Reçu le 19-10-2023 / Évalué le 27-11-2023 / Accepté le 05-12-2023
Résumé
Cet article rend compte des activités de recherche du groupe d'Analyse du discours (AD) qui s'est constitué en 2013 au sein de l'association italienne Centro di documentazione e di ricerca per la didattica della lingua francese nell'università italiana (Do.Ri.F). Après avoir décrit le panorama de l'Analyse du Discours « à la française » (ADF) en Italie, dans lequel les travaux de l'équipe s'inscrivent, la contribution se concentre sur les notions et les domaines discursifs qui ont principalement attiré l'attention des membres du groupe. Si l'intérêt pour l'articulation de l'analyse du discours avec la rhétorique et l'argumentation a été déterminant dans la phase de constitution du réseau, l'intensification d'un dialogue interdisciplinaire avec les spécialistes italiens de la Critical Discourse Analysis (CDA) semble représenter une ouverture nécessaire pour l'avenir.
Mots-clés : Analyse discours à la française (ADF), événement, formule, éthos, discours numérique
Riassunto
Quest'articolo illustra le attività di ricerca del gruppo di Analisi del Discorso costituitosi nel 2013 all'interno del Centro di documentazione e di ricerca per la didattica della lingua francese nell'università italiana (Do.Ri.F). Dopo aver descritto il panorama dell'Analisi del Discorso "alla francese" in Italia, nel quale si inserisce il lavoro del gruppo, il contributo si concentra sulle nozioni e gli ambiti discorsivi che hanno maggiormente attirato l'attenzione dei membri dell'équipe. Se l'interesse per l'articolazione dell'analisi del discorso con la retorica e l'argomentazione è stato determinante nella fase di costituzione del gruppo, l'intensificazione di un dialogo interdisciplinare con i ricercatori italiani della Critical Discourse Analysis sembra rappresentare un'apertura necessaria per il futuro.
Parole-chiave: Analisi del Discorso "alla francese" (ADF), evento, formula, ethos, discorso digitale
Abstract
This article reports on the research activities of the Discourse Analysis group, which was formed in 2013 within the Italian association Centro di documentazione e di ricerca per la didattica della lingua francese nell'università italiana (Do.Ri.F). After describing the panorama of French discourse analysis in Italy, in which the team's work is situated, the contribution focuses on the discursive notions and fields that have mainly attracted the attention of the group's members. While the interest in the articulation of discourse analysis with rhetoric and argumentation was decisive in the constitution phase of the network, the intensification of an interdisciplinary dialogue with Italian specialists in Critical Discourse Analysis seems to represent a necessary opening for the future.
Keywords: French discourse analysis (FDA), event, formula, ethos, digital discourse
Introduction
L'Analyse du Discours dite « à la française » (désormais ADF) a connu en Italie une diffusion tardive et limitée. Tardive, car ce n'est que dans les années 2000 que commencent à voir le jour quelques travaux qui s'inspirent de sa méthodologie. Limitée, puisque son ancrage institutionnel est presque nul et son ancrage scientifique, fort faible, est de surcroÎt dispersé. En effet, l'ADF a pénétré en Italie quelques domaines disciplinaires, mais il manque encore une assise épistémologique autonome et unitaire (cf. Antelmi, Raus, 2019).
Dans ce contexte, la naissance en 2013, au sein de l'association Do.Ri.F, d'un groupe de recherche consacré à l'ADF1 a bien relevé de la gageure. Si, dix ans plus tard, on ne peut pas dire qu'elle est gagnée, le bilan qu'on peut faire de l'expérience est loin d'être négatif et cette réussite, bien que partielle, mérite une réflexion.
Dans ce qui suit, nous procéderons donc à la formulation de quelques considérations portant sur les orientations méthodologiques et sur les sujets d'observation privilégiés par les chercheurs du groupe, pour illustrer ensuite quelques pistes susceptibles de développer et d'enraciner la pratique de l'ADF à l'intérieur et à l'extérieur de notre équipe.
1. Le cadre théorique et méthodologique et les coopérations internationales : naissance et positionnement du groupe AD Do.Ri.F
Si, pour ce qui est de l'ADF, l'Italie a pris le train en marche, il faut reconnaÎtre qu'elle l'a fait au bon moment : les années 2000-2015 ont connu, en effet, un renouvellement de l'arsenal théorique et méthodologique de la discipline, qui a effectué un gros travail de systématisation des notions, qui s'est traduit par la rédaction de deux dictionnaires (Charaudeau, Maingueneau, 2002 ; Détrie, Siblot, Verine, Steuckardt, 2001, ce dernier d'inspiration praxématique2) et a intégré une pluralité d'approches (argumentative, pragma-énonciative, communicationnelle, lexicométrique, technodiscursive (cf. Amossy, 2000 ; Charaudeau, 2005 ; Maingueneau, 2014 ; 2016 [1998] ; Mayaffre, 2005 ; Paveau, 2014). En même temps, « le reflux historique et idéologique du marxisme » (Bonnafous, Krieg-Planque, 2014 : 227), pendant les années 1980 et 1990, a créé un climat plus favorable à l'exportation d'une pratique caractérisée, dans sa première phase, par une veine doctrinaire et contestataire qui ne pouvait manquer de susciter quelques méfiances dans un pays comme l'Italie, tendanciellement conservateur et dominé, dans la linguistique et les sciences sociales, par les modèles provenant de la culture anglophone.
