souvent assimilé à une forte grippe ou à un « palu » (Dumont, 1990) que les Africains ont l'habitude de soigner, de façon banale. La pratique du « ifulu » a été utilisée en lieu et place des protocoles sanitaires vantés par le milieu hospitalier et, surtout, en lieu et place des vaccins perçus plutôt comme des « poisons » au profit des lobbies multiformes. => « bain de vapeur ».
« Le mosquito » - Basilecte. Collocation nominale de genre masculin, issue du nom de la marque déposée « Mosquito » et du déterminant « le ». Fonction cryptique ou de connivence. (l) Marque déposée d'une spirale anti-moustique, à moindre coût, utilisée par le commun des citoyens. Ma sœur, « le mosquito » est fini. Apporte le blu (= marque déposée d'une lessive durable et exempte d'ingrédients nocifs tels que les conservateurs), ça chasse mieux les moustiques! (Etienne s'adressant à une hôtesse d'accueil lors d'une veillée mortuaire). © Mot de passe utilisé par certains agents des forces de sécurité et de défense pour solliciter de façon peu vertueuse une rétribution non officielle permettant de laisser passer librement les automobilistes autorisés ou non à circuler pendant le couvre-feu. Mon frère, le pays glisse, y a même plus « le mosquito »! (Un agent des forces de sécurité et de défense s'adressant à un automobiliste au poste de contrôle du PK 11, dans la banlieue de Libreville). => « saluer le képi du chef ».
« Le ngori » - Basilecte. Collocation de genre masculin. Emprunt au lembaama ngori « gratuit ». Fonction de vulgarisation. Bus de transport urbain gratuit ou bus de transport public de la Société gabonaise des transports (Sogatra) et de la société Trans'urb. Les gars, « le ngori » arrive! Mettez-vous dans les rangs! (Priva, 21 ans). « Le ngori » a vouga26 depuis kala kala = le ngori est reparti depuis longtemps (Marc, 17 ans). Tu takes aussi « le ngori » ? = Tu empruntes aussi le ngori ?
Ma chérie, « le ngori » est bolè = le ngori n'arrivera plus. Pardon ooh! Je cours vite prendre « le ngori ». Les choses du pays-là, il faut savoir profiter (Mélanie à sa fille) = La gratuité peut prendre fin à tout moment, profitons-en avant qu'il ne soit trop tard. => « Le gratuit ».
« Le 1410 » - Mésolecte. Collocation de genre masculin. Unité lexicale formée à partir du numéro de téléphone « 1410 », précédé du déterminant « le ». Fonction dénotative. Numéro vert du Gabon pour signaler tout cas de Covid-19. En cas de symptômes, appelez « le 1410 ». Ne vous rendez pas à l'hôpital ou chez votre médecin traitant (Info Covid-19 Gabon).
« Prix covid » - Mésolecte. Collocation nominale de genre masculin. Lexie formée du nom « prix » et du nom adjectivé « covid ». Fonction de vulgarisation. Prix jugés très élevés et relatifs à l'inflation occasionnée par la pandémie de Covid-19. Les « prix covid », la faute n'est plus à la pandémie mais à la guerre en Ukraine. (Le pape des gonzes, 25 ans). => « Covid-19 », « déconfiner les prix ».
« Variant anti-foot » - Basilecte. Collocation nominale de genre masculin. Unité lexicale formée par commutation des noms officiels de variants comme « Alpha », « Bêta » ou « Delta », etc. avec le nom « anti-foot ». Fonctions ludique et dénon-ciative. Allusion fondée ou non aux tests PCR pratiqués en vue d'exclure d'une compétition sportive des éléments clés d'une équipe concurrente. Je te dis la vérité, hein, Antangana, tu vois comment au pays là-bas, vous traitez les autres équipes avec vos histoires de tests covid ? Il apparaît que vous-mêmes, vous appelez ça même « variant anti-foot ». Je comprends, tchouoo, arrêtez un peu. Trop, c'est trop! (Matthieu, 40 ans, à son ami) C'est un nouveau variant au Covid-19 qui sévit dans le monde du sport. Ce variant, découvert par les spécialistes de la médecine sportive est baptisé « variant anti-foot ». (...) Le « variant anti-foot », c'est en quelque sorte un carton rouge que reçoit un joueur avant le match (...) Le « variant anti-foot » est (...) efficace pour changer le déroulement d'un match avant le match en éliminant les meilleurs joueurs d'une équipe (...) C'est le « variant anti-foot » qui décide qui joue ou pas. (La parlotte de Charlotte sur RFI, podcast publié le 21/01/2022). Note encycl. : La collocation « variant anti-foot » a été proposée pour la première fois dans « La parlotte de Charlotte » sur Radio France Internationale, lorsqu'elle avait parlé d'un certain « variant anti-foot27 ». Elle faisait allusion à une certaine rumeur pendant