Résumé
Le récit d'enfance sous forme d'autobioBD (Miller et Pratt, 2004) permet a l'auteur de raconter sa propre vie dessinée a la candeur d'enfant. Dans ce cas, le péritexte (Genette, 1987), comprenant le titre, le décor, et le rapport texte-image, contribue a mettre en valeur non seulement le talent graphique de l'auteur mais également les tensions personnelles et psychologiques des personnages principaux. Les premieres et les quatriemes de couvertures, objet de notre étude, appartenant a la série L'Arabe du futur (4 tomes) de l'auteur franco-syrien Riad Sattouf, et racontant quatorze ans de sa vie passée en Libye, en Syrie, et en France se pretent particulierement bien a cette analyse. Nous examinerons le péritexte en nous focalisant sur la conscience de soi et l'autre (Lacan, 1977) chez l'enfant Riad et l'évolution de son identité et des rapports familiaux, surtout sa relation avec son pere se manifestant dans les dessins de la couverture.
Mots-clés : autobioBD, récit d'enfance, péritexte, pages de couvertures, identité
Abstract
Childhood narratives in the form of autobiocomics (Miller and Pratt, 2004) allow the author to recount his life in images with a childlike candour. In this case, the peritext (Genette, 1987) which includes the title, the decor, and the relationship between text and image, helps emphasise the author's artistic talent as well as the personal and psychological conflicts of the protagonists. The front and back covers of L'Arabe du futur (4 volumes) of the Franco-Syrian author Riad Sattouf, covering fourteen years of his life spent in Libya, Syria, and France forms the subject of our research and is very apt for our analysis. We will examine the peritext, focusing on the awareness of the self and the other (Lacan, 1977) in the child Riad and the evolution of his identity, his family relations chiefly between his father and him as seen on the book cover.
Keywords: autobiocomics, childhood narrative, peritext, book covers, identity
Toute œuvre est accompagnée de renseignements sur l'ouvrage, son auteur et son contenu sur la couverture s'adressant aux lecteurs. Il s'agit d'éléments entourant le texte sans en faire partie, que Gérard Genette baptise « paratexte » (Genette, 1981, cité dans Genette, 1987 : Introduction) :
[...] un nom d'auteur, un titre, une preface, des illustrations, dont on ne sait pas toujours si l'on doit ou non considerer qu'elles lui appartiennent (au texte), mais qui en tout cas l'entourent et le prolongent, précisément pour le présenter, au sens habituel de ce verbe, mais aussi en son sens le plus fort : pour le rendre présent, pour assurer sa présence au monde, sa « réception » et sa consommation, sous la forme, aujourd'hui du moins, d'un livre (Genette, 1987 : Introduction).
Le paratexte sert alors a nous renseigner sur l'ouvrage et en meme temps a le rendre présent aux lecteurs. Il se compose du péritexte et de l'épitexte. Le premier fait partie de l'ouvrage alors que le deuxieme existe a l'extérieur du livre sous forme d'articles a propos de l'ouvrage, de l'auteur, des entretiens, des journaux intimes, et des correspondances (Ibid., Introduction). Dans cette étude, nous nous pencherons sur une analyse des pages de couverture composant le péritexte de la bande-dessinée. Selon Benoit Mitaine, maître de conférences faisant des recherches sur les bandes dessinées,
La ou le roman depend plus du titre et du résumé figurant en quatriéme de couverture que de la couverture elle-méme (l'auteur est d'ailleurs rarement impliqué dans sa conception), la bande dessinée mise énormément sur l'illustration de couverture, qui expose au regard de tous un fragment de l'œuvre censé incarner a la fois le titre, le résumé de la quatriéme de couverture, le genre et le talent graphique de l'auteur (2013).
Une bande dessinée étant un médium dont la base est l'image contrairement au roman qui est fondé sur le texte, la couverture joue un rôle essentiel dans la réussite ou l'échec d'une bande dessinée. Le dessin sur la couverture nous offre alors le contexte dans lequel se passe l'histoire.
L'objet de notre étude est un récit d'enfance autobioBD, un terme inventé par Miller et Pratt (2004) pour désigner des autobiographies sous forme de bande-dessinée. Distinguons d'emblée l'autobioBD du genre du roman graphique. Thierry Groensteen (2012), théoricien de la bande dessinée, distingue le roman graphique d'une bande-dessinée en évoquant l'exemple d'A Contract with God (étiqueté un roman graphique sur sa premiere de couverture) de Will Eisner. Il cite comme éléments caractéristiques du roman graphique : « la rupture avec les pratiques sérielles de l'industrie des comics » ; « mélange de « choses vues », de souvenirs d'enfance et de fiction » ; « le format, le refus de la couleur, une pagination beaucoup plus étoffée, enfin une conception de la page ou texte et dessins s'entrelacent de façon plus libre que dans la mise en page traditionnelle ». Groensteen ajoute que le terme 'roman graphique' fait une distinction entre la bande dessinée populaire et la bande dessinée pour l'élite et que ces criteres ci-dessus ne seraient pas des marques de la qualité de l'ouvrage. Dans L'Arabe du futur, il s'agit principalement d'une autobiographie dessinée de quatre tomes en couleurs, qui va a l'encontre des caractéristiques évoquées par Groensteen. Donc, nous qualifions cette série comme une bande-dessinée et pour etre plus précise, une autobioBD.
