Cet article consistant en une étude comparative traite des formules de voeux en turc et en français, qui font partie des rituels verbaux de politesse. Essentiellement objet d'étude de l'analyse des interactions verbales dans le cadre de la sociologie du langage, cette recherche est basée sur trois axes : syntaxe, sémantique et pragmatique. Il a été répertorié quelques formules figées des plus utilisées dans la société turque, avec leur traduction littérale pour les comparer avec leur équivalent en français. Ce corpus est composé de 23 formules de voeux ainsi que les réponses. À partir de ce corpus il a été observé de nombreuses divergences sémantiques et pragmatiques entre les formules turques et françaises, contre une seule équivalence parfaite. Comme il en est pour toutes les formules figées, il s'avère nécessaire de prendre en compte ces divergences dans la didactique des langues étrangères, notamment lorsqu'il s'agit des cultures et langues éloignées.
This article compares formulaic expressions for the offering of good wishes, part of the verbal rituals of politeness, in Turkish and French. Situated within a sociology of language framework, the study focuses on the analysis of verbal interaction in relation to three dimensions: syntax, semantics and pragmatics. To this end, a number of the most widespread formulaic expressions currently in use in Turkish society were identified and, through the provision of literal translations, compared with their French equivalents. The corpus consisted of 23 formulaic expressions for the offering of good wishes and their responses. Analysis revealed numerous differences between the Turkish and French equivalents at the semantic and pragmatic levels; indeed, only one expression showed a perfect match. As for all formulaic expressions, it is important to take such differences into account when engaging in the teaching of a foreign language, especially in the case of more distant cultures and languages.
Introduction
Différentes pratiques sociales, qui varient d'une société à l'autre, donnent lieu à des rituels comportementaux et verbaux (échanges-types) qui apparaissent dans des situations sociales déterminées, telles que commémorer une naissance- une mort, célébrer une victoire, féliciter les nouveaux mariés, porter un toast, etc. Bien entendu, la politesse oblige souvent la coexistence d'un comportement et d'une formule verbale : par exemple, pour célébrer l'anniversaire de quelqu'un, un cadeau offert devra être accompagné d'un sourire et d'une formule souvent figée : « Bon/Joyeux anniversaire » ; ou encore, lorsqu'on porte un toast, on lève son verre et en même temps on fait un voeu : « À la santé, À la tienne » . . . Les rituels se constituent donc au gré des événements particuliers ou des circonstances sociales. Dans cet article seront traitées les formules de voeux (ou formules votives) en turc et en français dans le cadre des rituels verbaux concernant des domaines assez variés tels que : la sociologie, la culture, la sociolinguistique, la communication, la grammaire linguistique et la pragmatique.
Linguistiquement parlant, les formules de voeux sont des formules dites figées faisant partie de l'usage de la langue et utilisées en vue d'établir des liens sociaux. Ces expressions qui ne relèvent pas de la création du locuteur sont appelées figées du fait qu'une séquence est considérée comme figée « du point de vue syntaxique quand elle refuse toutes les possibilités combinatoires ou transformationnelles qui caractérisent habituellement une suite de ce type » (Gross, 1996, p. 154). Elles forment une partie intégrante des formules plus générales que l'on appelle « formules de politesse » qui englobent la salutation, les compliments, les souhaits, les remerciements, les invitations, les offres, les formules de bienvenue et les voeux. Et tout cela peut être considéré comme des rituels sociaux et verbaux. Dans ce cas, « la politesse est un phénomène fondamental, si on la définit comme l'ensemble des procédés conventionnels ayant leur fonction de préserver le caractère harmonieux de la relation interpersonnelle, en dépit des risques de friction qu'implique toute rencontre sociale » (Kerbrat-Orecchioni, 2005, p. 189).
Les formules votives se situent donc à l'intérieur des formules de politesse qui, elles, sont liées à des rituels verbaux. Signalons que dans une même catégorie, une hyper-formule de voeux (« mes condoléances ») est susceptible de varier en sous-formules, au gré des locuteurs : « (acceptez) toutes mes condoléances,mes sincères condoléances,mes très sincères condoléances,mes condoléances très sincères, mes très vives et sincères condoléances . . . ».
