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Abstract
Dix-huit années se sont écoulées depuis qu'Haïti a entamé, en 1987, son processus de démocratisation en vue d'établir un régime qui garantit les droits et libertés des citoyens. Mais l'omniprésence dans les gouvernements du modèle politique autoritaire et autocratique, hérité de l'époque coloniale, empêche l'établissement de ce régime. Même les prérogatives de la constitution de 1987 adoptée pourtant par voie référendaire, à une très large majorité, ne sont pas arrivées à arrêter les pratiques répressives et d'exclusion. Ce travail de recherche porte sur l'expérience de la démocratisation en Haïti depuis 1987. Notre objectif est de vouloir comprendre cette expérience eu égard au nouveau projet présenté au préambule de la constitution de 1987.
Nous avons mené une étude de terrain où nous avons interrogé quinze acteurs qui, durant cette période, ont pris une part active dans le processus de démocratisation en Haïti. Au moyen d'entretiens semi directifs, nous avons cherché à connaître comment a été et est encore perçue la démocratie en Haïti. Les données de ces entrevues ainsi que d'autres données empiriques ont été analysées et interprétées de manière qualitative, mettant en relief le degré de cohérence qui existe entre la réalité sociopolitique et la culture politique traditionnelle de ce pays.
Nous nous sommes appuyée sur les concepts de transition vers la démocratie de James Cohen cité dans l'ouvrage de Alvarez Béjar et al (1994) et de Samuel Huntington (1991). En tenant compte de l'importance des facteurs structurels et structurants, notre mémoire propose que l'instauration de la démocratie en Haïti passe nécessairement par l'élaboration d'une nouvelle forme de pensée et de pratiques politiques, c'est-à-dire, par la mise en place d'un nouveau modèle politique et social obtenu à partir d'un compromis généralisé entre les forces vives de la société.