L'Arabe du futur est un récit d'enfance autobioBD de l'auteur franco-syrien Riad Sattouf, narrant quatorze ans de sa vie vécue en France, en Libye de Mouammar Kadhafi et en Syrie de Hafez-al-Assad de la fin des années 70 jusqu'aux années 90. Quatre tomes de cette série ont été publiés par Allary Editions entre 2014 et 2018. C'est l'éclat de la guerre civile syrienne en 2011 et les tentatives de l'auteur pour faire fuir sa famille de la Syrie en France qui l'ont poussé a dévoiler son enfance et son adolescence qu'il y a passé pour pouvoir raconter les difficultés qu'il a subies pour aider sa famille (Sattouf, 2014b). Par une presentation de sa famille, de sa vie quotidienne et ses contacts parfois conflictuels avec les valeurs de la société syrienne, a travers le regard naif de l'enfant Riad qui constate tout autour de lui, le récit a réussi a attirer, et attire toujours, un grand lectorat dans le monde entier. Sattouf a remporté de nombreux prix internationaux dont le Fauve d'or meilleur album au festival International de la Bande dessinée d'Angouleme en 2015 pour le premier tome de la série L'Arabe du futur. Par ailleurs, cette série a été traduite en vingt-trois langues avec plus de deux millions d'exemplaires vendus. Pareillement a Persepolis de Marjane Satrapi, cette série n'est pas encore traduite en arabe.
Quant au péritexte de cette série, objet de l'analyse présente, tous les tomes ont une couverture a rabat avec une seule image complete qui s'étend sur la couverture. Chaque premiere de couverture nous renseigne sur les relations entre les membres de famille de Riad et présente une image liée au contexte politique, tel qu'il se présentait dans ses souvenirs d'enfant et le résumé figure sur la quatrieme de couverture.
Dans un premier temps, nous aborderons quelques éléments de la couverture qui nous informent sur le genre et le contexte de l'histoire racontée. Dans un deuxieme temps, nous traiterons l'évolution de l'identité du personnage principal Riad. Dans un troisieme temps, nous examinerons des changements dans la relation de Riad avec son pere qui joue un rôle de premier plan dans cette série.
Le genre autobiographique et le contexte familial et politique au Moyen-Orient
Dans cette partie de l'article, nous étudierons plusieurs elements de la couverture, qui mis ensemble comme des pieces d'un puzzle, nous racontent une histoire a propos de l'histoire a l'intérieur de l'ouvrage. Pour mieux comprendre l'ouvrage, nous analyserons le titre, le sous-titre, le nom d'auteur, le résumé, le dessin et les couleurs sur les pages de couverture.
Le premier élément sur la couverture qui attire notre attention est le titre L'Arabe du futur, en gros caracteres. Le titre indique le sujet du texte, que Genette appelle « titres « subjectaux » » (1987 : Les titres) : dans ce cas, il s'agit d'une personne de nationalité arabe et de ce qu'il devient dans sa vie. Cela fait référence a l'enfant dont la figure est en blanc et en noir, le démarquant ainsi de sa famille et nous informant du personnage principal. Son pere soutenait le panarabisme1 et était obsédé par l'éducation des Arabes pour qu'ils sortent de l'obscurantisme religieux. (Sattouf, 2014a : 11) C'est ainsi que le pere conçoit l'idée d'un Arabe du futur bien éduqué et de ce fait, l'enfant est présenté comme un Arabe.
Au-dessus du titre, nous constatons le nom de l'auteur : Riad Sattouf. Å l'intérieur, dans la partie récitatif de la premiere case de tout tome se présente le narrateur adulte Riad, qui nous présente l'enfant et l'adolescent Riad dans le dessin. Cette identité de l'auteur - narrateur - personnage nous renseigne du genre de l'ouvrage qui serait l'autobiographie. Philippe Lejeune théoricien de l'autobiographie en parle dans son œuvre Le Pacte autobiographique,
Des qu'on englobe celle-ci (la page du titre) dans le texte, avec le nom de l'auteur, on dispose d'un critere textuel général, l'identité du nom (auteurnarrateur-personnage). Le pacte autobiographique, c'est l'affirmation dans le texte de cette identité, renvoyant en dernier ressort au nom de l'auteur sur la couverture (Lejeune, P. 1996).
Ce pacte soutient l'idée que l'auteur nous raconte ses expériences. Le résumé de chaque tome mentionne « une histoire vraie » sur la quatrieme de couverture de tous les tomes (Sattouf, 2019/2014a, 2019/2015, 2016, 2018a) ; il s'agit d'un pacte référentiel dont le formule est « Je jure de dire la vérité, toute la vérité rien que la vérité » (Ibid., 1996). Ces deux pactes ensemble créent un contrat explicite entre l'auteur et le lecteur renforçant l'idée qu'il s'agirait d'un récit d'enfance autobiographique au Moyen-Orient : de ses deux ans jusqu'a l'âge ou il développe son identité.