Ainsi considéré, le fait de se servir des formules de voeux sera pris en compte d'abord comme un acte socioculturel (souvent obligatoire) vu que ces formules régissent les liens sociaux, dont la réalisation ou l'omission signifie la politesse ou l'impolitesse des individus. Dans ce cadre la politesse,
s'identifie au respect des normes en vigueur dans la situation communicative concernée : doit être considéré comme poli tout énoncé conforme à ces normes (se comporter 'poliment', c'est la même chose que se comporter de manière appropriée) et comme impoli tout énoncé qui viole un ou plusieurs de ces 'termes contractuels'. (Kerbrat-Orecchioni, 2005, p. 208)
C'est l'ordre social qui nous conduit à l'usage des formules relationnelles en fonction des normes sociales qui varient d'une société à l'autre, d'une langue à l'autre. L'« ordre social symbolique est (. . .) souvent appréhendé à partir des savoirs, images, normes et contraintes qu'il impose aux individus » (Vion, 2000, p. 51). Se servir des formules de politesse dans des circonstances appropriées exige non seulement un savoir, mais encore un savoir-faire et un savoir-être (savoir se comporter) qui, tous, agissent de concert pour établir une bonne communication interpersonnelle. D'après le Cadre Européen Commun de Référence pour les langues (CECR, 2000, p. 84), le savoir-faire implique diverses aptitudes (sociales, techniques, professionnelles, etc.) tandis que le savoir-être englobe les attitudes, les motivations, les valeurs, les croyances, les styles cognitifs et les traits de personnalité.
Exprimer des formules de politesse, dont celles de voeux, se réfère directement à la notion de culture, et, dans ce domaine, il est impossible de parler, fût-ce dans une même communauté linguistique, d'une seule culture. Ainsi, dans une même société, à côté d'une macro-culture que l'on pourrait appeler patrimoniale, il en existe d'autres, d'une dimension plus restreinte. Ici, nous avons affaire aux savoirs communs partagés, liés à la culture partagée.
Ensuite, la politesse est un acte sociolinguistique, un acte censé être commun à une communauté linguistique au sein de laquelle résident des variétés. Les différences entre les régions, les strates sociales qui regroupent les individus ayant une identité semblable ou proche, ou encore une appartenance similaire (religieuse, professionnelle . . .) commandent l'usage de formules verbales variées. En effet, il n'est pas aisé de définir la communauté linguistique :
Il existe deux principes de définition d'une communauté linguistique : par le territoire (zone géographique ou espace de co-résidence ou voisinage), et par une configuration de relations sociales au-delà du groupe immédiat. [Ainsi] peut-on définir la communauté comme ensemble de locuteurs qui partagent les mêmes normes appréciatives, positives ou négatives, quel que soit l'usage particulier ». (Gadet, 2003, pp. 62-63)
En fonction des différentes communautés, les formules de voeux correspondant aux mêmes circonstances peuvent varier considérablement. En outre, l'identité et l'appartenance des individus sont souvent décisives dans le choix des formules de politesse. Ainsi, il ne serait pas étonnant de n'entendre de la bouche d'une personne ayant une forte identité religieuse que des formules à référence ou à connotation religieuse. En effet, les trois premiers sens du mot voeu dans le Petit Robert (2008) ont une référence religieuse, alors que le quatrième sens est défini comme suit : « souhait que s'accomplisse quelque chose », et c'est bien dans ce dernier sens que la plupart des formules constituant notre corpus seront considérées, encore qu'il y en ait quelques-unes qui sont forcément imprégnées d'une connotation religieuse, relevant des premiers sens du mot même voeu.
En outre, faire un voeu est un acte communicationnel. Les échanges interpersonnels sont régis suivant un certain nombre de contraintes sociales, telles que les tours de parole dans une conversation, la convenance dans les termes d'adresse, la réaction à un compliment ou un voeu, etc. Il s'agit pour notre étude des voeux faits non pour soi-même (ex. « Que Dieu m'épargne une telle épreuve »), ni pour les tiers (ex. « Que Dieu lui pardonne »), mais pour le destinataire avec qui l'on est dans une communication directe ou en différé (ex. « Je te souhaite bon courage »).
Enfin, faire des voeux, ou exprimer des formules votives, s'avère un acte pragmatique, comme encourager, féliciter, souhaiter une bonne santé/un bon appétit, etc. Et cet acte fait l'objet primordial de la pragmatique ainsi que de l'analyse du discours en interaction.
La dimension pragmatique de la politesse et des formules de voeux
C'est avec la maxime « soyez poli », ajoutée par Lakoff aux quatre maximes conversationnelles de Grice que la notion de politesse a été introduite dans le domaine de la pragmatique. Aujourd'hui, les études en la matière prennent généralement comme base le modèle de Brown et Levinson, selon lequel la politesse est « entendue au sens large comme recouvrant tous les aspects du discours qui sont régis par des règles, et dont la fonction est de préserver le caractère harmonieux de la relation interpersonnelle » (Kerbrat-Orrecchioni, 1996, p. 50). Ce modèle est, lui-même, fondé sur la théorie des faces de Goffman. Le mot face, terme originellement sociologique, désigne « l'aspect de la personnalité d'un locuteur à préserver dans la politesse, positive ou négative », selon Goffman (dans Gadet, 2003, p. 124). Plus précisément, ici, le mot face « est à prendre au sens figuré qu'il reçoit dans les expressions de la langue ordinaire 'perdre la face', 'sauver la face', c'est-à-dire au sens de 'prestige', 'honneur', 'dignité' » (Kerbrat-Orecchioni, 2002a, p. 259).
