Keywords: esclavage, femmes, Andalousie, Mediterranée, exploitation sexuelle; slavery, women, Andalucia, Mediterranean, sexual working out.
Depuis une trentaine d'années les recherches à propos de l'histoire de l'esclavage ont beaucoup progressé et se sont en même temps diversifiées. Certes, le thème majeur demeure la traite négrière. Quoique des résultats essentiels aient été obtenus dès les années 1960 et 1970 grâce aux travaux de Philip Curtin, Herbert S. Klein ou Stuart Schwartz, la vive controverse qu'a provoquée la publication en 2004 de l'ouvrage d'Olivier Pétré-Grenouilleau, Les Traites négrières. Essai d'Histoire globale, prouve que le sujet est toujours très sensible.1
Toutefois, l'histoire de l'esclavage ne se résume pas à celle de la traite. On savait sans doute que l'esclavage avait tenu une place importante dans l'Europe médiévale, de la Scandinavie à la Méditerranée et Vicenta Cortès Alonso, par exemple, a montré que la population esclave de Valence était encore nombreuse à l'époque des Rois Catholiques. Mais, plus récemment, les historiens ont découvert que, surtout dans l'Europe méditerranéenne, l'institution de l'esclavage s'était maintenue jusqu'au XVIII siècle. Dans certaines régions et villes d'Europe, elle concerne aux XVI et XVII siècles une proportion relativement importante de la population.
Bien entendu, la guerre et la course (chrétienne ou musulmane) sont les grandes pourvoyeuses d'esclaves blancs tandis que la traite (transsaharienne ou atlantique) assure la fourniture d'esclaves noirs. Au XVI siècle, de grandes batailles navales (Lépante, 1571) ou terrestres (Alcazarquivir, 1578) ont mis sur le marché des milliers d'esclaves, masculins pour la plupart, et la guerre de Grenade (1569-71) ou la course des chevaliers de Malte d'une part, les razzias des corsaires barbaresques sur les rivages de Toscane, de Calabre ou d'Espagne et dans les Îles de l'archipel canarien et les raids ottomans en Europe centrale d'autre part, notamment ceux des années 1596-1606, de la Moldavie et de la Valachie jusqu'à la Hongrie, la Styrie ou la Carniole, ont procuré quantité de femmes et d'enfants aux marchands d'esclaves, c'est à dire que, dans ces derniers cas, le butin de guerre était essentiellement féminin. On sait d'ailleurs que les cavaliers turcs (souvent des Tartares) tuaient les hommes et ne conservaient que femmes et enfants.2
Précisément, une conquête récente de la recherche historique à propos de l'esclavage est en effet l'importance du recours à l'esclavage féminin. Je voudrais ici en proposer deux exemples: l'un concerne l'Andalousie et le Portugal et j'en ai eu connaissance grâce à ma participation à des jurys de thèse qui concernent Grenade, Cordoue et la région de Huelva, puis en travaillant à l'histoire du Brésil. Dans ce cas, il s'agit d'études quasi exhaustives pour les espaces et les temps considérés. Le deuxième exemple est le fruit de mes propres recherches dans les documents des tribunaux inquisitoriaux de Sicile et de Malte surtout, avec emprunts à quelques autres tribunaux. Il ne s'agit cette fois que d'un coup de projecteur dont les éclairages sont très limités mais ils ont l'avantage de nous informer sur les réalités tragiques de l'espace balkanique et sur les ravages de la course en Méditerranée, qu'elle ait été le fait des chrétiens ou des musulmans. Par ailleurs, ces deux exemples ont le mérite de montrer la grande diversité des modalités du commerce des esclaves en Méditerranée, tout en illustrant un aspect particulièrement pénible de la condition féminine.
L'esclavage en Europe à l'époque moderne: Andalousie et Portugal
Soit le cas andalou. L'Andalousie aurait rassemblé à la fin du XVI siècle près de la moitié de la population esclave d'Espagne, soit environ 23.000 individus sur un total approximatif de 50.000. La proportion d'esclaves dans la population totale est élevée à Séville et dans les petites villes de la Basse Andalousie, Huelva et Moguer. La ville de Palos est un cas atypique: aux XVI et XVII siècles la population esclave constitue 25% de l'ensemble, avec une forte présence des noirs. Et en raison d'un déséquilibre entre hommes et femmes une tendance forte au métissage.3
Au XVIII siècle, l'esclavage est en net recul, c'est vrai, mais Aurelia Martin Casares a publié, pour Grenade, deux documents révélateurs qui datent de 1820 et 1823! Une ordonnance de la Chancellerie de Grenade pour un recensement des esclaves (afin d'organiser leur libération) et un affranchissement d'un garçon de 17 ans.4 Il est significatif que le texte de l'ordonnance grenadine de 1820 suggère que l'existence même d'esclaves peut paraÎtre étrange dans «une nation éclairée». Remords tardif! Cependant, Grenade représente sans doute un cas limite car en Andalousie occidentale le dernier esclave connu est un noir de 22 ans vendu à un alferez de Huelva en 1765.
En Andalousie, les esclaves sont majoritairement des femmes au XVI et durant une bonne partie du XVII siècle, tous les comptages le démontrent. Cependant, en Andalousie occidentale, la proportion s'inverse progressivement après 1650: il se peut d'ailleurs que les affranchissements féminins, sensiblement plus nombreux, aient joué un rôle dans cette évolution.
