A la tribune avec une pionnière damascène : Marie Ajami (1888-1965)1

Headnote

This contribution studies the activities and ways by which the Syro-Lebanese journalist and intellectual, Marie Ajamai (1885-1965), impacted public opinion in her homeland and in the larger region. One of the first women journalists in Syria, Marie Ajamai established, in 1910, the first newspaper in Syria specifically intended for women. This prominent and pioneering figure in the Syro-Lebanese intellectual milieu divided her time between various activities. She spent many years teaching, in both educational establishments and the private sector, as well as in writing numerous articles, prose and poetry which were both published and spoken before different groups in the public or private sphere such as in universities and clubs in Syria, Lebanon and Palestine. In addition to this, Marie Ajami founded or co-founded clubs and literary associations, such as the Club féminin littéraire de Damas. During her entire life, she worked for the emancipation and education of women in her country and also for the political and intellectual liberation of the Arab nation, first from the Ottoman occupant and then from the French one.

Keywords: Marie Ajami - Syria - Lebanon - woman intellectual - newspaper - literary club - political engagement - Ottoman - French Mandate

En 1910, paraît pour la première fois à Damas et en Syrie une revue fondée par une femme et destinée aux femmes : al-'Ariïs (la Mariée). Il ne s'agit pas, comme le titre pourrait l'évoquer, d'un journal de mode pour les mariées, mais d'une revue « scientifique, littéraire, humoristique, culturelle », ainsi que le précise sa fondatrice Marie Ajami, une jeune fille damascène âgée de vingt-deux ans2.

La création d'à/- 'Arils fait partie d'une activité primordiale qui marquera toute l'existence de la fondatrice : sa lutte pour l'émancipation et l'éducation des femmes de son pays ainsi que pour la libération de la nation arabe, de « l'occupant » ottoman d'abord, français ensuite. Deux combats liés entre eux puisqu'elle attribue la décadence politique de son pays à l'absence du rôle des femmes.

« L'honneur a été donné aux femmes pour qu'elles embellissent la terre des fleurs du ciel » est la phrase emblématique de la revue, inscrite sur sa page de garde, qui chante la femme et la tâche qui lui est confiée ; cette phrase suggère...