Selon cette théorie, tout individu possède deux faces : une face négative (son territoire corporel, spatial, temporel, bien matériel ou symbolique) et une face positive (l'ensemble des images valorisantes que les interlocuteurs se construisent et tentent d'imposer à leur interlocuteur) (Kerbrat-Orecchioni, 1996, 2002b, 2005). La politesse, dans une interaction quelconque, se joue donc sur le principe de préserver les deux paires de faces des interactants (soit quatre faces dans une interaction duelle). La préservation des faces nécessite un travail de figuration ('face work') qui s'opère par la mise en oeuvre de diverses stratégies de politesse.
Tout au long du déroulement des interactions, les interlocuteurs sont amenés à accomplir un certain nombre d'actes verbaux et non verbaux. Les actes de langage engagés dans les formules de politesse se répartissent « en deux grandes familles, selon qu'ils ont sur les faces des effets essentiellement négatifs (comme l'ordre ou la critique), ou essentiellement positifs (comme le compliment ou le remerciement) » (Kerbrat-Orecchioni, 1996, p. 54).
La plupart de ces actes sont des menaces potentielles pour l'une ou l'autre des quatre faces engagées dans une interaction, donc des actes menaçants pour les faces ('Face Threatening Act', ou FTA). Dans ce cadre, toute excuse est un acte menaçant pour la face positive de celui qui l'accomplit, alors que le reproche est un acte menaçant pour la face positive de celui qui le subit.
La politesse négative est de nature abstentionniste ou compensatoire : elle consiste à éviter de produire un FTA, ou à en adoucir par quelque procédé la réalisation ; ce qui revient à dire à son partenaire d'interaction : '(en dépit de certaines apparences) je ne te veux pas de mal'. (Kerbrat- Orecchioni, 2005, p. 198)
Outre les actes menaçants, se trouvent des actes valorisants et flatteurs : des actes de politesse positive. C'est dans cette catégorie que les énoncés qui sont le sujet de cet article sont classés. La politesse positive est, quant à elle,
de nature productionniste (. . .) : elle consiste à accomplir quelque FFA ['Face Flattering Acts' : actes flatteurs pour la face], éventuellement renforcé ; ce qui revient à dire à son partenaire : "je te veux du bien". (. . .) la politesse positive consiste à produire un FFA qui n'a pas de fonction réparatrice évidente. (Kerbrat-Orecchioni, 1996, 2005)
Les actes de politesse positive peuvent viser à effectuer un FFA pour la face négative (ex. un cadeau) ou pour la face positive de l'interlocuteur (ex. un compliment).
Les voeux et les formules votives sont donc des actes de politesse positive. Il convient d'affirmer également que ce sont des actes de politesse positive pour la face positive du destinataire, du fait que la politesse consiste aussi à manifester un certain intérêt à son interlocuteur et à le valoriser (sans toutefois exagérer car les questions indiscrètes, les insistances font partie des actes menaçants pour la face négative de celui qui les subit). Il s'agit là de flatter la face positive du destinataire. Dans notre contexte, la valeur perlocutoire des actes réalisés avec l'emploi des formules votives-dont la valeur illocutoire est le voeu ou le souhait-est donc généralement de montrer que l'on pense à la personne, que l'on partage ses sentiments, son bonheur, son malheur. (Dans certains cas ou, par exemple, les personnes ne se connaissent ou ne s'entendent pas bien, cette valeur peut ne pas exister.)
Les FFA peuvent être plus ou moins 'forts' : ainsi le voeu est-il plus fort que la salutation, puisqu'on peut y réagir par un remerciement (« Bonne journée »-«Merci ») alors que le remerciement est exclu après une salutation (« Bonjour » « *Merci »), laquelle salutation constitue pourtant elle aussi un acte positivement poli, mais trop peu 'flatteur' sans doute pour susciter chez le salué une réaction en forme de manifestation de 'gratitude', le salueur devant se contenter d'une simple salutation en retour. (Kerbrat-Orecchioni, 2001, pp. 74-75)
Cela en est de même pour le turc : Iyi gunler 'Bonnes journées' ; Tesekkür ederim (ou Size de (iyi günler)) 'Merci' (ou 'À vous aussi') ; Merhaba, Merhaba 'Bonjour, Bonjour'.
