Content area
Abstract
La complexité de l'Autre tient à ce qu'il est, à la fois, un être radicalement opposé à moi et un alter ego proche de moi. Cette dialectique s'illustre, par excellence, dans la rencontre, qui eut lieu, au XVII e siècle, entre l'Ancien et le Nouveau Monde ainsi que dans la cohabitation qui s'instaure, au cours des siècles, entre la culture européenne et la culture amérindienne.
La radicale étrangeté de l'Autre se résout, d'abord, dans son dénigrement, sa critique et sa condamnation voire dans la haine manifestée à son égard: inférieur, toujours, il est tout ce que je ne suis pas et déroge donc à mes valeurs, conçues comme les Valeurs. Son altérit incompréhensible donne encore naissance à sa métamorphose en un être parfait et exemplaire. Maudit ou Bon Sauvage, le Montagnais-Naskapis se voit continuellement imposer des images, qui ne correspondent en rien à ce qu'il est en lui-même. Pour tout dialogue, on peut parler de stéréotypes et d'images simplificatrices qui font échec à la rencontre. L'analyse de ces représentations est au cœur de notre travail. Elles sont les révélatrices d'un rapport à l'Autre qui se révèle être enfermement en soi. L'étude des liens qui se tissent, du XVIIe au XX e siècle, entre les Euro-Canadiens et les Montagnais-Naskapis, échappe difficilement à un manichéisme, assurément à nuancer. Comment aller à la rencontre des autres, sans se briser sur des représentations fallacieuses, des dichotomies faciles, voire un relativisme qui peut se révéler réducteur? Il convient de mettre l'altérité en question, afin de lui substituer la différence, qui reconnait à l'Autre une identité spécifique tout en autorisant le dialogue avec lui.