Il me semble qu'il vaut la peine d'esquisser une géographie du phénomène et de le quantifier avant d'en proposer une interprétation. Dans le royaume de Grenade, où la population morisque fut considérable, l'esclavage est partout un phénomène majoritairement féminin, au moins jusqu'au milieu du XVII siècle: c'est vrai à Grenade, à Baza, à Jaen, à Guadix, à Malaga: dans tous ces lieux, l'origine de l'esclavage est généralement le butin de guerre. Cependant, dans cette région, parmi les noirs esclaves, les femmes sont à peine moins nombreuses que les hommes. Et à Cordoue, au début du XVII siècle, les noires et les mulâtresses sont beaucoup plus nombreuses que les blanches: 411 noires et 188 mulâtresses contre 322 blanches, plus 7 indiennes.5 Une proportion comparable est observable à Séville et dans le reste de l'Andalousie occidentale: ainsi dans la région de Huelva: plus de 43 % de noirs et 22% de mulâtres, soit deux tiers d'Africains. La guerre n'est donc pas la seule source de l'esclavage féminin, le commerce joue un rôle à peu prés équivalent. De sorte qu'on peut proposer pour la péninsule ibérique dans son ensemble deux modèles de sociétés esclavagistes: un modèle atlantique à dominante noire; un modèle méditerranéen à dominante blanche. Le Levant valencien renforce le système méditerranéen tandis que le Portugal consolide le système atlantique. Dans les deux cas les femmes sont au total majoritaires car la diminution nette du nombre des esclaves au XVIII siècle, qui les concerne particulièrement, ne remet pas en cause leur prépondérance dans la longue durée: c'est ainsi que dans la province de Huelva la proportion du XVI siècle (63 % de femmes pour 37% d'hommes) est inversée très exactement au XVIII mais sur l'ensemble de la période la majorité féminine demeure (53-47).6
Le commerce des esclaves
Comment l'Andalousie se fournissait elle en esclaves? Car, il va sans dire que la marchandise humaine donnait lieu à des trafics fructueux. Les prises de guerre directes ne concernaient qu'une minorité. A Grenade, Aurelia Marin Casares, a rencontré nombre de marchands d'esclaves, de petits commerçants mal considérés parce qu'ils se livraient à un négoce peu honorable et quelques marchands plus estimés malgré la nature de leur négoce parce qu'ils faisaient des dons à des églises ou à des fondations, tels Pedro Ramirez ou Alonso de Valdearenas, deux Grenadins qui vendirent plusieurs dizaines de morisques dans leur ville. D'autre part, dans les années de guerre 1569-71, le butin humain s'éleva à plus de 4 000 morisques des deux sexes vendus aux enchères publiques. avec prélèvement de l'impôt royal de 20% (quinto real). 53% de ces morisques furent achetés par des gens de Grenade. Toujours à Grenade au XVI siècle, des marchands sévillans vinrent vendre des Africains noirs tandis que les commerçants de Malaga venaient offrir des esclaves «berbérisques», produit de la course maritime.
A Cordoue, au début du XVII siècle, alors que le commerce des esclaves était très actif puisque. Albert N'Damba a enregistré une moyenne de 89 ventes annuelles de 1600 à 1621; cet auteur a repéré l'existence d'un courtier en esclaves spécialisé, Gaspar Ruiz Colorado, qui détenait le quasi monopole de ce commerce: il apparaÎt dans 1451 contrats sur 1972. Mais il a aussi observé le passage de 63 marchands portugais en provenance de Lisbonne, Setubal, Evora ou Fundao. Ces marchands organisaient de véritables tournées à travers l'Andalousie. A Séville, ils avaient peu à peu pris le meilleur sur leurs concurrents étrangers encore actifs au XVI siècle: génois, florentins, flamands. Ce sont aussi les marchands Portugais qui fournissent en esclaves noirs l'Andalousie onubense (province actuelle de Huelva), parfois en concurrence avec les marchands de Palos et de Moguer qui mettent aussi sur le marché. des mores capturés en course. Bien entendu, les Portugais demeuraient maÎtres de leur propre marché: à Lisbonne, en 1552, on identifie plus de 60 marchands d'esclaves.
Priorité aux femmes. Diversité de leurs rôles
A première vue les maÎtres d'esclaves témoignent en général d'une préférence pour les femmes. Cette impression est confirmée par l'observation des prix des esclaves. Incontestablement, les femmes se vendent à des prix supérieurs, il y a concordance des témoignages. Albert N'Damba, qui a calculé le prix moyen de 1685 esclaves vendus à Cordoue de 1600 à 1621 (échantillon considérable, donc significatif), a trouvé 128 ducats pour les femmes, 87 pour les hommes: l'écart est considérable et, qui plus est, les deux prix les plus élevés (254, 5. et 230 ducats) concernent des femmes. Le prix moyen de 107 ducats pour 1685 esclaves, hommes et femmes réunis, est 3 fois celui d'un cheval, 4 fois celui d'une mule. La couleur de peau joue ici un rôle mineur dans le prix.