L'effet de certaines formules de voeux peut être renforcé par l'utilisation d'adverbes (intensifieurs) tels que « très, beaucoup, vivement, . . . ». Ainsi il est possible, par exemple, de dire en français « Je vous souhaite une très heureuse année » ou « Je vous souhaite beaucoup de bonheur »; quant au turc, ce renforcement est déjà constamment présent dans la nature de la plupart des formules figées : les substantifs sont très souvent au pluriel, par exemple, bas arilar 'des succès', mutluluklar dilerim 'Je (te/vous) souhaite des bonheurs' ; mais l'intensification par l'utilisation d'adverbes n'est pas très souvent employée et/ou permise. Ainsi, nous ne pouvons pas dire en turc *çok basarilar *'Beaucoup de succès' ou *çok iyi yolculuklar *'Très bons voyages', mais nous pouvons dire quelquefois çok tebrik ederim 'Je (te/vous) félicite beaucoup'. L'ajout d'adjectifs est aussi quelquefois permis en turc, comme dans büyük geçmis olsun 'Que ce soit grand passé', sonsuz mutluluklar dilerim 'Je (te/vous) souhaite des bonheurs infinis'.
D'après notre corpus, nous observons huit catégories de formules de voeux en turc selon leur structure morpho-syntaxique (il nous faut préciser qu'il existe d'autres structures, notamment dans les formules appartenant à différents sociolectes). En vue de faire cette catégorisation, nous avons emprunté le modèle d'étude à Katsiki et Zamouri (2002), élaboré pour les formules votives du français et l'avons adapté à la langue turque. Les exemples en (1) présentent des actes de langage explicites construits avec les verbes performatifs :
(1) a. « souhaiter » :
i. Basarilarinin devamini dilerim.
'Je souhaite la poursuite de tes succès.'
ii. Mutluluklar dilerim
'Je souhaite des bonheurs.'
b. « féliciter » :
i. Tebrik ederim (et Kutlarim)
'Je félicite'
En (2), des énoncés à réalisation verbale sont construits en français généralement sur le modèle : « Que » + sujet + V[« être »]subj, ce qui se réalise en syntaxe turque selon le modèle : Sujet (nom) + Attribut (adjectif ou participe passé) + V[« être »]subj (ex. 2a) et « Que » + « Dieu » + Vsubj en français, et « Dieu » + Vsubj, en turc (ex. 2b).
(2) a. Sujet (nom) + Attribut (adjectif ou participe passé) + V[« être »]subj :
i. Bayraminiz (sujet) kutlu (adj.) olsun (V[être]subj).
'Que votre fête soit bénie.'
ii. Yolunuz açik olsun.
'Que votre route soit ouverte.'
b. « Dieu » + Vsubj :
i. Allah kavustursun.
'Que Dieu (vous) fasse rejoindre.'
Des énoncés à réalisation verbale avec l'impératif sont construits généralement en turc sur le modèle en (3) :
(3) Adv + Vimp :
a. çok yasa
'vis beaucoup'
b. güle güle otur
'habite en riant'
Des énoncés nominaux sont construits sur le modèle en (4) :
(4) Nom au pluriel :
a. basarilar
'des succès'
b. mutluluklar
'des bonheurs'
c. tebrikler
'félicitations'
Des énoncés prépositifs elliptiques sont construits sur les modèles : « à » + Déterminant (« la », « ta », « ton », « votre », « vos ») + Nom, en syntaxe française. Quant à la syntaxe turque, cette catégorie se réalise comme présenté en (5).
(5) a. Nom + Déterminant + Préposition « à » :
i. Srefel
'À l'honneur' : (nom + préposition) = seref (nom) + e (préposition « à ») ;
ii. Sagigina
'À ta santé' : sagli [k [arrow right] g]' (nom) + in (déterminant : ?« ta ») + a (préposition « à »)
b. Nom + « à » (« ta », « ton », « votre », « vos ») + Nom :
i. Kesen(iz)e bereket
'Abondance à ta/votre bourse.'
ii. Elin(iz)e saglik
'Santé à ta/votre main.'
À considérer la syntaxe turque, nous y ajoutons 3 autres cas figurant dans notre corpus : des énoncés adjectivaux (ex. 6), un énoncé elliptique adverbial (ex. 7), et des énoncés à réalisation verbale au présent de l'indicatif (ex. 8).
(6) a. « Bon » + Nom au pluriel
i. Iyi yolculuklar.
'Bons voyages.'
ii. Iyi sanslar.
