RÉSUMÉ : L'étude historique d'un édifice de nature archéologique entièrement fouillé et bien identifié soulève divers problèmes d'interprétation relatifs aux méthodes de fouille, au développement, au fonctionnement et au rôle municipal d'une basilique parmi les mieux circonscrites de l'Occident romain. L'histoire du municipium Claudium Baelo entre l'époque augustéenne et le règne de Trajan en constitue l'enjeu essentiel. Il s'agit donc d'un chapitre qui pose la question, renouvelée, des transformations urbaines dans la province d'Espagne Ultérieure Baetica au premier siècle de l'Empire.
Mots clés : chronologie ; cité municipale ; justice ; negotia ; Trajan ; urbanisme.
RESUMEN: El estudio histórico de un edificio de naturaleza arqueológica totalmente excavado y bien identificado plantea numerosos problemas de interpretación relacionados con los métodos de excavación, el desarrollo, el funcionamiento y el papel municipal de una de las basílicas mejor conocidas del occidente romano. A este respecto, la historia del municipium Claudium Baelo entre el período augusteo y el gobierno de Trajano representa el principal reto. Se trata, pues, de un aspecto que plantea la cuestión de las transformaciones urbanas en la provincia de Hispania Ulterior Baetica durante el primer siglo del Imperio.
Palabras clave: cronología; municipio; justicia; negotia; Trajano; urbanismo.
ABSTRACT: The historical study of a completely excavated and well identified archaeological building confronts us with many interpretation problems related to the excavation techniques, development, working and municipal role of one of the best-known basilicas in the western Roman Empire. In this regard, the main challenge is the history of the municipium Claudium Baelo between the Augustan Age and Trajan's rule. Thus, this aspect that raises the issue of urban transformation in the Hispania Ulterior Baetica province during the first century of the Empire.
Keywords: chronology; town; justice; negotia; Trajan; town planning.
C'est au IIe siècle av. J.-C. que les édifices désignés sous le nom de « basilique d prirent forme et identité à Rome, en liaison avec la place du forum Romanum, et en Italie. Les noms des magistrats romains à l'origine de leur construction servirent à les désigner officiellement : Porcia pour Caton, Aemilia pour Lépide, Sempronia pour le père des Gracques, Iulia pour César. Le monument fut revêtu très tôt dans l'Vrbs d'une signification politique : donner corps à de tels bâtiments exprimait le pouvoir et le prestige d'un magistrat et augurait favorablement de sa lignée. Parallèlement, le contenu architectural de la basilique ne correspondit à aucune fonctionnalité prédéterminée autre que celle de son caractère public2. Le traité de Vitruve atteste que la basilica forensis était entrée dans une phase nouvelle de son histoire au sortir des guerres civiles : le modèle de celle qu'il fit bâtir à Fano, la colonia Iulia Fanestris, en fournit une illustration3. Entre utilité et témoignage d'une dignitas urbaine, la basilique civile et municipale d'une petite cité provinciale conférait aux expressions architecturales une dimension politique, sociale et culturelle au diapason du centre monumental de l'oppidum.
Sous l'Empire, les basiliques ornaient les forums des cités de l'Italie et des provinces occidentales dans une proportion difficile à chiffrer, due en partie au hasard des découvertes et des programmes de fouille. L'Afrique du Nord, la Gaule Narbonnaise, les Trois Gaules, les Germanies, les provinces Ibériques offrent les exemples les plus nombreux. Leur type diffère des monuments orientaux, limités à quelques exemplaires à ce jour, qui conjuguaient en des termes autres les langages formulés par la basilique de Belo insérée dans ses contextes politiques et urbains municipaux et locaux4. Dans la mesure où l'édifice qui nous concerne est antérieur au modèle érigé sous Trajan à Rome, la basilica Vlpia, ce sont les développements en Italie et dans les provinces occidentales jusqu'à l'époque flavienne qui peuvent apporter les éléments de comparaison les plus éloquents et souligner peut-être aussi des écarts.
Peut-on dire que la basilique de Belo constituait un événement architectural et urbain relativement rare à l'époque de sa construction ou apparaît-elle, au contraire, comme un cas parmi d'autres et quelles explications pourraient en être proposées ? Les activités qu'elle abrita peuventelles être définies avec la précision souhaitable et rendent-elles compte de l'existence même du monument et de ses architectures extérieures et intérieures ? Comment les articulations de l'édifice basilical avec le forum et l'urbanisme municipal reflétaient-ils les réalités et l'idéal politiques de la cité portuaire devenue municipe claudien ? Jusqu'à quel point la basilique de Belo était-elle un instrument de mesure du dynamisme, du rayonnement et de l'importance de la ville et de son territoire ? S'il est indéniable que le statut de municipium rend compte des traits essentiels et marqués par la tradition romano-italique d'un urbanisme monumental tel que celui de Baelo Claudia, les progrès de la recherche historique invitent à ne pas enfermer le site dans un schéma construit à l'avance et modélisé à l'exception de quelques nuances aisément repérables et compréhensibles par définition.
1. INCLUSION ET EXPANSION D'UN ÉDIFICE ROMAIN (FIG. 1)
Un catalogue des basiliques dans l'Occident romain attestées par les sources textuelles, les inscriptions et les fouilles archéologiques ne contient qu'une information relativement modeste qui laisse penser a priori que la basilique, à l'instar du théâtre puis de l'amphithéâtre, n'existait pas dans toutes les cités, loin de là. Cependant, les différentes sources se complètent et attirent l'attention sur le fait que sans telle ou telle catégorie de document telle ou telle basilique civile resterait inconnue ou n'aurait pas fait l'objet de recherches sur le terrain. L'inventaire minutieux, indifférent dans un premier temps à la chronologie du bâtiment, permet seul d'apporter des informations sur ce point, dans un sens ou dans l'autre.
a. Basiliques et urbanisation provinciale
C'est archéologiquement que la liste relative aux provinces ibériques est le plus fournie, ce qui ne veut pas dire qu'elle est entièrement fiable ni ne pose des problèmes d'inclusion et d'interprétation. Elle demeure restreinte sachant que les identifications des constructions à une basilique ne sont pas toujours possibles ni totalement assurées5. Il n'est pas étonnant par ailleurs que la ville d'Italica ne figure pas dans l'inventaire car aucune place du forum n'y a été localisée ni explorée qu'il s'agisse de la uetus urbs ou de la colonie Élienne6. Si la basilique coloniale de Tarragone, datée prudemment de la période augustéenne, a été définie et étudiée7, Mérida (Augusta Emerita), malgré la présence de plusieurs places publiques, n'a livré jusqu'à présent aucune structure apparentée avec certitude à un tel monument8. Cordoue (Corduba), dont le forum colonial n'a été localisé qu'assez récemment et donne encore lieu à de nombreuses suppositions en raison des difficultés d'une exploration archéologique systématique, aurait livré les vestiges d'une basilique précoce, d'époque républicaine9. Saelices (Segobriga), Cuenca, dont le forum n'a été mis au jour qu'après la publication de l'ouvrage de A. Nünnerich-Asmus, possédait une basilique augustéenne située à l'est de la place10. Saragosse (Caesaraugusta) comportait un forum, ennoyé dans la vieille ville aujourd'hui, dont la basilique n'est restituée que par vraisemblance. Au Portugal, là où la localisation des forums est connue, l'emplacement de basiliques éventuelles a été repéré sur le terrain : à Tomar (Sellium), la basilique s'ouvrait sur la place et était jouxtée par une petite curie selon les fouilleurs11; à Coïmbre (Aeminium), remarquable par ses cryptoportiques, la basilique aurait été identifiée au nord du forum12 ; à Condeixa-a-Velha (Conimbriga), le débat sur la chronologie et les identifications des constructions permet de douter de l'existence éventuelle au nord de la place d'une première basilique à deux nefs flanquée d'une aedes et donne des arguments en faveur d'un édifice basilical sur le côté est du forum, plus tardif en ce cas13. À Évora, à Bobadela, Oliveira do Hospital, à Mirobriga la place du forum a été explorée mais les monuments qui la bordaient ne sont pas identifiés avec certitude. Les exemples pourraient être multipliés à loisir dans l'ensemble des trois provinces14. Il est observable que les régions aux architectures de granit de l'ouest et du nord-ouest de la péninsule ont moins bien conservé les vestiges de ces grands monuments que celles des secteurs calcaires et méditerranéens sans que s'impose une explication15. La plupart des transformations politiques et juridiques des communautés locales durent y attendre la période flavienne.
Aeminium illustre parfaitement les insuffisances coutumières de l'information disponible. Archéologiquement localisé par hypothèse dans le contexte du forum, l'édifice basilical, flavien, y est situé en fonction d'un plan possible et d'une existence avérée dans l'épigraphie tardive par le biais d'un petit autel à son génie16. Malgré une documentation épigraphique sur l'évergétisme municipal et les constructions publiques relativement abondante, les basiliques des cités de Bétique ne sont pour ainsi dire pas mentionnées17. Les quelques textes épigraphiques recensés sont en général postérieurs aux Julio-Claudiens et sont souvent beaucoup plus tardifs. Une Cornelia (?) Anulla offrit à sa cité d'Abdera une basilica cum hypaethro à l'époque antonine18. La formule fait écho à celle d'une inscription de Casares (Lacipo), Málaga, mentionnant une crypta et un hypaetrum dédicacés au divin Auguste par un notable local19. À Grenade (Iliberris), entre 150 et 200, l'affranchi Persée, à l'occasion de son élection au sévirat, fit don de balustrades en bois, rampes (trabeculae) et piliers (postes) pour les entrecolonnements (intercolumnia) du forum et de la basilique20. L'embellissement impliquait la présence antérieure du monu- ment, peut-être datable de l'époque flavienne. Enfin, c'est aussi pour l'orner que le sévir L. Clodius Montanus fit revêtir de marbre, vers le milieu du IIe siècle, le sol de la basilique de Singili Barba21.
b. Présence d'une basilique et statut civique
Sur un plan géographique, les données rassemblées sont autant le reflet des explorations archéologiques effectives que des décisions régionales en matière de mise en valeur et de conservation des vestiges. L'exemple de la basilique de Belo, non repérée par P. Paris en raison du contexte global du déroulement des opérations archéologiques22, atteste le rôle nouveau de programmes de recherche portés aussi par les pouvoirs publics et les institutions universitaires dans le développement des fouilles et la conservation des vestiges. L'identification de l'édifice dès 1971, malgré une exploration limitée à un sondage23, résulta et de l'emplacement des vestiges autour du forum et du tracé des axes des rues, cardo et decumanus. La mise au jour fut un argument non négligeable pour stimuler la poursuite du travail archéologique appelant des mesures administratives concernant la disponibilité des terrains24. Il apparaît donc, malgré ce que pourrait faire penser une approche superficielle des dossiers, que la question des basiliques provinciales de forum demeure très lacunaire et remplie d'incertitudes. Il n'est ainsi pas étonnant que l'échantillon disponible privilégie la province de Bétique et ignore totalement ou presque, en dehors de Clunia, le quart Nord-Ouest de la péninsule, étant entendu que la Lusitanie avec les exemples dAeminium, Conimbriga, Sellium et Capera est proportionnellement surreprésentée. Les édifices construits dans les cités de l'est de l'Espagne Citérieure ne sont jusqu'à présent guère plus nombreux : Emporiae, Tarragone, Sagonte25, Bilbilis, Valeria, Segobriga en constituent seuls actuellement les exemples les plus fiables. La carte dessinée rappelle les difficultés rencontrées autrefois concernant la municipalisation et l'octroi du droit latin aux cités des provinces Ibériques d'époque romaine. Elle rejoint aussi l'observation que les mots de municipium et de colonia n'étaient pas systématiquement en usage dans toutes les régions et qu'en Bétique les cités latines y recouraient plus volontiers qu'ailleurs26.
La basilique forensis faisait théoriquement partie intégrante, dès Auguste, des monuments publics des cités municipales ou coloniales provinciales, à l'instar de l'Italie et de Fano. Glanum et Ruscino en Gaule Narbonnaise, tout comme Clunia ou Conimbriga avaient reçu le statut de ville latine quand elles furent dotées d'un forum incluant une basilique27. Malgré ce qui a pu être affirmé, un lien étroit fut tissé à partir du milieu du Ier siècle av. J.-C. entre condition politique et juridique d'une communauté civique et présence d'une basilique forensis, ce qui implique de ne pas considérer comme des basiliques au sens technique des monuments apparentés existant dans des agglomérations pérégrines et souvent assimilables à des portiques couverts28. Dans l'état actuel de nos informations, il n'est pas démontrable que toutes les cités des provinces occidentales de droit latin aient fait installer sans exception un édifice basilical jouxtant leur forum ni que la basilique, lorsqu'elle était présente, ait été construite dès le début de la mise en place du centre monumental dont l'achèvement pouvait demander plusieurs décennies. Toutefois, différents exemples énumérés précédemment, tels Conimbriga, Vxama, Clunia, Sellium ou Aeminium, suggèrent, dans la péninsule Ibérique au moins, un lien étroit à partir d'Auguste entre promotion juridique et développement monumental faisant une place à une basilique postérieure au modèle vitruvien, ce qui ne signifie pas imitant servilement ce modèle29. Les villes de droit romain semblent avoir adopté la basilique comme un monument statutaire à l'égal de la curie ou d'un temple. Ce n'est pas par hasard que Vitruve conçut son projet pour Fanestris, ce qui signifie qu'il accompagna les évolutions de son temps et ne fut pas à l'origine de l'essor urbain des basiliques publiques30. En revanche, qu'il ait été lu ou non par les divers architectes responsables des constructions dans les cités provinciales, l'influence modulée et adaptée de ses préceptes fut sans doute réelle par le biais d'un enseignement visant à la formation de spécialistes auxquels les cités avaient recours passant avec l'un ou l'autre, simplement local ou voisin ou renommé, un contrat.
Une interprétation raisonnée de la basilique de Belo ne peut pas ignorer ces questions toujours délicates car tributaires de données qui paraissent le plus souvent très insuffisantes. La chronologie de l'édifice conservé partiellement ne saurait faire de doute concernant le point de départ, ce qui signifie que les travaux ont commencé sous Claude, probablement dans les années quarante et auraient dû être achevés au plus tard au début des années soixante31. Comme l'indiquent la description des structures et les blocs mis au jour, sans oublier l'étude architecturale, le monument de Belo était une basilique publique à plan simple, intégrée à l'espace monumental du forum conformément à un schéma répandu dès l'époque julio-claudienne. Son édification fut étroitement solidaire d'un statut politique précis et aucune basilique de cité pérégrine n'a été identifiée en Bétique à cette haute époque. Pline l'Ancien place Baelo dans la liste des oppida sans autre qualificatif, ce qui exclut le droit latin et indique, sans aucun doute possible, une agglomération stipendiaire32. Il est donc plus que vraisemblable que le choix d'une basilique publique monumentale ait été opéré seulement lors de l'accession de la communauté au rang de municipe claudien. Les structures augustéennes repérées à l'emplacement de la future basilique ne correspondaient donc sans doute pas à un édifice précédent de même nature. Suivant une logique comparable, il est peu probable que le forum de la ville stipendiaire de Conimbriga ait comporté une première basilique au sens propre, c'est-à-dire non assimilable à un portique couvert de quelque forme qu'il fût, et c'est avec l'octroi du droit latin, impliquant une évolution des institutions et du gouvernement local, que fut édifiée sur le côté est une basilique à trois nefs33. À Ampurias (Emporiae), la transformation augustéenne du forum correspondit à la modification du statut de la cité devenue probablement un municipium romain malgré l'absence de mention formelle de ce titre dans les sources34. Un édifice désigné par les fouilleurs comme « basilique » fut ajouté sur le côté oriental. Cependant, la salle à deux nefs ouverte sur la place ne correspond pas exactement à la basilica forensis classique35.
