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Le nombre d'institutions financières islamiques dans le monde est passé d'une seule en 1975 à plus de 300 dans plus de 75 pays. Elles se sont concentrées dans le Moyen-Orient et l'Asie du Sud-Est (le Bahreïn et la Malaisie sont les principaux centres), mais apparaissent aussi en Europe et aux États-Unis. Le total de leurs avoirs dans le monde est estimé à 1000 milliards de dollars US et il augmente d'environ 15 % à 20 % par an.
Cet essor peut être expliqué par trois raisons : la forte demande du grand nombre de musulmans, qui recherchent des services financiers conformes à la Charia; l'augmentation de la manne pétrolière, qui fait exploser la demande d'investissements acceptables dans la région du Golfe et la compétitivité des produits de la finance islamique, qui attire les investisseurs, musulmans ou non. (M. Qorchi, 2005)
Toutefois, Les banques islamiques ne sont pas encore autorisées à opérer directement sur le territoire marocain, malgré leurs maintes tentatives.
La banque centrale (Bank Al Maghrib - BAM) a néanmoins cédé aux pressions internes, en élaborant, en octobre 2006, le cadre réglementaire pour trois produits conformes à la Charia islamique : Ijara, Mourabaha et Moucharaka.
L'objet de notre article est d'étudier l'expérience marocaine en la matière, notamment en analysant les contraintes de commercialisation des trois produits à travers la synthèse des études réalisées et le recueil des avis des gestionnaires bancaires et des conseillers et spécialistes en finance islamique.
À ce titre, nous allons commencer par examiner le secteur bancaire marocain, les principes et avantages du banking islamique et la situation marocaine avant d'analyser les risques et les difficultés de mise en place ainsi que l'adaptation progressive du contexte.
f. Physionomie du secteur bancaire marocain
Aucune économie ne peut véritablement se développer sans être soutenue par un secteur financier jouant pleinement et efficacement son rôle, particulièrement en tant qu'accompagnateur de l'entreprise et du secteur privé.
Au Maroc, le législateur a voulu doter le système bancaire et financier d'un cadre juridique moderne, ouvert, évolutif et adapté aux différentes mutations. L'objectif est de renforcer son rôle dans la collecte des dépôts et le financement de l'économie, et d'appuyer les efforts d'investissements dans le secteur privé. Cependant, ces aspirations restent encore insatisfaites en raison des facteurs intrinsèques...