'Bonnes chances.'
b. autre Adj. + Nom au pluriel
i. Mutlu yillar.
'Heureuses années.'
(7) Gözünüz aydin (olsun).
'Radieux (soit) votre oeil.'
[en syntaxe turque : Gözünüz (nom) + aydin (olsun) (adverbe) (+ verbe)]
(8) Tebrik ederim.
'Je félicite.'
Dans cette catégorisation, les équivalents français des formules turques ainsi que les traductions littérales reflètent le même contenu sémantique, alors que la syntaxe des deux langues demeure largement différente. Nous avons tenté de réparer cette différence, là où cela était indispensable, dans la traduction littérale des formules turques pour permettre l'accès au sens. Par ailleurs, il se trouve dans notre corpus quatre formules turques métonymiques, de type partie pour tout, où les parties « bourse », « oeil », « main » et « tête » remplacent le tout (ex. 9) :
(9) a. Kesene bereket kese 'bourse' remplaçant la richesse de la personne
b. Gözün aydin göz 'oeil' remplaçant le destinataire
c. Eline saglik el 'main' remplacant la sante du destinataire
d. Basin sagolsun Bas 'tete' remplacant le destinataire
Les exemples en (9) nous montrent qu'en turc, les formules de voeux, formant toutes des actes performatifs de par leur nature, sont la plupart du temps des actes de langage directs où l'intention votive est clairement exprimée. Par exemple, celles qui sont formées à partir du verbe dilemek 'souhaiter', tebrik etmek et kutlamak 'féliciter' sont des actes directs. Il en est de même pour toutes les formules qui ont été traduites en français avec « que » + subjonctif. Tandis que les formules comme Eline sag lik 'Sante a ta main', Acil sifalar 'Prompts retablissements', Kesene bereket 'Abondance a ta bourse' font partie des actes de langage indirects, ainsi que les formules gule gule kullan(.n), (giy(in), otur(un) . . .) 'utilise(z)', 'porte(z)', 'habite(z) en riant' et cok yas a(yin) 'Vis/vivez beaucoup' qui se presentent sous forme d'enonces a l'imperatif. D'apres leur structure syntaxique, la valeur litterale de ces dernieres est un ordre (ici considere comme une forme grammaticale), alors que leur valeur contextuelle (ou discursive) est un souhait. Cette derniere, renforcee par l'utilisation des termes euphoriques (cok, gule gule) est une valeur conventionnelle du fait que ces formules font partie de la langue turque et qu'elles y figurent en tant qu'actes illocutoires de voeu.
L'usage de ces formules dans les circonstances appropriées est vu comme une politesse. Cependant, l'impolitesse étant définie comme l'« absence 'anormale' d'un marqueur de politesse, ou présence d'un marqueur d'impolitesse » (Kerbrat-Orecchioni, 2005, p. 209), nous pouvons dire, en ce qui concerne les formules votives, que si dans une situation où la norme sociale exige qu'une formule appropriée soit exprimée et que celle-ci ne l'est pas, il y aura impolitesse (si cette omission est volontaire) ou méconnaissance des lois sociales et des formules (si elle n'est pas volontaire). En la matière, on procède à la catégorisation présentée en (10).
(10) a. Impoli : non-production d'un marqueur de politesse dans un contexte où il serait attendu.
b. Non-poli, ou apoli : non-production d'un marqueur de politesse dans un contexte où il n'est pas attendu.
c. Poli : production d'un marqueur de politesse obligatoire ou facultatif dans le contexte envisagé. (Kerbrat-Orecchioni, 2002c)
Ce qui en ressort est que dans la vie sociale, on dit « la politesse exige », mais aussi la non-politesse et l'impolitesse existent. Dans notre cas, nous ne pourrions prétendre que tous les Turcs obéissent aux mêmes normes, vu qu'il s'agit d'un pays d'une superficie non négligeable et d'une grande diversité culturelle.On ne pourrait donc parler d'impolitesse que lorsqu'une personne ne répond pas aux attentes de son interlocuteur tout en sachant bien les contraintes sociales.
D'autre part, tout acte de voeu nécessite la réalisation d'un échange :
la plus petite unité dialogale, il [l'échange] est composé au minimum de deux interventions produites par des locuteurs différents, l'intervention du premier locuteur (intervention initiative) imposant des contraintes sur l'intervention réactive que doit produire le second locuteur. (Traverso, 2004, p. 37)
Autrement dit, l'acte de voeu exige une réponse de la personne à qui le souhait est adressé. L'échange dans de telles situations peut se réaliser en turc de deux façons différentes : le voeu/remerciement (ex. 11a) et le voeu/voeu (ex. 11b). Dans ce deuxième cas, en réponse à un voeu, il peut s'agir, d'une part, du retour du même voeu avec la même formule (réponse en écho) : Afiyet olsun/Afiyet olsun ; d'autre part, de l'utilisation d'une formule de retournement du souhait Afiyet olsun/Sana da/size de 'À toi-vous aussi'. Enfin, une formule votive peut appeler un tout autre souhait, les deux allant de pair (voeu/réponse particulière), comme en (11c).