A Grenade, au XVI siècle, les prix sont plus bas, notamment à cause de l'afflux des morisques sur le marché pendant la rébellion mais le prix des femmes, malgré leur nombre, reste nettement supérieur à celui des hommes: 63,8 ducats en moyenne contre 40,6 de 1569 à 1571. De 1572 à 1580, le prix des femmes morisques s'élève nettement, jusqu'à 108 ducats contre 60 pour les hommes! Pendant ces mêmes années le prix moyen des esclaves noires est de 86,1 ducat, de 80,3 pour les hommes. A Malaga, de 1569 à 1571, le prix des femmes morisques adultes avoisinait les 70 ducats.
Enfin, en Andalousie atlantique, l'écart entre les prix des esclaves des deux sexes est moindre mais si on observe un prix très légèrement supérieur des hommes dans la deuxième moitié du XVI siècle (76,8 ducats contre 73,9), au XVII le prix moyen des femmes est assez nettement supérieur: 137 ducats contre 114. Au XVIII, la baisse générale du prix d'esclaves de moins en moins nombreux montre néanmoins le maintien de la préférence pour les femmes: 88 ducats contre 81. Naturellement, l'âge et parfois la couleur de peau (blanc plutôt que noir) jouent leur rôle dans la fixation du prix.
Cet inventaire est décisif. La plupart des propriétaires qui veulent posséder des esclaves recherchent d'abord les femmes. Pourquoi? C'est une question qui a interrogé les anthropologues spécialistes du continent noir car ils constataient le même phénomène en Afrique. Certains l'ont interprété comme l'effet de la capacité de reproduction des femmes et, en Espagne, quelques auteurs privilégient la même explication. Cependant, à propos de l'Afrique, de grands spécialistes, tel Herbert Klein, ont mis en avant la productivité des femmes, leurs qualités de travailleuses. De fait, en Andalousie, la natalité était faible dans la population esclave et ce n'est pas seulement parce que la nuptialité était réduite. Il est vrai que le mariage des esclaves, encouragé par l'Eglise, au moins en théorie, conformément aux décrets du concile de Trente, était vu sans faveur par les propriétaires. Cependant, à Cordoue, par exemple, Albert N'Damba a compté 159 mariages d'esclaves en 20 ans et recensé 119 couples d'esclaves, souvent dépendants des mêmes maÎtres, tandis que 59 esclaves épousaient des partenaires libres. Mais il est exclu que la population esclave se soit renouvelée par croÎt naturel. A Cordoue, seuls 5,3% des esclaves l'étaient par naissance. Il est vrai qu'au Portugal, certains observateurs ont cru repérer des élevages d'esclaves. Ainsi, le Flamand Cenardo: «Il y a des individus qui font de bons profits avec la vente des enfants qu'ils font à leurs esclaves».7 Mais c'est exceptionnel.
En Andalousie il apparaÎt acquis que les femmes esclaves étaient surtout recherchées pour la quantité et la qualité de leur travail: elles tenaient une grande place dans les tâches domestiques mais on manque de précision. Même un travail aussi bien informé que celui d'Aurelia Martin Casares est à cet égard laconique. Il est sûr que les femmes travaillaient dans le jardinage et l'agriculture, ainsi dans les plantations de canne à sucre de la région de Motril (Malaga); elles participaient aussi à la récolte des olives, à la cueillette du raisin; elles intervenaient dans certaines industries telles que le tissage, le cardage ou le cuir, le travail de l'osier et la vannerie. Elles pouvaient être couturières, brodeuses et, bien entendu, cuisinières. A Grenade, de nombreuses esclaves étaient placées par leurs propriétaires dans les filatures de soie.
Il n'est pas douteux que certains maÎtres entendaient obtenir de leurs femmes esclaves une jouissance sexuelle. Certains contrats notariés qui donnent une description relativement précise des qualités physiques des esclaves et notamment de la beauté de leur corps correspondent précisément aux prix de vente les plus élevés. Ajoutons qu'à l'évidence, plusieurs enfants d'esclaves ont pour père le propriétaire de leur mère. Dans quelques cas rares cette situation a pu favoriser la promotion sociale, c'est à dire l'affranchissement. A l'inverse, ce peut être une des raisons pour que des esclaves aient été livrées à la prostitution: à Cordoue, au début du XVII siècle, le gérant de la mancebia (maison de prostitution), Andrés de Quesada, a ainsi acheté trois esclaves.
A Grenade, un certain nombre de femmes esclaves étaient cortadas, c'est à dire libres de leur temps et de leur travail moyennant remise de la majorité de leurs gains à leur maÎtre ou, plus souvent, à leur maÎtresse, c'est à dire une veuve qui se procurait ainsi une petite rente quotidienne. Ce système s'est beaucoup développé au XVII siècle, où nombre de veuves vivent du travail de leur esclave en ville. Plusieurs esclaves exerçaient la fonction d'aguadora, porteuse d'eau, qui livrait les cruches d'eau des fontaines aux domiciles. Notons qu'à Huelva les porteuses d'eau étaient toutes des esclaves noires, de même que la plupart des vendeuses de produits alimentaires, pour le compte de leurs maÎtres.