Ce qu'il est convenu d'appeler le forum triparti, propre aux provinces occidentales à partir de la fin de la République et du début de l'Empire, composé du temple, de la place et de la basilique disposés selon un axe longitudinal tracé plus ou moins rigoureusement, définit, approximativement toutefois, le type monumental dont participait la basilique claudienne de Belo36. Ce schéma général, fondé sur la fermeture croissante des places publiques isolées des autres insulae de la ville, supporta de nombreuses variantes dues à la topographie, aux choix locaux, aux conditions de l'édification du centre monumental conçue en une fois (rarement) ou par étapes successives. Quoi qu'il en soit, la forme et la distribution spatiale des constructions publiques du municipe Claudien de Baelo offrent une composition moins répandue qu'il n'y paraît, ce qui attire l'attention et sur le faible nombre de références fiables en matière d'urbanisation et de transformation urbaine des sites péninsulaires entre César et Claude37 et sur l'importance de l'histoire locale de l'oppidum Baelo, de son installation originelle à l'achèvement du nouvel urbanisme rénové vers le milieu du Ier siècle ap. J.-C. et peu après.
2. BASILIQUE ET GRAMMAIRE MUNICIPALE
L'emplacement, les dimensions, l'aspect architectural et urbain de la basilique des Baelonenses dépendirent en premier lieu de la topographie du site, une étendue presque plane au pied d'une falaise morte dessinant un ressaut utilisé pour l'installation de la terrasse des temples surplombant la place du forum (Fig. 1)38. Des sondages raisonnés et systématisés ont permis de déceler des traces d'occupation dites « romaines » relativement précoces dès la fin du IIe siècle et plus encore dans les premières décennies du Ier siècle av. J.-C. Ces vestiges concernent principalement les activités de production et d'échange du premier établissement. Un témoignage indiscutable en est fourni par le texte de Strabon, dépendant ici de Posidonius, signalant les taricheiai ou cuves à garum et salaisons de Belo comme caractéristiques de cet établissement39.
a. Questions de prototypes et de règles
Ce n'est pas avant Auguste que fut ébauché sur le site un premier urbanisme dont l'extension et la configuration demeurent imprécises : une muraille fut alors mise en place40 et le périmètre monumental de la phase postérieure comportait partout des restes de cette époque sous les édifices mis au jour41. Le fait n'est pas propre à Baelo dans la région ni en Bétique d'une manière générale. L'urbanisation dut attendre la pax augusta : les chefs-lieux des cités ou oppida prirent forme sous l'influence des élites locales soucieuses d'accéder à l'autonomie civique42. Baelo à l'image d'autres cités nouvellement urbanisées ne reçut pas le droit latin que rien n'autorise à lui attribuer dans la documentation, pas même l'existence d'une muraille attestée dans nombre de cités pérégrines de même époque43 : elle fut rangée dans la catégorie provinciale des ciuitates peregrinae, en droit étrangère à la cité romaine mais disposant officiellement de l'autonomie politique (ciuitas). Dans ce contexte, il est hasardeux de proposer un urbanisme déjà identique à celui de la période claudienne et l'arasement des structures antérieures destiné à leur substituer les nouveaux édifices se retrouve à Emporiae, à Conimbriga, à Munigua, à Igaedis voire à Capara44. La description et l'analyse archéologiques des vestiges antérieurs à la basilique posent un certain nombre de questions difficiles à apprécier avec l'exactitude souhaitée45. Il semble exclu qu'il se soit agi d'une basilique du type de celle qui fut construite ensuite et qui retient notre attention. Les données suggèrent la présence d'un espace portiqué ouvert sur la place dont le mur de fond au sud correspondrait au mur de fondation de plus de 30 mètres rencontré sous le sol de béton de tuileau : il n'est pas possible de dire si ce mur était aveugle ou s'il portait aussi une colonnade et la solution du mur de fond d'un portique est admissible. Quoi qu'il en soit, les vestiges et le site suggèrent un lieu couvert, ce qui ne veut pas dire entièrement clos, destiné à accueillir les activités commerciales46. S'il en était ainsi, il est compréhensible que l'accession au rang de municipium ait conduit à transformer les structures de fond en comble, ce que paraÎt indiquer la non réutilisation des fondations antérieures. Il est probable, à l'aune d'autres exemples, que la configuration augustéenne de la ville ait été différente de celle de la ville municipale. La reconstruction complète du centre monumental dix ans après un tremblement de terre éventuel de force et d'épicentre inconnu, est peu conforme aux habitudes enregistrées en pareil cas et néglige la crainte de réoccuper rapidement un site aussi gravement malmené puisqu'il aurait fallu tout reconstruire a solo47. La promotion municipale, comme ailleurs, jamais associée à une catastrophe, demeure le contexte le plus vraisemblable et avéré sur de nombreux sites, un délai de quelque cinq ou six décennies seulement pour entreprendre de refonder l'image de la ville n'étant pas inédit, loin de là48.
La basilique était devenue un chapitre architectural réglementaire de la grammaire municipale monumentale au moment de sa construction « claudienne »49 à Belo, ce qui n'était pas encore le cas sous Auguste. Comme nous l'avons vu, l'édifice évolua dans sa conception avec Vitruve se transformant en un espace clos autonome par rapport au forum proprement dit50. Il est remarquable que la basilique claudienne ait été en accord avec un certain nombre de préceptes de l'architecte de Fano relatifs à son emplacement et à certaines des dispositions internes et que parallèlement elle s'en soit séparée sur des points qui ont été considérés comme essentiels jusqu'à présent51. La simplicité est le trait dominant de l'organisation architecturale de l'édifice, barlong et non oblong, sans orientation axiale de la salle constituée d'un espace rectangulaire de 575 m2 délimité par un péristyle de vingt colonnes, sans nef centrale à proprement parler puisque le déambulatoire ou peristasis (la « galerie périphérique »)52 ne dessine pas de nefs latérales53. Les portes d'accès, ouvertes sur les longs côtés, étaient au nombre de quatre54 : celle qui communiquait avec la « place méridionale », d'une largeur de 2,07 m, était installée dans l'axe vertical du monument ; la façade nord, ouvrant sur le forum en comportait trois. Les deux portes latérales est et ouest, de 2,15 m et 2,08 m, étaient placées dans l'alignement des petits côtés de la colonnade. L'entrée principale de 2,63 m, occupant dans l'intervalle la position axiale à l'opposé de l'entrée méridionale, était précédée de deux massifs barrant de chaque côté de la porte à deux battants le trottoir méridional non portiqué de la place. Bases ou piédestaux, il n'est pas possible, en l'absence de blocs ou sculptures autorisant une déduction quelconque, de se représenter ce que pouvait être l'aspect monumental de l'entrée55. Deux portes supplémentaires, plus petites, donnaient accès à l'étage : la première, en façade sur le forum était large de 1,02 m, l'autre, disposée à l'intérieur entre le mur ouest de la salle et l'escalier mesurait 1,175 m. Les marches, larges de 2,03 m, permettaient ainsi de monter à l'étage soit directement à partir du trottoir sud du forum, soit en empruntant le passage par la grande salle56.
Le monument de Belo se distinguait du « modèle » de Fanestris par divers traits. Vitruve énumère un certain nombre de règles qu'il faut relire concernant les basiliques dites « normales »57 :
« Le site de la basilique doit être adjacent au forum et être établi à l'endroit le plus chaud possible, afin qu'en hiver les hommes d'affaires (negotiatores) puissent s'y réunir sans avoir à supporter le mauvais temps. On n'établira pas leur largeur à moins du tiers ni à plus de la moitié de la longueur, sauf si la configuration du site l'interdit et contraint à changer et modifier les proportions. Si le site est plus développé en longueur, on établira les chalcidiques aux extrémités, comme dans la basilique Julia Aquiliana.
Il paraît nécessaire de donner aux colonnes des basiliques une hauteur égale à la largeur de leurs portiques. Le portique mesurera le tiers de ce qui est prévu pour l'espace central. On établira au niveau supérieur des colonnes plus petites qu'au niveau inférieur, comme il a été écrit plus haut. Il paraît de même nécessaire que le support placé entre les colonnades supérieure et inférieure soit d'une hauteur réduite du quart par rapport à celle des colonnes du niveau supérieur, de façon à ce que ceux qui se promènent à l'étage de la basilique soient invisibles pour ceux qui traitent leurs affaires (negotiatores) ».
Le positionnement de l'édifice de Belo obéissait au conseil formulé dans le traité. La notion d'endroit le plus chaud semble cependant relative ici : le caractère maritime et venteux du site impliquait que la basilique elle-même ait constitué un élément de protection contre l'humidité hivernale et les bourrasques violentes, les chaleurs de l'été lui conférant peut-être en outre un rôle d'abri rafraîchissant, ce qui était, à vrai dire, surtout le cas des basiliques « ouvertes »58. Le monument contribuait à faire du forum lui-même un lieu sous abri. Les proportions ne respectaient pas strictement la règle de l'architecte puisque la largeur était supérieure à la moitié de la longueur, mais la clause sur l'influence du site peut expliquer ce qui n'était qu'un léger décalage. La recherche de l'harmonie savante des proportions entre la hauteur des colonnes et la largeur de la galerie n'est pas davantage observée59 : celle-ci mesurait la moitié et non le tiers de l'espace central et la hauteur de la colonnade, d'environ 5,385 m ne suivait ni le rapport avec la largeur du déambulatoire ni avec les entrecolonnements60. On note également que la basilique possède normalement un étage, ce qui était bien le cas, et que le confort recherché était principalement celui des negotiatores dont la fonction ou l'occupation, comme nous le verrons61, ne se réduisait pas à celle de « commerçant ».
Vitruve complète la description d'une basilica en consacrant plusieurs paragraphes au monument de Fano62. Il y souligne une nouvelle fois l'importance de l'équilibre entre longueur de 120 pieds (un peu moins de 40 m) et largeur de 60 pieds (un peu moins de 20 m) d'un rapport de un à deux. Les portiques latéraux sont en terrasse et couverts d'un plancher mais l'architecte ne dévoile pas comment était conçu précisément l'étage, garde le silence sur l'escalier et son emplacement et ne définit pas la toiture63. En revanche, il intègre une abside ou exèdre rectangulaire dotée d'un podium ou estrade concave destinée à accueillir le tribunal et ce qu'il appelle Vaedes Augusti. Comme le note C. Saliou64 : « Le plan de la basilique de Fano est donc caractérisé par l'association d'un corps principal barlong, emboîtant un rectangle intérieur délimité par des colonnes65, et d'une sorte d'exèdre hors oeuvre surélevée, formant tribunal ... Le tribunal de la basilique de Fano se confond, d'après Vitruve, avec un espace consacré à Auguste ». Il est observable que la basilique de Belo ne correspond ni à l'un ni à l'autre des types énumérés par Vitruve. Malgré des traits se rapprochant de la construction de Fanestris, il n'y avait, ni tribunal, ni exèdre, ni aedes Augusti. Ni le monument de Pompéi ni celui d'Herdoniae ne fournissent non plus le modèle et à Glanum la façade sur la place, les bases des colonnes et les chapiteaux, l'accès à l'étage non préservé, la scénographie ne sont guère comparables. Comme l'indiquent C. Ney et J.-L. Paillet66, le monument basilical de Belo, offrait sous de nombreux rapports des traits inclassables qui suggèrent qu'en la matière aucun monument n'était exactement semblable à un autre, ne serait-ce qu'en raison de l'environnement et de la chronologie, c'est-à-dire de l'histoire. Il est également remarquable que la curie ou salle de réunion des décurions, occupant le milieu du côté ouest de la place, n'ait été en relation directe ni avec les temples ni avec la basilique malgré ce qui avait été écrit67.
b. Un lieu complémentaire de l'administration municipale
Entre la mention des negotiatores et de l'aedes Augusti évoqués par Vitruve, la basilique a été perçue comme un forum couvert, prolongement de la place en aire ouverte, consacré aux affaires au sens large mais surtout commerciales, et comme un espace exprimant la subordination des activités publiques, notamment judiciaires, au pouvoir du prince objet d'un culte68. L'idée essentielle est celle d'une évolution traduite par le monument vitruvien de Fano conduisant à ce que J.-M. David a appelé « la surdétermination par le contexte architectural »69, c'est-à-dire à une restriction de sens par l'accentuation symbolique de la légitimité sacrée de la personne impériale garante de l'ordre et de l'harmonie et maîtresse du pouvoir.
Avant de proposer un bilan raisonné, il est nécessaire de reprendre un inventaire des matériaux documentaires. Comme il a été déjà dit, la surprise tient à l'absence de tribunal et à la relative fermeture du bâtiment devenu autonome, opposant au forum désormais la solennité relative de sa façade et de sa porte ornementée, et relié à la « place méridionale » par un seul passage ménagé dans un mur dont on ne sait s'il était aveugle ou non. Les observations tirées de l'étude architecturale contribuent efficacement à mieux faire connaître l'ordonnancement de l'espace intérieur70. Avant toute chose, la grande salle paraît conçue comme un lieu de réunion doté d'une galerie de circulation périphérique autorisant l'activité simultanée de divers groupes de personnes71. Le rôle de l'étage et de ses galeries à l'air libre ou non n'est pas définissable en l'absence de certitudes sur ces questions72. Les trois pièces sous l'escalier, auxquelles on n'accédait seulement par la porte basse donnant sur la ruelle occidentale, ne peuvent pas se prêter non plus à une conclusion ferme : entre des cellules pour prisonnier dont la solution paraît édictée par la fonction judiciaire de l'édifice et des caves ou soupentes permettant de remiser du matériel, il n'est pas actuellement possible de choisir73. L'axe de circulation intérieur, constitué par la ligne joignant la porte méridionale et l'entrée principale du mur en façade sur la place, n'avait d'utilité réelle que si les portes étaient laissées ouvertes ou non fermées à clef. En revanche, l'existence de bancs latéraux au nombre de six, localisés deux à deux dans les murs est, ouest et sud sous forme de renfoncements de 0,33 à 0,33 m et d'une tablette de marbre de 0,07 m d'épaisseur, située à une hauteur de 0,47 m du sol, indiquent la confection de banquettes qu'il serait hasardeux de confondre avec des haltes pour promeneurs fatigués, même si le calcul, sur la base d'une largeur de 2,36 m, aboutit à quatre personnes simultanément74. Une deuxième catégorie de panneaux en creux, beaucoup moins profonds et d'une largeur de 2,07 m, est disposée différemment : on en compte deux sur chacun des longs murs et un en position axiale sur les petits côtés. Il pourrait s'agir de lieux d'affichage ou de fixation au mur de règlements75.
En dehors de ces aménagements, la basilique comportait différentes bases de statue76. Leurs traces ont été conservées en plus grand nombre que sur le forum et l'ornement statuaire de la grande salle était dans son dernier état relativement complexe. L'entrecolonnement des colonnes XII et XIII conservait encore plusieurs assises d'une base qui, au moment de l'effondrement du bâtiment, supportait toujours une statue de Trajan taillée entièrement dans un marbre d'Almadén de la Plata77. On recense quatre autres emplacements ou restes de bases devant la colonne VIII, dans l'axe médian de la colonne d'angle XI et, symétriquement par rapport à la statue impériale centrale, une base plus grande dans l'axe médian de la colonne d'angle XIV, une dernière enfin entre les colonnes XV et XVI. En revanche, retrouvée en surface, la statue féminine acéphale également en marbre d'Almadén de la Plata d'une hauteur conservée de 1,74 m, ce qui laisse supposer, avec la tête rapportée, une hauteur d'environ 2 mètres78, ne peut pas être rangée d'emblée au nombre des effigies qui ornaient la basilique. Le vêtement et la longueur du balteus tombant du bras, le format supérieur à la taille humaine suggèrent une divinité ou une impératrice plutôt qu'une matrone honorée sur la place du forum79. Dans ces conditions, un doute subsiste sur l'emplacement originel sachant que le traitement simplifié du dos indique probablement que la statue était placée contre un mur ou une colonne dans une niche ou sous un portique. La position sur le ventre au moment de la découverte, la cassure en deux morceaux jointifs font penser surtout à un acte volontaire d'abandon et donc à une origine extérieure à partir d'une localisation assez peu éloignée, ce qui ne favorise pas, dans le contexte monumental, l'identification à une divinité80.
