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AU COURS du XVIе siede, les verres realises sur l'Île de Murano å Venise rencontrent un immense succes dans toute l'Europe. Cet engouement incite les verriers a emigrer et å se mettre au service de souverains amateurs de verres vénitiens. Ce phénomene migratoire a été analyse par un certain nombre d'historiens du verre comme Corine Maitte1. Nombreux sont alors les verriers Italiens, et surtout vénitiens, â s'installer en France. La plus célebre des verreries italiennes établies en France au XVIе siede est la verrerie de Saint-Germainen-Laye, placee sous la protection du roi Henri II et de son épouse Catherine de Medi?is. On a beaucoup écrit sur cette verrerie, mentionnée dans chaqué livre ou article traitant de ?histoire du verre français â la Renaissance2. Le fait que l'on dispose de tres peu de documents d'archives å son sujet et que l'on ne sache pas tres bien a quoi ressemblaient les produits qui sortaient de ses fours, a cependant entretenu une sorte de mystére autour de la verrerie. On a ainsi attribue ou voulu attribuer sans certitude absolue un certain nombre de pieces de musée å cet atelier. Quatre années de recherches nous permettent aujourd'hui de proposer une synthese des faits connus afin de comprendre toute l'importance de cette verrerie pour ?histoire du verre français et européen au XV? siede.
Le Gout pour les verres vénitiens
Au cours du XV? siede, les verres realises a Venise rencontrerent un grand succes aupres des souverains et de la noblesse de toute l'Europe. Le royaume de France ne fit pas exception : ainsi la reine Anne de Bretagne possédait un ensemble de verres vénitiens émaillés â ses armes3 et François ?r lui-méme fit l'achat de verres aupres du verrier vénitien Domenico Ballar?n4. Dans la seconde moitié du XVIе siede, les verres de Venise constituent encore des cadeaux tres apprecies. La duchesse de Valentinois en offre â la reine Eleonore en 1539'. Catherine de Medicis, reine de France â partir de 1547, en était particulierement amatrice. Alors qu'elle n'était encore que dauphine, elle en reçut un certain nombre de la part de l'ambassadeur de Venise6. On lui en fit également présent pour le bapteme du dauphin en 15497.
Les Vénitiens possédaient alors un savoir-faire rare et de ce fait tres recherché....