Julio Izquierdo Labrado qui a écrit un grand livre sur l'histoire de l'esclavage dans la Basse Andalousie observe que dans cette région les propriétaires d'esclaves sont souvent des gens âgés, veuves et ecclésiastiques surtout, qui demandent à leurs esclaves des services domestiques; cuisiner, laver la vaisselle, nettoyer la maison. Ils font allusion aux services rendus dans les actes d'affranchissement. L'esclave libérée «s'est bien occupée d'eux»
Observons que la situation au Portugal ressemblait à celle de l'Andalousie, quoique lors de la session des Cortes de 1562-63, les évêques portugais aient élevé une protestation contre l'esclavage qui allait «contre la justice, contre la raison et contre toute humanité». Sans grand résultat. Dans une grande ville comme Lisbonne la population esclave était très nombreuse: au milieu du XVI siècle 9.950 esclaves, soit environ 10% de la population totale. Au sud du pays, dans l'Algarve, les 6.000 esclaves représentent également 10% de la population. Les femmes, comme les hommes d'ailleurs, y tenaient des rôles de services publics: un millier de noirs, hommes et femmes, nettoyaient les rues en ramassant les immondices dans des corbeilles; les negras de pote (un bon millier encore) portaient l'eau dans les maisons; quelques centaines d'autres parcouraient les rues en vendant aux passants des fruits de mer, du riz cuit et diverses friandises. Les femmes esclaves (noires surtout) assuraient la totalité des tâches domestiques. Une flamande témoigne: «On peut difficilement trouver une maison où il n'y ait au moins une esclave. C'est elle qui va au marché acheter tout ce qui est nécessaire, qui lave le linge, balaie la maison, porte l'eau sur la tête et débarrasse les ordures aux heures qui conviennent».8
Certes, les femmes esclaves d'Andalousie ou du Portugal échappaient aux pires misères de la traite atlantique et de l'économie de plantation, telle qu'elle se pratiquait aux Amériques ou même dans les Îles (Madère, Canaries). Elles pouvaient avoir une vie affective, participer aux activités festives. Lors des fêtes autorisées, elles dansent avec entrain: ce sont les zambras de negros dont il y a trace en Andalousie comme au Portugal: les esclaves des deux sexes dansent au son de leurs instruments. On a vu qu'elles pouvaient avoir une vie de couple: comme à Cordoue, nombre d'esclaves portugaises vivent en ménage chez leur maÎtre, cas assez rare à Grenade où les maÎtres font souvent obstacle au mariage de leurs esclaves. Mais bien des esclaves étaient maltraitées ou insultées de façon courante, par exemple traitées de perras (chiennes). Certaines en arrivaient au désespoir, telle cette Maria de Quesada citée par Christine Fournier Martinez, victime de son insupportable maÎtresse Doña Catalina de Robles: «elle était si désespérée que si on ne l'arrachait pas à cet esclavage elle se pendrait».9
Intégration religieuse et vie affective
En Andalousie, l'intégration religieuse des esclaves, hommes ou femmes, était assez avancée: 305 des 325 enfants esclaves baptisés à Cordoue de 1600 à 1621 avaient moins de 1 an et, pour les 180 baptêmes d'adultes enregistrés on observait les prescriptions du concile de Trente: préparation religieuse, enseignement, autorisation de l'évêque. Les femmes étaient aussi admises dans les confréries de noirs: confrérie des négritos de la paroisse de San Roque à Séville, confrérie des mulâtres de Séville, confrérie de la Miséricorde à Malaga, confrérie de Notre Dame de l'Incarnation et de la Patience du Christ à la paroisse de Saint Just et confrérie de Saint Benoit de Palerme à la paroisse de Sainte scholastique à Grenade. Ces confréries pouvaient développer un sentiment de solidarité entre les esclaves mais elles ne pouvaient les empêcher de se considérer comme des chrétiens de seconde zone car leur statut de chrétien ne leur donnait aucun droit à la liberté. Cependant, ce statut facilitait le mariage qui pouvait être considéré comme une étape vers la liberté, surtout lorsque l'esclave, homme ou femme, épousait une personne de condition libre. C'est ce qu'Albert N'Damba constate: il a compté 69 mariages entre individus libres et esclaves (sur 159 mariages, c'est une proportion élevée) et le partenaire esclave se rachète ensuite ou est racheté par son conjoint. Ces cas sont moins fréquents à Grenade où 7 à 8 % seulement des mariages sont conclus entre libres et esclaves. Le plus souvent, la personne libre est l'homme, de sorte que pour la femme esclave le mariage avec un homme libre est bien un grand pas vers la liberté.
Le port de Palos, cette fois encore, fait figure d'exception. La forte émigration des hommes en Amérique a créé un déficit d'hommes: beaucoup de femmes blanches s'unissent à des noirs dont elles favorisent ou achètent la liberté. De la sorte, cette petite ville a été un exemple d'intégration raciale et sociale rapide.
Vers la liberté
Précisément, quelles étaient les possibilités des femmes esclaves pour obtenir leur affranchissement? Une seule certitude: faibles au XVI siècle, fortes au XVIII, elles ont progressé au fil du temps. Cet affranchissement était accordé par une lettre de libération (carta de horro ou ahorria) ou par testament. La lettre de libération pouvait être concédée par générosité ou par reconnaissance mais, plus fréquemment, elle était le résultat d'un rachat grâce aux gains d'un(e) esclave cortado (a) ou de l'intervention d'une tierce personne. Dans le cas des morisques de Grenade il y eut aussi des interventions de la Couronne en faveur d'un certain nombre d'esclaves. On aurait imaginé que les affranchissements par testament avaient été nombreux. Ce n'est pas le cas, (sauf au XVIII siècle) et ils sont le plus souvent le fait des femmes, surtout des veuves.