L'épigraphie n'est pas d'un grand secours. Cinq inscriptions seulement proviennent de la basilique81. Elles sont toutes fragmentaires et ont été trouvées sauf exception hors stratigraphie. Le n° 57, identifié comme un fragment très modeste d'une éventuelle titulature impériale, ne saurait être rattaché au piédestal de la statue de Trajan dont la plaque inscrite, en marbre très probablement, apposée sur la base a été récupérée, brisée et livrée sans doute ensuite à un four à chaux. Le n° 18 se rapporte à une dédicace sur plaque de marbre dont l'auteur serait un Cornelius Silanus. Découvert dans le niveau d'effondrement de l'édifice, il convient de lui attribuer une origine externe vraisemblablement. Si l'on se rapporte à l'Annexe des hommages adressés en Bétique à Trajan82, il est notable que toutes les dédicaces sont dues à la communauté locale et non à des initiatives individuelles et, à ce titre, privées ou liées à l'obtention d'un honneur. Les fragments de bronze portant les n° 8 à 10 ont été trouvés dans le secteur des fabriques de salaison (n° 8) et dans le portique ouest du forum près de l'angle nord-ouest de la basilique (n° 10). Ils confirment les destructions dont ils firent l'objet dans le but de récupérer le métal et dissuadent de faire de la basilique un lieu d'affichage désigné des règlements et documents sur bronze. Le tabularium conservait les doubles des copies. Il constitua également une source possible pour ces fragments métalliques. Leur découverte rappelle simplement que la vie locale était encadrée par la loi que nul n'était censé ignorer.
La communis opinio attribue volontiers la construction d'une basilique à la générosité d'un évergète. En dehors de Rome, il est très rare que les monuments publics portent une épithète rappelant la personne ou la famille à l'origine de la décision. Parmi les exemples, peu nombreux, de basiliques associées à des documents à caractère évergétique, aucun ne fait état d'une donation privée. Les libéralités personnelles concernent uniquement des améliorations, des ornements et des embellissements. Il est notable également que les hommages à Trajan (Annexe), où qu'ils aient été installés ensuite dans le centre monumental ou dans un lieu public autre, l'aient été aux frais de la communauté et à l'initiative de l'ordo local. Les ouvrages urbains à caractère public dépendirent en grande majorité des instances municipales sous le contrôle des décurions qui avaient la responsabilité des finances (Vaerarium), de la surveillance et de l'entretien des bâtiments et de l'utilisation du sol public. Il est donc très vraisemblable que les décisions de faire élever la statue de Trajan dans la basilique, la commande du piédestal et de la sculpture selon le modèle retrouvé, la prise en charge des travaux aient résulté d'une initiative officielle qui se traduisit par un décret dont les termes exposaient les motifs, décrivaient l'effigie, précisaient la forma ou texte de l'inscription83. Le dédicant fut donc ou la communauté des Baelonenses ou le municipium Claudium Baelonensium. Les motifs manquent ainsi que la date. Même si l'échantillon conservé des dédicaces à Trajan privilégie statistiquement la fin du règne entre 114 et 117, la certitude que des hommages plus précoces existèrent interdit de placer le monument de Belo dans une tranche chronologique plutôt que dans une autre84. Des circonstances variées étaient à l'origine de ces hommages aux empereurs : anniversaire de naissance (dies natalis), anniversaire de l'avènement (dies imperii), remerciements pour des bienfaits (Annexe, n° 2), voeux pour une victoire ou une expédition, etc. L'initiative locale donnait lieu parfois à une ambassade à Rome même pour informer l'empereur et obtenir son accord85. Le choix de la basilique pour l'hommage à l'empereur soulève des questions plus complexes sur lesquelles il nous faudra revenir.
c.Une salle sans tribunal ?
Le bilan documentaire est relativement maigre et, jusqu'à un certain point, n'en dit guère plus que le bref passage de Vitruve à propos de l'édifice de Fano86 :
« Il en est de même du tribunal qui se trouve en ce temple et dont la forme incurvée figure un hémicycle tronqué ; l'ouverture de cet hémicycle est de quarante-six pieds en largeur, la profondeur de sa courbure est de quinze pieds, en sorte qu'entre ceux qui se trouvent devant les magistrats et ceux qui traitent leurs affaires dans la basilique il n'y ait nulle gêne ».
La basilique n'était pas un lieu du gouvernement à proprement parler. Elle était censée abriter les activités des citoyens et des étrangers de passage et garantir la protection judiciaire de ceux qui la réclamaient. Le vocabulaire de Vitruve attire l'attention : il parle de negotiantes après avoir utilisé précédemment negotiatores ; il indique que les justiciables ou les plaignants se trouvaient apud magistratus et non apud iudices. Il laisse entendre que l'activité judiciaire est venue se greffer sur les transactions des negotiatores plutôt que l'inverse. Les negotia et les negotiatores ou negotiantes, termes dérivés du verbe negotiari, suscitent des débats et des mises au point régulières en raison d'un champ sémantique large, source de diverses ambiguïtés87. Negotians, plus rare, est très vite devenu synonyme de negotiator, lequel indique une spécialisation professionnelle au service de l'économie. Il faut imaginer très certainement que la basilique hébergeait principalement la part « noble » des échanges : les ventes aux enchères, les adjudications des travaux publics ou privés, les livraisons de nourriture en étaient un aspect. Les negotiatores y accomplissaient leurs transactions, négociaient cargaisons et transport, partage des bénéfices, calendrier des livraisons, etc. Les changeurs et banquiers devaient être également présents dans le déambulatoire, facilitant les changes éventuels et surtout les dépôts et les prêts à intérêt88. Les affranchis remplaçaient ou représentaient sans doute le patron au cours des négociations et des prospections visant à déceler les bonnes affaires. Il ne leur était pas interdit de s'engager aussi pour leurs affaires personnelles.
Negotia et justice n'avaient pas partie liée par définition. Il s'agissait davantage d'activités publiques courantes qui s'étaient longtemps déroulées en plein air mais qui obéissaient à des règles fixées ou adoptées par l'autorité politique locale. La basilique permit à la justice d'être soustraite aux nuisances et aux attroupements du forum. L'activité publique - les negotia au sens large - et donc la justice était soumise à un calendrier d'origine religieuse qui en limitait l'exercice aux jours dits fastes. Des considérations d'ordre religieux présidaient de la même manière à la détermination des jours appelés « néfastes » auxquels s'ajoutaient certaines fêtes (feriae). Les périodes d'élection suspendaient également les procès et les tribunaux. Rien n'interdit de penser que l'édifice était ouvert au public pour s'abriter ou s'y promener en particulier à l'étage lors des fêtes et à l'occasion des cérémonies publiques au forum. L'usage de magistratus par Vitruve introduit une ambiguïté. Le magistrat, c'est-à-dire l'édile ou le duumvir, disposait du pouvoir (potestas) de juridiction mais ne tenait pas obligatoirement le rôle du juge : dans la basilique, il préparait le plus souvent les procès avec les parties en cause, fixait les règles de droit et la catégorie des juges adaptée au litige si une autre forme d'accord n'était pas envisageable ou possible. Il est théoriquement admissible que la basilique ait permis d'accueillir solennellement en certaines circonstances le proconsul de la province résidant à Cordoue ou son légat : nous n'en avons aucune attestation et le petit municipe de Belo n'avait pas le statut de ville d'assises réservé aux chefs-lieux de conventus, en l'occurrence Gadès où les Baelonenses devaient, comme le dit par ailleurs Pline l'Ancien qui ne juge pas utile de les citer à cette occasion89, se rendre pour plaider en cas de nécessité.
La basilique des Béloniens, à la différence de celle de Fanestris, ne renfermait pas un tribunal permanent, intégré aux structures de l'édifice et constitué d'une estrade surélevée ou podium dont la forme variait et n'était pas toujours en hémicycle. La localisation axiale de la statue de Trajan entre les deux colonnes médianes du petit côté ouest évoque en revanche un lien entre Auguste et le tribunal chez Vitruve90. Rapprochées de l'emplacement d'autres bases symétriques, il est logique de proposer à son pied l'installation d'une estrade amovible en bois. La signification politique et symbolique de cette scénographie intérieure était évidente pour tous. La personne impériale était garante de l'autonomie locale fondée sur la concorde des citoyens. En revanche, l'empereur d'Italica, placé parallèlement au capitole, ne regardait pas vers l'aedes Iouis mais lui montrait son profil, ce qui en modifiait assurément la portée politique et symbolique91. Pourquoi, en ce cas, Trajan et non Auguste, Claude ou même Domitien ? Il n'y a aucune explication définitive mais certaines données peuvent être exclues92. Rien n'autorise à affirmer que le corps mis au jour appartenait à un autre empereur, en particulier Claude, comme il n'est pas prouvé que la réfection de la tête à partir d'une tête de Domitien ait signifié que l'empereur flavien y avait précédé Trajan93. Les observations archéologiques, le type de la statue, la présence d'une inscription élevée pour l'occasion invitent à penser que le monument fut entièrement conçu pour l'hommage à l'empereur d'Italica94. Il n'est bien sûr pas exclu en théorie qu'une figure impériale antérieure ait occupé la salle voire le même emplacement, ce qui n'est pas non plus obligatoire. Il est probable, cependant, que la cité de Baelo Claudia avait obtenu, peut-être même en relation directe avec la basilique, un beneficium de Trajan dont la réputation d'empereur excellent (optimus), sanctionnée par la consecratio finale scella le destin dans la basilique, lieu de iustitia et de concordia plutôt que de pietas.
La notation de Vitruve sur l'aedes Augusti était intégrée à un contexte historique précis, celui de la mise en place de la maiestas d'Auguste au cours des premières années de son pouvoir, accompagnée officiellement de la mise en avant de son Genius supérieur à celui du commun des mortels. Cette « pièce » n'était pas un lieu religieux, un templum, mais un locus non consacré, une demeure abritant une effigie impériale et non un dieu95. La statue n'a pas été choisie au hasard et transmet un message original qui n'évoque ici ni le Genius ni le culte impérial, car il s'agit de l'Auguste vivant dont la personne était certes sacrée mais non l'objet d'un culte permanent. L'empereur magistrat, en toge, portant dans la main gauche sans doute un rouleau, incarnait le respect du ius et la iustitia fondée sur la concordia et le consensus omnium. Au lieu de la capsa censée contenir les archives ou les volumina, normalement placée à la gauche du personnage, une cornucopia est représentée, non pas portée sur le bras gauche mais disposée au pied de Trajan, à droite. La corne d'abondance symbolisait la prospérité et le bonheur ce qui évoque l'agriculture, l'âge d'or, mais aussi les affaires (negotia), les échanges, le commerce et rappelle la première fonction de la basilique. Le caractère sacré de la personne impériale n'impliquait en rien que toute image ou représentation signifiât évocation du culte impérial, à plus forte raison du vivant de la personne impériale96. Celui-ci, outre qu'il n'était que la part auguste du culte public romain, n'était pas séparable des honneurs à Jupiter97 et aux autres grandes divinités protectrices de Rome. Ce n'est pas devant la statue de Trajan qu'étaient effectuées les prières et les offrandes inséparables de l'exercice des activités engageant la communauté tout entière dont la justice constituait une part. Trajan ne faisait pas face en l'occurrence, nous l'avons dit, à Jupiter protecteur de Rome mais semblait communiquer par son regard et sa majesté sa « force tranquille » à la salle.
La basilique de Belo n'avait pas été programmée pour exprimer on ne sait quelle concurrence avec les lieux d'exercice du pouvoir municipal qu'étaient la curie, les locaux réservés aux duumvirs et aux édiles et à plus forte raison les temples. Malgré J.-Ch. Balty, la basilique n'était pas à proprement parler une salle de réunion des magistrats et anciens magistrats et l'association à une curie tenait à d'autres motifs, Vitruve n'évoquant jamais cet aspect98. La taille d'un monument n'était pas obligatoirement le signe d'une supériorité hiérarchique ou symbolique. Les règlements municipaux tels que celui d'Irni permettent de replacer l'activité judiciaire dans le contexte de l'autonomie municipale. Sous cet éclairage et seulement là, le pouvoir judiciaire local y apparaît comme limité et soumis au contrôle du gouverneur provincial, ce que reflètent les amendes et les niveaux des peines infligées par les instances locales compétentes99. La basilique témoignait seulement que l'exercice de la justice était un élément de la liberté des citoyens et qu'elle était administrée conformément à leurs intérêts. Il n'y avait donc pas d'emplacement prédéterminé de l'édifice en fonction d'un langage politique codé et structuré. Ce n'est qu'en fonction d'une disposition définitivement arrêtée du centre monumental que, comme les autres édifices municipaux, la basilique participait, avec des significations variables, à la mise en scène des rapports de pouvoir au sein de la communauté.
3. BASILIQUE ET COMPOSITION URBAINE
Insérée dans le centre monumental dont elle s'est avérée formellement et structurellement à la fois autonome et solidaire, la basilique revêtit une fonction architecturale et politique précise au coeur de la ville ou oppidum. Sa place, son volume, son environnement monumental sont autant de traits qui composent une histoire écrite à l'aune de celle du municipe, qu'elle peut peut-être contribuer à illustrer mieux que d'autres constructions publiques sur plusieurs points, en incitant à mieux cerner les contextes et les ambitions des citoyens de Belo.
a. Un monument pour une petite cité municipale100
L'édifice mesurait, 35,83 x 19,95 m hors oeuvre, soit 714,80 m2. Parmi ceux de dimensions voisines mais non identiques, on recense Cosa101, Ardea102, Herdoniae103, Sagonte104, Valeria105. Les basiliques d'Ampurias106, Bilbilis107, Cluniaws, Pompéi109, Tarragone110 avaient une surface bien supérieure. Conimbriga, étonnamment étroite, occupait une superficie sensiblement moindre111. Le tableau de C. Saliou112 intègre le rapport longueur/largeur qui se situe pour les vingt-cinq exemples retenus entre 1,32 à Cosa et 4,65 pour la basilica Paulli (ex Fuluia) sans les tabernae et les portiques. Le rapport moyen est de 2,1 et correspond à la basilica Iulia du forum romain, celui de la basilique de Fanestris s'élevant à 1,54. Belo est le seul monument dans la tranche 1,8 et la fourchette entre 1,6 et 2 ne comporte, outre celui du municipe claudien, qu'Ardea. Tous les exemples inférieurs à 2 ne dépassent pas 50 m en longueur, sauf Fano avec 50,32 m et sont, en dehors d'Ardea et d'Herdoniae, sous la limite des 40 m. Les taux calculés à Sagonte et à Valeria s'établissent respectivement à 2 et à 2,3. Sans qu'il y eût une règle stricte, il est notable que les taux les plus importants tiennent dans l'ensemble à la longueur supérieure à la moyenne de l'édifice, soit au-delà de 45 m et souvent de 50 m, les deux basiliques de l'Vrbs, longues de 93 et 107 m, faisant figure d'exceptions. La dimension courante paraît correspondre à une longueur comprise entre 30 et 45 m associée à une construction peu étirée113. Par ailleurs, le monument de Baelo obéissait à un modèle répandu d'ordonnancement de la colonnade intérieure, la forme des bases pouvant varier cependant. La combinaison de quatre colonnes sur les petits côtés et de huit sur le long côté pour un total de vingt colonnes se rencontre le plus fréquemment dans des salles d'une longueur comprise entre 29 (Saepinum) et 50 mètres (Fano)114. Le rapport entre longueur et largeur n'influait pas non plus sur la formule retenue pour la colonnade : Saepinum, Herdoniae, Roselle, Baelo, Valeria, Ruscino dont les coefficients variaient de 1,6 à 2,5 en témoignent.
Chronologiquement, il n'y a pas d'évolution linéaire qui signifierait que les monuments les plus anciens auraient comporté certaines caractéristiques internes et auraient été plus modestes ni qu'il y ait eu, avec le temps, une tendance affirmée à l'augmentation des dimensions et des volumes. Un dernier élément mérite d'être signalé, évoqué par A. Nünnerich-Asmus mais non par C. Saliou : la relation objective entre les dimensions du forum et celles de la basilique. La basilique dans le contexte de la place et des constructions adjacentes attirait a priori l'attention par son format supérieur à celui de beaucoup d'autres monuments voisins. Elle occupait surtout, selon les règles suivies par les architectes anciens, un volume plus ou moins imposant dans le paysage monumental du centre politique de la ville municipale. Toutefois, la visibilité à volume égal dépendait aussi du choix de la localisation autour du forum et de l'environnement monumental. Il est évident que les disponibilités offertes par le site et les choix des élites locales jouèrent dans un sens ou dans l'autre : Baelo Claudia ne pouvait ni sur le plan topographique ni sur le plan historique rivaliser avec Pompéi ou Vérone. Plus la place était étendue plus la basilique avait tendance à occuper un espace supérieur aux dimensions moyennes exposées ci-dessus (Ampurias, Aquilée, Bolsena, Clunia). Pourtant, le rapport fondé sur les longueurs de la place et du monument était fluctuant comme le signalent les exemples de Luni (80/60), Aquilée (115/89,20), Ardea (120/45,80), Clunia (160/83), Valeria (86/43,80), Vérone (168/40)115.