(11) a. Voeu/remerciement :
i. Basarilar.
'Des succès.'
ii. Tesekkür ederim.
'Merci.'
b. Voeu/voeu :
i. Elin(iz)e saglik.
'Bonne santé à ta/votre main.'
ii. Afiyet olsun.
'Que cela t' (vous) apporte de la santé.'
c. Voeu/réponse particulière :
i. Çok yasa(yin).
'Vis/vivez beaucoup.'
ii. Sen de gör/Siz de görün.
'Vois-le toi aussi./Voyez-le vous aussi.'
En cas d'omission de la réponse, l'interaction sera affectée ainsi que la relation des interactants. Il s'agira de « la troncation de l'échange lorsque l'intervention réactive attendue n'est pas produite » (Traverso, 2004, p. 37). Socialement parlant, il y aura impolitesse cette fois-ci de la part du destinataire du souhait si jamais celui-ci ne répond pas avec une formule appropriée ; et linguistiquement parlant, il s'agira d'incohérence.
Le corpus1
Nous avons restreint les formules figées que nous aborderons ici à celles qui sont utilisées dans des circonstances ou situations de communication bien précises. C'est la circonstance qui définit le recours à telle ou telle formule, car « l'adéquation au contexte joue un rôle important pour la réussite de l'énoncé poli (. . .) » (Kerbrat-Orecchioni, 2005, p. 208). Notre point de départ est le contexte turc qui débouche sur le contexte francophone, de manière à permettre une comparaison entre les deux. Nous avons choisi nos exemples parmi les plus usitées des nombreuses formules votives du turc standard. Par ailleurs, toutes les formules de voeux et les réponses en retour que nous avons répertoriées sont de type quasi obligatoire dans la culture turque. À ce titre, on ne pourrait faire une distinction hiérarchique entre les circonstances. Ainsi, tout Turc qui perd un parent, ou achète une nouvelle maison ou un nouveau vêtement, attendra pratiquement de la même manière une réaction verbale, en l'occurrence une formule votive de son entourage.
Ont été écartées de notre corpus les formules de voeux qui sont destinées à soi-même ou aux tiers, tels que « que Dieu me pardonne » ou qu'« il (elle) soit béni(e) ». Il n'est question ici que des voeux (désirs ou souhaits) formulés pour la réalisation d'un acte bienveillant qui ne concerne que l'interlocuteur (« tu » ou « vous »). Il est à noter qu'à une même circonstance peuvent correspondre plusieurs formules de voeu, aussi bien en turc qu'en français. En conséquence de cela, dans notre corpus, pour le turc, il s'agit de 32 formules pour 23 circonstances, alors qu'en français, on compte 21 formules pour 23 circonstances (voir Tableau 3).
Données comparatives relevant du corpus
Il est à remarquer que, bien que les mêmes circonstances sociales existent dans les deux cultures :
* soit les formules utilisées dans les mêmes circonstances divergent entre elles tantôt grandement, tantôt par la seule différence du singulier (en français) et du pluriel (en turc) (14 cas de figure sur 32 ; voir Tableau 1 : de 1 à 6, de 8 à 15),
* soit les formules en turc n'ont pas d'équivalents en français (7 cas de figure sur 32, voir Tableau 1 : de 17 à 23),
* soit la formule utilisée en turc se réfère à plus de circonstances que dans la culture française (1 cas de figure sur 32, voir Tableau 1 : no. 16 ; Afiyet olsun 'Bon appétit'),
* soit la formule en turc et en français est équivalente (voir Tableau 1 : 1 cas de figure sur 32, no. 7 ; Tebrikler 'Félicitations').
Dans le Tableau 1, ce qui attire l'attention en premier lieu, c'est l'absence de formules figees francaises equivalentes pour les 7 cas de figures turc suivants : Kesene bereket (no. 17) ; Eline saglik (no. 18) ; Gozun aydin (no. 19) ; Gule gule otur (no. 20) ; Allah kavustursun (no. 21) ; Hayirliolsun (no. 22) et Sihhatler olsun (no. 23) (voir Tableau 1).