Les quatre tomes de cette série ont le meme titre et un sous-titre qui indiquent les années de la vie narrée : Une jeunesse au Moyen-Orient suivi par les années de la vie de l'enfant dont il est question dans l'œuvre : (1978-84), (1984-1985), (1985-1987), (1987-1992). Cela nous informe que cette série traite quatorze ans du développement de l'individu depuis son enfance que nous témoignons dans les dessins du personnage aussi. Le Moyen-Orient dans le sous-titre insiste sur l'idée de la vie d'un enfant dans plusieurs pays du Moyen-Orient. Tout élément de la couverture, dont les couleurs avancent l'idée de son vécu aux pays du MoyenOrient. Le dessin a des couleurs rouge, blanche, verte et noire : les couleurs des drapeaux de Libye, Syrie et du panarabisme. Lors d'un entretien, l'auteur révele la raison pour le choix de couleurs employées dans la série,
Dans chaqué pays, je me suis autorisé, en écho au nationalisme du pere, d'utiliser les couleurs du drapeau de chaque pays. En France, il y a le rouge, en Syrie, le vert et le rouge, et en Libye, le vert du drapeau de Kadhafi (Sattouf, 2018b).
Le nationalisme de son pere se reflete non seulement a l'intérieur des ouvrages mais sur la couverture aussi. Ces couleurs sont associées avec le panarabisme car elles étaient choisies par des dynasties islamiques et les successeurs du prophete (Podeh, 2011 : 421-422). Le drapeau de la République arabe unie (l'Égypte et la Syrie : 1958-1961) et de l'Union des Républiques arabes (la Libye, l'Égypte et la Syrie) se servent de ces couleurs sauf la couleur verte dans le second drapeau. L'idée du panarabisme de l'égyptien Gamal Abdel Nasser a beaucoup influencé Mouammar Kadhafi qui se voit l'unificateur des pays arabes (Klingelschmitt, 2018), ce qui explique la décision du pere de s'installer en Libye. L'image sur la premiere de couverture, montrant l'enfant Riad qui salue l'image de Kadhafi, traduit en effet son admiration et celle de son pere pour Kadhafi.
Le blanc et le noir comme indiqué au-dessus distingue le personnage principal Riad de sa famille qui est en rouge et en noir. D'autres personnages et éléments sont en rouge, en noir et en vert. Sur la premiere de couverture, l'image de Mouammar Kadhafi est en rouge et en noir comme pour sa famille, signalant la camaraderie que l'enfant Riad ressent envers lui. La premiere de couverture du deuxieme tome a un mur couvert des affiches de la photo du président syrien Hafez-al-Assad en noir et en vert indiquant que la famille Sattouf a déménagé en Syrie, le pays natal du pere de Riad. La différence dans le choix des couleurs indique que l'enfant Riad n'aime pas Assad et il s'en méfie (Sattouf, 2019/2014a : 111) et ces couleurs distingue sa famille de la politique. Sur la couverture du troisieme tome, nous voyons Riad et son pere regardant dans un miroir noir et vert. Leur reflet est en noir et en vert alors que Riad est en blanc et en noir, son pere, en rouge et en noir. La couleur verte soulignerait la différence qui existe entre Riad et son pere. Sur cette couverture, le rouge est la couleur dominante, désignant du danger et du sang, lié au sang que voit Riad pendant sa circoncision (Sattouf, 2016, 147). La couverture du quatrieme tome montre Saddam Hussein, un héros aux yeux du pere de Riad braquant un fusil, le drapeau irakien a côte de lui, un char, des avions de chasse, des cavaliers et un hélicoptere représentant la guerre. La période de vie de ce tome indique la guerre Iran-Irak (1980-1988) et l'invasion du Koweit (1990). Toute cette partie est en noir et en vert, indiquant encore la différence entre la famille et la politique. La couleur noire domine sur la couverture annonçant l'événement qui déchire sa famille.
Le titre, les sous-titres avec ces dessins aux couleurs panarabes nous apprennent que l'enfant Riad a vécu et grandi dans ces pays aux régimes totalitaires. Par ailleurs, l'emplacement des personnages reproduit en dessin des tensions entre les membres de sa famille.
Le développement de l'identité de l'Arabe du futur Riad
Un ouvrage autobiographique raconte la vie du protagoniste et nous serons ainsi témoins aux changements chez lui, dans sa personnalité. Sattouf représente le développement chez le personnage a travers les variations dans les dessins sur la premiere de couverture, dans les années mentionnées dans le sous-titre, les résumés dans les quatriemes de couverture : un enfant blond, un écolier blond, un cimmérien blond, un adolescent de moins en moins blond. La couleur de ses cheveux est importante du fait que cela le fait ressortir en Libye et en Syrie et il est traité de juif. H. Rudolph Schaffer (2003 : 115), professeur de la psychologie explique,
La conscience de soi se construit principalement dans le contexte des relations - au début avec ses parents, ensuite de plus en plus avec ses pairs. Ce que les autres enfants pensent de l'individu et la maniere dont ils se comportent avec cet enfant importent considérablement des l'âge préscolaire jusqu'á l'adolescence2. [Notre traduction].