Dans la mesure où de nombreux monuments ne sont restituables qu'en plan, étant entendu que celui-ci est parfois incomplètement conservé sur le terrain, les hauteurs des colonnades et la configuration exacte des parties hautes n'étant pas connues, il est difficile de se faire une juste idée et de l'élévation tant extérieure qu'intérieure et des volumes comparés des édifices, qu'il s'agisse des autres bâtiments publics du forum ou des basiliques de cités extérieures éloignées ou proches. À Belo, dixsept des vingt bases des colonnes du premier ordre ont été trouvées in situ et dix-neuf enregistrées pour dix-neuf chapiteaux d'ordre ionique à base attique116. Grâce aux tambours jointifs effondrés, notamment ceux de la colonne XI, la hauteur de la colonnade de la salle a pu être évaluée à 5,385 m117. Il faut très probablement ajouter un entablement en bois d'une hauteur de 1,29 m et exclure des arcs. D'un point de vue théorique, en respectant les proportions idéales entre premier et second ordre, la colonnade de l'étage est évaluée ou à 3,447 m ou, suivant un mode de calcul différent, à 4,039 m. C. Ney et J.-L. Paillet préféreraient la solution d'un rapport légèrement supérieur aux deux-tiers mais les arguments, surtout météorologiques, ne sont pas, nous l'avons dit, absolument décisifs. En outre, il ne serait pas certain que les deux colonnades aient été superposées118. Quoi qu'il en soit, il s'agit seulement, à ce stade, d'évaluer de manière approximative ce qu'était la masse volumétrique moyenne du bâtiment et la hauteur du faîte de la toiture. Il ne semble pas disproportionné de tabler sur une hauteur à partir du sol d'au moins douze mètres, soit autour de 2,5 fois la largeur du portique périphérique de la salle hypostyle119.
Comme le rappelle P. Gros, il n'y a pas d'attestation de basilique avant l'époque augustéenne dans les provinces occidentales120. La basilique de Pompéi, datée du IIe siècle avant J.-C., offre un exemple précoce, en Italie, mais d'une typologie et d'une conception un peu différentes, semble-til121. Outre la question chronologique, les types de couverture du déambulatoire en appentis ou à l'air libre, la visibilité ou non vers l'intérieur de la salle, la configuration de l'étage accessible ou non par un escalier offraient des combinaisons variées qui défient la comparaison, ce que confirme l'ambiguïté des solutions admissibles architecturalement sur ces points pour la basilique de Belo. Il faut, en outre, tenir compte de ce que la place du forum de Baelo Claudia n'était en réalité bordée que de deux portiques parallèles, ouest et est, sachant que le côté nord était conçu de telle sorte qu'une porticus forensis en Π n'y était pas concevable. C'est certainement par souci de symétrie et d'équilibre que les bâtisseurs ont fait l'impasse sur un éventuel portique au sud en avant de la basilique, lui préférant un trottoir et une entrée principale visant à mettre la façade, sans doute un peu sévère, en valeur. Au moment de l'installation de la basilique claudienne, le lien entre basilique et portique s'était distendu et l'étage, même en terrasse à l'air libre, n'avait sans doute pas pour objet de réintroduire en façade une forme de colonnade rappelant celle des portiques122.
La notion de monumentalité apparaît, à l'analyse, comme relative et ne renseigne pas sur l'utilité ni l'usage d'espaces sans destination directement perceptible architecturalement, qu'il s'agisse de la salle rectangulaire ou des structures étagées caractérisées par une construction en lanterneau destinée à laisser passer la lumière et à éclairer les parties hautes. L'épais sol en opus signinum, comparé à d'autres revêtements dallés en marbre ou en calcaire, semble correspondre à une conception surtout pragmatique de l'entretien quotidien du bâtiment et de sa conservation en état de fonctionnement acceptable en prévision des jours d'ouverture pour quelque motif que ce fût. La sobriété du décor semble avoir été la règle également dans la basilique de Belo. Comme le montre la statue de Trajan, le marbre blanc et les placages n'étaient pas absents, ce que confirment aussi les « banquettes » ou les encadrements des niches intérieures. Cependant, les chapiteaux ioniques conservés et quelques bases indiquent que le travail de finition avait été confié au stuc ce qui laisse supposer que le stuc revêtait également les murs intérieurs, au moins les parois construites en calcarénite bleue et plus vraisemblablement la totalité de la structure bâtie123. Les chaînages en calcaire coquillier ou en calcarénite jaune ne devaient pas être apparents. Il en allait de même à l'extérieur si l'on en juge d'après les vestiges de stucage ayant livré sur le petit côté est, le long de la ruelle, une inscription sous forme d'un graffiti124. Rien ne permet d'affirmer que les monuments étaient passés au lait de chaux ni qu'ils étaient protégés des intempéries et du soleil à l'aide d'une autre technique jugée plus efficace ou plus satisfaisante125. Les fragments de marbre numidique ou de stuc peint rencontrés lors de la fouille dans la couche recouvrant le sol126 proviendraient de l'intérieur de la basilique dont le décor interne était certainement sobre et exhalait un parfum d'austérité. Ici pas de marbres multicolores, pas de bases de colonne en marbre aux veines sombres ou rosées, pas de jeu sur le dallage dont la géométrie en damier et en losange imitât les caissons d'un plafond.
Le monument de Belo n'atteignait pas la dignitas et la uenustas dont s'enorgueillissait Vitruve pour sa basilique (virtuelle) de Fanestris. Ni imposante par ses dimensions, ni luxueuse, ni caractérisée par des audaces architecturales, la basilique de Baelo Claudia offrait un cadre finalement moins spacieux (525 m2) que beaucoup d'autres et peu hiérarchisé, dont le rôle était d'accueillir un public plus ou moins large souhaitant non pas déambuler ou se promener comme sur la place du forum dont l'édifice était désormais séparé au prix de ce que P. Gros a appelé une « conversion vers l'intérieur »127. L'idée de « place publique couverte » ne convient donc pas davantage. Il est difficile de définir l'image d'ensemble qui se dégageait à l'extérieur et à l'intérieur : les proportions ne devaient pas être particulièrement harmonieuses et équilibrées ni élégantes. J.-L. Paillet avance même l'idée d'un bâtiment trapu. Comme le souligne C. Saliou, « l'heureuse répartition des masses » et l'impression d'élévation et de hauteur naissait pour Vitruve, une fois à l'intérieur de la salle, de l'absence de plafond interdisant de porter le regard jusqu'aux combles et au faîte non perceptible de la place. En l'absence de difficultés d'identification et de complexité du plan observable ailleurs, la basilique de Baelo Claudia soulève surtout un problème de reconstitution en élévation que les comparaisons ne peuvent pas aider à résoudre pleinement128. Dire que Glanum est le modèle le plus proche de Belo n'est pas sans risque d'erreur au terme de l'analyse129 : l'élévation proposée pour l'édifice de la petite cité latine de Narbonnaise dont les assises conservées sont maigres est en partie fondée sur des hypothèses et ce n'est qu'à partir de cette solution jugée recevable qu'est proposée la possibilité d'une conception identique à Baelo, ville maritime aux bords de l'Océan, ce qui n'est pourtant pas le cas de Glanum130.
Chaque monument pris isolément est un défi scientifique et méthodologique pour qui veut mesurer ce qu'il a pu représenter et exprimer. La « monumentalité » est, en outre, une notion relative et en partie subjective. C'est pourquoi, une juste évaluation passe in fine par un jeu de miroir et, si l'on veut, la mise en scène monumentale par lesquels l'édifice s'intégrait localement et nulle part ailleurs. Comment déchiffrer les correspondances et les liens entre bâtiments publics au centre d'une petite ville municipale des rives du Détroit qui était à sa manière un « bout du monde » ?
b. Harmonie, équilibre, hiérarchisations
Il est devenu presque habituel de regarder le forum de Baelo Claudia comme un modèle de forum fermé dont l'origine remonte à la fin de la République et au début de l'Empire. Le schéma qui aurait présidé à l'aménagement du centre monumental semble être celui d'une place portiquée et close dominée dans le fond, en avant d'un des petits côtés, par un temple et barrée de l'autre par une basilique monumentale131. L'idée qui prédomine dans cette perspective est celle de la prééminence croissante du religieux au diapason ou sous la pression, on ne sait, du culte impérial vecteur de la puissance et de la supériorité de Rome132. La basilique devait son positionnement au choix d'une formule tirant profit de sa masse, imposante par définition, plus qu'à sa dimension politique et constituait un instrument naturel d'équilibre architectural des volumes renforçant l'impression d'ordre, de dignitas et de paix. Cette analyse paraît confortée par l'adjonction précoce de curies intégrées ou attenantes à la basilique133 : la personne de l'empereur et le culte impérial symbolisaient le rassemblement des citoyens autour du maître de Rome, protecteur de l'Empire et protégé des dieux par l'effet de sa pietas et de ses vertus incomparables. L'ordonnancement voulu est dans cet esprit guidé par l'idéologie et suit les bonnes règles romaines du seul Vitruve134. Le forum augustéen respectait de même à Conimbriga les trois fonctions hiérarchisées, religieuse, politique et commerciale, d'où la justification d'une basilique135. La place flavienne de l'oppidum, objet d'une nouvelle « révolution » urbaine, restituée par J. Alarcäo et R. Étienne finit par gommer tout ce qui ne magnifiait pas l'empereur et sa majesté au point d'imiter les forums impériaux136.
Sous les pierres qui ne parlent pas seules, l'histoire ... Ce dont il s'agissait, et qui est toujours d'actualité, participait de la glorification de Rome capable, avec le temps, de convaincre et de séduire les provinciaux par ses villes monumentales transformées sans exclusive en petites Rome. L'exaltation de la Ville et de sa puissance est une tendance lourde de l'archéologie et de l'histoire de l'art pour des raisons qui ne sont pas toutes de bonnes raisons qu'il n'y a pas lieu d'expliciter ici. Les notions modernes de « propagande », d'idéologie, de culte impérial comme instrument exclusif de domination déforment assurément la perception qui est la nôtre des villes et des architectures romaines, ne serait-ce qu'en les limitant à un message supposé et donc en l'appauvrissant. C'est avec les seuls yeux du curieux désintéressé qu'il faut, au contraire, tenter de décrypter le paysage monumental susceptible de faire mieux comprendre ce que finit par signifier la basilique, indépendamment d'un discours préétabli qui ne pouvait pas ignorer la réalité locale, ses contraintes et ses limites. il n'est bien sûr pas question de nier les articulations symboliques et spatiales entre les monuments du forum ni de récuser la hiérarchisation bien établie des pouvoirs religieux, politique et commercial137. Le fait que le centre monumental de Belo ne puisse pas être considéré comme modélisable n'est pas contradictoire avec la constatation qu'il nous propose pour le moment un des exemplaires parmi les plus complets dans les provinces occidentales de l'Empire romain138.
Le forum de Baelo Claudia, comme la basilique, reproduisait des formules plus anciennes de mise en ordre des espaces fonctionnels dans le contexte d'un forum fermé. L'urbanisme en est cohérent et était conçu pour s'adapter à un réseau quadrillé de rues. Le centre monumental compact se situe en effet au nord du decumanus maximus reliant les deux portes est et ouest et jouxte le cardo principal prolongé par la rue à colonnes, les deux axes se croisant à l'angle NE de l'insula du forum. Du côté ouest et nord les deux rues, cardo occidental et decumanus nord, délimitent l'espace sur lequel ont été installés les temples et des constructions voisines encore non identifiées, dont le lien avec les sanctuaires n'est pas perceptible en l'état actuel des recherches. L'ensemble, qui inclut le macellum au sud-ouest est contenu dans un grand rectangle de près d'1,5 ha dont la place dallée occupe approximativement le centre. L'espace public officiel représente ainsi un peu plus du dixième de la superficie totale de la ville intra muros évaluée à environ 12 ha139. Outre l'existence d'un axe longitudinal triparti déjà mentionné et composé des temples et de leurs abords, de la place et de la basilique prolongée par une esplanade méridionale bordée de constructions sur ses deux côtés ouest et est, l'espace public ainsi organisé combinait les trois entités ou institutions jugées socialement utiles et indispensables à l'existence même d'une communauté pacifiée et policée : au nord les dieux, à l'ouest les dieux et les pouvoirs civiques épaulés au sud par la basilique judiciaire ouverte aussi aux negotiatores, à l'est les boutiques dont l'activité fut modifiée par la construction postérieure du marché à viande et au poisson. Des inconnues existent encore dans le tableau et la domus au sud des boutiques, prolongée par le bâtiment détecté au sud-est en arrière de la basilique pourrait ajouter une note inédite à l'ensemble.
L'emplacement des temples avait été soigneusement étudié, conformément à l'enseignement de l'architecture du temps dont le principe, en ce cas, dérivait certainement du schéma romain ancien selon lequel le temple de Jupiter avait été installé sur la colline du Capitole en surplomb du forum du peuple romain140. Les trois cellae établies sur leur podium formaient à Belo un « capitole » selon les éditeurs, ce qui exclut un temple dit du culte impérial dont l'existence individualisée, nous le reverrons, n'était pas une nécessité. Comme il a été écrit, divers éléments et comparaisons militent en faveur d'une telle identification141. Les temples haut perchés sur la terrasse exprimaient la domination des dieux comme patrons et protecteurs privilégiés de la communauté municipale. Les divinités n'étaient pas indifférentes. Jupiter présidait aux destinées de la res publica des Romains. Il attestait le lien étroit qui unissait religieusement les Béloniens et la cité caput de l'Empire, l'Vrbs gardienne de la paix et de l'autonomie locale. Sans qu'il faille invoquer obligatoirement le précepte vitruvien, il est incontestable que les dieux surveillaient efficacement les espaces urbains tout en offrant aux voyageurs arrivant par terre ou par mer une visibilité rassurante et favorable. Le temple d'Isis occupait l'espace libre de l'esplanade à l'est du capitole dès les années 60-70. Sa présence ne saurait surprendre dans une ville maritime à une époque où le culte, même marqué par ses origines égyptiennes, avait été intégré à la religion publique de la cité, illustration parmi d'autres de sa vitalité en Occident sous l'Empire142. L'analyse métrologique établit que l'aire cultuelle englobait le gradin hébergeant la fontaine et la tribune aux harangues flanquée à l'ouest et à l'est d'un sacellum, s'il s'agit bien de cela143. Il y eut quelques réaménagements signalés par le décalage entre l'axe de la fontaine et celui de la tribune. Quoi qu'il en soit, les demeures des dieux occupaient l'esplanade nord et la terrasse, située à l'avant en contrebas, était le lieu de la parole politique subordonnée à l'accord divin.
La difficulté du schéma triparti tient à l'exclusion qu'il implique de la plupart des instances de décision dans la cité. Le forum de Belo montre qu'il n'y avait de solution que locale. L'entrée principale et pour ainsi dire unique sur la place était située à l'ouest entre ce qui était, nous l'avons vu, la curie et un deuxième bâtiment, plus petit mais de plan semblable, correspondant sans doute ou à une salle des magistrats ou à une schole de collège. Cet agencement n'est pas le plus fréquent et, tenant compte de l'emplacement du macellum, des boutiques et d'autres constructions situées sur le portique ouest, il est visible que le souhait de tout regrouper dans un minimum d'espace se référait à une tradition ancienne étrangère aux forums impériaux : les exemples qui viennent à l'esprit sont Pompéi, Sagonte, Herdoniae. Aucun n'offre exactement la même physionomie et la basilique n'évoque pas celle de Belo. Cela est d'autant plus vrai que la basilique de Baelo Claudia ne se contentait pas de barrer la place au sud et de lui conférer un aspect fermé, préservé des agitations et des rumeurs de ceux qui marchands ou travailleurs manuels s'affairaient au cours de la journée. Elle constituait un trait d'union et une séparation à la fois entre le forum et la « place méridionale » sur laquelle se tenait, en outre, l'édifice dit « aux deux escaliers »144. En venant du decumanus au sud, on accédait à cette place par un escalier à quatre degrés. Peut-on la définir comme un vestibulum marquant l'accès à la basilique ou au contraire ne doit-on pas la considérer comme un aménagement autonome tourné vers le decumanus ? Une unique entrée vers la salle hypostyle de la basilique invite à ne pas choisir : sans avoir la certitude que l'édifice aux deux escaliers pouvait servir de tribune de vente publique aux enchères, force est de constater que, flanquée à l'est de l'édicule à abside constitué de trois pièces, postérieur à la basilique contre laquelle il s'appuie145, la place régulait les attentes de ceux qui voulaient avoir accès à la basilique à la façon d'un « vestibule »146. L'idée d'un lieu relié aux activités commerciales et marchandes non loin du macellum est théoriquement admissible et séduisante147. Il n'y a toutefois guère d'exemple comparable et « le volume de cette terrasse peut être considéré comme un podium destiné à une certaine mise en scène des monuments qu'elle porte ... »148, dont l'accès à la basilique.