la Coupe d'Afrique des nations 2021, tenue au Cameroun en janvier et février 2022. Alors que les différentes équipes étaient censées être soumises aux tests de Covid-19, certains observateurs ont eu l'impression que ces tests ne visaient qu'à affaiblir certaines équipes concurrentes du Cameroun. Ainsi, certains Gabonais lambda ont vite fait de soupçonner que deux atouts majeurs de leur équipe nationale - Pierre Émerick Aubameyang et Mario Lemina - avaient été déclarés positifs à la Covid-19 pour les empêcher de prendre part à la compé-tition et de donner les meilleures possibilités de réussite aux Panthères, surnom de la sélection nationale. En même temps, si d'autres équipes avaient aussi connu des cas positifs à « la coco », il semble qu'aucun joueur de l'équipe hôte du tournoi, de façon curieuse, n'avait été déclaré positif. => « variant Alpha », « variant Bêta », « variant Delta », « variant Êta », « variant Kappa », « variant Gamma », « variant Omicron »
Conclusion
Il nous a plu de nous arrêter sur le lexique français de la pandémie de Covid-19 et sur l'exemple de contribution africaine à ce lexique dans la période allant de 2020 à 2022 au Gabon. L'étude nous a conduits à nous limiter à une centaine de lexies, loin devant le quintuple relevé à l'oral et à l'écrit auprès des citoyens moyens et des instances de décision médicales ou étatiques. À côté des termes utilisés sur le plan officiel et à travers le monde, nous nous sommes appesantis sur les particularités lexicales produites localement, à travers des phénomènes linguis-tiques variés. Il apparaît alors une inventivité ou une appropriation certaine du français qui s'appuie sur les schémas classiques de la formation des unités lexicales nouvelles et qui correspond aux besoins d'expressivité classiques, même s'il est encore peu évident de prédire ou non leur pérennité dans la langue étudiée. De plus, l'étude des représentations a conduit à cerner un certain point de vue des citoyens lambda sur la pandémie, jugée moins mortifère que les voix autorisées ne l'avaient prédit ; sur les « moyens de contournement » parallèles employés ainsi que sur la gestion générale de la cité qui a suscité tant de « kongossavirus » et de suspicion, sans que l'éclairage attendu par le plus grand nombre ait été proposé. Si nous avons proposé une simple ETL, cela a tout de même contribué à signifier que quels que soient les domaines de la vie, la langue évolue aussi avec les événements courants de la société et qu'il peut être important d'y poser un regard particulier pour mieux cerner les contours d'une langue vivante, d'un contexte géographique à un autre. In fine, il s'est agi d'une certaine peinture de l'espace géographique gabonais qui aide aussi à comprendre l'utilité, pour chaque espace socio-culturel, de mettre des « mots » sur les maux relatifs à la redoutée Covid-19. Des « mots » - disions-nous - qui permettent de saisir, d'un point de vue africain, les croyances, les insouciances, l'humour, les craintes, la méfiance, mais aussi les combats ou les différents efforts pour « conjurer » les aspects négatifs multiformes d'une maladie indéniable - certes pas plus singulière que les autres sur le plan pathologique -mais présentée comme l'épouvantail du siècle qui écraserait tout sur son passage, en particulier en Afrique.
Notes
1. Jean-Aimé Pambou s'est chargé de la collecte des données, de la défnition de la méthodo-logie (partie 1), de l'analyse des aspects sociolinguistiques (partie 2), Paul Achille Mavoungou de la collecte des données et de leur traitement lexicologique et lexicographiques (partie 3).
2. Dans cet article, les sigles et les acronymes sont écrits en minuscules, à l'exception de la lettre initiale.
3. Le Robert, 2021, « Le «Dicovid» des mots inventés! Des mots créés par les internautes pour dire la crise sanitaire », publié le 15/03/21, cf. https://dictionnaire.lerobert.com/ dis-moi-robert/raconte-moi-robert/mot-annee/le-dicovid-des-mots-inventes.html, consulté le 10 septembre 2022.
4. Voir aussi à ce sujet Moghaddam, F. 2021, « La crise sanitaire omniprésente dans les nouveaux mots du dictionnaire », https://www.radiofrance.fr/franceculture/la-crise-sani-taire-omnipresente-dans-les-nouveaux-mots-du-dictionnaire-9052282 [consulté le 10 octobre 2022].
5. Cela peut concerner, en l'occurrence, ce qui est conçu au Gabon, ce qui y est réguliè-rement entendu ou ce qui peut être produit ailleurs et qui concerne peu ou prou le Gabon.
