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Les réformes de l'assurance chômage et de la politique du marché du travail initiées par les lois Hartz 1 introduisent des transformations fondamentales dans l'organisation de la protection et de la cohésion sociales en Allemagne. Avec l'entrée en vigueur de la loi « Hartz IV » en janvier 2005 - qui fusionne l'aide aux chômeurs (Arbeitslosenhilfé) et l'aide sociale (Sozialhilfe) au sein d'une nouvelle protection de base - le gouvernement fédéral aura mis en oeuvre les pans essentiels de son « Agenda 2010 ». Celui-ci met en chantier un train de réformes majeur qu'il entend réaliser d'ici 2010 : il prévoit des interventions sur le système de la sécurité sociale et sur les assurances retraites, maladie et dépendance à côté d'une réforme du marché du travail et du placement des chômeurs. La réforme des retraites est entrée en vigueur en janvier 2001 et celle de l'assurance maladie en janvier 2004 ; la réforme de l'assurance dépendance n'a pas encore été engagée. Les réformes déjà mises en oeuvre l'ont été contre une forte résistance de la population ; le dernier volet des réformes du marché du travail notamment, la loi Hartz IV, a provoqué des mouvements de contestation importants surtout dans les nouveaux Länder. Alors que le gouvernement espère préparer l'Etat providence bismarckien aux défis de la globalisation, la « réforme imposée » est considérée par beaucoup comme un démantèlement des droits sociaux.
Les réformes du marché du travail (lois Hartz) ont provoqué une polarisation particulièrement vive dans la population et tout particulièrement entre l'Est et l'Ouest de l'Allemagne. Cet article cherchera a en déterminer les causes en s'interrogeant sur les objectifs et les incidences possibles de la réforme dont le volet le plus contesté, la nouvelle protection de base, Hartz IV, entre en vigueur en janvier 2005.
Consensus sur la nécessité d'une réforme
Les politiques de l'emploi ont besoin d'une réforme en profondeur : acteurs politiques et experts sont, depuis un certain temps, unanimes à ce sujet 1. Les dépenses annuelles pour la politique du marché du travail représentent environ 3 % du PIB, soit près de 57 milliards d'euros en 2003 (dont 31 milliards destinés à l'allocation chômage, 21 milliards aux mesures pour l'emploi et 5 milliards à l'administration du chômage). L'ampleur des ressources...