On ne saurait exagérer la cohérence architecturale et symbolique des espaces et de leurs articulations fonctionnelles149. Elle était surtout théorique et jouait sur quelques principes simples, reconnaissables même en l'absence d'un schéma préétabli. Les monuments attestent qu'ils possédaient aussi une autonomie architecturale et spatiale conforme à la diversité des activités nécessaires à la bonne marche d'une cité provinciale qui explique que tous les forums ne se ressemblaient pas, pas davantage que toutes les basiliques. Malgré des hiérarchies évidentes, le discours monumental ne se réduisait pas à cette seule logique et le forum constituait une ville dans la ville. Le théâtre n'était pas sous le contrôle des temples pour des motifs qui ne tenaient pas qu'à l'architecture. Le macellum aurait été la cause du recul des boutiques mais rien n'indique que leurs activités correspondaient à celles d'un marché tel que celui-là. Leur abandon portait atteinte à l'ordonnancement de la place et à la symétrie des portiques. L'adjonction au pied de la terrasse des temples du « sacellum » situé à l'ouest mais non identifié comme tel clairement rappelle que des évolutions intervenaient régulièrement et adaptaient les constructions aux espaces disponibles et aux conjonctures. En d'autres termes, Belo n'était ni Rome ni une simple imitation de Rome pour des raisons compréhensibles. Enfin, les modèles ne recevaient pas partout le même accueil de la part des élites locales malgré les effets de la mode et des influences imprévisibles. Dans cette perspective, la basilique de Baelo Claudia n'apporte que peu de données et d'informations décisives et nouvelles. En bonne méthode, choisir de comparer un monument à des monuments prestigieux c'est déjà courir le risque de déformer les perspectives de ce qui ne traite que d'une petite ville du monde romain comme il y en avait des centaines, moins bien servies que Belo par le hasard des conservations.
Les vraies questions ne peuvent pas recevoir de réponse faute d'éléments pertinents en nombre suffisant. Comment utilisait-on effectivement la basilique à Belo, à quelles occasions et dans quelles conditions ? Quand lui faisait-on jouer un rôle conforme à la dimension symbolique du centre monumental et quel était-il alors ? Si le schéma d'un étage à deux terrasses, parallèles aux places situées de chaque côté, est celui qu'il faut retenir, comment concilier l'idée d'un lieu ouvert à un public libre d'aller et venir avec les accès peu commodes et contrôlés que constituaient l'escalier et le système à deux portes étroites qui y conduisaient ? Faudrait-il imaginer qu'en certaines circonstances la foule se pressait aux étages pour ne rien manquer du « spectacle » politique150, religieux, festif ou ludique qui se déroulait au forum ?151 La notion de « forum couvert » est-elle satisfaisante et les trois baies donnant sur la place portiquée et dallée demeuraient-elles ouvertes en permanence ? Il paraît plus raisonnable, à rassembler tous les témoignages disponibles, de considérer que la basilique était limitée aux activités publiques associées à la justice et aux affaires. De même que l'empereur Auguste avait décrété que ne devaient fréquenter le forum Romain que des citoyens en toge152, de même il est probable que les personnes concernées par les activités judiciaires et les négociations diverses qui s'y déroulaient avaient seules l'autorisation de s'y rendre régulièrement, la foule des curieux n'étant sans doute que rarement empressée et rarement admise.
L'adoption de valeurs civiques et municipales par les élites locales n'est pas en cause153. La manière de se les approprier était plus décisive et reposait en grande partie sur la richesse des notables et sur leur dynamisme. C'est en cela que la notion de « romanisation » occulte plus qu'elle n'éclaire des procédures sociales et culturelles complexes qui reflétaient la diversité des situations et des réponses apportées par chacune des cités154.
c. Urbanisme et dominantes culturelles : critères « romains » et dimension locale
Les recherches archéologiques participent aujourd'hui pleinement de l'écriture de l'histoire et, comme celle-ci, ne peuvent donc pas ignorer les exigences méthodiques et épistémologiques d'une historiographie consciente d'elle-même et de ses limites inévitables qu'il faut essayer de repousser chaque fois que c'est possible. L'érudition bien comprise jointe au respect des méthodes propres à chaque discipline ne suffit pas. L'interprétation raisonnée fondée sur la combinaison de données très variées est la clé d'un approfondissement qui ne va jamais sans risques d'erreurs ni révisions déchirantes. Une histoire globale de la basilique de Belo se doit à la fois d'illustrer ces évolutions scientifiques et d'inciter à mieux fonder les conclusions. Venant après la publication de plusieurs monuments individualisés (macellum, capitole, temple d'Isis) l'étude de la basilique ne doit pas s'arrêter aux cohérences ni aux chronologies étroites dont l'appréciation est en partie subjective mais doit au contraire chercher à tirer profit de diversités tout aussi sensibles, appuyées sur une connaissance renouvelée des villes de la période romaine et de la vie municipale des provinces de la péninsule Ibérique. Le livre de la fouille est par définition silencieux et ignore de nombreux contextes. L'étude archéologique est irremplaçable pour permettre de mieux poser les questions et de progresser. Les réparations, améliorations, remises en état successives, les ravalements nous échappent ou ne peuvent être que suggérés. Force est de constater que nous ignorons tout des ateliers, des ouvriers, des architectes et de leur statut, des décideurs qui imaginèrent le centre monumental et effectuèrent les constructions au fur et à mesure des financements et des disponibilités. Il n'est pas prouvé, loin de là, qu'ils avaient lu Vitruve ni que leur culture, leur formation, les matériaux à leur disposition les aient portés à l'innovation.
Par son plan, sa position, son aspect clos et ses dimensions, par ses chapiteaux ioniques absents des autres monuments béloniens155, la basilique claudienne dont il est peu probable qu'elle ait été précédée par un premier monument basilical, pose la question de l'urbanisme et des conceptions qui ont pu prévaloir, ce qu'a bien mis en évidence P. Gros156. La question naît de l'étude des chapiteaux confrontés à la chronologie issue des stratigraphies : un décalage semble exister entre des colonnades dites « augustéennes » et ce qui aurait été attendu à l'époque claudienne. Avant de réfléchir à cette dernière « évidence », il convient d'exposer les lignes essentielles du dossier. Il y a donc « anachronisme » selon certains, d'un demi-siècle au moins. P. Sillières a même formulé, sans réserve aucune, des réponses qui lui paraissent incontestables : le tremblement de terre aura entraîné une reconstruction à l'économie au moyen d'une récupération systématique des matériaux ou aura été suivi d'une pieuse fidélité aux décors initiaux sur le modèle des éléments ayant échappé au naufrage157. P. Gros a fait remarquer que cette conclusion ne pouvait guère valoir pour un monument plus tardif, le macellum : à s'en tenir aux comparaisons relatives au travail de la pierre et aux ornementations le marché rencontre des échos importants dans l'Italie du Ier s. av. J.-C. (surtout à partir des années 50) et dans la péninsule Ibérique d'époque julioclaudienne au sens le plus large (Auguste-Néron). Des critiques émises par des spécialistes du décor et de ses chronologies ont conduit à des tentatives, jugées infructueuses à ce jour, pour sérier les productions de Baelo selon des séquences malgré tout évolutives chronologiquement. Comme l'écrit P. Gros, « l'aspect résolument archaïque du travail demeure insurpassable »158. Le caractère augustéen des chapiteaux de la basilique paraîtrait en outre le plus probable sachant toutefois qu'il n'est jamais aisé de comprendre ce qui prime, à l'heure des datations, du style ou du contexte ni quels sont leurs fondements factuels159. Mais le spécialiste de l'architecture romaine ajoute que la basilique correspond à une nouvelle programmation qui ne se superpose pas avec la construction antérieure dont l'identification demeure incertaine160.
Une étude récente des bases et des chapiteaux rappelle que le premier ordre était constitué de « bases attiques sans plinthe, de fûts lisses, de chapiteaux ioniques à balustre, qui sont pour l'instant les seuls chapiteaux ioniques de Baelo et d'un entablement à corniches modillonnaires. Le décor des modillons, dont on ne connaît que la forme ébauchée dans la pierre, paraît original »161. Les observations effectuées pour le moment impliquent un manque d'homogénéité des bases qui devrait s'expliquer par des différences de chronologie. Un examen attentif montre également qu'au moins un chapiteau ionique diffère des autres par certains détails de sa décoration : il s'agit de celui de la colonne X dont les balustres sont associés à un décor de feuille d'acanthe. Le chapiteau n° 356, enfin, taillé dans une calcarénite plus foncée que les autres, pourrait, du fait de simplifications, suggérer une restauration162. Si les « rangs d'oves avec leurs flèches reliées aux coquilles par un tenon horizontal semblent difficilement antérieurs à l'époque flavienne »163, il faudrait considérer que la basilique ne fut pas achevée en une fois ou dut subir des réparations au cours des décennies suivant l'inauguration. Les arguments stylistiques contraignent à la prudence et il ne saurait être question d'affirmer péremptoirement quoi que ce soit sur les évolutions du centre monumental en dehors du fait que l'octroi du rang municipal a engendré un programme de grands travaux destinés à remettre à plat l'ensemble du secteur. La recherche des chronologies est en outre restrictive et enserre la réflexion dans un carcan qui interdit parfois de détecter les vraies questions. Est-ce l'idée que les villes municipales sont inconcevables sans une imitation des modèles romains qui doit l'emporter ou, sans parler de « provincialisme », n'était-il pas logique qu'une cité modeste, éloignée de Rome et de ses productions impériales, pour laquelle nous n'avons pas de sites voisins à comparer, ait en fonction de ses traditions locales, de ses moyens financiers et de sa dignitas relative choisi les solutions que lui proposèrent des architectes dont l'art et la culture n'égalaient pas forcément ceux de Vitruve et des spécialistes mis au service des empereurs ? Sans parler de maladresse ni de bricolage, il convient de rappeler l'importance des traditions pour des sociétés romaines de l'empire qui n'avaient guère les moyens de compter sur autre chose que sur leur bonne volonté, les matériaux et les artisans locaux.
Au vrai, même si les récupérations ont pu être importantes, il est surprenant que, malgré la préservation remarquable des vestiges du site, l'épigraphie locale soit si peu loquace sur les magistrats, les décurions et leurs familles, sur leurs rapports avec les empereurs et leur domus, sur leurs initiatives en matière de monumentalisation et surtout d'embellissement. Sans doute ne connaît-on pas les villae du territoire ni donc les mausolées mais là aussi il est étonnant qu'aucune inscription de notable n'ait été retrouvée dans les « nécropoles » alors que les humbles ont mieux survécu. Le monument de Pupius Vrbicus comporte un indice peu souligné jusqu'à présent164 : en dépit du décret de l'ordo, ce sont les parents qui ont offert le piédestal et la statue et non des collègues, des personnes privées influentes ou la cité par le biais de laerarium ou d'une collecte, ce qui pourrait témoigner du dynamisme de l'idéal civique et de solidarités bien vivantes entre notables locaux165. Il n'est pas question d'affirmer que les responsables de la communauté des Béloniens n'étaient pas conscients de leur devoir d'illustrer leur municipe ni de leur implication étroite dans le maintien de la dignitas de leur cité de rang municipal. Il s'agit de dire que la municipalisation flavienne avait fini par rendre banal un statut autrefois jugé plus prestigieux sans compter la moindre urbanisation de cette section littorale de la province et l'évolution des relations avec la province voisine de Tingitane dont Belo n'avait pas, malgré Strabon, le monopole. Faut-il par ailleurs envisager dans une cité maritime un poids particulier des affranchis et des étrangers dont les comportements étaient peut-être différents de ceux des notables d'autres cités ?
L'archéologie est par définition une tranche d'histoire locale et la « romanisation » est un concept ou vague et donc superficiel ou déformant166. Les jugements sur le retard, l'archaïsme, la modernité, la beauté et la dignité impliquent une forme d'histoire linéaire dont l'idéal romain, assurément évolutif, serait la clé constante. Les cartes de l'urbanisation montrent pourtant que rien n'allait du même pas selon les régions, voire au sein de mêmes régions provinciales. De toute évidence, il n'y eut pas à Belo de grandes familles tentées par l'entrée dans l'aristocratie romaine et à ce titre portées par une ambition qui les poussait à imiter Rome à tout prix. L'environnement politique constitua en outre un facteur non négligeable : les cités s'épanouissaient dans une rivalité plutôt pacifique avec leurs voisines. Les émules firent certainement défaut aux Baelonenses. Le rang de municipium Claudium n'avait rien d'exceptionnellement prestigieux. Ce qui apparaît comme un « archaïsme » n'était probablement pas perçu de cette manière et notre regard d'aujourd'hui souligne surtout une distance incontestable entre nos états modernes et l'Empire romain.
La combinaison recherchée ici entre les apports de l'archéologie et des autres disciplines dans le cadre d'une réflexion historique centrée sur une petite ville du littoral atlantique de la province romaine de Bétique débouche sur des conclusions de méthode et sur de nouvelles interrogations. Il est sensible, à l'analyse, que les exemples voisins et comparables à la basilique de Baelo Claudia et à son environnement global font défaut quand il s'agit de trouver des réponses sûres et indiscutables. La tendance est donc de forcer les traits apparents et de ce strict point de vue le nom même de Baelo Claudia, unique en Bétique et dans les autres provinces péninsulaires pousse à une recherche de l'originalité. C'est oublier qu'en Maurétanie Tingitane voisine, avec laquelle le municipe entretenait des relations favorisées par la géographie, Volubilis reçut une promotion au rang de municipe romain à la suite de la création de la province. La nature et la proximité tiraient Belo vers la mer et l'autre côté du Détroit167. C'est dire que trop d'inconnues masquent encore la compréhension objective d'une histoire fragmentaire.
La basilique était un monument étroitement lié à la conception héritée de Rome de la cité provinciale et de son autonomie civique. Cet aspect est illustré principalement par les modalités de son intégration dans le centre monumental de la ville et par ses variations architecturales malheureusement en partie dépendantes d'hypothèses difficilement vérifiables, ce qui est le lot de tout dossier traitant de l'Antiquité. Toutes ces données ont été prises en compte et proposent une conclusion oubliée mais formulée très tôt au moment de la campagne de fouille. Baelo entretenait des relations bilatérales avec les autorités romaines à l'image des autres communautés autonomes des provinces. Appelée Claudienne et n'ayant jamais songé à renier ce qualificatif, la ville a fait ériger dans la basilique une statue à Trajan dont l'origine provinciale ne saurait en aucun cas justifier cette décision. Le vainqueur des Daces ne fut pas le dernier empereur et Belo poursuivit son histoire longtemps encore. La question devient à nouveau inévitable : l'époque de Trajan n'a-t-elle pas signifié à Belo une étape décisive, celle de l'achèvement, après un demi-siècle de la confection du centre monumental qui avait acquis sa forme définitive, l'empereur ayant pu contribuer par un bienfait quelconque à scander cette évolution ou symboliser par un effet de la volonté des notables la satisfaction d'être une cité accomplie ?
* Le texte a pour origine un chapitre destiné au volume Belo IX paru en 2014 (voir la bibliographie) et non intégré finalement. L'étude privilégie les questions de méthode et du lien entre le raisonnement archéologique et l'écriture de l'histoire à propos d'un monument urbain antique bien identifié. Belo IX, désormais paru, a été mis à profit.
