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Elisabeth Gallat-Morin et Jean-Pierre Pinson. La vie musicale en NouvelleFrance. Coll. « Musique », Cahiers des Amériques, n0 1. Sillery : Éditions du Septentrion, 2003. 570 p. ISBN 2-89448-350-3 (couverture souple).
Avec cet ouvrage, fruit d'une vingtaine d'années de recherche, Elisabeth Gallat-Morin et Jean-Pierre Pinson apportent une remarquable contribution à la musicologie québécoise et canadienne, voire à la musicologie tout court1. C'est que leur Vie musicale en Nouvelle-France vient combler une lacune en offrant la première tentative de synthèse des pratiques musicales sous le Régime français. Depuis longtemps en effet, la littérature sur le sujet souffrait d'être soit incomplète, soit inexacte, certains auteurs, tels Helmut Kallmann (1960/1987), Clifford Ford (1982) et Timothy McGee (1985) ne réservant à cette période qu'une faible partie de leurs ouvrages sur la musique au Canada. D'autres, comme Willy Amtmann (1976), subirent l'influence tenace de Francis Parkman, pour qui le peuple de la Nouvelle-France était trop rustre pour entretenir une véritable culture musicale, hormis quelques chants populaires de tradition orale. Andrée Desautels voyait plus juste, mais le cadre restreint d'un article paru dans La musique, les hommes, les instruments, les ?uvres (1965) ne lui permettait pas de s'étendre bien longtemps sur le sujet.
Heureusement, l'état de la recherche a beaucoup évolué depuis deux décennies avec les travaux de plusieurs chercheurs qui ont étudié avec rigueur certains aspects de la vie musicale en Nouvelle-France (Laforte 1977-1983 ; Plante 1980 ; Desautels 1983; Schwandt 1984; Dubois 1997). C'est ajuste titre que trois d'entre eux ont été appelés à contribuer à la rédaction du présent ouvrage : Paul- André Dubois pour la musique religieuse chez les Amérindiens, Conrad Laforte pour les musiques de tradition orale et Erich Schwandt pour l'usage du petit motet dans les communautés religieuses féminines. À ces collaborations il faut ajouter celle de François Filiatrault, qui s'est chargé de la recherche iconographique et de la rédaction des encarts consacrés aux compositeurs.
Quant aux deux auteurs principaux, ils se partagent chacune des deux parties de l'ouvrage, Jean-Pierre Pinson pour la musique religieuse et Elisabeth Gallat-Morin pour la musique en société (musique profane). Leur étude se limite à la période s'étendant de 1600 à 1800 et, en gros, à l'aire géographique de la vallée du Saint-Laurent, effleurant au passage l'Acadie, la NouvelleAngleterre...