La Basse Andalousie se distingue par des affranchissements beaucoup plus nombreux dont les bénéficiaires sont surtout les femmes: ainsi, au XVII siècle, alors que les femmes ne sont que 48% des esclaves, 67% des libérations les concernent. Selon Julio Izquierdo, il s'agit le plus souvent d'une marque de reconnaissance pour services domestiques: ainsi, en 1571, Constanza Martin, veuve de Palos, donne par testament et gratuitement la liberté à son esclave Antonia Martin et à un mulâtre Tomé en récompense de leurs années de service et à deux esclaves mulâtres, Sébastian et Teresa, pour le modeste prix de 20 et 12 ducats destinés à des messes pour le repos de son âme. En 1602, la veuve Beatriz Garcia donne la liberté à son esclave Juana et aux trois filles de celle-ci: Beatriz, Francisca et Maria, comme son mari l'avait recommandé dans son testament. Marina Gonzalez, de Moguer, veuve de Cristobal Diaz Manzano semble faire preuve de beaucoup de générosité en 1596 lorsque, par testament, elle accorde la liberté à ses esclaves noires Maria et Catalina ainsi qu'à ses esclaves Miguela et Juana; et à ces deux dernières elle lègue des biens. Mais comme celles-ci sont des mulâtresses, filles de Mariana et Catalina, il y a tout lieu de penser que les deux mulâtresses étaient aussi filles du défunt mari de Marina Gonzalez!
Julio Izquierdo multiplie les exemples d'affranchissements groupés de tous les esclaves d'un propriétaire ou d'une veuve, lors de leur testament. Ainsi, le prêtre de Huelva, Andres Lopez, par un testament de 1581, accorde la liberté à Leonor, Catalina et Gaspar. Un autre prêtre, Martin Alonso Ayuso, de Palos, avait fait de même en 1569 au profit de ses esclaves Ana, Isabel et Catalina à qui il légua partie de ses biens pour qu'elles puissent vivre dignement. Ce que précise également Isabel Jimenez, de Moguer, veuve de Alonso Sanchez qui dote ses esclaves libérés: Sebastian, Leonor et Beatriz. Au total, les veuves d'abord avec 50% des cas, le clergé ensuite, furent responsables de près des deux tiers des affranchissements.
Comment les esclaves, et notamment les femmes réagissaient ils face au malheur de leur condition lorsqu'ils avaient perdu l'espoir d'un rachat ou d'un mariage? L'ivrognerie ne fut que le refuge d'une infime minorité. Quelques femmes tentèrent de se procurer des douceurs ou l'argent du rachat par le vol. La fuite fut un recours plus fréquent mais rarement efficace malgré les récidives: des esclaves de Malaga tentèrent quelques évasions collectives par mer avec plus ou moins de bonheur mais à Cordoue ou Grenade la fuite était beaucoup plus difficile. En Basse Andalousie, Julio Izquierdo a recensé 114 tentatives de fuite pour l'ensemble de la période (dont 89 au XVII siècle) mais nous ignorons le pourcentage de réussite. Plusieurs furent repris car on les retrouve dans les prisons de Séville ou de l'Algarve. On remarque la rareté des fuites de Palos et Moguer où la condition des esclaves était exceptionnellement bonne. Surtout, les femmes ne représentent que 18% des fugueurs, dont la majorité au XVI siècle.
Poussée à bout une esclave pouvait aller jusqu'à l'assassinat. Ce fut plutôt une réaction d'homme. Mais le noble caballero Don Fernando de Mendoza y Solis fut assassiné par une esclave parce qu'il ne consentait pas à son mariage: elle mit du poison dans son vin.10
Quelques mots à propos du «cas français», très atypique. Théoriquement il ne devait pas y avoir d'esclaves en France, en raison de l'édit du 3 juillet 1315 de Louis X le Hutin dit «privilège de la terre de France», confirmé au XVI siècle par le grand juriste royal Antoine Loisel et régulièrement invoqué par les Parlements. Mais ce privilège ne valait pas pour les colonies et les propriétaires des Îles à sucre qui tiraient tous leurs revenus du travail esclave amenaient parfois leurs esclaves en France pour leur faire donner une formation spécialisée: coiffeuse, couturière, tailleur, etc. Et ils utilisaient toutes leurs influences pour obtenir les dispenses nécessaires pour la durée du séjour en France de leurs esclaves. De la sorte, et malgré «le privilège de la terre de France», il y eut quelques esclaves noirs des deux sexes en France, surtout dans les villes atlantiques (Nantes, La Rochelle, Bordeaux). Ils cherchèrent avec persévérance et souvent avec succès à obtenir leur libération. Le recensement des Noirs dans la Généralité de Bordeaux en 1777-78 fait état de 208 noirs esclaves, 160 hommes et 48 femmes, et de 94 noirs libres, dont 49 hommes et 45 femmes. La conquête de la liberté avait donc été plus fréquente pour les femmes. Les relations avec la population française étaient généralement bonnes.11
Une autre vision: les femmes dans les trafics méditerranéens des esclaves.