1. Pour une présentation architecturale succincte du type monumental : Ginouvès 1998, p. 88-91.
2. Gros 1996, p. 235-238, fait le bilan des origines et indique que l'atrium regium dont le qualificatif « royal » a été hellénisé à l'époque de Plaute est très probablement la source du succès d'un mot qui à Rome ne dérivait donc pas de la stoa basilikê hellénistique.
3. VITRUVE, Archit, V, 1, 6 : basilicarum quo genere coloniae Iuliae Fanestri collocaui curauique faciendam.
4. Gros 1996, p. 240-259. NÜNNERICH-ASMUS 1994.
5. NÜNNERICH-ASMUS 1994, p. 157-218, recense vingt exemples possibles, datés de la fin de la République et des débuts de l'Empire, en Italie, à l'exception de Rome, pour un nombre de cités supérieur à quatre cents. La péninsule Ibérique occupe, les pages 219- 247 et offre une dizaine de sites seulement s'agissant de la même tranche chronologique. Segobriga et Aeminium parmi d'autres sont absents, faute d'une documentation architecturale satisfaisante au moment de l'élaboration du livre, mais appartiennent assurément à l'inventaire des forums dotés d'une basilique (voir à Segobriga désormais le guide destiné au visiteur des vestiges et daté en dernier lieu de 2010 : aussi infra n. 10). Une méthode empirique largement mise à contribution faute de vestiges éloquents ou de fouilles programmées, se fonde sur les axes des rues pour déterminer l'emplacement du forum puis, dans ce contexte, tenter de repérer un bâtiment susceptible de correspondre à une basilique : ce n'est pas infaillible et c'est même parfois risqué. On rappellera l'exemple de Saint-Bertrand de Comminges dont le macellum fut au départ, malgré une fouille, identifié comme basilique judiciaire (cf. Gros 1996, p. 249).
6. Promue au rang de colonie sous Hadrien, la cité prit le nom de son « fondateur », Aelius, et s'appela désormais colonia Aelia Augusta Italica : voir CABALLOS RUFINO 2010. Voir pour le « forum hypothétique » : PEÑA JURADO 2007, p. 334-337 en particulier.
7. Par exemple MAR-RUIZ DE ARBULO 1987, p. 31-44. L'ensemble architectural associé au culte impérial provincial n'est pas pris en compte ici dans la mesure où le complexe de la ville haute en forme de terrasse relevait d'une organisation différente de celle d'un forum municipal.
8. ÁLVAREZ-NOGALES 2003, qui retrace les doutes et les incertitudes successives sur les identifications des architectures ou la notion même de forum et plus particulièrement de « forum de la colonie ». La reconstruction idéale de J.-C. Golvin restitue une basilique à l'ouest du temple, ce qui n'est confirmé par aucune donnée archéologique sûre à ce jour.
9. Sur les hypothèses et les incertitudes entre autres : Panzram 2002, p. 148-152. La basilica de Cordoue est mentionnée par le Bellum Alexandrinum, 52, 2 à la date de 48 av. J.-C., ce qui explique les essais plus ou moins justifiés d'identification de vestiges susceptibles de convenir.
10. Segóbriga 2007, p. 12 et 35-39.
11. ALARCAO 1993, p. 218.
12. CARVALHO et al. 2010, p. 70-86.
13. ALARCAO-ÉTIENNE 1977 ; ALARCAO-ÉTIENNE-GOLVIN dans ÉTIENNE-MAYET 1997, p. 49-68. ROTH-CONGÈS 1987, p. 711-751.
14. On pense en particulier à Capera/Capara dont le forum est bien localisé ainsi qu'une possible curie, outre une éventuelle basilique à confirmer : CERRILLO MARTÍN DE CÁCERES 1998, p. 77-92. Id. 2010 p. 127-136. À compléter également par la monographie de NÜNNERICH-ASMUS 1996.
15. Les recherches se heurtent à de nombreuses difficultés en partie consécutives à la superposition des agglomérations depuis l'Antiquité et à la présence de la ville moderne. Les précautions méthodologiques devraient être redoublées, mais le désir de reconstitution semble inversement proportionnel aux traces conservées. García Marcos-Vidal Encinas 1990, p. 382-385, ont cru pouvoir restituer une basilique vitruvienne avec aedes Augusti au voisinage de ce qui serait le forum. Ils sont suivis par Balty 1991, p. 616-617 et fig. 287. García MARCOS-VIDAL ENCINAS 1998, p. 922 se montrent plus prudents et ne proposent plus d'y reconnaître une basilique, à plus forte raison vitruvienne. NÜNNERICH-ASMUS 1994, n'intègre pas Astorga dans la liste des basiliques péninsulaires.
16. AE, 1972, 243 : Genio/basele/cae s[a/crum - / ex uoto ou a. l. p. ?].
17. Voir la thèse inédite de Goffaux 2001, 1, p. 456-470 et 2, p. 6-169. Voir également MELCHOR GIL 1994.
18. HEp, 2, 22 : [Corne ?]lia L. f Anulla mater sacerdo[s- b]as[ili]cam cum hypa[ethro -] etc.
19. AE, 1981, 504 : Diuo Augusto/Q. Fabius Q. f. Varuspontif / Vuir cryptam hypaetrum d. s. p. d. dedicauit. Voir aussi Vitruve, Archit, V, 9, 2 ; 6 ; 9 : l'adjectif hypaet(h)rus, a signifie à l'air libre qu'il s'agisse de promenades (ambulationes), de lieux (loca) ouverts. Hypaetrum est substantivé au neutre ici, semble-t-il. Cf. Étienne 1981, p. 135-142 p. 135-142 (= Itineraria Hispanica, 2006, p. 61-68 et particulièrement p. 64-65).
20. CIL, II2, 5, 633 = HEp, 3, 182 : [- lib.] Ser. Perseus ob honorem VIuiratus fori et basilicae in[tercolumnia ? cum ca]ncellis et trabaeclis et postibus pecunia sua ex[or]nata <d>edit. Les postes ne sont pas ici des jambages de porte mais correspondent vraisemblablement aux poteaux soutenant les grilles des balustrades (cancelli).
21. CIL, II2, 5, 794 : L. Clodiu[s - M]ontanus Singil. uetus [-]/ ob honorem [-]atus solum basilicae marmor[e strauit ? -] / etc.
22. PARIS-BONSOR-LAUMONIER-RICARD-DE MERGELINA 1923, alors qu'il pensait que Baelo Claudia était une colonie et non un municipe en raison de l'emploi du féminin dans le texte de L'Itinéraire dAntonin, 407, 3. Voir aussi Le Roux [2016], online.
23. Voir Belo IX p. 5-6.
24. Voir GARCÍA y BELLIDO-NONY 1969, p. 465-478. RICHARD-LE ROUX-PONSICH 1972, p. 571-578.
25. Voir NÜNNERICH-ASMUS 1994, p. 239 et surtout ARANEGUI et al. 1987, p. 90-92.
26. La question est complexe et repose sur la connaissance au cas par cas des dossiers dans lesquels l'archéologie ne tient que peu de place par la force des choses : cf Le Roux 2010, p. 126 en particulier.
27. ARANEGUI-HERNÁNDEZ-LÓPEZ PIÑOL 1987, p. 90-92. Voir VITRUVE 2009, p. 124 : suivant P. Gros, C. Saliou considère que la formule adiuncta foris « adjacente aux forums » signale la position secondaire de la basilique et sa dépendance par rapport au forum ce qui voudrait dire que les basiliques n'étaient que des « structures d'encadrement ». Gros 1996, p. 240, précise qu'au début de l'Empire la basilique n'est « encore que le prolongement du forum », et donc qu'une évolution se produisit sur ce point ensuite. Concernant le monument de Glanum et le forum : Gros-Varène 1984, p. 21-52 qui situent la monumentalisation à l'époque augustéenne avec de bons arguments.
28. Les problèmes de vocabulaire, complexes, font toujours l'objet de débats : il y a des basiliques dans les camps, des basiliques associées à des demeures privées ou indépendantes d'un forum sans oublier l'ambiguïté difficile à lever parfois entre certains portiques et les basiliques de forum : Gros 1996, p. 235-237 ; Saliou 2009, p. L-LI.
29. Il convient d'être très prudent et de ne pas inférer d'un statut d'un oppidum l'identité d'un monument ni d'un monument, peut-être identifiable comme une basilique qu'il n'était pas obligatoirement, un statut de ville non pérégrine. En la matière, aucune norme n'est assurée et nous n'avons accès qu'à des pratiques locales. L'évolution des centres monumentaux tend à associer le type de la basilique de forum à un statut municipal sans exclure d'autres cas de figure.
30. SALIOU 2009, p. 124 : « Le développement consacré aux basiliques par Vitruve s'inscrit donc pleinement dans l'actualité de la construction publique de son temps ».
31. Voir BELO IX p. 137-138. Deux questions demeurent : les arguments qui ont servi autrefois à dater la basilique de Claude-Néron sont récusés malgré un matériel inchangé allant toujours dans ce sens. La méthode qui consiste à unifier les conclusions de l'ensemble monumental à partir de données partielles ne paraît pas satisfaisante. On observe, par exemple, que la datation du « capitole » est située entre 50 et 65 apr. J.-C. (Belo VII). Il est concevable que tout n'ait pas été bâti en même temps et qu'un décalage assez long ait été plutôt la norme, ne serait-ce que pour des raisons matérielles et financières. Il est gênant de devoir penser que la chronologie a été modifiée depuis les premières datations pour justifier un tremblement de terre hypothétique et indatable à dix ou vingt ans près et non attesté avec certitude par un document quelconque (même archéologique) à plus forte raison comme destructeur.
32. NH, III, 7 : Ex his digna memoratu aut Latio sermone dictu facilia ... portus Baesippo, oppidum Baelo, Mellaría ... Il n'est pas précisé si Baelo était cité parce que digne de mémoire (sa situation géographique en étant vraisemblablement la cause : voir Pline l'Ancien, NH, V, 2 à propos du trajet le plus court évalué à 30 mille pas, soit près de 45 km, entre Tingis et Baelo) ou parce que de nom aisé à prononcer en langue latine. Toutefois Baelo est oppidum sans la qualification de portus laissée à Baesippo, ce qui suggère que c'est l'absence de problème de prononciation qui valut à l'agglomération l'inclusion dans la liste. Le propos étonne à tort dans la mesure où, malgré Strabon, Bailon n'était pas à proprement parler un portus mais une anse abritée (sauf par temps de « Levante ») : ce sont sans doute les salaisons qui caractérisaient avant tout la ville littorale. Oppidum porte aussi sur Mellaria, également oppidum stipendiarium parmi les 120 villes de cette catégorie que comportait la Bétique selon la source (augustéenne) de Pline. L'absence de toute mention autre, en particulier de surnom honorifique, ne laisse aucun doute sur son statut pérégrin avant la promotion claudienne au rang municipal. Cf. déjà Le Roux 2008, p. 569-594. Aussi Le Roux [2016], online.
33. ÉTIENNE-ALARCAO-GOLVIN 1997, p. 49-68 (= Itineraria Hispanica, 2006, p. 453-464). L'interprétation du dossier ne paraît pas entièrement convaincante quelle que soit la logique retenue. Dans un cas, la domination de Rome et le culte impérial semblent tenir une place excessive et de principe dans le contexte d'une lecture plus idéologique qu'archéologique et historique. Dans l'autre, les vestiges, trop imprécis, ne peuvent fonder de manière sûre une hypothèse architecturale modélisée. Depuis trois décennies, les données ont évolué et une remise à plat à caractère historiographique fait encore défaut.
34. Voir en particulier IRC, III, n° 13-186 et Wiegels 1985, p. 112-113. Les institutions mentionnées dans l'épigraphie du Ier siècle av. J.-C. sont, sans aucun doute, de type romain et municipal, ce qui n'est pas le cas à Belo où l'on ne dispose d'aucune inscription précoce. Pompéi conservait encore des hommages d'époque augustéenne et même antérieurs lors de l'éruption du Vésuve.
35. SANMARTÍ-GREGO 1987, p. 55-60. MAR-RUIZ DE ARBULO 1990, p. 145-164. Gros 1996, p. 220-221. Nünnerich-Asmus 1994, n° 37, p. 219-221, parle avec prudence de « sogennante basilika ».
36. Voir GROS 1996, p. 220-223. Cf. infra n. 68, n. 122 et n. 127. Il faut éviter toutefois de ramener les schémas et plans à un modèle uniforme. Sous des apparences communes, la variété et la diversité l'emportent le plus souvent.
37. LE ROUX [2016], online. Sur un plan méthodologique, la faiblesse de l'échantillon disponible associé aux comparaisons qui n'en sont pas toujours enferme la réflexion au lieu de l'ouvrir. Les disciplines archéologiques, comme les autres, construisent leur objet et ne produisent pas des données scientifiquement incontestables. Les fluctuations des datations et des conclusions architecturales en témoignent en permanence. Les progrès des recherches sont dépendants d'un changement épistémologique nécessaire, mais non suffisant, aujourd'hui.
38. BELO IX p. 9-12. Sillières 1995, p. 20-21.
39. STRABON, III, 1, 8 (outre la traversée jusqu'à Tingis pour une époque où n'existaient pas de ports de passagers mais des embarquements à la demande). DOMERGUE 1973, p. 101- 104 ; SILLIÈRES 1995, p. 52-53 ; GARCÍA VARGAS-BERNAL CASASOLA 2008, p. 133-181.
40. SILLIÈRES 1995, p. 73-77, propose un bilan surtout fondé sur des techniques de construction qui, à Belo, posent des questions chronologiques difficiles en raison de décalages observés pour d'autres édifications (cf. infra p. 127-129). Voir en outre ALARCÓN CASTELLANO 2006, p. 60-78, qui a conclu, en se fondant sur la doctrine déjà établie, à la datation augustéenne de la Porte de Carteia fouillée partiellement dès P. Paris. Des excavations récentes par A. Arévalo et l'équipe chargée du site ont permis d'avancer archéologiquement mais la publication est encore en cours.
41. SILLIÈRES 1995, p. 54-55. Il convient de noter qu'oppidum ne veut pas dire chez Pline et sous l'Empire « ville fortifiée » mais « agglomération » sans autre connotation.
42. LE ROUX 1995, p. 64-70 et 83-87 (voir aussi la traduction en castillan avec mise à jour, Barcelone, Bellaterra, 2006) et LE ROUX 2010, p. 107-110.
43. Voir HOURCADE 2003, p. 295-324.
44. Voir les données et leurs limites dans NÜNNERICH-ASMUS 1994, p. 219-241. Aussi supra n. 13 et 14.
45. Voir supra, n. 23 . Ni les structures reconnues ni le mobilier autre que la céramique et l'instrumentum ne sont suffisamment représentés pour autoriser quelque conclusion que ce soit. Voir aussi BELO IX p. 121-124.
46. Les activités liées à la pêche et soulignées par Strabon (voir supra n. 39), le premier forum non dallé (Sillières 1995, p. 103), le décalage entre l'organisation des espaces républicains et augustéens et le futur secteur méridional du forum suggèrent que plus qu'à un urbanisme civique l'on avait affaire sous Auguste à une place destinée à faciliter les activités économiques de production et d'échange principalement.
47. LE ROUX [2016], online. Bien que d'ordre non factuel, cet argument doit être associé à l'idée que ou la destruction n'est pas intégrale et l'on garde ce qui a résisté ou rien n'est utilisable et on reconstruit plus loin mais à l'écart de l'ancien site comme à Agadir après 1960. Enfin la modeste Baelo, non citée par Dion Cassius, n'avait pas de raison de susciter l'attention particulière de Claude en cas de catastrophe : les villes d'Orient, secouées par les guerres civiles et appartenant au monde grec étaient autrement prestigieuses: voir DELRIEUX 2012, p. 261-214. Néron ignora Pompéi en 62 malgré Poppée et malgré sa popularité dans la ville (ÉTIENNE 1966, p. 13-14). D'autres cités voisines, Herculanum, Nuceria, Naples même furent touchées. L'idée qui devrait prévaloir est celle d'un séisme très limité si le phénomène, non détecté par les sismologues, doit être retenu.
