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Abstract
L’être humain dispose d’une capacité à se remémorer les moments de son existence, de sorte que des événements passés peuvent être revécus mentalement ou que des détails précis les concernant peuvent être récupérés. Afin d’illustrer ce propos, prenez un instant pour vous remémorer le dernier mariage auquel vous avez assisté. Lors de cet exercice de remémoration, il est possible que vous récupériez en mémoire une image mentale plus ou moins riche et détaillée de l’événement. Il est possible que vous ayez le sentiment de vous souvenir de ce mariage de façon très claire et vivace, si bien que vous pourriez affirmer que vous vous en souvenez comme si c’était hier. Ce sentiment de reviviscence associé à une représentation claire et vivace d’un souvenir désigne l’expérience subjective accompagnant la récupération en mémoire épisodique. Lorsque vous vous souvenez du mariage en question, il est également possible que vous vous souveniez des informations concernant le contexte dans lequel l’événement s’inscrit mais également de détails spécifiques et précis relatifs à l’événement. Ainsi, vous vous rappelez peut-être que le mariage a eu lieu fin mars de cette année dans une église à Verviers, que le principal intéressé était votre ami Pascal, qu’il portait une veste bleue marine et un nœud papillon rouge et que vous étiez assis près de ses parents lors de la cérémonie. La remémoration du passé peut donc prendre la forme d’une expérience subjective de reviviscence ou peut désigner la récupération objective de détails épisodiques précis et concrets. Durant des années, l’idée selon laquelle la qualité de l’expérience subjective concernant une trace mnésique dépendait des détails objectivement remémorées à propos de cette trace a été prise pour acquis dans la littérature sur la mémoire épisodique.
Des études examinant l’effet du vieillissement normal sur la capacité à récupérer des souvenirs passés en mémoire épisodique semblent cependant suggérer que ce n’est pas nécessairement le cas. De façon générale, notre capacité à récupérer des souvenirs détaillés ainsi que les contextes dans lesquels ils s’inscrivent diminue avec l’avancée en âge. Si on considère que l’expérience subjective en mémoire épisodique est intrinsèquement liée à la quantité d’information qui peut être, objectivement, récupérée en mémoire, il serait donc logique d’observer que les personnes âgées rapportent des jugements subjectifs d’intensité réduite par rapport à des personnes plus jeunes. De façon relativement surprenante, de très nombreuses recherches ont révélé que les personnes âgées rapportent qu’elles se souviennent très bien d’un événement passé (ce qui se traduit par des jugements subjectifs plus élevés que les personnes jeunes), et ce, même lorsque leurs souvenirs sont objectivement moins riches et détaillés. Il se pourrait donc que les aspects objectifs et subjectifs de la remémoration en mémoire ne soient pas toujours étroitement liés et puissent même parfois être dissociés comme c’est le cas dans le vieillissement normal.
Comment peut-on expliquer que des personnes âgées, qui rapportent des souvenirs quantitativement moins riches et détaillées que des personnes jeunes, décrivent qu’elles se souviennent de l’événement de façon claire et vivace (voire même de manière plus vivace que des personnes jeunes) ?