L'enfant crée son identité grace a la relation avec sa famille et ses pairs qui ont des effets sociaux et intellectuels sur le développement de l'enfant. La premiere de couverture du premier tome présente l'« enfant blond » (Sattouf, 2019/2014a) Riad qui vit dans la complaisance, jouissant de toute l'attention de ses parents. Or, il passe du temps avec des jouets et en compagnie de ses cousins et d'autres enfants syriens qui jouent avec lui a la guerre avec de petits soldats syriens et israéliens. Riad se sent anxieux, étant donné que les soldats juifs sont traités de traîtres par ses cousins (Sattouf, 2019/2014a : 124-125). Il commence a comprendre la haine qu'ont les Syriens envers les Israéliens sans l'intérioriser. Cependant, la question de son identité nationale ne le perturbe pas.
Le deuxieme tome a sur la couverture, « l'écolier blond » (Sattouf, 2019/2015) Riad en blouse de l'école avec un cartable et le drapeau syrien. Derriere lui sont les affiches des photos de Hafez-al-Assad indiquant son assimilation a la société syrienne a travers son éducation a l'école et le nationalisme. Ce tome se concentre sur la vie d'un écolier syrien et ce qu'il apprend a l'école, y inclus la propagande. Les écoliers répétaient les slogans du parti politique Baas de Hafez al-Assad). Les photos de ce chef d'État étant partout, dans les écoles publiques et privées, des bureaux, des livres et des cahiers meme, (Mobaied, 2020 : 127), renvoient a ce qu'Althusser appelle l'appareil scolaire (1995 : 107) qui fait partie des Appareils idéologiques d'État : ou il y a une reproduction non seulement de la qualification mais de la soumission a l'idéologie dominante aussi (ibid. :78). Le systeme d'éducation en Syrie fonctionne comme un support pour le régime de Hafez al-Assad, endoctrinant les enfants pour qu'ils fassent tout pour la perpétuation du régime (Masud, 2018 : 81-82). Å l'école, Riad devient conscient qu'il doit nier l'identité juive qui lui est accordée par des gens et il réclame l'identité syrienne pour se protéger contre de mauvais traitements (Sattouf, 2019/2015 :38, 40).
Dans le troisieme tome, il s'agit d' « un Cimmérien blond » (Sattouf, 2016). Ayant vu le film Conan, le Barbare et impressionné par sa puissance, ses cousins et lui se comportent comme des Cimmériens en faisant des grimaces et portant des batons de bricolage pour faire peur aux autres enfants (Sattouf, 2016 : 56). En apprenant qu'il n'est pas circoncis, ses cousins déclarent qu'un Cimmérien serait circoncis, et lui demande s'il est juif (Sattouf, 2016 : 55-56, 59). Il apprend que son pere est circoncis et voudrait lui ressembler et s'assimiler d'une nouvelle façon parmi ces pairs. Sur la couverture, Riad et son pere se regardent dans le miroir. Cela explique que l'enfant Riad constate des similarités et des différences entre eux. Le fait de ne pas etre circoncis l'inquiete, et avec le souhait de devenir un homme comme son pere et un Cimmérien, il accepte de se faire circoncire. Å l'arriere-plan de cette couverture, il y a un grand hélicoptere noir que Riad voit a Beyrouth pendant la guerre civile et les pales de l'hélicoptere lui rappellent des rasoirs (ibid. : 96), présageant sa circoncision traumatique vers la fin de ce tome (ibid. :147).
