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RAPHAËL JOTTERAND
Un peu moins d’une semaine après l’annonce surprise de la démission de Rebecca Ruiz, le Parti socialiste vaudois commence à y voir plus clair. Citée parmi les grandes favorites, Jessica Jaccoud a annoncé lundi, au quotidien 24 heures, qu’elle ne souhaitait pas briguer le poste lors de l’élection partielle du 8 mars prochain. Elle ne ferme toutefois pas la porte pour se porter candidate en 2027.
«Ma décision a été prise après mûre réflexion avec ma famille et la présidence de mon parti cantonal, témoigne-t-elle. Je renonce à cette candidature, mais j’ai un vrai intérêt pour la fonction. La stratégie politique doit rencontrer un agenda personnel. Or mon mandat à Berne a démarré il y a 2 ans, je viens d’être élue à la coprésidence des Femmes socialistes suisses et il y a tant à faire pour la défense des locataires et la lutte contre la violence faite aux femmes.»
L’habitante du district de Morges remplissait pourtant plusieurs cases: femme, active à Berne, ex-présidente de la section cantonale du parti et surtout, combative. C’est en effet un terme employé à maintes reprises par le président du parti, Romain Pilloud, qui veut présenter une personne «capable de répondre aux revendications des employés de l’Etat et du parapublic» et qui ne soit pas un simple gestionnaire.
Pierre Dessemontet renonce
Ce trait de caractère n’est pas forcément celui qui correspond le mieux à Pierre Dessemontet, l’un des papables à la succession de Rebecca Ruiz: «J’ai annoncé hier à ma section et à la présidence cantonale, mon choix de ne pas présenter ma candidature», indique le syndic d’Yverdon. Ce dernier, qui avoue avoir «considéré très sérieusement le fait de se présenter», estime que les conditions ne sont pas réunies pour qu’il puisse y faire du bon travail.
De plus, le caractère combatif de cette complémentaire ne lui correspond pas: «Les raisons sont proches de celles qui m’ont poussé à ne pas me représenter à la syndicature à Yverdon. Je n’ai pas envie de rejoindre le Conseil d’Etat dans de telles conditions. Il y a aussi une volonté de porter le mouvement, et je pense que le poste correspond davantage à un profil qui porte la revendication sociale.»
Désormais, deux noms semblent se détacher en vue du congrès extraordinaire prévu le 13 décembre pour que le PSV puisse choisir son candidat. Selon nos informations, Roger Nordmann, ancien conseiller national, a informé la présidence de son parti qu’il se tenait à disposition. Celui qui a siégé à Berne pendant plus de vingt ans est bien connu de la population vaudoise et pourrait répondre aux besoins du parti de disposer d’une locomotive en vue des élections cantonales de 2027.
Duel entre ténor et outsider?
Cependant, le ténor du Parti socialiste vaudois pourrait faire face à une autre candidature dans dix jours. En effet, le chef de groupe au Grand Conseil, Sébastien Cala, serait dans les starting-blocks. Très en vue ces derniers mois dans la lutte contre les coupes dans la santé, l’élu de la vallée de Joux pourrait assumer ce profil combatif et revendicateur. «C’est une fonction qui m’intéresse. J’avance dans mes réflexions, je prendrai une décision d’ici la fin de la semaine», glisse-t-il.
Toutefois, cette candidature pourrait être perçue comme un véritable pied de nez à l’encontre de Rebecca Ruiz. La conseillère d’Etat n’aurait que peu apprécié la dureté de ses propos tenus ces derniers mois au Grand Conseil et dans la presse. Autre réserve, bien que jugé compétent par ses pairs, il reste peu connu de l’électorat vaudois. «J’en suis conscient, ça fait partie des éléments que je dois mesurer.»
Contacté, Alexandre Démétriadès, député et municipal à Nyon, avoue que le poste l’intéresse: «J’y réfléchis. Plein d’enjeux sont dans la balance et je dois aussi discuter avec mes camarades. C’est en cours de réflexion.» Pour le jeune socialiste, un dilemme se dresse devant lui. A Nyon, l’emblématique syndic Daniel Rossellat ne rempilera pas pour une législature en 2026. Une porte s’ouvre alors. Mais le train du Conseil d’Etat ne passe pas quinze fois non plus.
Un oublié?
Au contraire de la dizaine de papables mentionnés dans divers médias, le nom de Samuel Bendahan, pourtant coprésident du groupe socialiste à Berne, n’a jamais été mentionné. Le principal concerné dit y avoir réfléchi et avoir entretenu des contacts avec son groupe. Le conseiller national estime «qu’il y a de nombreux dossiers sur lesquels [il est] engagé à Berne, en particulier pour protéger le pouvoir d’achat de la population. Ce n’est pas le bon moment aujourd’hui, avec les fonctions qu’[il a] récemment prises au niveau fédéral» pour se lancer dans la course. L’homme au pull-over rouge avoue néanmoins porter un grand intérêt à la fonction et ne ferme pas les portes pour 2027.
En attendant, seule l’UDC a déjà lancé sa campagne, avec le soutien du PLR et du Centre. Jean-François Thuillard est en piste depuis jeudi dernier avec déjà plusieurs rendez-vous effectués avec la population vaudoise le week-end dernier. Les Vert’libéraux, le PSV et l’extrême gauche sont attendus au tournant.
«C’est une fonction qui m’intéresse, j’avance dans mes réflexions»
SÉBASTIEN CALA, CHEF DE GROUPE SOCIALISTE AU GRAND CONSEIL
Copyright Le Temps SA Dec 3, 2025