Comme Antelmi-Raus, 2019 l'ont déjà souligné, l'introduction de l'ADF en Italie est avant tout le fait de linguistes francisants (par ailleurs peu nombreux, vu la régression de l'étude de la langue française dans notre pays) et passe à travers la connaissance prioritaire des discursivistes de deuxième génération. Du point de vue théorique et méthodologique, cela comporte trois caractéristiques majeures :
-l'inscription de l'Italie dans ce qu'on appelle le « tournant pragmatique » de l'ADF (Raus, 2019a) se double de l'attention à quelques branches disciplinaires d'ordre éminemment linguistique, comme la théorie de l'énonciation, la linguistique textuelle et, surtout, l'argumentation, domaine d'étude en pleine expansion dans la décennie 2000-2010, justement grâce à l'ouverture à la pratique de l'ADF et à la rhétorique pragma-énonciative, qu'opèrent des chercheurs comme Bonhomme (2005) ; Amossy, Koren (2009);
-le changement de paradigme qui a intéressé les sciences sociales et qui a comporté, comme l'expliquent Bonnafous, Krieg-Planque (2014), l'introduction de l'ethnométhodologie et de l'interactionnisme américains, l'accès à la sociologie compréhensive inspirée de Weber et, plus tard, l'intégration de l'éthique discursive de Habermas (Angermuller, 2007) contribue à renverser la perspective, en faisant « de l'impensé un point d'arrivée plutôt qu'un point de départ » (Bonnafous, Krieg-Planque, 2014 : 227). Cela entraÎne la mise en place d'une interdisciplinarité plus marquée avec la sociologie, les sciences politiques et les sciences de l'information et de la communication. En Italie, ces possibilités de dialogue interdisciplinaire (dont on n'a pas encore pleinement profité) se sont avérées déterminantes pour orienter les intérêts des chercheurs. Ce n'est pas un hasard si les premiers linguistes italiens ouverts à l'ADF sont encadrés, sur le plan institutionnel, dans des départements de sciences sociales (justement de sciences politiques, sciences de l'information et communication, économie : Cabasino, Raus, Sini, Antelmi, Paissa). Ce n'est pas un hasard non plus si l'une des premières notions ayant attiré l'attention en Italie a été celle d'événement discursif. Élaborée par Guilhaumou (1998 ; 2006) dès la fin des années 19903, cette notion se prête singulièrement à jeter un pont entre des disciplines traditionnellement éloignées (notamment la linguistique et l'histoire). Ainsi, a-t-elle donné lieu, dès 2003, à la définition d'événement sémantique, dans une étude qui observe les effets de reconfiguration de l'hyperlangue (Auroux, 1997) provoqués par les phénomènes diachroniques de recatégorisation et de reclassification de la locution « à la turque » (Raus, 2003). La question de la construction, de l'interprétation et de la nomination discursive de l'événement a en outre fait l'objet d'un colloque international et interdisciplinaire qui s'est tenu à Florence en 2011 : les actes de ce colloque (Ballardini, Pederzoli, Reboul-Touré, Tréguer-Felten, 2013 ; Londei, Moirand, Reboul-Touré, Reggiani, 2013) se sont par conséquent ajoutés aux nombreuses publications portant, dans la première quinzaine des années 2000, sur ce sujet complexe, aux enjeux variés, dont donne une riche synthèse critique un article de Sini (2015).
-la diversification des « types de discours » (Maingueneau, 2014 : 56) formant l'objet d'étude est un autre aspect qui caractérise la deuxième génération de l'ADF. Si la première phase d'existence de la discipline avait essentiellement porté sur le discours politique - bien qu'avec des approches différentes, dont rend compte le numéro spécial (n° 94) de la revue Mots en 2010 (Bacot et al., 2010) - la phase suivante voit l'élargissement de l'analyse à bien d'autres productions, relevant du discours médiatique, institutionnel, publicitaire, littéraire, etc. L'élargissement de l'éventail des observables a, à son tour, contribué à catalyser, en Italie, l'attention pour l'ADF. Si les cadres institutionnels des pionniers étaient de préférence les départements de sciences sociales, l'étendue nouvelle des types de discours analysables a permis à plusieurs collègues des départements de Langues Modernes de s'approprier les outils de l'ADF, tout en les adaptant aux exigences théoriques et didactiques les plus conformes à leur position institutionnelle. Aux investigations sur le discours politique et littéraire, demeurant majoritaires, se sont ajoutées en Italie des analyses portant sur les formes discursives les plus variées (discours juridique, mémoriel, environnemental, touristique), y compris les moins fréquentées, comme le discours « expographique » (Rigat, 2012 ; Margarito 2013).
Dans ce cadre, le lancement en 2013 du groupe de recherche AD Do.Ri.F a pu bénéficier des conditions les plus propices. Dès la première proposition de formation d'une équipe italienne, les adhésions ont été nombreuses, étalées sur la plupart des universités de la péninsule et dans différents types de départements. À l'heure actuelle, le groupe compte 36 chercheurs, encadrés dans 25 institutions universitaires et dans plus d'une trentaine de départements et filières différents.