Le quatrieme tome raconte les expériences d'« un adolescent de moins en moins blond». Adolescent, son corps subit des changements et il est plus soucieux de la maniere dont il se voit et il est vu par les autres. Bien qu'il ait les cheveux châtains (Sattouf, 2018a : 7), il est traité de juif en Syrie. La cinquieme étape psychosociale proposée par Erik Erikson convient a cette période : le conflit entre l'identité et la confusion de rôle qui commence avec la puberté explique ses préoccupations. En outre, il existe de distance émotionnelle entre Riad, sa mere et son pere suite a la circoncision et les différences dans la maniere d'élever les enfants. Ces différences et la regression idéologique et religieuse de son pere crée une rupture entre ses parents qui se reflete dans le résumé : « sa famille franco-syrienne » (ibid. :2018a) alors que les trois tomes mentionnent « une histoire vraie de [...] et de sa famille » (Sattouf, 2019/2014a, 2019/2015, 2016). En raison d'etre accordé des nationalités sans son choix ou accord - en France, il est traité de Francais avec un nom arabe et d'Arabe par lui-meme (Sattouf, 2018a :185) - son identité reste un enjeu représenté dans cette série. Pendant l'adolescence, l'individu cherche une nouvelle cohérence de l'identité du moi que celle qu'il avait développée pendant son enfance (Erikson, 1959 : 234-236). Sur la couverture du quatrieme tome, Riad marche avec sa mere et salue son pere. L'emplacement des personnages dans le dessin imite 'l'identité' qu'il ressent avec son pere ou sa mere. Rushdie (1991 : 15), dans son essai « Imaginary homelands », évoque l'émigration des Indiens et la culpabilité qu'ils ressentent d'en etre parti, et d'etre devenus des personnes infra-lapsariennes (apres la chute de l'homme dans le christianisme). « Notre identité est a la fois plurielle et partielle. Parfois il semble que nous sommes a cheval sur deux cultures ; et d'autres fois, nous sommes assis entre deux chaises3. » [Notre traduction]. De meme, Riad semble parfois etre intégré dans les deux cultures et parfois, n'arrive a appartenir a aucune culture. Dans une interview, l'auteur Sattouf adopte l'identité de dessinateur au lieu de choisir une nationalité, « Dans ma recherche de loyauté a deux identités différentes, j'ai finalement opté pour en construire une troisieme. Je me sens avant tout auteur, écrivain, dessinateur. » (2018d).
Se sentant aliéné en Syrie et en France, il ne réclame aucune identité nationale associée a ses parents et se distancie de la notion du nationalisme que prônait son pere. Tous les tomes soulevent ainsi les changements, les conflits et l'évolution de l'identité de Riad a travers le dessin et le résumé sur les pages de couverture.
D'un pere modéle a un pere critiqué : la relation entre Riad et son pere
Sur toutes les premieres de couverture de la série L'Arabe du futur, se trouvent au premier plan des scenes de la famille de Riad avec des changements dans les rapports familiaux. Nous voyons l'enfant Riad et sa famille marchant vers l'avant, nous invitant a ouvrir l'ouvrage et se lancer dans sa lecture. La ligne dans la bande-dessinée joue un grand rôle parce que ces lignes pourraient exprimer des émotions : quand la ligne est déchiquetée, le dessin semblerait sévere et peu accueillant et quand il y a des courbes, le dessin semblerait chaleureux et doux (McCloud, 1994 : 124-126). Dans cette série, les lignes sont rondes, courbées et enfantines et meme les bâtiments et les objets que nous voyons ont l'air enfantin, représentant les souvenirs de l'adulte de son enfance. Å l'arriere-plan, il y a des images de Mouammar Kadhafi, Hafez-al-Assad et Saddam Hussein. Contrairement aux dessins de la famille, ces dessins sont realistes comme il s'agit des personnages historiques connus dans le monde. Sattouf revele qu'il a change les noms des membres de sa famille pour proteger leur identite et pour se mettre a distance de ses personnages (Sattouf, 2018c). Cette decision pourrait s'etendre meme a la representation graphique de sa famille. Quant a ces chefs d'État, Sattouf presenterait ce qu'il a vu, entendu alors que dans le cas de sa famille, il presente sa verite subjective.
Dans cette partie, nous nous focaliserons sur la relation entre Riad et son pere Abdel-Razak dans les dessins sur les pages de couverture. Le pere serait un modele auquel l'enfant se refere pour developper sa propre personnalite. Le rapport pere-fils est un des themes importants de cette serie vu que Riad Sattouf traite le nationalisme de son pere Abdel-Razak dans tout l'ouvrage.
Dans la premiere de couverture du premier tome, nous voyons Riad assis sur les epaules de son pere, saluant le panneau depeignant le colonel Kadhafi. Å part Kadhafi, Riad adule son pere qui lui semble fort et talentueux (Sattouf, 2019/2014a : 15-16, 21, 28). Du fait que son pere lui semble le parent dominant, l'enfant Riad demande et reçoit un pistolet (un jouet) alors que sa mere ne veut pas qu'il joue avec ce genre de jouets (ibid. : 41, 60). Selon Eleanor E. MacCoby, psychologue, l'enfant apprend a anticiper la reaction d'un adulte dans une situation quelconque (1959 : 244). En plus, l'enfant apprendrait bien la reaction de l'adulte pour obtenir ce qu'il desire si cet adulte contróle des ressources dont l'enfant a besoin (Whiting, cite dans Maccoby, 1959 : 245). Dans le deuxieme tome, l'enfant Riad realise enfin le reve de son pere d'un Arabe eduque en allant a l'ecole. L'admiration pour son pere continue dans le deuxieme tome ou Riad croit que le statut professionnel et social de son pere le protegerait des coups de bâton de la maitresse (Sattouf, 2015 : 15, 26). Pourtant, il y a des moments ou Riad, ayant anticipe la reponse de son pere, lui dissimule des faits et ses vrais sentiments. Il ne dit rien des coups de bâtons de la maitresse de peur d'etre considere faible par son pere (Sattouf, 2015 : 24) car son pere croit que Riad a besoin de s'endurcir. Vivant dans une societe patriarcale en Syrie, l'enfant Riad est cense se comporter selon des stereotypes associes aux hommes. C'est pour cette raison qu'Abdel-Razak n'aime pas que Riad reste avec sa mere a la maison, et qu'il joue avec « des petites voitures et des hommes nus en plastique... » (Sattouf, 2014 : 107) qui selon lui sont des jeux de filles. Ainsi, Riad apprend a se comporter d'une certaine maniere pour etre accepte par son pere et par la societe patriarcale syrienne.
