Content area
Abstract
L'uxoricide est l'homicide de l'épouse et désigne également l'homme qui commet ce type d'homicide. Les recherches portant sur l'uxoricide sont des études de cas, des études descriptives et comparatives. Selon les études de cas, certains uxoricides présentent des symptômes psychotiques, dépressifs ainsi que des traits ou un trouble de la personnalité limite ou dépendante. Les études descriptives et comparatives portent sur des variables socio-démographiques, situationnelles et les caractéristiques du délit à partir de l'analyse de dossiers (Dawson, & Gartner, 1998, Johnson, & Hotton, 2003, Wilson, Johnson, & Daly, 1995). Wilson, Daly et Wright (1993) indiquent que l'uxoricide peut s'expliquer en fonction de la notion de continuum allant de la violence conjugale à l'uxoricide. Gartner, Dawson et Crawford (1999) révèlent toutefois des résultats de recherche qui ne soutiennent pas cette notion de continuum. De plus, les caractéristiques psychologiques des uxoricides sont peu évaluées dans les études. Dutton et Kerry (1999) mentionnent que les uxoricides présentent plus souvent un trouble de la personnalité schizoïde, évitante, dépendante, passive-agressive et moins souvent un trouble de la personnalité antisociale comparativement aux hommes qui ont fait de la violence conjugale. Les auteurs ajoutent que les uxoricides présentent les caractéristiques associées au groupe des hommes surcontrôlés, groupe décrit par Dutton (1996, 1998) dans sa typologie d'hommes qui ont fait de la violence conjugale. L'objectif de cette étude consiste à poursuivre l'évaluation des uxoricides en les comparant à des hommes qui ont fait de la violence conjugale, afin d'approfondir la compréhension de l'uxoricide et de dégager les caractéristiques propres à ce phénomène. De plus, cette étude permettra d'apporter certaines précisions quant à la notion de continuum allant de la violence conjugale à l'uxoricide. Pour ce faire, une étude comparative de 23 uxoricides et 21 hommes qui ont fait de la violence conjugale au Québec a été réalisée à partir d'entrevues. Des variables situationnelles et psychologiques ont été mesurées. Les résultats indiquent que les uxoricides ont été plus souvent placés en famille d'accueil durant leur enfance, ont fait plus souvent au moins une tentative de suicide au cours de leur vie, ont consulté moins souvent un intervenant, ont fait moins souvent des comportements hétéroagressifs et de la violence conjugale. Ces hommes présentent également moins d'impulsivité, gardent moins souvent rancune, ont moins souvent un mode de relations interpersonnelles instables et ont moins souvent de difficulté à contrôler leur colère que les hommes qui ont fait de la violence conjugale. Les différences obtenues entre les deux groupes d'hommes indiquent qu'il s'agit de deux groupes distincts et remet ainsi en cause la notion de continuum allant de la violence conjugale à l'uxoricide. Un profil des uxoricides est également dégagé à partir des variables situationnelles et psychologiques. La combinaison de ces deux types de variables permet d'identifier les caractéristiques de ces hommes, afin de mieux les repérer et les aider.