En outre, quoique le mot « voeu » implique des sens religieux, dans notre corpus, juste 4 formules votives en turc sur 32 impliquent une valeur religieuse (voir Tableau 1 : formules 2, 11, 12 ('béni') et 21 ('Dieu')). Cependant, il existe beaucoup d'autres formules à sens religieux, notamment celles qui commencent directement avec Allah 'Dieu'.
La forme grammaticale des formules votives en turc et en français est présentée dans le Tableau 2.
En ce qui concerne les réponses données aux formules de voeux, elles se manifestent dans les deux langues-cultures (voir le Tableau 3).
Conclusion
Dans cet article, nous avons fait une démarche unilatérale, du contexte turc vers le contexte français. Autrement dit, notre point de départ était les formules votives en usage dans la culture turque. C'est pourquoi nous n'avons pas pris en compte les formules dans la même catégorie existant en français et absentes en turc.
Nous constatons que malgré la similitude des circonstances sociales, 60% des formules turques et françaises diffèrent en contenu sémantique ; dans 30.4% des circonstances, la langue française n'offre pas de formules votives qui équivalent aux formules turques ; et c'est seulement dans 4.3% des formules (une seule formule) qu'il y a une équivalence totale (Tebrikler = 'Félicitations' ; voir Tableau 4).
Quant à la forme grammaticale des formules votives utilisées dans les deux langues, il est à remarquer que la langue turque présente une grande diversité ; les formes grammaticales en turc se manifestent respectivement comme suit : subjonctif (11/32), adjectif (8/32), préposition (4/32), substantif (3/32), présent de l'indicatif (3/32), impératif (2/32), adverbe (1/32)2. Par contre, dans notre corpus, la langue française n'opte que pour trois formes grammaticales, soit adjectivales (13/21), nominales (5/21) et prépositives (3/21) (voir Tableau 2). Du point de vue de la diversité lexicale, la langue française préfère l'adjectif 'bon' dans 11 cas de figure sur 13 formules adjectivales : 'bon voyage', '[arrow up] courage' (2 fois), '~ anniversaire', '~ appétit' ; 'bonne année', '~ fête' (2 fois), '~ route', '~ chance', '~ continuation'. En revanche, l'adjectif 'bon' ne figure en turc que 4 fois sur 8 formules adjectivales : 'bons voyages' ; 'bonnes années', '~ fêtes', '~ chances'. Outre l'adjectif 'bon', dans les formules françaises, on ne constate que 'joyeux', 'prompt', alors que dans 4 cas de figures, le turc opte pour d'autres adjectifs tels que : 'heureuses (années)', '(voyages) salutaires', '(chances) abondantes', 'prompts (rétablissements)'.
Pour ce qui est des réponses données à des formules votives, la différenciation entre les deux langues-cultures diminue, car dans les deux cas, c'est le remerciement qui est le plus usité (58.62%en turc contre 72.22% en français). De la même manière, les réponses en écho (ex. Afiyet olsun-Afiyet olsun 'Bon appétit-Bon appétit') se manifestent dans les deux langues de proportion semblable (20.68% en turc contre 22.22% en français). Ce qui distingue la langue turque de la langue française dans notre corpus, ce sont les réponses particulières (ex. Çok yasa 'Vis beaucoup'/Sen de gör 'Vois-le toi aussi' ; voir Tableau 1, nos. 9, 15, 18) qui n'existent apparemment pas en français (voir Tableau 3).
En outre, nombreuses sont les formules elliptiques dans les deux langues. Et pourtant, contre 4 emplois métonymiques en turc, la langue française ne recourt pas à la métonymie dans les formules de voeux figurant dans notre corpus.
Par ailleurs, en turc, dans 13 cas sur 32 se manifestent des marques grammaticales se referant directement a un 'tu' ou un 'vous' (voir Tableau 1 : bayramin(iz), yolun(uz), serefin(iz)e, sagligin(iz)a, yasa(yin), basarilarinin (bas arilarinizin), gunun(uz), yasgunun(uz), basin(iz), kesen(iz)e, elin(iz)e, gozun(uz)e, otur(un) ; tandis qu'en francais il ne s'agit que de 3 cas de figure qui contiennent obligatoirement 2 adjectifs possessifs ('A ta/votre sante' ; 'A tes/vos souhaits') et un pronom possessif ('A la tienne/A la votre'). En revanche, c'est une equivalence en nombre qui se dessine entre le turc et le francais a propos des marques renvoyant a un 'je' : ainsi, en turc on compte 3 cas dans les emplois tebrik ederim, kutlarim, dilerim; de meme, en francais, il s'agit de 3 cas dans 'mes voeux' (2 fois), et 'mes condoleances'. Il convient d'indiquer que dans ce dernier cas, le turc prefere le 'te'/'vous', donc le destinataire (ex. Basin(iz) sag olsun 'Que ta/votre tete soit en vie', alors que le francais opte pour le 'je', l'enonciateur 'Mes condoleances'.