La plupart des esclaves qui alimentaient les marchés des grandes villes de la Méditerranée, qu'ils soient chrétiens ou musulmans, provenaient de la guerre de course, des razzias opérées dans les Îles ou les zones littorales et des batailles livrées sur terre ou sur mer. Les razzias et les prises de navires privilégiaient volontiers les femmes et les enfants car la négociation du rescate qui suivait souvent une razzia se faisait surtout au bénéfice des hommes.12 D'autre part, les corsaires musulmans cherchaient à conserver les femmes et les enfants. Lorsque ces femmes consentaient à se convertir à l'Islam leurs maÎtres les épousaient volontiers et elles étaient perdues pour la chrétienté.
Un exemple: les corsaires algérois réussirent en 1618 un grand raid sur l'Île canarienne de Lanzarote. Ils firent 900 captifs, hommes et femmes, dont 200 furent aussitôt libérés grâce au rescate. En raison d'une rencontre avec une flotte espagnole aux abords du détroit une partie seulement de la flotte barbaresque et des captifs parvinrent à Alger. Mais on sait que 107 captifs passèrent à l'Islam dont 50 femmes. Aucune ne reparut en terre chrétienne.13
Après 1565 la course méditerranéenne s'enrichit d'un partenaire d'importance. La résistance victorieuse de Malte à l'agression ottomane valut une extraordinaire popularité à l'Ordre et les candidats affluèrent. Non seulement les chevaliers prirent une part active à la course mais l'Île reçut des capitaines corsaires de toutes nationalités: Espagnols, Français, Portugais, Génois, Vénitiens, même des Anglais, des Flamands ou des Hollandais. Ces marins ne prétendaient nullement à la chevalerie mais ils souhaitaient utiliser l'Île comme base stratégique et comme marché pour leur butin. Conseillé par l'Inquisition de Malte fit preuve de la plus grande tolérance: ces capitaines étaient admis dès lors qu'ils ne commettaient pas délits de religion et n'introduisaient pas de livres défendus. Nous avons retrouvé dans les archives maltaises plusieurs de ces capitaines, souvent parce qu'ils avaient capturé indûment des femmes chrétiennes.
Ainsi, à partir de 1570, Malte devint un marché d'esclaves en expansion continue. L'Île avait elle-même besoin d'une importante fourniture d'esclaves pour trois raisons: les grands travaux de fortification de La Valette, Vittoriosa, Senglea, Floriana, qui, aux ordres des ingénieurs italiens, mobilisaient une main d'oeuvre, de condition servile en général, des hommes essentiellement. En second lieu, la course, celle des chevaliers et de leurs auxiliaires qui, par les razzias et l'arraisonnement de navires, fournissaient l'Île en milliers d'esclaves. Or, la course consommait elle-même beaucoup d'esclaves mâles puisque Michel Fontenay a montré que les chiourmes maltaises étaient constituées en majorité d'esclaves musulmans. Enfin, l'essor des maisons des chevaliers des diverses nations, la présence de leurs familles, l'installation des maisons des corsaires et de nombreuses firmes commerciales, suscita une demande énorme de services domestiques demandés à des femmes esclaves. Malte devint ainsi le marché chrétien d'esclaves peut-être le plus important, en tout cas un concurrent évident pour Naples, Palerme, Messine ou Venise. La documentation maltaise révèle nombre d'esclaves d'origines variées:grecques, russes, hongroises, et, bien entendu, turques ou «berbèrisques».
Bien entendu, les marchés musulmans conservaient une grande activité. Istambul, presque toujours nommé Constantinople dans les documents, était le plus important, ravitaillé abondamment en femmes russes, moldaves, valaques, hongroises, grâce aux chevauchées des cavaliers tartares en Russie et en Europe centrale; Tunis et Alger, voire Tripoli, puis Salé, venaient ensuite, qui proposaient en plus une main d'oeuvre noire fournie par la traite transsaharienne. Mais pas seulement une main d'oeuvre. Un traité d'érotologie de Tunis vantait la sensualité des femmes de couleur! De fait, à Tunis ou Alger, les acheteurs musulmans recherchaient volontiers l'exotisme sexuel que des femmes venues d'horizons lointains leur paraissaient capables de leur révéler. Certes, la plupart des femmes achetées à Alger ou Tunis l'étaient pour le service domestique: cuisinières, lingères, couturières ou simples servantes. Mais les femmes jeunes et belles pouvaient transformer leur condition en reniant leur foi pour passer à l'Islam. Les femmes vivaient chez leurs maÎtres car, à ce qu'il semble, elles n'étaient pas confinées dans les bagnes; aucun des treize bagnes de Tunis ne semble avoir hébergé de femmes.14 Elles étaient donc exposées en permanence à la tentation du reniement et certaines y cédèrent. Le père Dan qui vécut en Afrique du Nord dans les années 1630 évalue à 1.000 ou 1.200 environ les renégates d'Alger, à 600 ou 700 celles de Tunis et celles d'Istambul devaient être beaucoup plus nombreuses.15 Quoiqu'il soit difficile de sonder les reins et les coeurs il semble bien que nombre d'esclaves chrétiennes n'aient adhéré à l'Islam qu'après leur mariage par reconnaissance envers leur mari qui leur avait rendu la liberté.