Si l'hétérogénéité des préoccupations des membres du réseau pouvait amener à une trop grande dispersion, les coopérations internationales dont le groupe a bénéficié dès sa constitution ont joué un rôle fédérateur. C'est le cas, en premier lieu, du rapport de collaboration qui s'est établi dès 2013 avec l'équipe ADARR (Université de Tel-Aviv), ainsi qu'avec des chercheurs comme Dominique Maingueneau (Sorbonne Université) et Alice Krieg-Planque (Céditec - Paris Est Créteil). À ces coopérations de la première heure, formées prioritairement sur la base d'affinités d'ordre méthodologique, se sont ajoutées, par la suite, des collaborations issues de correspondances de nature plutôt thématique, telles que l'association à l'équipe CEDISCOR (Paris 3) pour l'étude des discours environnementaux et la participation aux colloques internationaux du cycle Médias et..., coordonné en Italie par Laura Santone et réunissant des institutions étrangères et nationales (Université de Bordeaux-Montaigne, Université Paris 3, Avignon Université, Université de Bologne, Université Roma 3). Des rapports de coopération ont été ensuite inaugurés avec Dominique Garand (UQAM -Université du Québec à Montréal) et récemment avec le groupe Draine (« Haine et rupture sociale : discours et performativité4 »), suite au cycle de colloques itinérants sur le discours de haine, qui a été réalisé dans les années 2021 et 2022. Le groupe AD Do.Ri.F fait enfin partie du réseau international Discoursenet, où il s'est constitué en équipe autonome5.
Il est temps cependant d'examiner de plus près les notions qui ont été travaillées au sein du groupe et les objets discursifs qui ont retenu principalement l'attention.
2. Les notions et les domaines explorés, les activités réalisées
La mise sur pied de la coopération avec l'équipe ADARR, coordonnée par Ruth Amossy et Roselyne Koren, a été pratiquement contemporaine à la constitution, en 2013, du groupe AD Do.Ri.F. On comprend donc aisément le rôle fondamental que cette collaboration scientifique a joué dans les premières activités du groupe italien. Elle garde par ailleurs, encore aujourd'hui, une position de privilège dans l'ensemble de ses relations internationales.
Lors de la première rencontre des deux équipes (Journée d'étude : Analyse du discours et argumentation : approches méthodologiques et corpus en confrontation, Université de Milan, 1-2 avril 2014) de nombreux points de convergence ont émergé, tant dans les orientations théoriques que dans les thèmes de prédilection (discours institutionnel, numérique, polémique ; notion de formule, de genre, et notamment d'éthos, observée dans toutes ses déclinaisons : éthos dit vs montré, auto-attribué vs hétéro-attribué, singulier vs collectif 6, etc.).
Une première publication conjointe a concerné la notion de formule au sens de Krieg-Planque (2009), qui a participé à la direction de l'ouvrage (Amossy, Krieg-Planque, Paissa, 2014). Le recueil réunit neuf articles portant sur autant de formules circulant dans l'espace public français, israélien et italien. Des questions y sont abordées relatives à la définition de la formule (saillances formelles, rapport avec le slogan ou le mot d'ordre), aux multiples rôles qu'elle joue selon le contexte discursif ou interdiscursif et à sa dimension interculturelle, impliquant parfois des problèmes traductifs. Les spécificités liées aux conditions matérielles de la circulation de formules (espace national ou international, durée du « moment discursif7 » concerné, statut des acteurs impliqués, etc.) ont été également au centre d'un autre ouvrage collectif intéressant un ensemble de formules récurrentes dans le discours de presse au Brésil (Paissa, Rigat, 2017).
Cependant, le principal intérêt commun de la coopération des groupes ADARR - AD Do.Ri.F concerne l'articulation entre l'ADF et la rhétorique argumentative ou « nouvelle rhétorique » d'ascendance perelmanienne. Là réside aussi, à notre sens, la raison profonde du succès de cette coopération. Les études de rhétorique connaissent en effet une longue et solide tradition dans la patrie de l'humanisme. Bien que les compétences dans ce domaine aient été principalement appliquées, dans notre pays, jusqu'à une époque récente8, à l'analyse des textes littéraires, des traductions et des publications ont vu le jour dans les années 1960-809 qui ont préparé un terrain favorable au retour à l'appréhension de la rhétorique comme art de la persuasion, appartenant à part entière à la sphère des « disciplines du discours » (Maingueneau, 2014 : 33).
Un cycle de trois colloques internationaux impliquant les deux équipes a donc été envisagé : le premier, concernant L'exemple historique (EH) dans le discours, s'est déroulé à Enna les 7 et 8 mai 2015 et a donné lieu à un numéro de la revue Argumentation et Analyse de Discours (AAD) (Paissa, Trovato, 2016). Le deuxième, portant sur Éthos collectif et identités sociales dans le discours, s'est tenu à l'Université de Tel-Aviv, les 12 et 13 avril 2016 et, à sa suite, est paru le volume co-dirigé par Amossy, Orkibi (2021). Enfin, le troisième, intitulé Identités collectives et débat public : construction(s) discursive(s), a eu lieu à Turin les 9-10 mars 2017 et a entraÎné, à son tour, la publication d'un ouvrage (Paissa, Koren, 2020).
