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Terrain idéal pour jouer avec les langues et leurs différentes variétés, l’œuvre littéraire peut mettre en scène et représenter de manière plus ou moins fidèle et artificielle des pratiques linguistiques variées. Bien que les études sur la diversité linguistique dans les textes médiévaux tendent à se faire plus nombreuses à partir du dernier quart du XXe siècle et surtout à partir des années 2000, force est de constater que le sujet est loin d’avoir été épuisé. Notre thèse permet d’apporter un nouvel éclairage à la problématique du plurilinguisme dans la littérature médiévale d’oïl. En nous intéressant aux langues des personnages dans une étude qui se veut transgénérique, nous proposons de porter un regard global sur une question vaste et complexe. Nous montrons que la présence de langues étrangères dans les textes médiévaux, loin d’être une exception, peut relever du topos, être motivée par des raisons diverses et trahir ou traduire la sensibilité qu’un auteur peut avoir pour la pluralité linguistique du monde qui est le sien. Dans la première partie de notre thèse, nous établissons une typologie afin de mettre en exergue les fonctions occupées par la ou les langues des protagonistes dans les œuvres du Moyen Âge. Le classement opéré permet de repérer dans quels contextes les idiomes étrangers font leur apparition dans la narration et d’observer comment et pourquoi ils y sont introduits. Dans la seconde partie, nous procédons à une étude plus ciblée à travers l’analyse des récits de voyage de Marco Polo, de Jean de Mandeville et de voyageurs du XVe siècle. Si notre thèse permet d’observer les constantes ou les différences du traitement de la communication et des langues selon les textes, elle interroge aussi l’identité des personnages plurilingues et le lien qui peut être établi entre la langue et l’identité du locuteur. Elle met ainsi en lumière la figure du personnage babélien, cet être qui évolue dans un monde profondément marqué par le plurilinguisme. Nous montrons donc comment la langue devient dès l’époque médiévale un marqueur individuel, social, ethnique, politique, etc.