D'autres trafics importants concernaient le monde balkanique, qui spéculaient sur la diversité religieuse des populations, sans hésiter à travestir la vérité pour vendre comme musulmanes à des patrons chrétiens des femmes de religion chrétienne mais trompées par la langue parce qu'elles étaient hongroises, dalmates ou serbo-croates. Ainsi, un marchand slave de Sarajevo, Giovanni Elia Dragolovitch, avait créé un réseau qui alimentait en esclaves prétendues musulmanes les marchés chrétiens. Il fut démasqué par le Saint Office de Naples en 1691 grâce à une captive dalmate, Elena Xarchovitz, courageuse et qui savait argumenter.16
Dans les archives de l'Inquisition de Malte et dans celles du tribunal du Saint Office sicilien on trouve de nombreux cas de femmes d'origine russe (souvent dites russiotes), grecque, moldave, valaque, vendues à des chevaliers de Malte ou à des commerçants, à des seigneurs napolitains ou siciliens, de Palerme et Messine surtout, et présentées comme des musulmanes. Terrorisées, handicapées par leurs carences linguistiques, elles n'osaient confesser leur identité chrétienne, de peur d'être brûlées, d'autant que d'autres esclaves, authentiquement musulmanes, les entretenaient dans cette crainte. Certaines savaient se défendre comme ces deux soeurs crétoises, Maria et Ana, enlevées près de Candie en l'absence de leurs parents par les hommes du capitaine portugais Albino et vendues à Malte comme «turques». Elles purent démontrer qu'elles connaissaient parfaitement le rituel orthodoxe, récitèrent en grec le Pater Noster, l'Ave Maria, le Credo, purent décrire la messe orthodoxe et les cérémonies du baptême. Elles furent libérées mais la plupart des malheureuses victimes de semblables escroqueries n'étaient pas aussi bien armées.17
Les effets cumulés de la guerre terrestre et de la course maritime expliquent l'itinéraire compliqué de nombreuses esclaves originaires de Russie ou d'Europe centrale, souvent passées par Constantinople, puis par Malte, et qui échouent, après une dernière transaction, à Messine ou Palerme, dans la maison de seigneurs siciliens très amateurs d'esclaves. Plusieurs de ces femmes ont été vendues cinq à six fois, sont passées de maÎtre en maÎtre, telle la Moldave Ana de Blaca, capturée à onze ans par les Turcs, d'abord vendue à Constantinople à un courtier en esclaves et qui, d'un maÎtre l'autre, ne parvient plus à savoir quelle est la vraie foi, comme elle l'explique aux inquisiteurs de Palerme.18 La Roumaine Maria Doble, prise à 9 ans par les Turcs à Bucarest, a connu un sort comparable: possédée charnellement par l'un de ses premiers maÎtres, elle a été vendue trois autres fois, a vécu à Tunis avant d'être prise en mer par les corsaires maltais qui sont allés la vendre à Messine.
Voici quelques femmes dont la tragique histoire serait presque la même: Margherita d'Occosia, une Russe de Moscovie enle- vée à 6 ans et d'abord vendue à Constantinople, comme Natalia Gizmina, Catarina et Haschia, d'autres Russes, passées elles aussi par Constantinople; de même que les Esclavonnes Ana et Margarita, les Hongroises Ana, Caterina Rao et Caterina de Xanax, la Moldave Margherita (alias Fatima) ou la Bosniaque Margherita Iban. Et ce ne sont que des exemples.19
Les esclaves grecques avaient dans l'ensemble connu des itinéraires plus simples, effets de la proximité de populations turques dominantes: plusieurs ont d'abord été enlevées par des Turcs à moins qu'elles ne se soient donné volontairement à eux: espoir d'une vie meilleure ou, dans certains cas, attraction physique avouée; puis, au cours d'un voyage, elles ont été capturées, avec ou sans leurs maris, par les corsaires maltais. D'autres grecques ont été des victimes directes de la course maltaise, agressées dans leur Île et razziées en dépit de leurs protestations et vendues comme turques quoiqu'elles aient revendiqué leur identité chrétienne.
Les grandes maisons siciliennes appréciaient ces esclaves exotiques. Au début du XVII siècle, le duc de Terranova, de l'illustre lignée des Gonzague, Grand d'Espagne et vice roi de Sicile, possédait ainsi quatre esclaves vendues par les corsaires maltais: une italienne et trois jeunes russes, de vingt, seize et treize ans. Les Gallupi, barons de Pancaldo à Messine, un autre marquis palermitain, plusieurs chevaliers, tels Annibale de Maquese, Giovanni Spatafare, Jacobo di Rocca, des notables et des marchands, possédaient de telles esclaves. Ce séjour sicilien, dans une riche maison, leur apparaissait presque idyllique après l'odyssée et les mauvais traitements qu'elles avaient connus. Une fois révélée leur origine chrétienne, encouragées par leur nouveau maÎtre, elles revinrent tout naturellement à la foi de leur enfance. Ce qui ne veut pas dire qu'elles retrouvèrent la liberté.20
Une exploration systématique des archives des tribunaux d'Inquisition de Malte, de Naples, peut-être d'Udine, et des livres de l'Inquisition de Sicile apporterait sans nul doute des lumières nouvelles à propos de l'esclavage des femmes issues de la péninsule balkanique, russes ou grecques. Les récits que l'on trouve dans ces documents ne décrivent qu'exceptionnellement les conditions de vie quotidiennes des esclaves. Mais ils sont irremplaçables pour faire connaÎtre l'origine des femmes esclaves, les conditions dramatiques de leur capture, les violences qu'elles ont subies. De la sorte ils peuvent souvent suppléer des contrats notariaux trop rares et d'une facture trop conventionnelle.