Les trois colloques ont montré tout l'intérêt d'interroger des notions de la rhétorique traditionnelle, comme l'éthos ou l'exemple (la preuve par l'exemple, en l'occurrence de type historique) à l'aune d'une optique discursiviste, soucieuse de dévoiler l'importance des enjeux argumentatifs, mais aussi d'examiner le concours des dispositifs d'énonciation, la dynamique contextuelle de l'interdiscours et des points de vue (Rabatel, 2021). En particulier, l'exemple historique a été observé dans des corpus différents et dans sa double nature de personnage-modèle, à l'action et à l'éthos exemplaires, ou d'événement porteur d'une mémoire prégnante pour une collectivité culturelle. Le colloque suivant a eu pour but de mettre à l'épreuve des discours les plus divers la notion d'éthos collectif, afin de répertorier les modalités de sa construction auprès de mouvements sociaux ou artistiques, d'institutions, d'organisations, d'entreprises, etc., tant dans les communications comportant l'intervention d'un porte-parole que dans celles relevant d'un locuteur collectif, éventuellement anonyme ou énonciativement effacé10. Enfin, la dernière rencontre du cycle a envisagé justement la construction discursive du collectif : aboutissement du travail commun relatif aux étapes précédentes, ce colloque s'est interrogé sur le va-et-vient incessant entre dimension individuelle et sociale qu'on peut observer dans la constitution, la stabilisation et l'évolution de l'identité collective (d'un groupe politique, ethnique, social, etc.). Refusant la vision dichotomique qui sépare le singulier du collectif, les études réunies dans le volume de Paissa et Koren (2020) insistent sur leur interdépendance foncière et interrogent la notion d'ordre sociologique d'identité (Heinich, 2018) dans son interaction avec celle d'éthos, envisagé comme l'une des traces discursives essentielles de l'identité11. Le cycle des trois rencontres a présenté ainsi une cohérence de type inductif : l'objet fondamental de l'analyse étant la négociation discursive d'éléments éthotiques, mémoriels et identitaires collectifs, on est passé du niveau le plus particulier (emploi discursif de l'exemple historique) jusqu'au niveau le plus général (construction des identités collectives).
Cependant, comme nous l'avons signalé plus haut, la coopération avec le groupe ADARR ne s'est pas achevée avec ces initiatives. Bien au contraire, elle se poursuit encore aujourd'hui, surtout avec la participation du groupe AD Do.Ri.F à l'organisation et à la programmation du Forum ADARR. Grâce au fait qu'il se déroule en ligne, ce Forum possède une dimension internationale (présence de collègues ivoiriens, brésiliens, portugais, belges, polonais, etc.) et une structure stable : il comporte régulièrement des séminaires bi-hebdomadaires, suivis de passionnants débats à voix multiples. En outre, tant les membres du groupe italien que ceux du groupe israélien ont participé à titre personnel à des événements organisés par leurs équipes respectives : ainsi, la revue AAD, qui représente désormais une référence incontournable pour l'ADF, a-t-elle accueilli de nombreux articles rédigés par des discursivistes italiens adhérant à notre groupe. Tout particulièrement, nous tenons à souligner la direction, par Stefano Vicari, du numéro 26 de la revue AAD : Autorité et Web 2.0 : approches discursives. (Vicari, 2021). Dans ce numéro, une autre notion-clé de l'ADF est passée au crible : celle d'autorité, envisagée à la fois comme entité holistique (en rapport avec la conception bourdieusienne de champ et la notion foucaldienne d'archive, retravaillée par Mainguenau, 1993) et comme entité relationnelle (dans le fonctionnement de couples notionnels tels que « argument d'autorité » ou « discours d'autorité », c'est-à-dire discours chargé de la stabilisation énonciative et argumentative d'une légitimité et d'une crédibilité). Outre l'investigation d'une notion somme toute peu explorée jusqu'à présent par l'ADF, ce qui fait l'intérêt de ce numéro c'est que l'autorité est scrutée dans le phénomène de dispersion qui la caractérise actuellement dans le Web 2.0 : comme pour d'autres outils notionnels de l'ADF, le discours numérique a en effet contraint les analystes à remanier de nombreuses catégories disciplinaires. Pour ce qui est de la notion d'autorité, sa mise en cause est évidente au moment où prolifèrent en ligne les phénomènes bien connus des chambres d'écho médiatique, de la polarisation polémique, de la circulation de fausses nouvelles à la provenance indéfinie, etc.
