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Abstract
Au cours des dernières décennies, le patrimoine urbain est devenu un sujet incontournable dans l’aménagement de la ville. Celui-ci doit, cependant, faire face à l’expansion de la signification du champ patrimonial, aux transformations morphologiques et aux nouvelles dynamiques sociopolitiques métropolitaines, ce qui entraîne une multiplication des acteurs, des valeurs et des logiques d’action. Ces dernières nous incitent à soulever la question de la compatibilité entre le caractère des sites patrimoniaux et les nouveaux projets que l’aggiornamento propose. Cette question débouche, souvent, sur des conflits dont le nombre ne cesse de croître. C’est pourquoi l’interprétation que fait Simmel du conflit comme une dynamique produisant de nouveaux arrangements sociaux et, par la même occasion, de l’innovation sociale, nous semble revêtir un intérêt particulier. Le conflit est aussi le point de départ du paradigme de la transaction sociale, permettant de repérer l’aspect social qui se construit dans une relation conflictuelle.
Nous avons appliqué cette perspective à l’étude des controverses entourant les agrandissements des stades Percival-Molson, situé dans l’Arrondissement historique et naturel du Mont-Royal, à Montréal (Québec), et Jorge Luis Hirsch, qui se trouve au coeur du parc El Paseo del Bosque à La Plata (Argentine). Ces nouvelles interventions réclamées par la mise à jour d’équipements urbains ont entraîné de nombreuses controverses. Elles ont ainsi permis d’observer les différences et les ressemblances dans le jeu des acteurs concernés par ces projets, les arguments qui soutiennent les différentes positions, ainsi que les valeurs et les processus que ces deux sociétés distinctes s’efforcent de résoudre. Il s’agit de comprendre la place qu’occupe le patrimoine dans ces processus et les résultats qu’il entraîne dans chacun des cas.
Les résultats de cette recherche tendent à montrer que le parc historique témoigne de significations et d’intérêts différents en fonction des acteurs sociaux concernés. Ces derniers, préoccupés par les conséquences des nouvelles interventions, comptent sur les procédures participatives pour gagner une voix dans le processus décisionnel. De plus, la valeur patrimoniale comprend aujourd’hui de nouvelles significations, qui ne sont pas comprises par celles correspondant traditionnellement au domaine patrimonial. Le parc urbain historique est donc investi, dans le contexte actuel, de significations multiples en fonction de la population locale : le sport professionnel, les activités récréatives, l’environnement, la tranquillité en font partie. Cette polysémie fait aussi référence à la qualité d’un parc vivant et, du coup, expose une évolution dans la définition de son caractère patrimonial. Les diverses manières de résoudre les désaccords résultant de ces visions sont reliées aux cultures locales. En effet, les normes de protection patrimoniale ne garantissent pas l’acceptation sociale des nouveaux projets. Dans les deux cas étudiés dans cette thèse, il a fallu des négociations plus ou moins laborieuses pour aboutir, en définitive, à un projet répondant partiellement aux intérêts de tous les acteurs. Même s’ils ne correspondent pas totalement aux attentes de chacun des acteurs, les projets qui en résultent contribuent à l’évolution de la perception patrimoniale du parc historique, établissant ainsi des balises pour de futurs aménagements.