La premiere de couverture du troisieme tome depeint le pere aidant Riad a se voir dans un miroir. Afin de dechiffrer cette image, nous pourrions nous servir de la theorie lacanienne du stade de miroir.
Il y suffit de comprendre le stade du miroir comme une identification au sens plein que l'analyse donne a ce terme : a savoir la transformation produite chez le sujet, quand il assume une image, - dont la prédestination a cet effet de phase est suffisamment indiquée par l'usage dans la théorie, du terme antique d'imago (1966, 94).
En se regardant dans un miroir, l'enfant est transformé par l'image qu'il voit, quand il assume cette image. Le terme imago (dei) dans son sens antique signifie etre créé dans l'image de Dieu et aspirer avoir des qualités divines chez soi. Le pere devient l'idéal que Riad devrait atteindre. Il essaie d'etre comme son pere et faire ce qu'il attend de lui : etre le premier de la classe (Sattouf, 2016 : 12), ne pas se battre avec ses cousins (ibid. : 58), faire le ramadan (ibid. : 69-73), se faire circoncire (ibid. : 145-147). Sur la couverture, les couleurs rouge et noir sont dominants, symbolisant la circoncision, un événement traumatique ou l'enfant Riad voit un jet de sang (ibid. : 147). Bien qu'il fasse tout pour se ressembler a son pere, il y échoue et devient conscient de leurs différences. Merleau-Ponty explique pendant son cours sur The Child's relation with others (1964 : 119), comment le miroir présente a l'enfant des différences entre son individualité et celle des autres.
L'image visuelle qu'il obtient de son propre corps (surtout en regardant dans un miroir) lui révéle une isolation jusqu'ici inattendue de deux sujets qui se font face. La réification de son propre corps lui dévoile sa différence, son « insularité », et de façon corrélative, celle des autres4 [Notre traduction].
La métaphore du miroir nous montre que Riad devient conscient des différences entre son pere et lui, et se sent aliéné de son pere. Son pere veut vivre et travailler en Syrie et d'autres pays du Moyen-Orient mais Riad, qui est traité de juif, craint y retourner. Au cours du temps, son pere devient plus religieux pour etre respecté par son entourage, entraînant des conflits entre son pere et sa mere. Quant a Riad, il se sent bien en France ou il peut faire ou manger tout ce qu'il veut sans etre jugé par son pere (Sattouf, 2019/2015 : 125). Richard N. Coe, dans son œuvre When the Grass Was Taller : Autobiography and the Experience of Childhood examine les peres dans plusieurs ouvrages et énumere des catégories de peres : le pere mort, le pere absent, le pere raté, dont le dernier type est le plus courant. Comme l'enfant grandit, il commence a voir son pere de façon critique. En plus, cette critique lui semblerait un sacrilege a moins que le comportement du pere ne justifie cette critique (1984 : 143-144). Dans le quatrieme tome, nous notons la distance entre Abdel-Razak et sa famille a cause de son nationalisme, sa piété exacerbés, la circoncision de Riad et la décision d'Abdel-Razak de travailler en Arabie saoudite. Riad marche avec sa mere et ses freres vers l'avant alors que son pere semble se reculer indiquant la regression chez son pere. Il y a plus de noirceur sur cette couverture qui présage le coup d'État - l'enlevement de son frere cadet Fadi par son pere - mentionná dans le résumé. Comme Riad grandit, il comprend la personnalité de ses parents, surtout de son pere et les conflits entre eux. L'image effondrée du pere est un des chocs traumatisants de l'enfance qui nécessite une sorte d'explication, de réparation qui entrainerait a la rédaction des souvenirs (Coe, 1984 : 144) En effet, cette série narre des traumatismes soufferts par l'auteur pendant son enfance. D'ailleurs, le nombre de pages de ce tome s'accroit par cent vingt-huit pages pour pouvoir enfin relater l'événement qui bouleverse la vie de sa famille.
La relation pere-fils subit des changements de l'enfance a l'adolescence : l'admiration, le désir de se ressembler, l'aliénation de son pere comme le fils appréhende la personnalité et l'idéologie de ses parents.
