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COMME ON LE SAIT, LES FONDATIONS ÉTAIENT RÉPANDUES DANS LES CITÉS grecques, surtout à la période hellénistique, et leur fonctionnement peut se résumer comme suit : une cité réunissait un capital, souvent grâce à la générosité d'un donateur, le déclarait inaliénable et le consacrait parfois à une divinité, puis le prêtait à des particuliers pour en tirer des intérêts qui restaient perpétuellement assignés à l'objectif défini au départ1. La fondation d'Eudèmos, à Milet, est l'une des mieux connues, grâce à une longue inscription très bien conservée qu'on peut dater de 207/6 ou de 206/5 avant j.-c. et qui a été plusieurs fois éditée et commentée2. Rappelons qu'Eudèmos a offert à la cité, en son nom et au nom de ses deux frères, une forte somme de dix talents en argent, (ProQuest: ... denotes non-USASCII text omitted.) pour l'éducation des enfants libres, (ProQuest: ... denotes non-USASCII text omitted.) (lignes 3-6 et 14-15). Je note que le texte mentionnait à deux reprises (lignes 54 et 80) une loi sur (ProQuest: ... denotes non-USASCII text omitted.) (voir Harris 1989 : 130-134) : il est donc probable que la fondation venait compléter d'autres fonds, publics ou privés (ou les deux), déjà consacrés à ce domaine. Mais je ne reviens pas ici, sauf en passant, sur l'éducation des enfants ni sur le recrutement des maîtres ni sur les cérémonies religieuses prévues par le texte ni sur les clauses juridiques qu'il contient. Mon propos est en effet d'analyser les mécanismes administratifs mis au point par la cité à cette occasion, car plusieurs d'entre eux n'ont pas été expliqués de manière satisfaisante et certains posent des problèmes numismatiques qu'il faut désormais résoudre à la lumière d'une nouvelle étude des monnayages de Milet.
La famille d'Eudèmos était certainement l'une des plus fortunées de la cité. Eudèmos était probablement l'aîné et avait été stéphanéphore éponyme en 216/15, puis son frère Ménandros avait revêtu la même charge en 209/83. Nous ne savons pas pourquoi les Milésiens ont demandé leur aide. Quelques années plus tôt, une disette prolongée avait affaibli les finances publiques à tel point que la cité a ouvert, en 211/10, un emprunt par souscriptions qui lui a procuré 140400 drachmes grâce à trente-neuf prêts de 3600 drachmes chacun4. Dans la liste des prêteurs,...