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* Si l'art se conforme a ce que demande notre société, dans sa majorité, il sera divertissement sans portée. S'il le refuse aveuglément, si l'artiste décide de s'isoler dans son reve, il n'exprimera rien d'autre qu'un refus. Nous aurons ainsi une production d'amuseurs ou de grammairiens de la forme, qui, dans les deux cas, aboutit a un art coupé de la réalité vivante 2?.
* L'art n'est ni le refus total ni le consentement total a ce qui est. Il est en meme temps refus et consentement, et c'est pourquoi il ne peut etre qu'un déchirement perpétuellement renouvelé. L'artiste se trouve toujours dans cette ambiguíté, incapable de nier le réel et cependant éternellement voué a le contester dans ce qu'il a d'éternellement inachevé 3?.
Camus et la langue française
Pourquoi placer ce n° 24 de Synergies Algérie sous l'égide d'un titre et de deux citations empruntées a Albert Camus ? D'abord parce que ce grand amoureux de l'Algérie, sa terre natale, aurait certainement été touché par ce recueil d'articles émanant de jeunes (et moins jeunes) chercheurs algériens s'exprimant dans un français de qualité sur des textes romanesques ou techniques eux-memes écrits par des hommes et des femmes de lettres célebres (ou en passe de le devenir) également algériens. Camus en aurait simplement été fier comme nous le sommes aujourd'hui, 56 ans apres sa tragique disparition. Mais la métaphore, disons-le aussi, n'interdit pas ces comparaisons et similitudes implicites dont la langue française est particulierement friande, et qui sont, parce que profondes, tout le sel de son apprentissage.
Ce qui est frappant ici, mais en filigrane, c'est que la langue française constitue, en effet, le stroma, la charpente de la pensée mais aussi l'outil devenant lui-meme objet de recherche philosophique, d'équilibre rythmique, d'harmonie, de volonté démonstrative, de finesse polémique, d'exutoire passionnel, d'antagonisme, de feinte, de masque, d'utopie libératrice...selon une pluralité ouverte de fonctions qui toutes, individuellement ou collectivement, prouvent bien que l'art d'écrire, donc de coucher des mots sur la page blanche, est indiscutablement un luxe, avec toutes les connotations qui peuvent s'attacher a ce mot, done avec tous les risques qui nous amenent a la question posée par Camus et par nous a sa suite.
Pour savoir a quoi nous en tenir, il faut relire, entre...