Ce sujet qui touche la pragmatique et l'analyse du discours en interaction mérite en effet d'être pris en compte à l'intérieur d'une même société, et à plus forte raison, entre les cultures qui sont "éloignées", ou semblent "étrangères" les unes aux autres, comme les cultures turque et française. Ainsi, dans l'apprentissage d'une langue étrangère, ces formules figées, et bien d'autres, sont d'une importance capitale en ce qui concerne l'établissement des rapports sociaux authentiques entre les natifs et les non-natifs. D'ailleurs, les éléments de politesse apparaissent dès le niveau A1 du CECR, en tant que partie intégrante de la compétence sociolinguistique. D'après cet ouvrage de référence, même à un niveau de connaissance très limité, celui qui apprend une langue étrangère doit être capable d' « établir un contact social de base en utilisant les formes de politesse les plus élémentaires » (CECR, 2000, p. 96). Au même titre que les expressions figées et les locutions, certaines formules de politesse, dont celles de voeux (qui changent d'une langue-culture à l'autre), peuvent être autant de sources de malentendu pour un apprenant étranger, surtout lorsque celui-ci n'est pas conscient de leur caractère figé et qu'il essaye de les comprendre en les traduisant littéralement. Pour cela, il serait nécessaire, en premier lieu, de faire acquérir à l'apprenant une « sensibilisation à la notion de culture » et une « prise de conscience interculturelle ». C'est à partir de ces acquis que l'apprenant sera capable de reconnaÎtre les formules de politesse parmi les autres formes syntaxiques de la langue qu'il est en train d'apprendre et de les utiliser de façon appropriée aux circonstances dans lesquelles il pourra se trouver avec les natifs en vue d'établir et caussi de poursuivre une relation sociale avec eux.
Notes
1 Pour construire notre corpus, nous nous sommes servi du Dictionnaire turc des expressions (Yurtbasi, 1996).
2 Notons que nous n'avons pas considéré dans ce tableau les formules au présent de l'indicatif, construites avec le verbe dilemek 'souhaiter' lorsqu'elles sont facultatives (citées entre les parenthèses dans le tableau).
Références
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Gadet, F. 2003. La variation sociale du français. Paris, Ophrys.
Grand-Clément, O. 1996. Savoir vivre avec les Français. Que faire ? Que dire ? Paris, Hachette.
Gross, G. 1996. Les expressions figées en français. Paris, Ophrys.
Katsiki, S. et S. Zamouri. 2002. La formulation du voeu en français, en grec et en arabe (Tunisie). Marges linguistiques. Disponible à : www.revue-texto.net/marges/marges/Documents%20Site%206/doc0079_katziki_s/doc0079.pdf.
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Kerbrat-Orrechioni, C. 2002a. Faces. Dans P. Charaudeau et D. Maingueneau (dir.), Dictionnaire d'analyse du discours. Paris, Seuil, pp. 259-261.
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Kerbrat-Orecchioni, C. 2002c. Politesse en deçà des Pyrénées, impolitesse au delà : retour sur la question de l'universalité de la (théorie de la) politesse. Marges linguistiques, Mai 2002.
Kerbrat-Orecchioni, C. (2005). Le discours en interaction. Paris, Armand Colin.
Traverso, V. 2004. L'analyse des conversations. Paris, Armand Colin.
Vion, R. 1992, 2000. La communication verbale. Paris, Hachette.
Yurtbasi, Metin (1996). Ornekleriyle Deyimler Sözlugü. Ankara.
Irem Onursal
Université Hacettepe
Ece Korkut
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Copyright Canadian Association of Applied Linguistics Spring 2009
Abstract
This article compares formulaic expressions for the offering of good wishes, part of the verbal rituals of politeness, in Turkish and French. Situated within a sociology of language framework, the study focuses on the analysis of verbal interaction in relation to three dimensions: syntax, semantics and pragmatics. To this end, a number of the most widespread formulaic expressions currently in use in Turkish society were identified and, through the provision of literal translations, compared with their French equivalents. The corpus consisted of 23 formulaic expressions for the offering of good wishes and their responses. Analysis revealed numerous differences between the Turkish and French equivalents at the semantic and pragmatic levels; indeed, only one expression showed a perfect match. As for all formulaic expressions, it is important to take such differences into account when engaging in the teaching of a foreign language, especially in the case of more distant cultures and languages. [PUBLICATION ABSTRACT]
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