48. Voir aussi infra n. 127. On citera Emporiae, Conimbriga, voire Bracara Augusta. Le raisonnement fondé sur un étonnement devant une reconstruction dans un laps de temps jugé trop court est subjectif et ne correspond pas à une réalité qui n'était pas la nôtre et relevait de circonstances plus complexes que celles d'une catastrophe naturelle. Il est tout aussi étonnant qu'aucun document, textuel, épigraphique ni aucune statue d'époque augustéenne n'aient été conservés ni qu'aucun texte postérieur n'ait signalé une catastrophe à la faveur du récit des événements de Maurétanie Tingitane. Pomponius Mela, originaire de la région est muet. L'exemple parfois invoqué de Paphos est tout sauf démonstratif des conséquences possibles d'un tremblement de terre : Dion Cassius, LIV, 23, 7, dit qu'à la suite de la catastrophe, par un décret spécial d'Auguste, la cité fut autorisée à porter son nom, ce qui veut dire que ce n'était pas la coutume et que la ville pérégrine ne reçut, par ailleurs, en dehors de cet honneur sollicité, aucun privilège politique modifiant son statut. Quant à affirmer que l'omission de la tribu rajoutée (si c'est de cela qu'il s'agit mais tardivement de toute manière : cf Le Roux 2009, p. 163-174) disqualifie l'inscription de Pupius comme témoignage du nom officiel de Baelo c'est contraire à toutes les règles avérées des inscriptions honorifiques municipales de la Bétique et d'ailleurs sans aucune portée, sachant qu'en outre l'ITINÉRAIRE D'ANTONIN, 407, 3, la qualifie de Baelo Claudia.
49. Sous Claude selon BELO IX mais voir supra n. 23. L'adjectif « claudien » associe dans le vocabulaire historique les règnes de Claude et de Néron, ce qui est de toute façon plus conforme à la mise en place progressive des édifices de l'époque municipale.
50. SALIOU 2009, p. 122-133.
51. Les préceptes topographiques de Vitruve sont si vagues qu'il est toujours possible de les reconnaître un peu partout : ainsi, les temples du capitole sont-ils bien sur une petite éminence par rapport à la place mais ils n'occupent évidemment pas le point le plus élevé du site.
52. NEY-PAILLET 2006, p. 105. Voir surtout pour l'ensemble des descriptions et données chiffrées : BELO IX p. 16-57 (Pierre Sillières).
53. On rappellera ici que les dimensions hors oeuvre de l'édifice basilical sont de 35,83 x 19,95 m, que la salle mesurait intérieurement 31,5 x 18,5 m ce qui représentait un rapport entre la longueur et la largeur égal à racine de 3.
54. NEY-PAILLET 2006, p. 97. Les données qui suivent sont empruntées à ces auteurs. Voir aussi SILLIÈRES 1995, p. 107-113.
55. Les exemples comparables semblent manquer autant que l'on puisse le savoir.
56. NEY-PAILLET 2006, p. 108.
57. VITRUVE, ARCHIT., V, 1, 4-5 (traduction d'après C. Saliou). Sur le qualificatif de « normale » : Gros 1996, p. 235.
58. L'argumentation sur ce point est fragile dans la mesure où nous savons mieux qu'auparavant que le climat change et que la situation pouvait être différente il y a 2000 ans : la sécheresse était sans doute moindre qu'aujourd'hui.
59. La largeur de la galerie périphérique était de 4,24 m (entre le mur et la colonne) ; la largeur de la cour centrale a été mesurée à 9 m x 22,5 m de longueur.
60. Voir NEY-PAILLET 2006, p. 97-101 : pour la hauteur de colonne enregistrée, l'entrecolonnement devrait être égal à 3,029 m, ce qui correspond à l'entraxe des colonnes transversales mais non à l'entraxe longitudinal variant de 3,185 à 3,20 m.
61. Voir infra p. 109-111.
62. VITRUVE, Archit, V, 6-10.
63. MAGGIORI 2003, p. 294, souligne les difficultés dues aux imprécisions ou ambiguïtés du texte. Il est fréquent de proposer une couverture étagée en accord avec un édifice clos.
64. SALIOU 2009, p. 151.
65. VITRUVE, Archit, V, 1, 7 précise toutefois que deux colonnes ont été omises pour « éviter qu'elles empêchent de voir le pronaos du temple d'Auguste qui est placé au milieu du long côté de la basilique, regardant le milieu de la place et le temple de Jupiter ».
66. NEY-PAILLET 2006, p. 130-133 plus particulièrement.
67. BALTY 1991, p. 314-318, n° 9, accepte comme curie l'édifice dit aux deux escaliers au nom de la relation spatiale supposée entre les deux constructions. Il n'y a cependant pas de circulation avérée entre les deux monuments et il est très vraisemblable que la curie soit le bâtiment bordant la grande entrée face à l'arc qui interrompait l'ordonnancement du portique ouest : Sillières 1995, p. 114-115. Les typologies sont parfois trompeuses et demandent à être appliquées prudemment.
68. GROS 1996, p. 215 et p. 267, à propos des forums et des curies, et Saliou 2009, p. 154.
69. DAVID 1983, p. 235.
70. NEY-PAILLET 2006, particulièrement p. 99-107, constitue la première mise au point malgré quelques observations discutées ensuite par Belo IX supra n. 52.
71. Il ne s'agit pas d'une « salle des pas perdus », car ce n'est pas ce qu'il convient d'appeler une salle d'attente comme c'est aujourd'hui le cas dans un Palais de justice où ce hall donne accès à diverses « chambres » ou à des services administratifs, vrais lieux des activités.
72. NEY-PAILLET 2006, p. 130-132, choisissent avec prudence la solution d'un promenoir ouvert sur les deux longs côtés et un escalier non couvert. Même prudence chez Sillières 1995, p. 110-111. Gros 2006, p. 89-90, suit ces conclusions qui semblent confirmer le décalage chronologique de la basilique claudienne par rapport aux modèles architecturaux en vigueur à la date de sa construction. Cf. Gros 1996, p. 248. Voir désormais Belo IX p. 54-57.
73. NEY-PAILLET 2006, p. 107-108.
74. BELO IX p. 32-33 qui suggère des bancs pour les utilisateurs de la salle dans le cadre de leurs activités ce qui suppose un lieu réservé, non accessible par tous en permanence.
75. Voir aussi infra p. 107-108. BELO IX p. 33-34 n'exclut pas des panneaux d'affichage mais note que les renfoncements ne sont pas tous identiques et que certains pouvaient contribuer à la décoration ou porter une plaque inscrite (dont aucune trace n'a été signalée cependant).
76. LE ROUX 2008, p. 575-578 : aucune base ne pouvait servir à l'installation du siège (la sella) du magistrat et tenir lieu de tribunal, malgré NEY-PAILLET 2006, p. 104. Ajouter BELO IX, p. 30-31.
77. Présentation complète dans BELO IX p. 59-71 et surtout p. 64-71 concernant l'étude stylistique par M.-P. Darblade-Audoin dont les conclusions suivent les modes actuelles en matière de statuaire impériale romaine et des portraits.
78. LOZA AZUAGA 2010, p. 119-135 et plus particulièrement p. 123-129. Les bras manquent et avaient été fabriqués également de manière indépendante. Pour la description détaillée du vêtement et de la posture : voir p. 124-125 et désormais BELO IX p. 147-148 (M.-P. Darblade-Audoin). La statue aurait pour origine une statue d'Aphrodite du Ve s. av. J.-C. dite « Héra Borghèse » et entrant dans le groupe Thémis (« la loi divine », la déesse de la justice) et figurant sans doute ici une impératrice julio-claudienne.
79. LOZA AZUAGA 2010, p. 128-129 qui date la « matrone » de la période claudienne et n'exclurait pas Livie ou Agrippine la Jeune, bien qu'il ne s'agisse que d'une hypothèse possible. Le raisonnement est tributaire de l'histoire juridique du site faute de mieux, rien n'interdisant, semble-t-il, une datation flavienne. L'argument du cingulum dont la représentation, ici absente, serait le propre des statues postérieures à l'époque julio-claudienne paraît plus fragile. La statue aurait orné une maison du IVe s. installée après l'abandon de l'édifice (BELO IX p. 148).
80. La statue est à rapprocher de plusieurs sculptures connues et particulièrement de Mérida : supra n. 78 et 79.
81. BELO V p. 113. Elles correspondent aux numéros 18, 51, 57, 58, 68.
82. Voir infra pp. 131-132.
83. Voir quelques références et exemples qui le suggèrent ou le démontrent dans DI STEFANO MANZELLA 1987, p. 121-134.
84. Cf. BELO IX supra n. 77. Le type auquel appartiendrait la tête correspondrait, par la coiffure et le remploi d'une tête de Domitien victime de la damnatio memoriae (si l'observation est justifiée), aux portraits antérieurs à la guerre dacique : BELTRÁN FORTES 1999, p. 258-259 et aussi BELO IX p. 69-71 qui suit P. León.
85. Pour les provinces ibériques, en dernier lieu parmi d'autres : TORREGARAY PAGOLA 2013, p. 309-331.
86. VITRUVE, Archit, V, 1, 8 : Item tribunal quod est in ea aede hemicyclii schematis minoris curuatura formatum ; eius autem hemicyclii in fronte est interuallumpedes XLVI, introrsus curuaturapedes XV, uti qui apud magistratus starent negotiantes in basilica ne impedirent.
87. Voir en particulier Verboven 2007, p. 89-118. Il est entendu que negotium s'oppose à otium (repos ou loisir, CICÉRON) et englobe toute forme d'activité publique ou privée (d'affaire) au service de la collectivité : BENVÉNISTE 1969, p. 139-147. La dimension économique, celle des affaires commerciales et financières est dominante et chez Vitruve correspond sans aucun doute à cet emploi technique.
88. Sur ces questions : ANDREAU 2001, p. 72-94 en particulier.
89. PLINE L'ANCIEN, NH, III, 15 où Baesippo figure cependant.
90. Une base entre les deux colonnes en avant du tribunal existait à Pompéi dans le dernier état, au moment de l'ensevelissement de l'édifice par l'éruption du Vésuve.
91. Voir infra pp. 114-115.
92. Cf. BELO IX p. 59-71 (M.-P Darblade-Audoin), indique que les calcei de l'empereur mettent l'accent sur le sénateur et le consul (p. 68). Le corps du togatus entre dans une série qui serait datable de Néron-Domitien (p. 69).
93. Sur une tête réutilisant un portrait de Domitien, Belo IX p. 69-70. Néron est-il inconcevable en ce cas ? La tendance à retrouver des têtes de Domitien sous chaque tête de Trajan n'est pas sans excès et répond à une mode fondée sur des arguments stylistiques quantitativement modestes. Pour le Trajan de Baelo Claudia, cf. Bergmann 1997, p. 139-153 et particulièrement p. 140-142. Pourquoi Trajan et non Nerva ? Même si la tête a été retravaillée, la statue récupérée pouvait provenir du forum de la curie, d'un autre édifice, d'une place ou d'un portique. Comme on verra, la présence d'un Trajan eut peut-être une signification autre et éclairerait les évolutions de l'urbanisme dans le petit municipe.
94. LE ROUX 2008, p. 588-590.
95. GROS 1996, p. 220-221, rappelle que le débat sur les liaisons entre camps et forum fermé n'a plus de raison d'être car les deux formules n'ont aucune filiation avérée entre elles. Les principia des camps tendent aussi à marquer la différence sur le plan religieux entre architecture militaire et civile : cf Reddé 2004, p. 442-462, qui avec d'autres écarte la présence de statues impériales avant le milieu du IIe siècle parmi les enseignes dont les principia étaient la chapelle par excellence.
96. Voir LE ROUX 2008, p. 590.
97. D'où l'insistance de Vitruve sur la position de l'aedes face à l'aedes louis ; la rhétorique fait ici merveille plus que la précision technique du langage religieux.
98. BALTY 1991, p. 255 : « Leur caractère commun de salle d'assemblée des magistrats conduisit sans doute à les grouper du même côté du forum ... Une étape supplémentaire ... consista à les additionner l'un à l'autre, voire à les intégrer en un monument plus vaste où les deux salles gardaient leur fonction propre au sein d'une architecture nouvelle ». Cependant, il est possible qu'à l'occasion de réunions publiques ne mettant en cause aucune décision, la salle de la basilique ait été préférée à la curie à laquelle elle ne pouvait pas être systématiquement substituée, n'étant pas un templum.
99. Le règlement flavien indique sur les compétences locales, en matière de condamnation, un plafond de 1000 HS sous forme d'une amende (multa), ce qui correspondait à un droit de coercition mineure : Le Roux 1991, p. 112-113.
100. NÜNNERICH-ASMUS 1994, p. 254 (Tableau en Appendice) qui compare les dimensions des forums et celles de leurs basilique sans autre critère que l'absence de pièce additionnelle (curie, exèdre, aedes, etc.). Les données chiffrées sont le plus souvent difficilement comparables, car il n'est jamais précisé si les repères incluent ou non systématiquement certains éléments tels que portiques, trottoirs, etc. (à Belo même la place dallée selon les modes de délimitation est évaluée à 37 m x 30 m sans les trottoirs est et ouest mais en incluant le trottoir méridional ou à 32, 20 sans ce trottoir). En outre, une comparaison rigoureuse doit tenir compte de la situation de l'édifice par rapport à la place et du type de la basilique, oblong ou barlong, ce que fait cependant le tableau de Saliou 2009, p. 123. P. 128-129, elle déplore également les inconséquences des sources chiffrées qui contrarient la comparaison et elle ne propose des dimensions et proportions que limitées aux basiliques.
101. NÜNNERICH-ASMUS 1994, n° 12, p. 169-171. Date : IIe s. av. J.-C. Dimensions : 36 x 29 m. Le monument, n'est pas vraiment comparable à celui de Belo et les proportions en sont différentes : voir Saliou 2009, p. 125 pour un plan restitué.
102. NÜNNERICH-ASMUS 1994, n° 5, p. 162. Date : 100-80 av. J.-C. Dimensions : 45,80 x 23,80 m. Basilique du type de celle de Cosa. Elle est localisée au nord-est sur le long côté de la place de forme carrée (120 x 120 m).
103. NÜNNERICH-ASMUS 1994, n° 19, p. 180-181. Date : époque républicaine. Dimensions : 47,05 x 29,04 m. Précédée par des constructions du IIe s. av. J.-C., la basilique augustéenne ou tibérienne possède une abside rectangulaire sur le long côté opposé au forum. Colonnade : 20 colonnes ioniques réparties en 8 x 4.
104. NÜNNERICH-ASMUS 1994, n° 46, p. 239. Date : augustéenne. Dimensions : 40 x 20 m. Plan : type à péristasis. Aire centrale : 10 m en largeur et les couloirs du déambulatoire de chaque côté 5 m. Colonnade : 24 colonnes réparties en 10 x 4.
105. NÜNNERICH-ASMUS 1994, n° 49, p. 245-246. Date : peut-être claudienne. Dimensions : 43,80 x 19 m. Colonnade en Π.
106. NÜNNERICH-ASMUS 1994, n° 37, p. 219-221. Date : augustéenne. Dimensions : 50 x 8,40 m. Peu de vestiges. Basilique en position surélevée par rapport au forum, comme à Veleia et à Vérone en Italie du Nord.
107. NÜNNERICH-ASMUS 1994, n° 39, p. 224-226. Date : augustéenne. Dimensions : non mesurables. Forum : 48,64 x 44,88 m.
108. NÜNNERICH-ASMUS 1994, n° 40, p. 228-229. Date : claudienne ? Dimensions : 83 x 25,50 m. Tribunal ? : podium de plus de 6 x 6 m faisant corps avec les deux colonnes centrales du petit côté et postérieur à elles.
109. NÜNNERICH-ASMUS 1994, n° 22, p. 184-189. Date : 130/120 av. J.-C. Dimensions : 67 x 25 m. Salle axiale de 28 colonnes colossales. Communiquait avec le forum par un chalcidicum situé à l'opposé du tribunal.
110. NÜNNERICH-ASMUS 1994, n° 48, p. 242-245. Date : augustéenne ? Dimensions : 74,80 x 27,60 m.
111. NÜNNERICH-ASMUS 1994, n° 41, p. 229-231. Date : ou augustéenne ou flavienne ? Dimensions : 33/39,50 x 5,50 m, soit environ 184 m2 au maximum.
