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Summary
Discounting the future, i. e., depreciating the value of future properties compared to present ones, represents the main cause of false judgments in ethics for John Locke and Leibniz. This article aims to analyse Locke's attempts to outline the mechanism of discounting the future in his Essay Concerning Human Understanding and Leibniz' efforts to give the phenomenon a mathematical formalization. Locke and Leibniz disagree about its causes and offer different standards of virtue in objecting to it. According to Locke, virtue aims to do away with all forms of discounting while Leibniz argues that the phenomenon can be rationalised using the techniques for cultivating moral virtue as a means of anticipation.
Jon Elster1 a récemment rappelé la place centrale, dans les mécanismes de décision et de « faiblesse de volonté », de « l'escompte du futur », sous-estimation des biens à venir par rapport aux biens présents2. Qu'il concerne l'avenir proche ou l'avenir le plus lointain, à savoir le salut et la vie éternelle, l'escompte du futur est déjà identifié dans la philosophie du XVIIème siècle comme l'une des principales sources des faux jugements ainsi que du paradoxe moral : je vois le meilleur parti, je l'approuve, j'adopte le pire. C'est à ce titre qu'il est analysé dans l'Essai sur l'entendement humain de Locke avant de faire l'un des objets du débat ouvert par Leibniz dans ses Nouveaux essais sur l'entendement humain. Chez les deux auteurs l'escompte du futur guide et motive l'élaboration de techniques de vertu . L'objectif de cet article est d'analyser les tentatives de Locke pour opérer une délimitation précise du phénomène ainsi que celles de Leibniz pour en ébaucher un modèle mathématique.
1. L'escompte du futur dans l'Essai sur l'entendement humain
Aux yeux de Locke l'escompte du futur n'apparaÎt pas directement comme une source d'erreurs en matière morale mais comme un obstacle à la mise en oeuvre des solutions à leur apporter. L'analyse des motifs de la volonté fait apparaÎtre que celle-ci est exclusivement déterminée par la satisfaction présente3. Afin de la réorienter vers les vrais biens l'homme est invité à suspendre ses désirs afin de mettre en balance les choix qui se proposent à lui4. Cette suspension des désirs étant possible5, selon une maxime qu'on est tenté...