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Le dynamisme demographique des Mosi avait pris la forme, avant la penetration coloniale, d'une expansion horizontale, i.e. inscrite dans l'espace sahelien. Cette expansion, basee sur la conquete de nouveaux territoires selon les besoins, se couplait d'un plus grand controle des populations autochtones. Ce modele d'occupation dut ceder devant la volonte coloniale de canaliser les mouvements de population.
L'installation d'une administration et d'une armee coloniales exigea des ponctions constantes de vivres au depens de l'unite domestique de production. Ces ponctions ont d'abord pris la forme d'impots en nature, exiges ensuite en monnaie, puis de requisitions militaires ou administratives.
A l'echelle de l'unite domestique de production, la ponction de la force de travail (prestations, conscription, travail force) et la ponction de surplus economique rendaient difficiles la reproduction du cycle agricole et la reproduction de la force de travail. La disparition des membres cadets de la communaute laissait un vide institutionnel relatif rapidement comble par l'accroissement des pouvoirs de l'ai ne (allie objectif ou resigne de l'administration) sur le surplus et sur les femmes.
La periode choisie, i.e. l'entre-deux-guerres, fut cruciale puisqu'on y vit nai tre et mourir la colonie de Haute-Volta, actuelle Burkina Faso. L'administration fit des tentatives malheureuses de developpement de cultures d'exportation, dont le coton. Des essais non-concluants de transformation de l'agriculture traditionnelle tenterent de pallier aux effets negatifs des politiques de ponction.
En presentant les particularites des statistiques de population et de production agricole, en saisissant les processus de creation de ces estimations, la these offre des points de vue novateurs sur les rouages de l'administration d'une colonie. Elle fonde des rapports entre les chiffres et la realite du colonialisme, il est donc possible de proposer un nouveau regard sur des instruments de domination.