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En République dominicaine, ce sont les élections présidentielles et législatives ce dimanche 19 mai. 8 millions d'électeurs sont appelés à choisir parmi 9 candidats pour le poste de chef de l'État. Mais à en croire les sondages, la continuité devrait être assurée. Le sortant Luis Abinader, à droite de l'échiquier politique, est donné archi-favori pour élection dans laquelle Haïti s’invite au cœur du débat.
Luis Abinader pourrait même être élu dès le premier tour face à son principal rival, Leonel Fernandez, à gauche, président à trois reprises déjà, mais qui voudrait l'être une quatrième fois.
Luis Abinader peut compter entre autres sur un bilan économique favorable. « D'abord, pendant la pandémie, les choses ont été contenues officiellement 6000 morts. D'autre part, sur le plan économique, l'économie fonctionne assez bien. Il y a une croissance de l'ordre de 4 à 5% pratiquement tous les ans depuis une vingtaine d'années. Donc, ces choses sont assez positives », expliqueChristian Girault, directeur de recherches au CNRS et au Centre de recherche et de documentation sur les Amériques (CREDA).
En face, l’opposition est divisée. « Si elle avait réussi à présenter un seul candidat, les choses se seraient présentées différemment […] Leonel Fernandez a lui-même réalisé 3 mandats, il est déjà un peu âgé et puis n'est pas très populaire. D'autre part, il y a d'autres candidats effectivement, mais ils ne sont pas extrêmement populaires », poursuitChristian Girault, du CNRS. Au total, neuf candidats sont en lice pour cette présidentielle.
« La migration haïtienne, la République dominicaine en profite largement »
La rhétorique anti-haïtienne de Luis Abinader est très appréciée des électeurs, notamment celle à l'égard de ces Haïtiens qui fuient un pays plongé dans l'anarchie. Haïti, c'est l'autre pays qui occupe l'île Hispaniola. Les 160 kilomètres de mur érigés à la frontière entre les 2 pays pour empêcher l'entrée de migrants clandestins sont le symbole de la politique de fermeté menée par le président sortant, lors de son premier mandat.
Depuis son arrivée au pouvoir, il n'a eu de cesse d'ordonner opérations et raids contre ce qu'il nomme une « avalanche d'étrangers ». Plus de 250 000 haïtiens ont été expulsés rien que l'an dernier, en dépit de la situation sécuritaire en Haïti. Les appels de l'ONU et ONG humanitaires à suspendre ces retours forcés sont restés sans réponse. Pas question de se priver d'une rhétorique qui marche auprès de son électorat.
Pourtant, le demi-million d'Haïtiens résidant en République dominicaine sont indispensables au pays, toujours selon le chercheur Christian Girault. « La migration haïtienne, la République dominicaine en profite largement parce que ça approvisionne une main d’œuvre importante et disons, relativement bon marché. Donc, finalement, les choses sont équilibrées dans le sens où la République dominicaine profite énormément de la présence des Haïtiens également, en envoyant des marchandises, en commerçant avec Haïti. »
Une réalité occultée aussi par le candidat et ancien président de gauche, Leonel Fernandez, qui, à deux jours du scrutin, disait dans une interview à la presse s'opposer à ce que son pays devienne « un camp de réfugiés » pour les Haïtiens. Le scrutin législatif a aussi lieu en Republique dominicaine, les électeurs sont appelés à élire leurs 190 députés et 32 sénateurs.
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Credit: RFI
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