Perception des actrices sur le poids de l’environnement socioculturel face aux violences faites aux femmes au Sénégal

Abstract

La question des violences faites aux femmes est une problématique d’ordre mondial, suscitant l’intérêt de tous. Ses causes et sa matérialisation se présentent de manière assez différente et varient ainsi d’une société à l’autre. Cette problématique est assez documentée en Occident, mais l’est peu en Afrique. Il existerait ainsi certains angles morts dans la littérature, notamment africaine. L’environnement socioculturel est un point essentiel qui mérite réflexion.

Depuis la signature de la Charte de l’Union africaine et la ratification du programme de Beijing, le Sénégal s’efforce, tant bien que mal, de mettre en place des solutions face à cette problématique des violences faites aux femmes et aux filles à travers ateliers, forums et sensibilisations.

Ce mémoire veut comprendre le concept d’environnement socioculturel qui empêche l’État mais aussi les organisations de la société civile d’intervenir efficacement contre toutes formes de violences faites aux femmes. Par ailleurs, les gouvernants ou les décideurs intègrent souvent ces considérations socioculturelles qui rendent encore plus difficiles ces changements pourtant voulus par les politiques étatiques.

La question de recherche porte sur les défis et enjeux auxquels se heurtent les différentes actrices de la prévention et de la résolution des violences faites aux femmes au Sénégal. Il s’agit d’analyser l’impact de l’environnement socioculturel à travers le prisme de la religion, de la culture et de la tradition, dans le cadre des différentes politiques de réduction des violences faites aux femmes. 

Basé sur la standpoint theory, avec l’aide des concepts de violences structurelles et culturelles, ce mémoire présente la perception des actrices sur l’environnement socioculturel et les violences faites aux femmes. Les résultats révèlent que les participantes identifient 1) la prédominance des normes patriarcales et 2) la normalisation et la banalisation des violences faites aux femmes, comme des facteurs conduisant les femmes violentées vers un sentiment de honte et une injonction au silence face aux violences vécues. Les résultats montrent également comment les participantes perçoivent la façon dont ces composantes de l’environnement socioculturel posent des défis dans l’application du cadre législatif au Sénégal.

Alternate abstract:

The issue of violence against women is a global problem, arousing everyone's interest. Its causes and its materialization appear quite differently and thus vary from one society to another. This problem is quite well documented in the West, but little documented in Africa. There are thus certain blind spots in literature, particularly African literature. The socio-cultural environment is an essential point that deserves reflection.

Since the signing of the Charter of the African Union and the ratification of the Beijing Program, Senegal has strived, as best it can, to put in place solutions to this problem of violence against women and girls through workshops, forums and awareness raising.

This dissertation aims to understand the concept of socio-cultural environment which prevents the State but also civil society organizations from intervening effectively against all forms of violence against women. Furthermore, leaders or decision-makers often integrate these socio-cultural considerations which make these changes even more difficult, even though they are desired by state policies.

The research question concerns the challenges and issues faced by the different actors in the prevention and resolution of violence against women in Senegal. This involves analyzing the impact of the socio-cultural environment through the prism of religion, culture and tradition, within the framework of different policies to reduce violence against women. 

Based on perspective theory, with the help of the concepts of structural and cultural violence, this thesis presents the actresses' perception of the socio-cultural environment and violence against women. The results reveal that the participants identify 1) the predominance of patriarchal norms and 2) the normalization and trivialization of violence against women, as factors leading abused women to a feeling of shame and an injunction to silence in the face of the violence experienced. The results also show how participants perceive how these components of the sociocultural environment pose challenges in the application of the legislative framework in Senegal.