Conclusion
L'étude du péritexte d'une bande-dessinée devient essentielle car avec des éléments des pages de couverture, nous pourrions interpréter le contexte dans lequel se passe l'histoire et le genre qui est un récit d'enfance autobioBD. Nous avons examiné le développement de l'identité de Riad et le rapport pere-fils a travers les quatre tomes en nous servant de l'histoire, du concept de l'identité plurielle et partielle de Rushdie, du stade de miroir, la métaphore du miroir pour voir des différences entre soi et les autres et l'emplacement des personnages dans les dessins. Cela nous mene a comprendre la motivation de l'auteur pour créer cette série. Nous apprenons que son identité franco-syrienne le rend aliénée et le dirige vers le rejet de toute identité nationale. Å travers cette étude, nous comprenons mieux le péritexte, qui contribue a nous donner un survol de l'ouvrage, et qui nous informe de quoi il s'agit avant meme de commencer la lecture d'une œuvre.
Beena Anirjitha Urumy est doctorante a English and Foreign Languages University a Hyderabad. Ses intéréts portent sur la bande-dessinée, l'autobiographie, et les récits d'enfance des pays du Moyen-Orient. Son mémoire de master porte sur la violence dans le récit graphique Persepolis de Marjane Satrapi qui a été publié dans Reflexions, n° 3, 2016. Par ailleurs, elle a enseigné a l'université Osmania a Hyderabad.
Reçu le16-06-2020 / Évalué le 17-08-2020 / Accepté le 10-09-2020
Notes
1. Le panarabisme, il s'agit de ['unification des peuples arabes liés par la langue, et l'histoire. Le president égyptien Gamal Abdel-Nasser avait créé la République arabe unie regroupant l'Égypte et la Syrie (1958-1961). Plus tard, le chef de l'État de la Libye, le colonel Mouammar Kadhafi aussi a tenté de recréer une nation arabe, l'Union des Républiques arabes avec l'Égypte et la Syrie (1972-1977).
2. Texte original: « A sense of self is constructed primarily in the context of relationships - initially with parents, subsequently more and more with peers. What other children think about the individual and how they behave towards that child matter hugely from the pre-school years right into adolescence. »
3. Texte original: « Our identity is at once plural and partial. Sometimes we feel that we straddle two cultures; at other times, that we fall between two stools. »
4. Texte original: « The visual image he acquires of his own body (especially from the mirror) reveals to him a hitherto unsuspected isolation of two subjects who are facing each other. The objectfication of his own body discloses to the child his difference, his "insularity", and correlatively, that of others ».
Bibliographie
Coe, R. N. 1984. When the Grass was Taller: Autobiography and the Experience of Childhood. New Haven: Yale University Press.
Erikson, E. H. 1977. Childhood and Society. London: Paladin Books.
Genette, G. 1987. Seuils. Paris : Seuil. Livre au format ePub.
Groensteen, T. 2012. « Roman graphique ». Neuvieme art 2.0, Cité internationale de la bande dessinée et de l'image. Dictionnaire esthétique et thématique de la bande dessinée. [En ligne] : http://neuviemeart.citebd.org/spip.php?article448. [consulté le 05 septembre 2020].
Klingelschmitt, N. 2018. « Du panarabisme décevant au panafricanisme déférent, l'évolution de la politique regionale de Mouammar Kadhafi (1/3) ». Les clés du Moyen-Orient. [En ligne] : https://www.lesclesdumoyenorient.com/Du-panarabisme-decevant-au-panafricanismedeferent-l-evolution-de-la-politique.html. [consulté le 05 septembre 2020].
Lacan, J. 1966. Écrits. Paris : Seuil.
Lejeune, P. 1996. Le Pacte autobiographique. Paris : Seuil. Adobe Digital Edition.
MacCoby, E. E. 1959. Role-Taking in Childhood and its consequences for Social Learning. Child Development. Vol. 30, no 2, p. 239-252. https://www.jstor.org/stable/1126315. [consulté le 29 aoÛt 2019].
Masud, M. 2018. « Authoritarian Claims to Legitimacy: Syria's Education under the Regime of Bashar al-Assad ». Mediterranean Studies. Vol. 26, no 1, p. 80-111. [En ligne]: https://www. jstor.org/stable/10.5325/mediterraneanstu.26.1.0080 [consulté le 06 septembre 2020].
McCloud, S. 1993. Understanding Comics: The Invisible Art, New York: HarperCollins Publishers, Inc. 1994.
Miller, A., Pratt, M. 2004. « Transgressive Bodies in the work of Julie Doucet, Fabrice Neaud and Jean-Christophe Menu: Towards a Theory of the 'AutobioBD' ». Belphegor: Littérature Populaire et Culture Médiatique, Vol. 4, no 1. [En ligne] : http://hdl.handle.net/10222/47696. [consulté le 20 aoÛt 2018].
Mitaine, B. 2013. « Paratexte ». Neuvieme art 2.0, Cité internationale de la bande dessinée et de l'image. Dictionnaire esthétique et thématique de la bande dessinée. [En ligne] : http:// neuviemeart.citebd.org/spip.php?article691. [consulté le 05 février 2020].
Mobaied, S. 2020. « The Baatho-Assadist System, a System of Political Instrumentalisation». Open Journal of Political Science, Vol. 10, no 1, p. 124-133. [En ligne]: https://www.scirp.org/ journal/paperinformation.aspx?paperid=97937. [consulté le 06 septembre 2020].