Abstract: In this short essay I am trying to present two different aspects of the women's slavery in Europe during the sixteenth, seventeenth and eighteenth centuries. Firstly in the case of Andalucia and south of Portugal, especially thanks to the recent thesis of Aurelia Martin Casares and Julio Izquierdo Labrado, and also thanks to the work of Vicenta Cortes Alonso and the excellent work, unfortunately not published, of Albert N'Damba, an catholic priest of Congo. The main outcome of this works is the obvious preference of the owners of slaves for the women and the prices of women are higher than the prices of the men. The motive is the productive ability of women. Secondly, I improve my investigations in the record offices of the Inquisitions of Malta and Sicily to point out the part of the corsairs in the trade of the human, especially the women proceeding from Russia, Greece, Central Europe.
1 Olivier Pétré-Grenouilleau, Les traites négrières. Essai d'histoire globale, Paris, Gallimard, 2004, p. 468.
2 De nombreuses femmes russes qui comparaissent devant les tribunaux d'Inquisition, notamment celui de Palerme, racontent que les cavaliers tartares massacraient toute la population mâle des villages razziés.
3 Voir l'intéressant article de Victorina Cortes Alonso, La poblacion negra de Palos de la Frontera 1568-79, in Actas y Memorias. XXXVI Congreso Internacional de Americanistas, III, Sevilla, Edit. Católica Española, 1966, pp. 609-18.
4 Aurelia Martin Casares, La esclavitud en la Granada del siglo XVI, Granada, Universidad de Granada, 2000, voir pp. 521-24.
5 . D'après Albert N'Damba Kabongo, Les esclaves à Cordoue au début du XVIIe siècle (1600-1621), Thèse 3 cycle, Histoire, Toulouse II, 1975 sous la direction de Bartholomé Bennassar; cette thèse, très remarquable n'a malheureusement pas été publiée: toutes les informations relatives à Cordoue proviennent de ce travail.
6 Julio Izquierdo Labrado, La esclavitud en la Baja Andalucia, II, Huelva, Diputación Provincial de Huelva, 2004, p. 338 et 307.
7 Cité par Jean-François Labourdette, Histoire du Portugal, Paris, Fayard, 2000, p. 248.
8 Ibidem, p. 248.
9 Martin Casares, La esclavitud, p. 409.
10 Ibidem, p. 405
11 Consulter Marcel Koufinkana, Les Esclaves Noirs en France sous l'Ancien Régime (XVIe-XVIIIe siècles), Paris, L'Harmattan, 2008, les recensements signalés se trouvent à pp. 118-20.
12 Le rescate était un procédé courant des corsaires barbaresques. Après une razzia ils hissaient le pavillon convenu et négociaient avec les délégués de la population la libération contre rançon d'une partie des captifs.
13 Les ravages de la course dans les Îles Canaries et le destin des captifs des deux sexes ont été remarquablement étudiés par Luis Alberto Anaya Hernandez, dans son livre Moros en la Costa. Dos siglos de corsarismo berberisco en las Islas Canarias (1569-1749), Las Palmas de Gran Canaria, UNED, 2006, p. 315.
14 Voir Paul Sebag, Tunis au XVIIe siècle. Une cité barbaresque au temps de la course, Paris, L'Harmattan, 1989, consulter notamment le chapitre V, L'esclavage, pp. 121-50.
15 Les évaluations du père Pierre Dan étaient évidemment approximatives. Voir Pierre Dan, Histoire de Barbarie et des corsaires, des royaumes et des villes d'Alger, de Tunis, de Salé et de Tripoly, Paris, Rocolet, 1649.
16 Ce procès du plus grand intérêt se trouve dans les fonds de l'Archivio della Diocesi di Napoli, Inquisizione; j'en ai malheureusement égaré la cote.
17 Archives de l'Inquisition de Malte (A.I.M.), Registre 93 B, n. 13, 1695.
18 Archivo Historico Nacional Madrid, Seccion Inquisicion, Sicilia, Libro, 899, fol 413.
19 La connaissance de ces cas provient de la consultation des fonds de l'A.I.M., notamment Processi, voll. 21 A, 21 B, 71 A, 93 A, qui concernent le XVIIe siècle.
20 Voir Bartolomé e Lucille Bennassar, I Cristiani di Allah, Milano, Rizzoli, 1991, pp. 290-93.
Biodata: Bartolomé Bennassar è professore emerito; ha insegnato Storia moderna all'Università di Toulouse di cui è stato Rettore (bartolome.bennassar@ orange.fr).
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Copyright Firenze University Press 2009
Abstract
In this short essay I am trying to present two different aspects of the women's slavery in Europe during the sixteenth, seventeenth and eighteenth centuries. Firstly in the case of Andalucia and south of Portugal, especially thanks to the recent thesis of Aurelia Martin Casares and Julio Izquierdo Labrado, and also thanks to the work of Vicenta Cortes Alonso and the excellent work, unfortunately not published, of Albert N'Damba, an catholic priest of Congo. The main outcome of this works is the obvious preference of the owners of slaves for the women and the prices of women are higher than the prices of the men. The motive is the productive ability of women. Secondly, I improve my investigations in the record offices of the Inquisitions of Malta and Sicily to point out the part of the corsairs in the trade of the human, especially the women proceeding from Russia, Greece, Central Europe. [PUBLICATION ABSTRACT]
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