Par ailleurs, le groupe AD Do.Ri.F, au cours de cette décennie, a activement participé au débat portant sur le discours numérique et sur le travail de réaménagement de l'outillage théorique qu'il comporte pour l'ADF. En effet, dans tous les ouvrages publiés à compter de 2013, une bonne partie des études repose sur des corpus tirés de la Toile et, plus largement, des réseaux sociaux (tweets, mèmes, blogues, commentaires YouTube, etc.). Dans ce contexte, une journée d'études, organisée par Francesco Attruia, a justement porté sur cet objet icono-discursif mixte qu'est le mème : Les mèmes : approches sémiolinguistiques et discursives, (Université de Pise, 28 octobre 2022) et un colloque, qui a vu la collaboration du groupe AD Do.Ri.F et du réseau international Médias et...., coordonné par Laura Santone, s'est tenu à Rome, qui s'est penché justement sur la notion de viralité liée à la pratique des réseaux sociaux (Colloque Médias et viralité, Université Roma 3, 24-25 novembre 2022). Du point de vue méthodologique, ces études ont creusé la réflexion de Marie-Anne Paveau sur la co-construction des discours par les dispositifs machiniques, culminée dans son volume sur la technologie discursive (Paveau, 2017) et ont profité des méthodes d'analyse quantitative et qualitative sur les humanités numériques mises au point par Longhi (2018). Ce sont notamment les membres du groupe AD Do.Ri.F appartenant aux Universités de Gênes, de Pise et, plus récemment de Milan, qui ont mis en œuvre, depuis quelques années, une collaboration suivie avec Julien Longhi.
Entre-temps, d'autres initiatives ont vu le jour qui ont occupé les membres de l'équipe italienne. Avant tout, le discours politique, qui a représenté le noyau central de l'ADF à ses débuts, n'a certes pas été délaissé : outre les participations des différents membres, à titre personnel, à des ouvrages ou à des revues italiennes et étrangères dont il nous serait impossible de rendre compte ici, des rencontres ont eu lieu sous le couvert du groupe AD Do.Ri.F. Nous tenons à mentionner ici deux journées d'études consacrées à la notion controversée de populisme et aux discours qui s'en font porteurs : la première s'est tenue à l'Université de Pise (Populismes, nouvelles droites et nouveaux partis : quels discours politiques en Europe ? les 10 et 11 juin 2016) et la deuxième s'est déroulée à l'Université de Gênes (« Populisme » et discours populistes dans les médias : approches discursives, le 22 avril 2022). Les deux rencontres ont abordé le problème de la définition du mot flou populisme et les traits que le discours populiste, à tendance fortement pathémique, partage avec le discours d'extrême droite. Un volume sur la question est paru en 2018, dirigé par Lorella Sini (Sini, 2018), qui a également rédigé l'article populisme dans le recueil de notions clés relatives aux discours de haine et de radicalisation (Lorenzi-Bailly, Moïse, 2023).
Aux caractéristiques définitoires et aux modalités de circulation du discours de haine, le groupe AD Do.Ri.F a par ailleurs consacré un cycle de colloques itinérants, qui ont réuni autour de ce sujet passionnant, malheureusement de plus en plus actuel, six universités italiennes (Genova, Pisa, Chieti-Pescara, Cosenza, Modena et Roma 3) dans une série d'initiatives qui se sont échelonnées entre mars 2021 et novembre 202212. Si chaque rencontre a décliné un aspect spécifique de ce phénomène discursif composite (rapports avec des phénomènes sociaux comme la discrimination et les inégalités, modalités de circulation médiatique, écriture et traduction des propos haineux, discours de réparation à la haine), elles se sont toutes efforcées de parvenir à une définition épistémologique du discours de haine et de faire le partage entre les traits considérés comme constitutifs du phénomène et les traits qui sont en revanche variables, en fonction des paramètres pluriels qu'on peut mobiliser dans l'analyse (l'énonciateur, les cibles, le canal, etc.). Pour l'instant, le seul recueil de contributions qui est déjà paru sur le sujet est celui de Giaufret, Rossi, Vicari, 2022, mais les autres sont en cours de préparation et seront bientôt publiés.
En outre, d'autres émergences socio-politiques de notre époque ont été mises dans le creuset des chercheurs du groupe italien. Grâce à la collaboration du CEDISCOR, qui avait impliqué quelques membres de notre équipe dans une réflexion sur l'actualité discursive de la biodiversité13, un colloque a eu lieu les 20 et 21 mai 2021 auprès de l'Université de Venise au sujet des Discours environnementaux : convergences et divergences, qui est également le titre de l'ouvrage collectif publié deux ans après (Hamon, Paissa, 2023). Les discours de l'environnement y sont examinés à l'aune de leur pluralité intrinsèque : celle des acteurs impliqués, des supports de diffusion et de médiatisation exploités, des dispositifs d'énonciation mis en œuvre, des modalités sémantiques et sémiotiques empruntées. Malgré ces divergences, le recueil d'études a mis en avant une convergence de type argumentatif, concernant la stratégie d'évacuation de la complexité de la notion d'environnement, la construction d'une image consensuelle des pratiques environnementales et l'atténuation, voire le gommage, des responsabilités au profit d'une rhétorique de l'exhortation, de la promesse et de l'appel à l'action individuelle.