6. La patient zéro ofciellement identifé, un Gabonais de 27 ans, de retour d'un voyage en pays occidental, le 8 mars 2020, a été déclaré par le Gouvernement le 12 mars 2020. Quelques semaines plus tard, d'autres cas ofciellement déclarés étaient (r)entrés au pays par la même compagnie aérienne empruntée par le patient zéro. Cela avait suf pour que celle-ci fût temporairement baptisée « Air Corona », certains citoyens étant convaincus que c'est « Air Corona » qui faisait venir la maladie au Gabon. Dès lors, il n'était pas impossible d'entendre : « Le corona est arrivé », à l'approche de l'atterrissage d'un avion de ladite compagnie. Sur la situation épidémiologique, le site gouvernemental Info Covid19 Gabon signale, à la date du 27 décembre 2022, 1 621 909 tests efectués, 48 980 cas confrmés, 48 668 guérisons et pour 306 décès, sur une population totale d'environ 1 800 000 habitants.
7. Dans ce texte, nous employons au féminin l'unité lexicale « Covid-19 », pour des raisons d'harmonie avec l'ensemble de la revue. D'ordinaire, nous la considérons, comme un terme épicène. Par ailleurs, à l'instar du Robert (cf. Robert illustré 2023), nous employons la majuscule quand la lexie présente une désignation spécifque (« Covid-19 ») ou quand il s'agit d'une personnifcation « cf. Ya Covid ». La minuscule est, pour sa part, utilisée quand il s'agit d'une désignation commune (« covid »).
8. Ce détournement d'acronyme fait penser à la situation de précarité sociale du fonction-naire gabonais lambda. Celui-ci vit l'illusion d'être à l'abri du besoin chaque 25 du mois lorsqu'il perçoit son salaire. Cette date passée, les difcultés fnancières quotidiennes le rattrapent de sorte qu'aux environs de la date du 5 du prochain mois jusqu'à la date du 24, la précarité, en particulier celle de type alimentaire, se fait de nouveau sentir, surtout dans les familles nombreuses. Ainsi, il est évident qu'à une date comme celle du 19, le congélateur du fonctionnaire gabonais lambda est désespérément vide, de surcroît pendant les périodes de confnement connues au Gabon.
9. https://www.youtube.com/watch?v=B45VuNf5mvE [consulté le 13 janvier 2022].
10. Cf. Décret n° 00105/PR/MPIFDLVFSIHSN du 10 avril 2020 portant création, organisation et fonctionnement de la banque alimentaire pendant la période de l'état d'urgence liée au (sic) Covid-19 (JO 2020-63)]
11. Un euro équivaut à 656 CFA environ.
12. Cf. Décret n° 00105 du 10 avril 2020.
13. Ce patronyme est issu de la langue omyene du groupe B10, selon Guthrie (1970).
14. Arrêté n° 0685/PM du 24 décembre 2021.
15. Voir par exemple articles 2, 4 et 18 de l'arrêté n° 00017 MS/CAB-M fxant les conditions de la prise en charge médicale des patients atteints de la maladie à Coronavirus 2019 (Covid-19).
16. Cf. Arrêté n° 009/PM du 10 mars 2020 « instituant le comité scientifque sur l'épidémie à coronavirus ».
17. Cf. Article 2 du décret n° 252 « fxant les conditions de prise en charge médicale des patients atteints de la maladie à coronavirus 2019 appelée Covid- 19 ».
18. Voir par exemple l'article 13 de l'arrêté n° 00017 MS/CAB-M fxant les conditions de la prise en charge médicale des patients atteints de la maladie à Coronavirus 2019 (Covid-19).
19. D'après le réseau panafricain Afrobaromètre, sur la base d'une enquête menée auprès de 1200 adultes gabonais en novembre et décembre 2021, 10% de personnes interrogées pensent que le coronavirus n'existe pas https://www.afrobarometer.org/publication/ad520-la-plu-part-des-gabonais-sont-mecontents-de-la-reponse-a-la-covid-19-manquent-de-confance-aux-vaccins/ [consulté le 10 octobre 2022].
20. Cela rappelle ce qui continue de se dire à propos du Sida, en Afrique, dont le détour-nement de sigle donne « Syndrome inventé pour décourager les amoureux ».
21. Certains sont convaincus que les vaccins contre le coronavirus rendraient stériles et qu'il ne serait pas une bonne idée de les accepter quand on est encore fertile et qu'on aspire à procréer.
22. Cf. Décision n° 045 CC/du 31 décembre 2021 relative à la requête présentée par M. Geofroy Foumboula Libeka Makosso et Mme Justine Judith Lekogo, tendant à voir déclarer inconstitutionnel l'arrêté n° 0685/PM du 24 décembre 2021 fxant l'entrée en vigueur des nouvelles mesures gouvernementales de prévention, de lutte et de riposte contre la propagation de la Covid-19 et l'annulation dudit arrêté.