Podeh, E. 2011. « The symbolism of the Arab flag in modern Arab states: between commonality and uniqueness· ». Nations and Nationalism. Vol. 17, no 2, p. 419-442. [En ligne]: https://doi. org/10.1111/j.1469-8129.2010.00475.x [consulté le 02 juin 2020].
Ponty, M. 1964. The Child's Relation with others. In: Edie, J. M. (éd.). The Primacy of Perception. Evanston: Northwestern University Press, p. 96-155.
Rushdie, S. 1991. « Imaginary Homelands ». Imaginary homelands: essays and criticism, 1981-1991. London : Granta Books.
Sattouf, R. 2014a. L'Arabe du futur : Une jeunesse au Moyen-Orient (1978-1984), t. 1. Paris : Allary Editions. 2019.
Sattouf, R. 2014b. « Riad Sattouf, la mémoire vive de « L'Arabe du futur » ». Interview avec Brunner, V. Slate. [En ligne] : https://www.slate.fr/story/87757/riad-sattouf-bd-arabefutur [consulté le 05 septembre 2020].
Sattouf, R. 2015. L'Arabe du futur : Une jeunesse au Moyen-Orient (1984-1985), t. 2. Paris : Allary Editions. 2019.
Sattouf, R. 2016. L'Arabe du futur : Une jeunesse au Moyen-Orient (1985-1987), t. 3. Paris : Allary Editions.
Sattouf, R. 2018a. L'Arabe du futur : Une jeunesse au Moyen-Orient (1987-1992), t. 4. Paris : Allary Editions.
Sattouf, R.2018b. « Avec L'Arabe du futur 4, Riad Sattouf raconte l'histoire qu'il n'a «jamais réussi a partager avec quiconque» ». Interview avec Lachasse, J. BFM TV. https://people. bfmtv.com/actualite-people/riad-sattouf-sort-l-arabe-du-futur-4-le-dessin-m-a-donne-monidentite-1531299.html. [consulté le 01 décembre 2019].
Sattouf, R. 2018c. « Riad Sattouf : les secrets du surdoué de la bande dessinée ». Interview avec Schwyter, A. Challenges.https://www.challenges.fr/france/riad-sattouf-avec-l-arabedu-futur-je-ne-paie-plus-l-isf_616042. [consulté le 08 septembre 2020].
Sattouf, R. 2018d. « Riad Sattouf : « Avant d'etre Syrien ou Francais, je suis dessinateur » ». Entretien avec Stevan, C. Le Temps. [En ligne] : https://www.letemps.ch/culture/riad-sattouf-detre-syrien-francais-suis-dessinateur [consulté le 01 décembre 2019].
Schaffer, H. R. 2003. Introducing Child Psychology. Oxford: John Wiley & Sons Ltd.
You have requested "on-the-fly" machine translation of selected content from our databases. This functionality is provided solely for your convenience and is in no way intended to replace human translation. Show full disclaimer
Neither ProQuest nor its licensors make any representations or warranties with respect to the translations. The translations are automatically generated "AS IS" and "AS AVAILABLE" and are not retained in our systems. PROQUEST AND ITS LICENSORS SPECIFICALLY DISCLAIM ANY AND ALL EXPRESS OR IMPLIED WARRANTIES, INCLUDING WITHOUT LIMITATION, ANY WARRANTIES FOR AVAILABILITY, ACCURACY, TIMELINESS, COMPLETENESS, NON-INFRINGMENT, MERCHANTABILITY OR FITNESS FOR A PARTICULAR PURPOSE. Your use of the translations is subject to all use restrictions contained in your Electronic Products License Agreement and by using the translation functionality you agree to forgo any and all claims against ProQuest or its licensors for your use of the translation functionality and any output derived there from. Hide full disclaimer
© 2020. This work is published under https://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/3.0/fr/ (the “License”). Notwithstanding the ProQuest Terms and Conditions, you may use this content in accordance with the terms of the License.
Abstract
Le récit d'enfance sous forme d'autobioBD (Miller et Pratt, 2004) permet a l'auteur de raconter sa propre vie dessinée a la candeur d'enfant. Dans ce cas, le péritexte (Genette, 1987), comprenant le titre, le décor, et le rapport texte-image, contribue a mettre en valeur non seulement le talent graphique de l'auteur mais également les tensions personnelles et psychologiques des personnages principaux. Les premieres et les quatriemes de couvertures, objet de notre étude, appartenant a la série L'Arabe du futur (4 tomes) de l'auteur franco-syrien Riad Sattouf, et racontant quatorze ans de sa vie passée en Libye, en Syrie, et en France se pretent particulierement bien a cette analyse. Nous examinerons le péritexte en nous focalisant sur la conscience de soi et l'autre (Lacan, 1977) chez l'enfant Riad et l'évolution de son identité et des rapports familiaux, surtout sa relation avec son pere se manifestant dans les dessins de la couverture.