La crise de la COVID-19 et l'intensité du « moment discursif » (Moirand, 2007) qu'elle a suscité dans les médias n'ont pas manqué non plus d'attirer l'attention du groupe AD Do.Ri.F : deux numéros de la revue de l'association DO.Ri.F ont examiné les Constellations discursives en temps de pandémie (Favart, Silletti, 2021) et, dans une optique plutôt lexico-terminologique, en collaboration avec les groupes de recherche Do.Ri.F Lexique(s), lexicographie et phraséologie, coordonné par Michela Murano et Socioterminologie et textualité, coordonné par Chiara Preite, Le lexique de la pandémie et ses variantes (Altmanova, Murano, Preite, 2022). Les deux numéros ont examiné ainsi l'entrelacement qui s'est fait à l'époque entre discours politique, discours scientifique et médiatique, tout en comparant les différentes mises en parole de la crise dans la succession des « instants discursifs » (Moirand, 2007) qui l'a caractérisée. Un colloque international s'est tenu, en outre, auprès de l'Université de Bari (I linguaggi della crisi tra virus e politica : forme del discorso e modelli di comunicazione, 1-2 décembre 2022) qui s'est focalisé sur l'idée de crise en elle-même, dans ses déclinaisons variées (crise sanitaire, économique, politique). Cet important colloque plurilingue (coordinateur pour l'ADF : Alida Silletti) a comparé les récits de la crise dans les représentations médiatiques et dans les discours institutionnels de divers pays et contextes culturels, en illustrant les phénomènes de créativité linguistique qui se sont produits (néologismes, métaphores, etc.) et les formations discursives particulières (discours complotiste, discours de haine, etc.) qui accompagnent la crise. Du point de vue méthodologique, ce colloque a permis de comparer les outils de l'ADF et ceux de la Critical Discourse Analysis (CDA), question que nous allons reprendre dans le paragraphe conclusif.
Pour conclure cet excursus sur les activités du groupe AD Do.Ri.F, quelques considérations sont encore nécessaires sur l'application des outils de l'ADF au discours littéraire. Bien qu'il soit difficile que des linguistes osent empiéter sur le domaine des littéraires, à cause de la séparation des domaines épistémologiques universitaires, dont les raisons sont moins scientifiques qu'institutionnelles, il convient de souligner que dans une partie des publications dont il a été question jusqu'ici figurent des contributions s'appuyant sur des corpus littéraires. C'est le cas des études sur l'éthos, les identités collectives et les manifestations discursives de la haine ou encore d'un ouvrage portant sur une figure de rhétorique comme la répétition, dont la saillance est saisie dans sa dynamique discursive, y compris dans l'écriture poétique (Paissa, Druetta, 2019). Le fait d'envisager le texte littéraire comme un discours, selon les principes inspirateurs de l'ADF, comporte évidemment, par rapport aux approches littéraires traditionnelles, un changement d'optique remarquable dans la conception générale de l'œuvre, de l'auteur, du contexte et de la dialectique qui s'instaure entre ces éléments, mobilisant des notions comme celle de discours constituant ou de paratopie (Maingueneau, 2014 : 147). À cet égard, il y a lieu de signaler une récente mise au point des études d'ADF consacrées à la littérature, co-dirigée par Amossy et Maingueneau, c'est-à-dire les deux chercheurs qui, entre autres choses, ont frayé le chemin dans cette direction depuis leur ouvrage séminal sur l'analyse du discours dans les études littéraires (Amossy, Maingueneau, 2004). La participation de trois membres de l'équipe italienne (Amadori, 2023 ; Attruia, 2023 ; Naccarato, 2023) au numéro 31 de la revue AAD, Littérature : approches discursives et textuelles (Amossy, Maingueneau, 2023) qui vient de paraÎtre, confirme l'actualité de la coopération avec l'équipe ADARR et Maingueneau, à laquelle nous avons fait allusion au début de ce paragraphe. Une fois de plus, le dénominateur commun des études des chercheurs du groupe AD Do.Ri.F est représenté par la notion d'éthos discursif. Cependant, selon les corpus examinés, cette notion déploie son pouvoir heuristique de différentes manières: dans l'étude de Amadori, il est question d' « éthos » et de « scénographie » « éditoriaux », dans le contexte tout nouveau des « livres enrichis » (réécritures numériques de deux classiques littéraires : Jules Verne et Maupassant) ; dans l'article de Attruia, il s'agit de l'« éthos d'artiste engagée » que l'écrivaine franco-albertaine Joëlle Préfontaine élabore dans un manifeste littéraire voué à légitimer l'identité et la variété linguistique de sa communauté d'appartenance ; dans la contribution de Naccarato, enfin, la notion d'éthos s'articule à celle de paratopie, pour décrire les configurations paratopiques (identitaire, spatiale, temporelle et linguistique) qui président à la création poétique de Benjamin Fondane et à la construction de son « monde éthique ».
Conclusions : les perspectives possibles
Si les activités qui ont impliqué le groupe AD Do.Ri.F dans l'espace relativement bref d'une décennie sont nombreuses et ramifiées dans plusieurs directions, des perspectives de développement ultérieur sont possibles et souhaitables. Elles se situent à l'enseigne de l'ouverture internationale et nationale.
