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En Afrique de l’ouest, l’élevage occupe une place importante dans l’économie des pays et dans le quotidien des populations. Le système d’élevage est généralement de type extensif, à faible intrants et basé sur une exploitation des ressources naturelles librement accessibles. De ce fait, la transhumance transfrontalière s’est imposée aux éleveurs comme une véritable stratégie de production animale, provoquant le brassage des troupeaux dans des pâturages et autours des points d’eau d’abreuvement communs. Ces regroupements favorisent de potentiels échanges d’ectoparasites tels que les tiques, vectrices de nombreux agents pathogènes qui induisent de nombreuses infections (babésiose, théilériose, anaplasmose, cowdriose), constituant une contrainte majeure à l’essor de l’élevage. Au Burkina Faso (BF) et au Bénin (BN), ces échanges d’animaux sont particulièrement intenses respectivement aux frontières Est et Nord, qui demeurent des localités très peu explorées en dépit du contexte d’invasion des deux pays par la tique Rhipicephalus microplus. Cette thèse a pour objectif d’analyser l’infestation du bétail par les tiques, à travers l’identification des différentes espèces, la caractérisation moléculaire des agents pathogènes transmis ainsi que l’évaluation de leurs implications zoonotiques dans les zones frontalières à ces deux pays. Quatre études ont été réalisées : (i) une enquête transversale pour étudier l’épidémiologie des tiques et des agents pathogènes associés chez les bovins, afin de caractériser (tiques et hémoparasites), la région de l'est du BF, zone de départ de la transhumance, et le nord du BN, zone d'arrivée, (ii) une enquête longitudinale, visant à évaluer les états parasitologiques (tiques et hémoparasites) d’un échantillon de bovins sur une saison de transhumance, (iii) une recherche de potentiels arbovirus circulant à l’est du BF (iv) une détermination du statut de résistance de deux espèces de tiques d’intérêt vétérinaire, aux acaricides commerciaux, les plus couramment utilisées par les éleveurs du sud-ouest du BF. Des tiques et du sang périphérique de bovins ont été collectés. Les tiques ont été morphologiquement identifiées à la loupe binoculaire. Les extraits d’ADN provenant aussi bien du sang des bovins que des broyats (pools) de tiques, ont été analysés par la technique du Reverse Line Blot Hybridization (RLB), suivi de séquençage (méthode de Sanger), pour la détection moléculaire des agents pathogènes. La caractérisation des virus hébergés par les tiques a été effectuée par le Next Generation Sequencing (Ion Torrent). Le statut de résistance de Amblyomma variegatum et de R. microplus aux pyréthrinoïdes de synthèse (deltaméthrine et cypermethrine) a été déterminée par le Larval Packet Test (LPT). Au cours de l’étude transversale, un total de 2856 tiques (huit espèces) a été collecté sur 490 bovins (46 troupeaux) à l’est du BF, tandis que 3583 tiques (neuf espèces) ont été collectées sur 456 bovins (44 troupeaux) au nord du BN. La tique A. variegatum était l’espèce la plus abondante et la plus largement répandue dans les deux zones avec une abondance relative de 49,2% à l’est du BF, et 31% au nord BN. La tique R. microplus, n'a pas été identifiée dans les échantillons collectés à l'est du BF, mais son expansion dans d’autres localités du nord BN, par rapport aux travaux antérieurs, a été mise en évidence.