112. SALIOU 2009, p. 128-129.
113. SALIOU 2009, p. 130.
114. SALIOU 2009, tableau p. 128-129.
115. NÜNNERICH-ASMUS 1994, Appendice non paginé, tableau initial non numéroté.
116. NEY-PAILLET 2006, p. 113. Fellague 2010, p. 278-279.
117. NEY-PAILLET 2006, p. 112-113.
118. NEY-PAILLET 2006, p. 120-124. Cf. Belo IX, p. 46-52.
119. Cf. SALIOU 2009, tableau p. 123. La hauteur de la basilique vitruvienne s'élevait à 50 pieds, soit un peu moins de 15 m.
120. GROS 1996, p. 248.
121. L'existence d'un étage y repose sur les structures restaurées au-dessus du tribunal lui-même restitué mais il n'a été identifié ni escalier d'accès ni vestiges indiquant la forme et la structure de la couverture.
122. GROS 1996, p. 248, sur la liaison entre le rythme de la colonnade des portiques du forum et celui de la façade à colonne des basiliques que ce soit au sol ou à l'étage.
123. Même observation pour le macellum : Belo Ill p. 141. Il est raisonnable de considérer que les chaînages étaient aussi enduits.
124. BELO Y, n° 98 : « sur le lit de pose du stuc » : [-]st an scieru[nt ? -]/Auitus.
125. Il n'y a pas d'indices à ce jour que ce fut là la technique employée sur l'ensemble du site concernant les édifices publics.
126. Malgré BELO IX, l'expérience directe de la fouille montre qu'il n'était pas toujours possible de distinguer couche d'abandon et apports postérieurs liés à la destruction de l'édifice.
127. GROS 1996, p. 252.
128. Pour un bilan des hypothèses, BELO IX, p. 45-57.
129. GROS 2006, p. 89-90, se fonde sur sa propre restitution de l'élévation (voir supra n. 27, p. 95), en partie hypothétique, de la basilique de Fanestris pour rapprocher les deux monuments : ce n'est pas entièrement satisfaisant en bonne méthode.
130. Il n'est pas possible d'ignorer que les architectes, comme l'indique Vitruve, étaient sensibles à l'environnement y compris géographique et climatique et ne limitaient pas leurs analyses à la topographie.
131. WARD-PERKINS 1970, p. 1-19 : l'idée d'un modèle importé à partir de Gaule Cisalpine est aujourd'hui abandonnée au profit d'une évolution complexe liée au départ au forum romain. Le schéma triparti n'a pas été remis en cause cependant. Voir désormais Gros 1996, p. 207-234, sur les forums et leurs développements italiques et provinciaux.
132. GROS 1996, p. 212-216.
133. BALTY 1991, p. 255-256.
134. ALARCAO-ÉTIENNE 1976, p. 178 (= Itineraria Hispánica, p. 389) : « L'architecte urbaniste était tenu de respecter la règle, que rappelle Vitruve, selon laquelle le temple majeur d'une cité doit être construit sur le point le plus élevé de la ville ».
135. ALARCAO-ÉTIENNE 1976, p. 171-185, en particulier p. 177-178 = 2006, p. 381-394 et p. 388-389. On notera aussi p. 394 : « elle (Rome) cherche à récupérer les élites qui communient dans le culte impérial ... ».
136. ALARCAO-ÉTIENNE, Itineraria, 2006 [1979], p. 401 : « Le nouveau statut de la ville, maintenant nommée Flavia Conimbriga, exigeait un forum plus monumental. Celui d'Auguste a donc été arasé et, sur ses ruines, le forum flavien a été bâti en l'honneur de la maison impériale et pour fêter la dignité municipale de la ville. Que la vie commerciale ait été chassée du nouveau forum ne doit pas nous surprendre. Il ne nous semble pas davantage anormal que le nouveau forum n'ait pas fait de place à l'administration : il exalte la fonction religieuse à l'image du forum impérial ».
137. Il ne doit y avoir là aucune référence aux trois fonctions dites « indoeuropéennes ».
138. Voir aussi Gros 2006, p. 80. « Complet » ne veut pas dire « modélisable ».
139. C'est une proportion importante en apparence mais, au regard d'autres villes et des espaces urbains d'aujourd'hui, la place des monuments publics apparaît comme relativement modeste : Pompéi, Mérida ou Nîmes, plus étendues, offraient des centres monumentaux plus importants en superficie.
140. Voir supra n. 134 la remarque de Vitruve qui paraît dictée par l'aménagement du centre romain.
141. Voir BELO VII. Il convient toutefois de préciser que l'identification de ces types de sanctuaire à un capitole ne fait pas l'unanimité aujourd'hui.
142. Cf. BELO VIII, 2008. Les sanctuaires conservés, peu nombreux, ne rendent pas compte de la diffusion réelle du culte révélée par l'épigraphie.
143. SILLIÈRES 1995, p. 95, dont le propos est influencé par i'identification du forum à « une place pour le culte impérial », ce que ne démontrent pas les statues de magistrats associées aux petits édifices. Il est suivi par Gros 2006, p. 82, sans que la preuve soit faite de la fonction des « sacella » supposés, désignés sous ce nom à cause d'un autel anépigraphe.
144. Mesurant 13,40 m x 9,82 m, il s'ouvre directement sur les marches communiquant avec le decumanus. Constitué d'un vestibule et d'une pièce axée sur une base placée au fond, il comporte deux escaliers symétriques d'accès à un étage. Le mur de la basilique servait d'appui à l'ensemble.
145. SILLIÈRES 1995, p. 126-127 : l'édifice aux deux escaliers est, lui aussi, adossé à la basilique et donc postérieur, ce qui n'autorise aucune datation autre qu'hypothétique en l'absence de données explicites issues de la fouille (MCV, XI, 1975, p. 514-516, P. Rouillard).
146. NEY-PAILLET 2006, p. 95, proposent l'hypothèse d'un uestibulum associé à une fonction liée aux activités commerciales.
147. MALGRÉ SILLIÈRES 1995, p. 127-128, un forum uenale, notion floue et créée récemment (Gros 1996 l'ignore), est improbable (pourquoi des escaliers à quatre degrés en ce cas et pourquoi un lieu aussi éloigné de la mer ?), tout comme est exclue une « place des corporations » à la manière d'Ostie que la configuration de la place n'évoque pas.
148. NEY-PAILLET 2006, Ibid.
149. Il faut introduire des nuances liées à la chronologie, des décennies étant nécessaires pour ordonner l'ensemble.
150. La place du forum servait probablement de saepta les jours de vote et accueillait la proclamation des résultats ou se couvrait de monde lors de la convocation d'une contio par l'un des magistrats.
151. WELCH 2007, p. 30-71, montre que les spectacula du Forum Romanum antérieurs aux monuments durables étaient des structures en bois préfigurant les amphithéâtres en pierre. Il est peu probable que le forum ait été utilisé à Belo, même occasionnellement, pour des jeux de gladiateurs, ce qui veut dire que la basilique n'a pas pu jouer non plus le rôle de lieu privilégié pour des spectateurs conviés à des munera. L'espace en était de toute manière trop étriqué. Il est notable que le long du littoral entre Algésiras et Cadix aucun amphithéâtre n'est associé à l'une ou l'autre des cités, semble-t-il. Par ailleurs, le théâtre offrit un lieu de divertissement contemporain de l'érection de la basilique : voir Sillières 1995, p. 129-144. S'il y avait eu un amphithéâtre, il serait étonnant qu'il ait entièrement disparu surtout lorsque l'on tient compte de la conservation du théâtre. L'amphithéâtre de Conimbriga non encore dégagé avait été repéré depuis longtemps. Que l'histoire locale n'ait pas conduit à un projet de construction d'amphithéâtre paraît plus justifié qu'il s'agisse d'un trait culturel ou d'une question financière : Gros 1996, p. 323-341 particulièrement.
152. SUÉTONE, Auguste, 40, 8.
153. Il convient d'ajouter que ce fonds commun était diversement reçu et développé selon les cités et les circonstances.
154. NÜNNERICH-ASMUS 1994, p. 138 remarque avec pertinence : « Die frühkaiserlichen Basiliken Hispaniens weisen sie nicht als eine einheitliche Gruppe aus ». Le propos ne se limite pas aux époques julio-claudiennes ni aux basiliques. Il suffit de regarder aussi les édifices présentés comme des curies.
155. Ce qui est en général passé sous silence au profit des chapiteaux dits « composites » jugés plus éloquents. Voir désormais l'étude approfondie et nouvelle de D. Fellague dans BELO IX, p. 149-215 : l'étude pièce par pièce souligne la complexité des données et appelle à ne tirer aucune conclusion jugée évidente.
156. GROS 2006, p. 79-92, qui qualifie cependant la « doctrine » mise en place de « montages ingénieux mais laborieux » (p. 83). Les chronologies qu'il suit sont toutefois en cours de modification malgré l'absence de données nouvelles décisives. Elles tendent à durcir encore les arguments mais ne font pas disparaître les questions posées, au contraire.
157. SILLIÈRES 2006, p. 37-60. Voir désormais Belo IX, p. 149-215, qui nuance fortement ces idées.
158. GROS 2006, p. 85. La notion d'archaïsme est peut-être mal choisie : on sait que le style des chapiteaux corinthiens jugé le plus canonique est situé par certains au IIe s. ap. J.-C., sous l'Empire romain, malgré une création de l'ordre au début du IVe siècle avant J.-C. au plus tard. BELO IX privilégie la notion de « réfection » pour le deuxième ordre et considère que les chapiteaux ioniques sont contemporains de la construction de l'édifice.
159. Il est par exemple fragile de « créer » un urbanisme municipal augustéen à Belo sur la base d'une prétendue promotion augustéenne par le droit latin dont il n'existe aucun indice, pas même la supposée tribu Galería comme le montre l'exemple de Labitolosa.
160. GROS 2006, p. 90.
161. FELLAGUE 2010, p. 275 et Belo IX.
162. FELLAGUE 2010, p. 290-291 et Belo IX.
163. FELLAGUE 2010, p. 293 et Belo IX.
164. BELO V, n° 14 = n° 11 dans Le Roux 2009, p. 163-174.
165. La formule aere conlato n'existe que sous une forme restituée dans l'épigraphie du site à ce jour BELO V, n° 16 = ZPE, 87, 1991, p. 133-136 (S. Lefebvre).
166. La réflexion suggère aujourd'hui de ne pas utiliser le terme, sauf nécessité expresse, dans la mesure où il tend à figer plus qu'à éclairer les interprétations historiographiques.
167. Aujourd'hui, il convient de dire qu'aucun indice n'existe d'un statut de municipe romain pour Belo. C'est l'exemple de Volubilis qui avait en partie induit cette conclusion à laquelle il faut renoncer. En outre, les recherches en cours du « programme Détroit » tendent à modifier la perception trop empirique des problèmes.
168. Les milliaires sont exclus par principe, car ils n'ont pas de rapport direct avec la vie municipale. Ne sont, en outre, pris en compte que les documents épigraphiques sûrs, qu'il s'agisse de l'identité de l'empereur ou de celle des dédicants. CIL, II, 1114, d'Italica, trop fragmentaire, n'a pas été retenu. Il n'y a aucun doute, à chaque fois, sur la présence d'une statue, non retrouvée. Les statues sans leur inscription, comme c'est le cas pour Baelo, sont encore moins nombreuses que l'inverse. Enfin, à Regina, situé à Los Paredones près de Casas de Reina dans la province de Badajoz, la ville ou oppidum citée épigraphiquement comme telle et comme res publica avait le statut de municipe - désormais attesté formellement sur une plaque votive en bronze inédite et mentionnant le genius municipii sans que l'on sache qui accorda le rang municipal - plusieurs textes fragmentaires d'inscriptions à Trajan sont toujours en cours de publication par J. Saquete Chamizo et la tête de l'empereur a été retrouvée dans un puits, à 6,5 m de profondeur, à proximité du forum. Voir aussi Le Roux 2008, p. 577-578.
169. Ne sont cités que les travaux mentionnés dans les notes infrapaginales. Pour une bibliographie plus complète : voir les différents volumes sur Belo publiés par la Casa de Velázquez.
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Patrick LE ROUX
Université Paris XIII
Fecha de recepción: 15-7-2015; aceptación definitiva: 27-5-2016 BIBLD [0213-2052(2016)34;87-137]
Annexe
Hommages à Trajan en Bétique : inscriptions168
1.CIL, II, 1028 = 5543 = CIL, II2, 7, 887 a et 888. V(-) (Azuaga, Badajoz). Deux bases jumelles dont la première ne porte pas le titre Parthicus, rajouté sur la deuxième à une place qui n'est pas celle qui convient : texte retenu.
Imp. Caesari/ diui Neruae f /Neruae Traiano/ optimo Aug. Ger / Parthico/Dacicopontif /maxim. tribun./ potes[t]XVIIII imp. XI/ cos. VI p. p. /d. d. m. F. V(-)/ p. p. f d.
Date : 115 p. C.
2. CIL, II, 1640 = 1641 = II2, 5, 252. Iliturgicola (Cerro de las Cabezas, Cordoue). Plaque de marbre moulurée. Ch. ép. en creux.
In honorem imp./Neruae Traiani Cae/saris Aug. Germ. Dacici/ex beneficis eius pecunia /publica d. ordinis factum et dedicatum.
Date : entre 102 et 114 p. C.
3. CIL, II, 2010 = II2, 5, 846. Nescania (Valle de Abdalajís, Málaga). Base de calcaire
Imp. Caesari / diui Neruae f N[er]/uae Traiano Aug. / Ger Dacico vac. / pont. max. trib. /pot. XIII imp. VI cos. / VIp. p., optumo / maxsumoque/ principi Nescanienses d. d.
Date : 114 p. C. (les puissances tribuniciennes sont fautives le sixième consulat datant de 112).
4. CIL, II, 2054 = II2, 5, 730. Aratispi (Cauche el Viejo, Málaga). Piédestal de calcaire local. Inscription dans un cadre mouluré aujourd'hui en mauvais état de conservation.
Imp.Caesari diui Neruae f. / diuo Traiano optumo / Aug. Germ. Dacico Parthico /pontif. max. trib. potest. XXI imp. / XIII cos. VI pater (sic) patriae optumo / maxumoque principi con/seruatori generis humani/ res publica Aratispitanorum / decreuit diuo dedicauit.
Date : 117 p. C. (quelques mois après l'annonce de la mort de l'empereur).
5. CIL, II, 2097 = II2, 5, 295. Cisimbrium (Zambra, Cordoue). Aujourd'hui perdue. Bloc de marbre blanc. Probablement une base de statue équestre d'après les dimensions rapportées.
Imp. Caesari / diui Neruae f. / Neruae Traiano op/timo Aug. Germ. Dacico / Parthico pontif. max. trib. /pot. XVIII imp. VII cos. VI/ patri patriae municipes.
Date : automne 114 p. C. (malgré le titre de Parthicus).
6. CIL, II, 2352. Iulipa (Zalamea, Badajoz).
Imp. Caesari / diui Neruae f. / Neruae Traiano / Aug. Germ. pont. max. trib. pot. IIII cos. /IIII/ munic. Iulipense/ d. d.
Date : 101 p. C.
7. AE, 1987, 499. Saepo (Olvera, Cadix). Piédestal de marbre blanc décoré à l'arrière d'un trophée de boucliers et javelots, à droite d'une couronne à lemnisques, à gauche d'un palmier finement sculpté, chargé de fruits.
Imp. Caes. d[iui Ner]/uae f. Ne[ru]ae Traiano / [optimo A]ug. Ger Daci/co Part(h)ico pont. max. / trib. pot. XIIX imp. X /cos. VI p. p. / res p. Saeponensium / statuam triump(h)alem / ex d. d. dedit.
Date : 114 p. C.
Il est difficile de tirer des enseignements d'un dossier mince et témoignant de la nécessité de ne pas limiter l'étude aux inscriptions sans intégrer la liste des statues. Il apparaÎt toutefois que Trajan bénéficia en Bétique d'hommages dans une proportion qui ne fut pas exceptionnelle et qui exprima la satisfaction d'un gouvernement jugé favorable et non une fierté envers son origine provinciale.
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Copyright Ediciones Universidad de Salamanca 2016
Abstract
The historical study of a completely excavated and well identified archaeological building confronts us with many interpretation problems related to the excavation techniques, development, working and municipal role of one of the best-known basilicas in the western Roman Empire. In this regard, the main challenge is the history of the municipium Claudium Baelo between the Augustan Age and Trajan's rule. Thus, this aspect that raises the issue of urban transformation in the Hispania Ulterior Baetica province during the first century of the Empire.
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