Au niveau international, le groupe peut élargir encore l'éventail des réseaux de coopération auxquels il participe. Leur institutionnalisation au sein des différentes universités, en outre, serait susceptible d'améliorer sensiblement l'intensité et la stabilité des échanges. Dans ce cadre, le groupe AD Do.Ri.F peut surtout jouer un rôle comme point d'observation de la dissémination des pratiques de l'ADF à l'échelle mondiale. L'important ouvrage dirigé par Rachele Raus, Partage des savoirs et influence culturelle : l'analyse du discours « à la française » hors de France (Raus, 2019b), déjà traduit en brésilien et en espagnol d'Argentine, représente à notre connaissance la première tentative de dresser un bilan des formes et des adaptations, à la fois épistémologiques et praxiques, qu'une discipline comme l'ADF peut acquérir au contact des langues et des cultures différentes de celle qui lui a donné naissance. Or, ce travail de recensement, qui a vu l'Italie en position de pionnière, demande à être périodiquement repris et actualisé, afin de prolonger dans le temps une confrontation qui s'est avérée si riche d'enseignements pour tous les pays participants (Belgique, Roumanie, Brésil, Argentine, Israël, Algérie).
Au niveau national, l'objectif du groupe AD Do.Ri.F, malgré son encadrement dans une association vouée à l'enseignement et à la recherche universitaire relative à la langue française, ne peut être que de contribuer à faire connaÎtre les méthodes de l'ADF au-delà du cercle restreint des francisants. C'est bien cette visée qui préside au projet de traduction en langue italienne de quelques ouvrages marquants de l'ADF, notamment de deuxième génération. Le projet est coordonné par Rachele Raus, qui dirige dans ce but la collection Traduco auprès des éditions Tab de Rome14. À l'heure actuelle, les trois premiers volumes de la collection ont déjà été publiés (Veniard, 2021 ; Chauraudeau, 2022 ; Paveau, 2022), d'autres vont bientôt paraitre (Krieg-Planque, 2009 ; Longhi, 2018) et d'autres encore sont en préparation, dans une programmation qui atteint 2025.
Cependant, les spécificités de l'ADF et l'efficacité de ses outils ne pourront être vraiment connues en Italie sans qu'une sérieuse ouverture interdisciplinaire, tant sur le plan de la recherche que de la didactique, se renforce à l'endroit des humanités numériques, des sciences sociales et des sciences de l'information et de la communication. À ce dessein, un dialogue doit s'intensifier avec la CDA, qui occupe en Italie, dans le contexte des disciplines du discours, une position majoritaire. En ce sens, il convient de rappeler que quelques occasions de collaboration entre discursivistes italianistes, francisants et anglicisants se sont récemment produites. Outre le colloque organisé en 2022 par l'Université de Bari, auquel nous avons fait allusion ci-dessus, on peut considérer le cycle de séminaires en ligne organisé pendant l'automne 2023 par deux jeunes membres de notre équipe (Claudia Cagninelli et Nora Gattiglia), avec le but précis d'impliquer dans le débat des chercheurs italiens en sciences sociales et d'échanger avec des discursivistes de notre pays s'inspirant de la CDA.
La mission n'est certes pas facile, les approches des disciplines du discours de tradition française et anglosaxonne étant si différentes que la confrontation est en réalité aussi rare et difficile dans les pays d'origine15. Toutefois, il s'agit en Italie d'une nécessité, d'autant plus qu'on prévoit l'adoption dans notre système universitaire du classement disciplinaire ERC, où l'analyse du discours figure dans le secteur SH4. Or, si la reconnaissance institutionnelle de l'analyse du discours représente certainement un progrès, la position dominante de l'anglais dans notre pays laisse présager que le modèle de référence relèvera plus volontiers de la CDA que de l'ADF.
Il faudra alors éviter que ce modèle demeure unique et devienne hégémonique. Dans ce but, il est impératif d'acquérir pleinement conscience des spécificités théoriques et méthodologiques qui singularisent l'ADF et qui lui confèrent un pouvoir heuristique si fertile. Il sera alors question de montrer l'efficacité de certains instruments d'analyse ponctuelle et minutieuse que la CDA délaisse en général, tels que l'observation de la texture rhétorique, des dispositifs d'énonciation, de l'imbrication interdiscursive de tout propos. Il conviendra également de s'interroger sur le rôle du chercheur face à la société et prouver que l'ADF, bien qu'elle refuse l'a priori idéologique qui caractérise la plupart des études anglophones16, garde à son tour une portée intrinsèquement et foncièrement critique (cf. Maingueneau 2014 : 50-51). Il s'agira, en conclusion, de mettre en avant les aspects qui rendent l'ADF particulièrement propice à s'acclimater à une culture comme la culture italienne, après tout encore éprise de la leçon essentielle de l'humanisme, qui valorise la diversité et la curiosité intellectuelles, le dialogue, la liberté d'esprit. Une page nouvelle s'ouvre donc pour le groupe AD Do.Ri.F et, plus largement, pour l'ADF en Italie.
Paola Paissa est professeur honoraire de Langue, Linguistique et Culture française à l'Université de Turin, coordinatrice du groupe de recherche Analyse du discours (AD) - Do.Ri.F et directrice de la revue de presse Carnets de lecture (Publif@rum). Elle s'occupe de rhétorique figurale, ainsi que d'analyse du discours littéraire, médiatique et politique. Ses travaux portent sur les fonctions discursives de figures et procédés rhétoriques (synesthésie, métaphore, euphémisme, litote, hyperbole, exemple historique, répétition, etc.).
