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Depuis Simone de Beauvoir, on distingue dans les recherches féministes le sexe du genre : le sexe, masculin ou féminin, fait référence à l'anatomie, alors que le genre - ce qui fait que nous agissons comme un « homme » ou une « femme » - est considéré comme un construit social. Les interactions du monde du travail, de la sphère domestique et de la société en général sont donc politiquement et culturellement chargées; selon la théorie des « scénarios » de genre (gender scripts), les hommes, les femmes, les adolescents et les adolescentes ainsi que les enfants agiraient conformément à certaines normes sociales qui prescrivent les comportements « acceptables ». Or, il n'en est pas autrement dans la vie intime : en effet, la sexualité d'une personne est construite en relation à la fois avec son histoire personnelle et avec les normes sociales - elle est donc le reflet de la culture et de l'expérience du sujet (Egan et Hawkes 2009 : 397). Déjà en 1984, Michel Foucault, dans son Histoire de la sexualité, démontrait que la façon dont les femmes et les hommes avaient été amenés à se reconnaÎtre comme « sujets désirants » était dépendante des discours sociaux et donc changeait avec le temps (Foucault 1994 : 12).
La sexualité constituant un « lieu » social, la manière dont nous interagissons avec nos partenaires sexuels dépend grandement des discours et des normes sociales. Si, par le fait du patriarcat, les hommes profitent traditionnellement d'un pouvoir qui leur est attribué d'office, et ce, dans toutes les sphères sociales, y compris celle de la sexualité, ce pouvoir a un impact sur ce que certains chercheurs et chercheuses appellent l'« agentivité sexuelle » des femmes. Le concept - relativement récent et de plus en plus utilisé dans les études sur le genre et sur les jeunes - fait référence à la capacité des hommes et des femmes de prendre en charge leur propre sexualité et de l'exprimer de façon positive. S'il apparaÎt relativement aisé pour un homme ou un adolescent de faire preuve d'agentivité sexuelle (Lamb 2010 : 298), le développement de cette agentivité semble beaucoup plus problématique chez les femmes, en particulier chez les adolescentes. Comme l'agentivité sexuelle constitue un concept complexe, le présent...