23. Pour des raisons techniques, nous avons dû supprimer une rubrique importante, la transcription phonétique.
24. https://emploi.lefgaro.fr/gestion-d-entreprise/guide-de-la-gestion-d-entreprise/347-copil-role-membres-et-deroule-des-reunions/ [consulté le 2 décembre 2022].
25. Cf. https://www.iveco.com/france/societe/pages/aproposdiveco.aspx, consulté le 15 février 2022.
26. La plupart des exemples traduits dans cette unité lexicale sont issus du « tolibangando », un argot connu des Librevillois. Cet argot fait la part belle aux alternances de langues entre le français, l'anglais, l'espagnol, les langues gabonaises et d'autres langues africaines (voir par exemple Moussounda Ibouanga, 2010).
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Pambou, J.-A. 2011. « Processus de fabrication des particularités linguistiques et fonctions de celles-ci dans le français pratiqué au Gabon ». Annales de la Faculté des Lettres et des Sciences humaines de l'Université Marien Ngouabi du Congo, n° 5, p. 65-91.
Wiegand, H. E. 1999. Semantics and Lexicography. Selected Studies (1976-1996). Édité par Antje Immken et Werner Wolski. Tübingen : Max Niemeyer.
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Textes ofciels cités
Arrêté n° 00009/PM du 10 mars instituant le comité scientifque sur l'épidémie à coronavirus.
Arrêté n° 00017 MS/CAB-M fxant les conditions de la prise en charge médicale des patients atteints de la maladie à Coronavirus 2019 (Covid-19).
Arrêté n°0685/PM du 24 décembre 2021 fxant les nouvelles mesures gouvernementales de prévention, de lutte et de riposte contre la propagation de la Covid-19.
Décision n° 045 CC/du 31 décembre 2021 relative à la requête présentée par M. Geofroy Foumboula Libeka Makosso et Madame Justine Judith Lekogo, tendant à voir déclarer incons-titutionnel l'arrêté n° 0685/PM du 24 décembre 2021 fxant l'entrée en vigueur des nouvelles mesures gouvernementales de prévention, de lutte et de riposte contre la propagation de la Covid-19 et l'annulation dudit arrêté.
Déclaration des membres du gouvernement gabonais (ministre de l'Intérieur et ministre des Transports) du 20 mars 2020 relatif aux mesures de riposte contre le coronavirus.
Décret n° 0092/PR/MSAS du 11/03/2022 portant cessation du port obligatoire du masque dans les lieux publics pour la prévention et la lutte contre la Covid-19.
Décret n° 252 « fxant les conditions de prise en charge médicale des patients atteints de la maladie à coronavirus 2019 appelée Covid-19 ».
Décret n° 00105/PR/MPIFDLVFSIHSN du 10 avril 2020 portant création, organisation et fonctionnement de la banque alimentaire pendant la période de l'état d'urgence liée au Covid-19 (Journal ofciel 2020-63)].
Sitographie
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Nguema Minko, E. 2020 a. « Kongossavirus : les bruits du covid-19 à Libreville », https:// covid-19-cameroon.org/kongossavirus-les-bruits-du-covid-19-a-libreville#page-content [consulté le 01 décembre 2021].
Nguema Minko, E. 2020 b. « Le kongossavirus entre fantasmes et théories du complot », https://covid-19-cameroon.org/le-kongossavirus-entre-fantasmes-et-theories-du-complot#-page-content [consulté le 01 décembre 2021].
Ondo, A. 2020. « Cette année, au Gabon comme ailleurs, la Journée mondiale de lutte contre le paludisme va-t-elle soufrir de la concurrence du Covid-19 ? », https://lalibreville.com/ cette-annee-au-gabon-comme-ailleurs-la-journee-mondiale-de-lutte-contre-le-paludisme-va-t-elle-soufrir-de-la-concurrence-du-covid-19/ [consulté le 11 octobre 2021].
Wali Wali, C., Bilemba Ngouengue, M. M. 2022. « La plupart des Gabonais sont mécontents de la réponse à la Covid-19, manquent de confance aux vaccins », Dépêche d'Afrobarometer No. 520, https://www.afrobarometer.org/publication/ad520-la-plupart-des-gabonais-sont-mecontents-de-la-reponse-a-la-covid-19-manquent-de-confance-aux-vaccins/ [consulté le 30 novembre 2022].
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Abstract
The Covid-19 pandemic in Gabon has had and continues to have serious repercussions on social life. Indeed, it has disrupted our daily lives and invested our language. This article analyzes the lexicon of the pandemic, with an emphasis on the lexical particularities of Gabonese French. Phenomena of linguistic creativity (neologisms, borrowings, analogies, acronyms...), linguistic functions (denotative, popularization, warning, cryptic, denunciative, euphemistic, playful) are identifed as well as some related social representations.