1 Le groupe est coordonné par l'auteur de ces lignes : https://www.dorif.it/analyse-du-discours
2 Nous renvoyons à Guilhaumou (2003) pour un examen critique des différences entre ces deux ouvrages.
3 Dans un premier moment, Guilhaumou a réfléchi sur le rôle des porte-parole comme créateurs d'événements discursifs à l'époque de la Révolution Française (1998). L'ouvrage de 2006, Discours et événement a été traduit par Rachele Raus (v. Guilhaumou, 2010). Il s'agit de l'une des premières traductions en italien de travaux de l'ADF, une entreprise devenue systématique par la suite, comme nous l'expliquons ci-dessous.
4 https://groupedraine.github.io/
5 https://discourseanalysis.net/group/19
6 Voir les conclusions des journées d'études par Roselyne Koren et Paola Paissa, au lien : http://humanities1.tau.ac.il/adarr/images/JOURNEE_DORIF_ADARR_MILAN_2014.pdf
7 Nous empruntons évidemment cette notion à Moirand, 2007.
8 Actuellement les études de rhétorique en Italie s'étendent à l'analyse du débat public. Voir, par exemple, les travaux de Francesca Piazza ou Salvatore Di Piazza de l'Université de Palerme (cf. Piazza, Di Piazza, 2023).
9 Je me réfère ici principalement à la traduction du Traité de l'argumentation de Perelman et Olbrechts-Tyteca avec la remarquable préface de Norberto Bobbio (1966), suivie de la traduction de la Rhétorique générale du Groupe µ en 1980 et de la publication du Manuale di retorica par Bice Mortara Garavelli en 1988. Tous ces ouvrages donnent des exemples littéraires, mais font aussi référence au discours ordinaire et à l'intérêt de l'interroger à travers les notions de la rhétorique classique.
10 Nous renvoyons au compte rendu rédigé par Ilaria Cennamo pour AAD, consultable au lien : https://journals.openedition.org/aad/6745, à celui signé par Alex Boursier pour Questions de communication : https://journals.openedition.org/questionsdecommunication/27630?lang=en et enfin par Alida Silletti, pour les Carnets de Publif@rum: https://www.farum.it/lectures/2022/07/06/ruth-amossy-eithan-orkibi-eds-ethos-collectif-et-identites-sociales/
11 Nous renvoyons au compte rendu rédigé par Pascale Delormas pour AAD, consultable sur le lien : https://journals.openedition.org/aad/5388, à celui signé par Annafrancesca Naccarato pour Repères Do.Ri.F : https://www.dorif.it/reperes/annafrancesca-naccarato-recension-paissa-p-koren-r-dir-du-singulier-au-collectif-constructions-discursives-de-lidentite-collective-dans-les-debats-publics-li et enfin à celui de Alida Silletti pour les Carnets de Publif@rum: https://www.farum.it/lectures/2021/02/23/paola-paissa-roselyne-koren-eds-du-singulier-au-collectif-constructions-discursives-de-lidentite-collective-dans-les-debats-limoges-lambert-lucas-2020-pp-248
12 Les organisatrices/organisateurs des colloques itinérants sur le discours de haine dans leurs différents sièges institutionnels sont les suivant(e)s : Anna Giaufret, Stefano Vicari, Lorella Sini, Francesco Attruia, Brigitte Battel, Lorella Martinelli, Annafrancesca Naccarato, Silvia Modena, Chiara Preite, Laura Santone. Nous renvoyons à la page du groupe pour plus de précisions.
13 Le numéro 15 des Carnets du CEDISCOR est consacré à la biodiversité en discours (Rakotonoelina, Reboul-Touré, 2020). À ce sujet, voir aussi : Chandelier, Diwersy, Paissa, 2020 et Chandelier, Paissa, 2022.
14 D'autres traductions sont entretemps parues, auprès d'autres éditeurs : Amossy 2018 ; Moirand 2020. Pour voir ce qui est en cours de préparation, se reporter à la page du groupe AD Do.Ri.F : https://www.dorif.it/analyse-du-discours.
15 Pour une comparaison des deux méthodologies, voir Schepens, Petitclerc, 2009 et la thèse de Petitclerc, 2014.
16 Sur la question du positionnement idéologique du chercheur, préliminaire à l'analyse dans la CDA, nous renvoyons à Maingueneau, Amossy 2012 ; Koren, 2013.
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Abstract
Cet article rend compte des activités de recherche du groupe d'Analyse du discours (AD) qui s'est constitué en 2013 au sein de l'association italienne Centro di documentazione e di ricerca per la didattica della lingua francese nell'università italiana (Do.Ri.F). Après avoir décrit le panorama de l'Analyse du Discours « à la française » (ADF) en Italie, dans lequel les travaux de l'équipe s'inscrivent, la contribution se concentre sur les notions et les domaines discursifs qui ont principalement attiré l'attention des membres du groupe. Si l'intérêt pour l'articulation de l'analyse du discours avec la rhétorique et l'argumentation a été déterminant dans la phase de constitution du réseau, l'intensification d'un dialogue interdisciplinaire avec les spécialistes italiens de la Critical Discourse Analysis (CDA) semble représenter une ouverture nécessaire pour l'avenir.