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OLJ / Par Joséphine HOBEIKA, le 13 novembre 2023 à 14h00
Retraité de l’industrie, Roland Nurier est passionné de cinéma depuis de nombreuses années. C’est son premier voyage en Palestine, en territoire occupé, qui lui a donné envie de passer à la réalisation. « Je suis revenu bouleversé de mon premier voyage, en 2014, et j’ai souhaité raconter ce que j’avais vu. J’y ai été encouragé par une réalisatrice palestinienne, Mai Masri, que j’ai accompagnée en Auvergne-Rhône-Alpes pendant la promotion de son film remarquable, 3 000 nuits (2015). En 2017, je suis retourné sur place, et j'ai réalisé mon premier film, Le char et l’olivier, une autre histoire de la Palestine, qui a fait 30 000 entrées », explique ce cinéaste autodidacte originaire de la ville de Tarare, en région lyonnaise. Le projet de Yallah Gaza est né dans la foulée. « J’ai eu envie de raconter l’histoire de ce territoire où des millions de personnes sont bouclées, pour leur rendre leur humanité. N’ayant pas obtenu l’autorisation de m’y rendre, j’ai travaillé avec Iyad Alasttal, un cinéaste gazaoui qui a fait ses études en France, à qui j’ai transmis mes rendez-vous et la teneur des entretiens prévus avec les différentes personnes concernées. Pendant ce temps, j’ai avancé mes tournages en Europe, les séquences ont majoritairement été tournées en 2022 », précise Roland Nurier, qui a favorisé une approche plurielle de la réalité sociétale de Gaza. « Nous laissons la parole à des historiens, des spécialistes de la région, des juristes, des journalistes, mais aussi des paysans, des pêcheurs et même Ken Loach, dont je connaissais l’engagement pour la Palestine », poursuit celui qui a su tresser une approche à la fois diachronique et synchronique. La remise en contexte historique résonne avec les analyses plus récentes d’une situation structurellement inextricable.
Le réalisateur et scénariste français Roland Nurier. Photo DR
« Je suis un simple citoyen, attaché à des valeurs, or elles sont bafouées, notamment par les positions que prend mon gouvernement, que je désapprouve. Ce sujet m’intéresse depuis au moins 40 ans, je suis un lecteur du Monde diplomatique, et ces lectures m’ont ouvert les yeux. En outre, on ne revient pas indemne d’un voyage en Palestine, lorsque l’on mesure l’injustice que vit ce...